Vosne-Romanée, force et finesse!
Date: le 01/05/2003 à 10:21
Opposition totale de style, hier soir dans la cave du Bon Echanson à Pontarlier, pour une joute amicale entre deux domaines de Vosne-Romanée. Deux expressions d'un (quasi) même terroir à des lieues l'une de l'autre.
A ma gauche, le domaine Mongeard-Mugneret, 25 ha, répartis sur 23 appellations, plutôt bien doté en grands crus ; à ma droite, le domaine Lamarche, 8 ha 68, de nombreux grands crus dont un en monopole.
Les vins sont dégustés par paires, non à l'aveugle, sauf pour les grands crus, carafés à l'avance. Petit jeu (facile !) destiné à nous faire reconnaître le style du domaine après l'avoir apprécié sur un village, puis un premier cru.
- Vosne-Romanée village 1998, domaine Lamarche : robe rubis brillante, sans trace d'évolution. Un vin concentré, massif avec des tanins serrés, témoins d'un boisé marqué, même si pas agressif, en train de s'harmoniser. Encore un peu austère à ce stade, il est doté d'une bonne allonge. Force et puissance, il devrait gagner à vieillir encore un peu.
- Vosne-Romanée village 1998, domaine Mongeard-Mugneret : la robe est rubis légèrement tuilée. Le nez est très ouvert, épanoui, sur le fruit avec quelques notes de sous-bois. De demi-corps, mais avec une bonne longueur, c'est un vrai vin plaisir dont l'évolution relativement rapide peut surprendre par rapport au précédent. Finesse et élégance toutefois, même si je ne l'attendrais pas trop.
- Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 1996, domaine Lamarche : nez puissant sur la sciure de bois un peu brûlée. Encore un vin massif, puissant, avec un gros volume en bouche et une certaine raideur des tanins. Le boisé devrait pouvoir se fondre dans cette énorme matière mais il faudra être patient.
- Vosne-Romanée 1er cru Les Orveaux 1996, domaine Mongeard-Mugneret : le nez est ici tout en fruit, avec des notes florales (pivoine ?). Une belle trame acide procure de la longueur à ce vin qui s'exprime tout en finesse. De la dentelle, surtout comparé au précédent, dans un style souple et élégant.
- Grands Echezeaux 2000, domaine Lamarche : nez puissant, un peu alcooleux, sur lequel viennent se greffer des notes boisées. Visiblement, une extraction poussée qui donne un vin puissant, dans un style démonstratif.
- Grands Echezeaux 2000, domaine Mongeard-Mugneret : très fruit encore une fois, fraise, fraise des bois et épices, ce vin développe des tanins soyeux et caressants. Beaucoup d'ampleur, de longueur et de finesse qui laissent percer une légère minéralité du cru, qui ne demande qu'à s'exprimer. La relative souplesse de ce vin qui se laisse déjà très bien boire n'empêche pas qu'il ait encore un gros potentiel à révéler.
- Grands Echezeaux 97, domaine Mongeard-Mugneret : histoire de clôturer en beauté, un grand cru dans un millésime plus ancien et entrant dans sa phase de maturité. Les fruits rouges s'expriment pleinement avec des notes de fumée, légèrement lardées. Beaucoup de race dans ce vin, toujours dans un registre très fin, et qui s'exprime pendant longtemps, longtemps, longtemps,... Un vin Duracell!
S'il fallait résumer cette soirée, on pourrait dire qu'il s'agissait bien d'un match puissance contre finesse. Qui a gagné?
Pour les amateurs de chiffres , on peut
décréter le domaine Mongeard vainqueur par 4 vins dégustés contre 3 du
domaine Lamarche.
Olif