Domaine Robert Arnoux, entre tradition et modernité!
Après la Côte de Beaune et le domaine Tollot-Beaut, deuxième volet de cette virée bourguignonne automnale en direction de la Côte de Nuits et Vosne-Romanée, au domaine Robert Arnoux, une exploitation familiale de 14 hectares bien dotée en Grands Crus et Premiers Crus, répartis exclusivement sur le secteur Vosne-Chambolle-Nuits.
Petit détail qui aura son importance, lors de notre arrivée au domaine, nous manquons d'écraser un piéton tête en l'air qui fonce droit dans notre direction.
Nous sommes accueillis par Pascal Lachaux, « Winemaker» , comme il est écrit sur la plaquette publicitaire du domaine et descendons illico à la cave pour goûter à la production. Homme de conviction, déterminé, Pascal Lachaux ne pratique pas la langue de bois lorsqu'il nous parle de ses réticences vis à vis d'Internet qui perturbe plus le marché qu'il ne le sert actuellement, de ses méthodes de vinification et de sa conception du vin.
Une cave qui respire la propreté! Au royaume du 100% bois neuf! Entre 30 et 100% suivant les cuvées. Pourquoi autant de fût neuf? Paradoxalement, dans le cadre d'une recherche optimale de pureté de fruit, grâce à la meilleure micro-oxygénation générée par le bois neuf et au maintien d'une flore bactérienne autochtone équilibrée. Les vins, issus de beaux terroirs, supportent tout à fait ce type d'élevage et, à aucun moment, dans la dégustation qui va suivre, ne seront marqués par des notes boisées envahissantes.
En guise de mise en bouche, quatre vins du millésime 2003, une année qui nécessitera une approche un peu différente à la cave: pas de chaptalisation (ce serait un comble!), pas de pigeage, de façon exceptionnelle, pour ne pas trop extraire une matière déjà bien concentrée, et une légère acidification, pour entretenir le bon milieu microbien et éviter la piqûre acétique. Avec 48% de récolte en moins, suite au gel, aux attaques de chenilles, puis à la canicule, pas question de laisser se gâter la production restante!
Bourgogne 2003
Pour se refaire le palais après le repas de midi, un Bourgogne générique fruité et croquant, simple et bon.
Vosne-Romanée 2003
Plus coloré, concentré et mûr, ses tanins sont déjà très fins.
Vosne-Romanée 1er Cru Les Chaumes 2003
Développant une belle amplitude, il possède déjà de la rondeur, malgré un léger perlant, grâce à une sensation de sucrosité.
Clos de Vougeot 2003
Concentré et riche, à la robe rubis soutenu, gras et glycériné, il possède une grande longueur qui témoigne de sa race.
Après cette fort jolie entrée en matière, nous nous dirigeons vers le caveau de dégustation, aménagé sous une voûte, pour apprécier un large échantillonnage du millésime 2002, une aubaine que nous devons au visiteur précédent, celui que nous avons failli écraser, et qui n'était autre que Stephen Tanzer!
Saurez-vous reconnaître toutes les initiales?
Vosne-Romanée 2002
Un vin plutôt rectiligne, dont le nez évoque les épices et la fumée, et
dont les tanins sans aspérités terminent sur une pointe d'amertume.
Vosne-Romanée Les Hautes Maizières 2002
Un village portant la mention de son climat, du fait de sa situation
privilégiée sous les Suchots. Distillant des notes de fruits très mûrs,
rouges et noirs, il possède à la fois la fraîcheur du fruit et la
minéralité. Déjà très arrondi, relativement puissant, une belle pureté
d'expression.
Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Procès 2002
Plus massif que le précédent, il présente également une matière un peu plus dure mais également une minéralité plus affirmée.
Vosne-Romanée 1er cru Les Chaumes 2002
Un vin de séduction immédiate au caractère bien trempé! Dans un
registre plutôt floral, sur la violette, les pétales de roses fanées,
ses tanins sont déjà soyeux malgré leur volume imposant.
Echezeaux 2002
La robe est sombre, en relation avec la grande concentration du vin.
Une puissance maîtrisée pour un vin déjà expressif, aux notes épicées
et à la texture serrée.
Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 2002
Derrière un boisé légèrement torréfié, mais non caricatural, on
retrouve des notes de pétales de roses, une légère sucrosité, sur des
tanins enrobés.
Romanée Saint-Vivant 2002
Wow! D'une précision millimétrique, une structure calibrée à la
perfection, des tanins fins, au grain admirable, pourtant accrocheurs,
et une longueur immense. Magnifique!
Clos de Vougeot 1971
La cerise sur le gâteau, une bouteille de derrière les fagots, que
Pascal Lachaux est allé chercher pour que nous puissions apprécier un
vin à maturité. Une bouteille qui nécessite de l'attention, tant les
arômes évoluent rapidement dans le verre. Grandeur et complexité des
arômes tertiaires qu'il faut savoir cueillir lorsqu'ils se présentent,
tellement ils sont fugaces. Comme un petit film qui passe en accéléré,
un raccourci de 33 ans d'évolution à apprécier en quelques minutes!
D'abord fruits confits, pruneau, sous-bois, tabac blond, presque
liquoreux au nez, il évolue sur le cacao et les fruits secs. Une
caresse au palais! L'alcool est toujours bien présent, arrondissant la
structure du vin, encore loin de se dessécher. Un petit bonheur! Après
une telle bouteille, plus rien ne peut nous arriver! L'apothéose!
Sans arrière-pensée publicitaire, voilà encore un domaine à recommander vivement!
Olif
Commentaires
Fondateur de la SOCODICOR, qui doit être votre client.Et en tant que président d' honneur Mr Cornu m'a fait parvenir un carton de votre production.Saumurois qui a également quelques de bons vins.