Domaine Tollot-Beaut, une affaire de famille !
Date: le 04/11/2004 à 19:16
Chorey-les-Beaune : une appellation bourguignonne un peu en marge, coincée entre la capitale de la Bourgogne viticole et la célèbre montagne de Corton, coiffée en brosse par le petit bois qui la surmonte. C'est là que se trouvent les racines du domaine Tollot-Beaut, situé rue Tollot, comme son nom l'indique. C'est l'arrière grand-père Tollot qui a donné son nom à la rue, en tant qu'ancien maire de la commune. Un vigneron précurseur, qui a commencé à mettre en bouteille sous son propre nom depuis 1921. Le domaine, repris par son fils, a été étendu dans les années 1960. Il compte actuellement 24 ha, dont 10 sont en appellation Chorey-les-Beaune. A la descendance du grand-père (trois fils), ont succédé trois cousins germains, enfants de chacun des trois frères, qui gèrent le domaine actuellement. Les vignes appartiennent à l'ensemble de la famille et sont exploitées en fermage.
Les vendanges 2004 se sont terminées le 27 septembre. Une année abondante, malgré des vendanges en vert et des rendements moyens que l'on essaie ici de limiter entre 40 et 45 hl/ha. A notre arrivée, la rue Tollot est encombrée de plusieurs camions de grand tonnage, venus chercher l'envoi annuel à l'export outre-Atlantique. Nous réussissons à nous frayer un chemin entre les tire-palettes pour retrouver Nathalie Tollot, charmant petit bout de femme tout sourire dehors, qui nous conduit illico à la cave, où reposent déjà les fûts de 2004. L'occasion d'avoir un avant goût de ce millésime avant la sortie tant attendue des Beaujolais primeurs! Au domaine Tollot-Beaut, on privilégie la qualité et on regrette que "la réputation de la Bourgogne soit défaite par les productivistes". Le vignoble a "besoin d'une image positive forte" pour sortir de la mini-crise qui couve. La crise, ce n'est pas ici qu'on en retrouvera des symptomes car toute la récolte est vendue d'une année sur l'autre sans pouvoir accepter de nouveaux clients (malheureusement pour eux!). Ce qui confirme bien, et cela confortera certains dans leur approche, que si le terroir est indispensable, "l'important, c'est le vigneron".
Savigny 1er cru Lavières 2004
Un vin peu coloré, à la robe rubis claire, en partie à cause de peaux peu épaisses, pauvres en anthocyanes. Un boisé très fin ne parvient pas à masquer le fruité croquant du vin. "ça sent le raisin!" s'exclame Nathalie. Pour sûr, il y en a! Un peu de groseille, aussi. En tout cas, de bien belles promesses.
Changement de cave pour aller goûter aux 2003 sur fûts. Il a fallu déménager les fûts dans la cave attenante pour rentrer la nouvelle récolte mais toutes les fermentations malo-lactiques ne sont pas terminées . Le fait de maintenir volontairement le vin en cave fraîche n'y est pas étranger. Cela permet également de mieux contrôler les différents processus de la vinification, de la fermentation alcoolique à la malo-lactique. Appliquant les théories d'Henri Jayer, on préfère ramasser à 12,5° et légèrement chaptaliser (il s'agit parfois de saupoudrage!) pour mieux maîtriser l'extraction, qui sera un peu plus longue mais surtout beaucoup plus douce. Les cuvaisons durent entre 10 et 15 jours. 2003, millésime atypique qu' il a fallu légèrement acidifier, Nathalie Tollot ne s'en cache pas, et le revendique, même! Beaucoup de travail à la vigne n'empêche pas de devoir agir aussi à la cave selon les circonstances. Nous entendrons d'ailleurs un peu le même discours plus tard dans l'après-midi au domaine Robert Arnoux. Et les 2003 que nous allons goûter ne lui donnent pas entièrement tort!
Savigny 1er cru Lavières 2003
La robe est soutenue, colorée, et tranche par rapport à celle du 2004. Le nez, finement torréfié et grillé, laisse pourtant parler un fruité éclatant et intense, charmeur avec ses tanins soyeux et veloutés, dense avec sa grande longueur.
