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En passant par Reverolle (CH): cave de rêve, dégustation de rêve!

Date: le 14/11/2004 à 23:15

Reverolle! Un petit village perdu sur la rive droite du Léman, à  une encablure de Lausanne, sur les hauteurs de Morges. Si votre route personnelle vous y conduit un jour, n'omettez pas de passer par Vufflens-le-Château, vous vous trouverez nez à  nez, au sortir d'un virage, avec un château de conte de fées perdu au milieu des vignes. Un endroit un peu surréaliste comme la Suisse sait encore souvent en offrir.

La Cave de Reverolle, cavedereve sur le web, un endroit qui ne paye pas de mine vu de l'extérieur, tout juste si une enseigne signale l'endroit! A l'intérieur, c'est le paradis de l'amateur. Il suffit de descendre les marches qui mènent à la cave pour comprendre que le bon goût règne à  cet endroit. Un bon goût qui doit pour beaucoup à  Pierre Muller, dont la sélection de vins frôle l'irréprochabilité. Vins suisses, vins français, vins italiens, tous de grande réputation. Quelques trésors disséminés dans des recoins de la cave, des vieux millésimes esseulés, un rayonnage de «rescapées», des fins de lots, et de l'autre côté de la rue, dans l'entrepôt, des montagnes de caisses et de cartons soigneusement empilés sur plusieurs étages et rangés de façon très précise dans des allées numérotées. Une organisation méthodique, efficace, helvétique!

Pour stimuler le désir de l'amateur, de dégustations sont régulièrement organisées par Pierre Muller, assorties d'offres promotionnelles. En cette mi-novembre 2004, honneur à  la Bourgogne, essentiellement millésimée 2002. Et deux vignerons invités qui n'ont rien de bourguignon, mais qui viennent élargir les horizons de cette journée: Romain Papilloud, digne représentant du Valais, et Didier Barral, une certaine vision du Languedoc, idéaliste et très pure.

Dégustation en trois parties, donc, qu'il fallait bien aborder dans un sens ou dans l'autre.

Honneur donc au national de l'étape, j'ai nommé Romain Papilloud, une déjà  vieille connaissance (plus d'un an!) faite grâce à  LPV et sa cohorte de fiers valaisans. L'occasion de regoûter à  une gamme que je connais déjà  mais qui m'éblouit toujours autant.

Fendant Grand Cru Amandoleyre 2003
La preuve qu'il était possible de vinifier un beau fendant bien sec dans cette caniculaire année 2003. Vif et minéral, il me séduit par son caractère tranchant, le plus pur qu'il m'ait été donné de goûter dans ce millésime en Valais, n'en déplaise aux partisans du « petit sucre »!

Petite Arvine 2002
Un vin d'école, dont la typicité n'a d'égale que la pureté! Attaque mordante, sur les agrumes, vivacité, finale saline, une petite arvine sur le fil du rasoir, avec tout ce qui fait la séduction de ce cépage lorsqu'il est bien vinifié sur des terroirs adaptés.

Amigne 2003
Le « petit sucre » sur l'amigne ne me dérange pas du tout, tellement il s'accommode ici de l'acidité pour parvenir à  un bel équilibre. Jolis arômes de châtaigne, d'amande, de massepain. J'adore!

Cornalin 2003
Quel séducteur! Riche et concentré, ses notes fruitées de cassis se mêlent à  une jolie touche d'amande. Du volume, de la concentration, de la fraîcheur, tout concourt pour que ce vin soit divin dans quelques années.

Syrah Barrique 2002
Un cépage qui a de l'avenir en Valais, dont j'ai déjà  goûté quelques beaux spécimens, mais qui ne m'a encore rarement autant séduit que cette magnifique bouteille de 2002, épicée et poivrée, délivrant un fort joli fruité (fraise écrasée, cassis) et dont la très belle matière n'est en rien masquée par la barrique, qui ne fait qu'apporter l'étoffe sans pervertir les arômes.

Après une telle entrée en matière, il fallait que la suite « assure »! Direction la Bourgogne, avec une sélection éclectique de beaux domaines, certains très réputés, d'autres qui se sont avérés être de jolies découvertes.

Pouilly-Fuissé 2002, Terroir de Fuissé, Olivier Merlin
On attaque par les blancs, avec un beau domaine de Pouilly, dont cette même cuvée, millésimée 1998, goûtée récemment, est un véritable bonheur. Ce 2002 séduit moins, du fait d'un boisé trop marqué, exotique, trop travaillé. La bouche est grasse, riche, puissante, exotique, avec des notes d'agrumes et d'ananas. Il faut lui laisser du temps, en espérant qu'il digère harmonieusement tout ce bois.

Saint-Aubin 1er cru En Remilly 2002, Marc Colin
Beaucoup plus frais et minéral que le précédent, citronné, il possède une matière plus aiguisée, séductrice, vive et longue. Pur et minéral, sans aromatique extravertie, un chardonnay comme je les aime!

Meursault 2002, Albert Grivault
Le nez est un peu fermé et s'ouvre progressivement sur des notes de fruits mûrs (agrumes). La bouche est ample, entre gras et vivacité, avec un léger côté exotique, mais très peu marqué. Un vin tout en retenue, avec un potentiel certain, pour ne pas dire énorme.

Beaune Les Fleurs Blanches 2002, domaine Tollot-Beaut
Place aux rouges et retrouvailles avec le domaine Tollot-Beaut, pour un Beaune Village déjà  relativement souple et agréable, caractérisé par une note fumée marquée, probablement due au barriquage. On sent pourtant le vin encore prisonnier de cette gangue de bois qui donne une finale légèrement amère.

