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Des bulles aux Jardins !

 

Date: le 13/12/2003 à 08:27

Soirée concoctée par Stéphane « Saint-Vernier » Planche aux Jardins de Saint-Vincent en Arbois et consacrée à une rencontre avec le vin de Champagne. Je dis bien le VIN de Champagne car Stéphane souhaitait aller à la rencontre des gens de la terre, les « petits producteurs », qui goûtent paraît-il fort peu le vocable, même si celui-ci est utilisé par opposition aux grandes maisons. L'état des lieux que nous dresse Stéphane est un peu alarmant dans le sens où bien peu des vignerons champenois privilégient le travail du sol, l'enherbement, mais cherchent à faciliter le travail des machines, en disposant des copeaux de bois au sol dans les vignes, par exemple. Après avoir goûté certains des champagnes commentés ci-après, on ne peut que partager la passion de Stéphane  et plaider pour la reconnaissance de ces vins de producteurs.

- Larmandier-Bernier Brut tradition, Blanc de blancs : bulle fine, nez un peu brioché, très élégant avec une grande fraîcheur. Dosé impeccablement et prix impeccable également (20 €) pour une très belle bouteille.

- Laurent Perrier, cuvée Ultra brut : nez vif, acidulé, un festival de bulles, une acidité très marquée avec un peu d'amertume et/ou une sensation de verdeur en finale. Pas de liqueur de dosage, un Champagne d'apéritif tranchant et incisif ! Je préfère la caresse du précédent !

- Larmandier-Bernier, Rosé de saignée 1er cru : une véritable cuvée collector (deux exemplaires seulement pour Les Jardins!) à la belle robe sanguine, groseille. Une toute petite pointe de réduction au nez s'estompe très vite. On se trouve dans un registre de fruité frais (cerise, griotte), avec du nerf, de l'ampleur et de la vinosité. Très beau rosé qui divise l'assemblée mais réconcilie certains avec les rosés.

- Larmandier-Bernier Blanc de blancs 96, Extra brut : très mordant, grande minéralité, équilibré, finale longue et acide. Encore un vin qui divise ! Probablement pas dans une phase séductrice, il est doté d'une forte personnalité. Très prometteur pour l'avenir. A attendre.

- Krug 88 : alors là ! A genoux ! Une véritable cathédrale ! Nez intense, torréfié, grillé, sur le moka, le café avec une rétro sur des notes fermentaires de brioche au beurre. On le prendrait presque pour un vieux et grand Meursault, la bulle en moins ! Bulle très fine d'ailleurs, qui soutient l'ensemble en y apportant de la fraîcheur. Grande longueur et grande complexité ! On se battra presque pour ne pas en laisser une goutte ! On ne remerciera jamais assez longtemps Stéphane de nous avoir permis de tremper nos lèvres dans ce vin.

- Substance brut, Blanc de blancs, Jacques Selosse : on se demandait bien ce qui pouvait encore nous arriver après avoir bu Krug ! Et bien, ce vin-là , qui malheureusement a pâti de l'ordre de service, Stéphane ayant pensé que son côté en théorie un peu oxydatif surmonterait l'épreuve. Nez très délicat, tout en dentelle, un peu floral, qui m'évoque les belles fleurs de savagnin de La Tournelle. Beaucoup de finesse et de fraîcheur, mais l'oxydation est peu marquée. Ce vin est en fait élevé en solera depuis 1986 ; au fur et à mesure des soutirages, on remplit avec les derniers millésimes. Dans chaque bouteille, il y a donc un assemblage de toutes les dernières années produites au domaine. La quantité des vins plus anciens se dilue d'année en année mais il en restera toujours une partie infinitésimale. Cette bouteille-ci comporte donc des vins de 1986 à 2000. Jacques Selosse, l'homéopathe de la Champagne !

- Exquise sec, Jacques Selosse : 18 g de résiduel, mais vinifié en sec. Un peu miellé, évoquant le chausson au pomme légèrement caramélisé, frais et acidulé; le sucre passe bien, justement grâce à cette belle acidité. Très vineux, je le trouve parfaitement équilibré, même si le résiduel gêne certain(e)s. Un très beau vin et une originalité de plus à mettre sur le compte de Jacques Selosse.

Magnifique dégustation, donc, à la gloire de la Champagne et surtout du vrai vin de Champagne, celui qui se cache derrière les bulles. Il mérite toute votre attention.

Olif

Commentaires

  • Si cela vous tente, nous ouvrons un débat sur les copeaux de bois sur guidedesvins.com

    http://blog.guidedesvins.com/archives/manquaient-plus-que-les-copeaux-de-bois.html

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