C'est la Rentrée des Classes... aux Jardins !
Jeudi 16 septembre. C'est l'heure de la reprise aux Jardins de Saint-Vincent ! Tout le monde à l'heure, en rang par deux, pour une nouvelle saison de dégustations qui s'annonce au moins aussi enrichissante que la précédente. L'organisation est bien rôdée, les participants ont bien trouvé leurs marques, le tableau noir de l'entrée affiche les principales règles qui régissent la soirée : 20 heures, 20 personnes, 20 euros ! Et puis le rituel et convivial petit mâchon post dégustation qui voit en général l'oeil s'allumer et les langues se délier plus ou moins bruyamment.
Du beau monde, comme d'habitude, pour cette rentrée, avec la présence de plusieurs vignerons arboisiens qui nous font profiter de leur approche du vin toujours très enrichissante. Sans oublier le désormais célèbre sourire d'Angélique, insaisissable étoile des Jardins, virevoltant
autour de la table tout en distribuant ses petites fiches analytiques, complément indispensable à la dégustation.
Le Maître Saint-Vernier peine à calmer le joyeux brouhaha des retrouvailles, et ce n'est que le doux bruit du vin s'écoulant dans un verre qui réussit à ramener le calme parmi les élèves dissipés! Une soirée en plusieurs parties, avec quelques bonus, des illustrations et
une grosse surprise à la fin !
On commence sans perdre de temps par la première partie, la dégustation proprement dite !
Zacmau 2001, Vin de Table, Domaine de Causse Marines
Premier exercice assez difficile pour débuter que l'identification de ce vin à l'aveugle ! Une robe claire, à la belle brillance. Le premier nez est curieux, pharmaceutique, poussiéreux, puis apparaissent des notes de fruits blancs (poire), de pamplemousse rose et un caractère iodé
affirmé. L'attaque est ronde, les arômes sont bien mûrs, marqués agrumes, mais laissent la bouche fraîche. Blanc du Sud, c'est sûr, mais personne n'y a reconnu le Mauzac !
Païen 2002, Simon Maye, Chamoson
Un véritable test pour ce vin, proposé à l'aveugle à de grands spécialistes du savagnin. Un séducteur puissant, très mûr, avec perception nette de l'alcool, mais équilibré par une acidité remarquable qui s'exprime magnifiquement dans la finale. Unanimement apprécié (je
pense), mais non identifié. Beaucoup ont suspecté un vin valaisan sans déceler la moindre trace de savagnin. On retrouve pourtant une petite parenté avec les cuvées de Savagnin très mûr, du style de Solstice, de Pascal Clairet, mais c'est facile à dire une fois la bouteille révélée !
Savennières Clos de Coulaine 2000, Domaine Pierre Bise
Une petite révision, car ce vin nous a déjà été proposé l'année dernière. Robe claire à reflets verts, nez fermentaire sur le lait caillé, très riche, évoluant sur les agrumes, le miel, l'encaustique. L'attaque est franche et vive pour ce vin qui se révèle d'une grande
droiture minérale, mais large d'épaules et doté d'une grande profondeur.
Côtes de Provence Blanc de Blanc 2002, Domaine Richeaume
Servi en carafe et agité autant que faire se peut, la robe reste néanmoins trouble et bulle dans tous les coins! Le nez est ouvert, intense et puissant, sur la noisette, la cire d'abeille, un peu beurré avec un côté légèrement oxydatif et/ou surmaturé.
En bouche, c'est un vin profond et complexe, solaire, chaleureux, mais un peu déliquescent en finale. La légère bulle apporte de la vivacité et évite l'écueil de la lourdeur, mais ce n'est quand même pas un vin facile d'accès!