Volnay Les Grands Poisots 2002, Joseph Voillot
Un grand charmeur, sur le fruit, la confiture de framboise. Une belle acidité fraîche, une grande facilité, mais un petit manque de longueur. Pas immense, mais bon!

Pommard 1er cru Grand Clos des Epenots 2002, De Courcel

La robe sombre, colorée, tranche d'avec le style du précédent. Beaucoup d'extraction, de boisage aussi, donnant le sentiment d'un grosse matière épicée et poivrée, un peu rêche, avec des tanins qui décollent un peu les gencives en finale. Un monstre, mais pas dans le style que je préfère.

Nuits-Saint-Georges 2002, Frères Lécheneaut
Le premier nez est boisé, mais cela s'estompe vite, laissant la place à  des notes fruitées et épicées. De la longueur, de l'acidité, de la fraîcheur, de bien belles promesses pour un vin en élégance et en dentelles.

Nuits-Saint-Georges 1er cru Clos des Argillères 2002, Dureuil-Jenthial
Situé à  Rully, en Côte Chalonnaise, ce domaine possède maintenant des vignes en Côtes de Nuits. Un nez très mûr, m'évoquant le pamplemousse, possédant donc de la fraîcheur. La bouche est bien enrobée, riche, néanmoins acidulée, très élégante. Un vin qui a de la classe!

Vosne-Romanée 1er cru les Suchots 2002, Confuron-Cotedidot
Robe sombre. Nez dense et profond, un peu poussiéreux, avec des notes de cacao. De la puissance enrobée en bouche, bien calibrée. Belle matière à  attendre!

Charmes-Chambertin 2002, Perrot-Minot
Nez légèrement grillé, révélant un grain très fin, serré, ample et large, long. Grande densité, digne d'un grand cru, et grande bouteille en devenir, cueillie dans sa phase embryonnaire.

Chambolle-Musigny 2001, G. Barthod
A souffert de passer derrière le Charmes-Chambertin, lui, le vin fin et délicat, fruité et souple. A boire pour le plaisir, de préférence avant un Chambertin!

Chambolle-Musigny 1er cru Les Fuées 2001, G. Barthod
La matière est plus soutenue, mais la bouteille vient juste d'être ouverte au sortir de la cave. La température de service trop fraîche fait ressortir les tanins et la rend un peu difficile à  juger.

Morey-Saint-denis 1er cru Les Chaffots 2000, H. Lignier
C'est un 2000, cela se sent, le nez est plus fondu, ouvert, fruité, floral, chocolaté. D'un abord assez aisé en bouche, il possède encore des tanins bien ressentis et est loin d'avoir dit son dernier mot, même s'il peut déjà  s'apprécier.

Troisième et ultime étape de ce tour de table, la rencontre avec Didier Barral et une dégustation commentée de ces vins. Personnage très disert, homme de conviction, profondément respectueux de l'environnement, il se laisse volontiers aller à  exprimer son credo et fustiger ceux qui ne sont pas à  l'écoute de la nature, entre autres la génération des productivistes (dont son père!), embobinés par les sirènes de l'industrie chimique. Des arguments empreints de bon sens et des phrases bien senties à  l'encontre des Bordelais (en général), des Alsaciens (pas tous!) et des Bourguignons (« même si on les aime bien, ce sont de petits artisans ! »). Fou rire intériorisé car nous étions en compagnie d'un vigneron bourguignon incognito! Apologie du sans soufre, en quête de la «buvabilité»: son vin est fait pour être bu, et même en cas d'abus, doit faire le moins de dégâts possibles sur l'organisme! Et si j'ai bu une grande partie de ses paroles, je me laisserais volontiers mieux convaincre, preuve gustative à  l'appui!

Faugères Tradition 2001
60% Carignan, 30% grenache, 10% cinsault. Vendange non éraflée. Récolte bien mûre, cela se sent, donnant un vin légèrement réduit au nez, mais charnu, frais, fruité et rond, qui glisse tout seul.

Faugères Jadis 2001
50% Carignan, 40% Syrah, 10% Grenache. Quelle texture! Une chair grenue, comme quand un petit frisson parcourt l'échine, frisson de plaisir évidemment, là  où la peau est la plus fine! Un vin quasiment orgasmique! Mais je sais me tenir en public!

Valinière 2001, Vin de Table
Déclassé, comme en 2000, pour excès de volatile. 80% Mourvèdre, 20% Syrah. La matière est dense, animale, plutôt fourrure, et le grain très serré. Un cheval fougueux qu'il va falloir dompter pour le mériter et, pour cela, à  mon avis, faire preuve de beaucoup de patience.

Blanc 2002, Vin de Pays de l'Hérault
80% Terret blanc et Terret gris, complété par Viognier et Marsanne. Sans soufre également, avec las conséquences que cela implique sur sa robe, plutôt soutenue, légèrement brunie même. Son caractère oxydatif lui permet de passer sans problème derrière les rouges, même Valinière. Arômes de pomme caramélisée, presque tatin, et une structure veloutée caressante. Un vin qui ne peut pas plaire à  tout le monde, vu son caractère, mais j'aime plutôt bien. On se demande pourquoi!

Après-midi éclectique mais passionnante, le reflet d'une gamme de vins très riche et d'une sélection judicieuse de la part de Pierre Muller, faisant littéralement de la petite cave de Reverolle une vraie cave de rêve.

Olif

http://www.lapassionduvin.com

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