Beaune 1er cru Clos du Roi 2003
Une vigne qui a particulièrement souffert de la canicule avec des raisins littéralement cuits sur pieds. Cela se ressent dans le vin, totalement atypique de ce qui peut être produit sur ce secteur. De la soupe de fruits rouges, un peu confits! Une immense concentration, mais déjà de la rondeur, et, malgré tout, une sensation de fraîcheur, même si la texture est encore serrée. Cela me plaît beaucoup, mais c'est un vin plus typique de son millésime que de l'appellation et l'on sent que Nathalie Tollot n'est pas fan de ses 2003!
Aloxe-Corton 2003
Beaucoup de souplesse et une grande buvabilité. Une expression plus "conforme" pour cette appellation, d'après Nathalie, plus classique serais-je tenté de dire, mais c'est un joli village qui procure beaucoup de plaisir.
Aloxe-Corton 1er cru les Vercots 2003
Une parcelle plantée en 1928, arrachée pour moitié en 2002, et replantée cette année. Donc une production tout naturellement divisée par 2. Par rapport au précédent, il est plus soutenu et procure une sensation de grande douceur en bouche. 2003, millésime de la sucrosité!
Corton 2003
En provenance du lieu-dit Les Combes, une parcelle généralement non revendiquée, ce Corton est pourtant un beau vin opulent, riche et gras, qui titre 14° et qui tapisse à la fois les parois du verre et celles du palais. Le nez est très fin, avec quelques notes encore grillées nettement ressenties.
Fin de la dégustation au fût et découverte de quelques vins en bouteille, dont une mini verticale de Savigny Champs-Chevrey. Un beau moment en perspective!
Chorey-les-Beaune 2002
Mis en bouteilles en janvier, ce vin est un petit bonheur de vin frais, à la robe rubis éclatante, au nez de petits fruits rouges, au grain déjà soyeux, bien concentré et faisant preuve d'une belle persistance, sur de beaux tanins bien fins.
Amateurs de vins friands et complexes à la fois, accessibles et de bonne qualité, d'un excellent rapport Q/P, n'hésitez plus un instant! Buvez du Chorey! De Tollot-Beaut de préférence, mais pas uniquement! Une appellation à privilégier dans ses achats pour des vins de plaisir!
Savigny Champ Chevrey 2002
Une parcelle plantée par le grand-père Tollot en lieu et place d'anciennes cultures de chanvre, d'où son nom, sur un sol plus riche en terre que les Lavières. Un vin à la matière dense et serrée, de beaux tanins qui tournent un peu amers en finale, mais qui ont bien le temps de se fondre.
Savigny Champ Chevrey 2001
Assez fermé au nez, la matière est très serrée et il possède des tanins imposants avec une grosse mâche finale. Un vin indéniablement à attendre.
Savigny Champ Chevrey 2000
Après une fugace note de réduction, le vin se révèle rond et charmeur, tout en fruit. De loin le plus prêt à boire actuellement, pour un plaisir non dissimulé!
Savigny Champ Chevrey 1999
Pas très causant, ce millésime 99! Dans une phase de repli complet pour Nathalie. Mais la matière est bien là ! Il faut juste lui laisser un peu de temps pour s'exprimer, à la fois en cave et dans le verre. Beaucoup de volume et d'amplitude en bouche, témoignant de la richesse d'une année très mûre, et de raisins ramassés presque en surmaturité.
Pas de fausse note dans cet échantillonnage et un domaine à recommander vivement, dans toutes les appellations produites. Il faudra donc plutôt compter sur des cavistes avisés pour se procurer les vins du domaine.
Olif
Commentaires
je posséde depuis trés longtemps un CORTON Rouge de 1966 du domaine TOLLOT-BEAUT et fils (CHOREY les BEAUNE).Ce vin a t'il de la valeur et est il encore buvable.
Merci de bien vouloir me donner votre avis de conaisseur.