Le Clos Montmartre, vin du Vieux Monde !
Date: le 28/10/2003 à 21:55
Flâner dans le XVIIIème, parcours obligatoire du touriste moyen, vous conduit immanquablement vers les vignes du Clos Montmartre, qui a le mérite d'avoir une véritable histoire, contrairement à ses homologues du Nouveau-Monde, et que celle-ci est plutôt belle !
La vigne de Montmartre remonte vraisemblablement à l'époque gallo-romaine. Très étendu jusqu'à la fin du XIXème siècle, le vignoble s'offre même le luxe d'être subdivisé en «cru» ou en «climat» : la Goutte d'Or, la Sauvageonne, la Sacalie,... qui finiront par fusionner sous le vocable moins prestigieux de «picolo» de Montmartre, la qualité ne semblant pas nécessairement au rendez-vous.
Le début du XXème siècle, de par la concurrence viticole et l'urbanisation, a eu raison du dernier cep. Coïncidence, l'absinthe (de Pontarlier, notamment!) battait alors son plein, enivrant jusqu'à plus soif les artistes de la place du Tertre.
Les années 30, grâce à Francisque Poulbot entre autres, virent le
renouveau de ce petit carré de vignes, planté à flanc de coteau, en
lieu et place d'un petit square destiné aux enfants et ayant résisté à
la pression immobilière.
1556 m2 de sables siliceux de Fontainebleau reposant sur des argiles
vertes et des marnes à huîtres, et sur lesquelles on a planté 1762
pieds de Gamay, Pinot noir et Hybrides producteurs directs. 33,5 hl/ha,
402 litres produits en 2002 pour 805 bouteilles de 50 cl. Les chiffres
parlent d'eux-mêmes !
Il faut reconnaître que l'endroit est magique, surtout si l'on ferme les yeux et que l'on s'imagine au siècle avant-dernier, loin du flash crépitant de nos amis nippons ! En face, sur le même coteau, subsiste le square Roland Dorgelès, qui inciterait presque à la rêverie si la température était plus clémente en cette fin octobre. Certains ont quand même dû rêver profondément, hier soir, si l'on en juge par le nombre de cadavres de Kro jonchant le sol, et venant rompre le charme de l'endroit.
Est-ce encore une fois la faute au millésime précoce, mais j'ai raté de peu la fête des vendanges qui se déroule chaque année sous le parrainage de personnalités de tous horizons. Cette année, Elie Semoun et Véronique Genest s'y collaient pour une grande fête populaire. De vendange, il n'y eut point, car toute la récolte a été détruite par un orage de grêle le 31 mai. Il y aura toutefois une production de Clos Montmartre en 2003, des raisins ayant été offerts par des Confréries Vineuses au Comité des Fêtes du XVIIIème. Une cuvée «Solidarité» verra donc le jour dans ce millésime. Un exemple à méditer dans les autres appellations ?
Le dernier millésime y est présenté et commercialisé à l'occasion. Enfin, pas vraiment commercialisé puisqu'il est offert ! En échange d'un don de 40 euros aux Oeuvres sociales de l'arrondissement, fiscalement déductible ! Une véritable aubaine!
Chaque millésime est habillé par un étiquetage spécifique, illustré
par un peintre contemporain, véritable collector digne de Mouton !
La cuvée Toulouse-Lautrec représente le millésime 2001.
Consciencieusement, je me suis senti obligé de la goûter et de la
commenter, même si cela peut paraître un peu obscène. Une oeuvre de
bienfaisance, on ne peut décemment la juger ! Sachez seulement que ce
Clos Montmartre 2001 se rapproche plus du «picolo» que de
Mouton-Rotschild, même s'il est loin d'être imbuvable.
Une expérience enrichissante et ma modeste contribution au folklore local, éminemment sympathique !
[www.fetedesvendangesdemontmartre.com]
Olif