Tavel 2003, Domaine L'Anglore
60% grenache, complété par Cinsault, Mourvèdre, Carignan, Bourboulenc, Clairette. Difficile de le prendre pour un rosé, ce Tavel, le deuxième millésime d'Eric Pfifferling! La robe n'est pas vraiment rosée, mais tuilée, orangée, à peine trouble. Le nez fait état de beaucoup de
réduction qui libère un fruité agréable à l'agitation. En bouche, l'attaque est ronde, ample, avec de petites notes végétales en finale (vendange non éraflée) et un chouïa d'amertume. Au préalable, de curieuses notes de bonbon anglais s'étaient fait remarquer! Un vin structuré et puissant, un peu chaud en finale, assez atypique pour un Tavel, finalement, car très vineux et plus rouge dans l'esprit que rosé! On croirait un Ploussard du Jura!
Mas de L'Espanet 2000, Bois du Roi, Vin de Pays d'Oc
70% Syrah, 10% Grenache, 20% Carignan, produit sur un sol de cailloutis calcaire, perdu au milieu de la garrigue. La robe est grenat et le nez embaume la réglisse, les épices et la confiture de fruits. Un très beau nez, que j'aime beaucoup, mais que certains trouvent trop puissant. Un
beau vin généreux, développant un beau et gros volume, solaire, auquel on pourrait tout juste reprocher un petit côté séchard en finale provenant d'un élevage sous bois imparfaitement digéré. Rétro sur les épices et le fruit. Globalement très bon!
Saint-Chinian Le Laouzil 2002, Thierry Navarre
Un domaine et une cuvée fétiches aux Jardins, de façon totalement méritée car ce vin plaît à chaque dégustation. Le terroir de schistes de Saint-Chinian est le révélateur d'une trame minérale qui s'exprime à perfection dans ce vin, venant souligner ses arômes fruités de cerise.
Une petite pointe de végétal, légèrement mentholée apporte la fraîcheur. Beau vin !
Château Musar 1994, Vin du Liban
33% Cinsault, 33% Cabernet Sauvignon, 33% Carignan. La robe est homogène, mais tuilée. Le nez cacaote, kirsche et prune. La perception de l'alcool en bouche se fond dans une structure acide qui porte loin et qui est bien enrobée. Un très beau vin, à maturité.
Coteau du Loir, Domaine du Briseau, Cuvée Jules 2002
Du chenin botrytisé à la robe dorée soutenue, sur des notes de pomme et de miel, pas très liquoreux mais possédant un équilibre quasi aérien. La belle acidité en attaque fait légèrement défaut en finale. Pas vraiment un vin facile d'accès, mais le plaisir est au rendez-vous. Décidément, ce Chauchau (Christian Chaussard) a bien du talent et une forte
personnalité !
Après cette sympathique mise en bouche, place à un petit cours d'ampélographie appliquée, grâce à notre Prof sur le terrain, l'excellent Alex. Séquence émotion, avec la découverte d'un dinosaure du Jurassic Cépage Park, L'Enfariné,
dont les raisins sont censés être verts et acides, (c'est quand même mangeable, j'y ai goûté!), séquence sensation avec une grappe de Ploussard d'on-ne-dira-pas-qui, complètement momifiée par l'oïdium, et ce n'est pas la seule chez ce producteur, et enfin séquence je-ne-sais-pas-trop-quoi, mais intéressante aussi, avec deux grappes de Trousseau, l'une des Dames, l'autre pas, et c'est vrai que ce n'est pas tout à fait le même raisin. Comme aux échecs, les Dames l'emportent!
Les papilles encore en éveil, le cerveau rassasié, nous pouvons passer à la troisième partie, celle qui remplit l'estomac! Pour accompagner les toujours excellentes charcutailles de Maître Jean-Claude, absent ce soir-là , tout d'abord un Ploussard 2002 d'Alex, fort agréable mais qui nécessite un carafage d'au minimum 24 heures, puis quelques vins de Table aux noms très poétiques, dont la Goulue!
Fin de la soirée, et, comme promis, afin de satisfaire ses nombreux admirateurs, une photo de l'insaisissable Angel, qui a enfin arrêté de tourner autour de la table. Bande de gâtés, va!
Olif