Meursault, le phare de la Côte!
Date: le 21/11/2003 à 23:26
Jeudi 20 novembre 2003. La journée s'annonce magnifique ! Un grand soleil resplendit, faisant oublier les gelées matinales, et déjà 14°C à 11 heures du matin sur le Haut-Doubs. Plutôt qu'une visite du Bordelais sous la pluie, à l'instar du pèlerin girondin de LPV, la Bourgogne sous le soleil s'impose, et ce d'autant que c'est moins loin! Direction Meursault, le vignoble phare de la Côte de Beaune. Mauvais calcul ! Le trajet verra s'estomper petit à petit notre optimisme météorologique ! Dès la plaine de Saône, le brouillard nous gagne, épais, glaçant, le thermomètre extérieur de ma voiture affichant un modeste 5°C.
Après un déjeuner rapide à La Diligence, à Meursault, pas mauvais mauvais, mais un peu grosse cavalerie, une cuisine finalement pas si illogique que ça dans un ancien relais de diligence, nous longeons le clos du Château de Meursault, aux allures fantomatiques dans la brume.
Il faudra attendre 16 heures 30 pour voir le ciel se dégager à peine tandis que la nuit commence à tomber. Meursault, nuit et brouillard ! Mais peu importe ! La chaleur et la lueur nous viendront du fond des caveaux, où le vin blanc de Meursault, tel un phare dans la nuit, brilla de tous ses feux ! La vache, si c'est beau ! Je n'en reviens pas moi-même !
Deux domaines au programme, pas ceux dont on parle le plus, mais deux domaines qui méritent qu'on en parle !
Rémi Jobard, le plus Haut Doubien des Murisaltiens
Notre première étape nous conduit chez Rémi Jobard qui a repris le
domaine familial en 1992. Un vrai gars du pays, fils de Charles, mais
également la plus Haut-Doubien des Murisaltiens ; il a marié une fille
de Pontarlier !
Ce beau domaine, relativement peu connu, travaille à 70% à
l'export (Angleterre, Japon, Allemagne, Pontarlier,...) mais il serait
pourtant dommage de passer à côté ! Ici, on est plutôt en lutte
raisonnée, voire plus que raisonnable. A 90% en bio, grâce à un gros
travail à la vigne, sans engrais, sans désherbant, mais on utilise ce
qui semble nécessaire pour traiter quand le besoin s'en fait sentir.
La dégustation qui va suivre a révélé un fort beau potentiel
qualitatif avec respect des terroirs et de leurs expressions. Des vins
racés et élégants, d'une grande homogénéité.
Les vins blancs :
- Bourgogne 2001 : une belle parcelle de chardonnay en appellation Bourgogne, idéalement située, du bon côté de la nationale, en bordure des premières habitations du village, et un très beau vin vif, simple mais franc.
- Meursault Sous la Velle 2001 : nez un peu réservé révélant peu à peu des notes d'agrumes, un léger grillé. Un vin tendu, minéral, avec beaucoup de fraîcheur.
- Meursault En Luraule 2001 : un climat en limite des premiers crus, jouxtant les Gouttes d'Or. Plus gras en attaque, je lui trouve par la suite une sensation de mollesse. Beaucoup moins incisif que le précédent.
- Meursault Les Chevalières 2001 : une vigne plantée en 1940, en exposition est, de ce fait la plus tardivement vendangée. Un excellent compromis entre le gras et la minéralité, avec une finale encore à peine serrée. Splendide cuvée pour amateur patient (j'en suis!).
- Meursault 1er cru Le Poruzot Dessus 2001 : histoire d'embrouiller un peu plus le néophyte ou le réfractaire (Belge ou autre !), le climat Poruzot est subdivisé en 3. Le dessus est évidemment le meilleur ! C'est un vin riche, long, équilibré. Le chouchou de beaucoup !
- Meursault 1er cru Genevrières : nez intensément grillé, toasté (20% de fût neuf seulement) avec un grain serré en attaque qui s'épanouit dans une immense finale. « Un entonnoir à l'envers », voilà ce qui définit parfaitement pour Rémi le terroir des Genevrières. Très beau vin, j'adore !
- Meursault-Charmes 2001 : un beau Charmes, puissant, intense et aromatique, sur le pain grillé beurré, d'une droiture de structure exemplaire.
Les vins rouges :
- Bourgogne 2001 : frais et fruité, gouleyant, il pinote joliment. Finale un peu abrupte, minérale, sur la mine de crayon.
- Monthelie 1er cru Les Vignes Rondes 2001: plus puissant, ses tanins sont un peu rustiques avec de la mâche en finale.
- Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots 2001 : le plus beau des 1ers crus de Monthelie, contigü au Clos des Chênes de Volnay. Beaucoup de finesse, une matière serrée avec un joli grain et des notes de griotte dans la finale.
- Volnay Santenots 2001 : rond, fruité et charnu, il développe beaucoup de finesse. Jolie rétro sur la cerise à l'eau de vie.
Domaine Michel Bouzereau et Fils, le classicisme et l'élégance
Après un petit crochet dans les vignes, nous nous dirigeons vers le
domaine Bouzereau, en plein coeur du village. Heureusement que Rémi
Jobard nous sert de guide, sinon nous serions encore probablement
perdus dans les ruelles de Meursault !
Accueillis par Michel Bouzereau, c'est son fils, Jean-Baptiste,
qui nous conduit dans la cave pour faire connaissance ici avec le
millésime 2002. Un grand millésime, qui a la particularité d'être très
accessible malgré la mise récente en bouteilles. Beaucoup de belles
choses ici également, avec une déclinaison des terroirs murisaltiens
une nouvelle fois palpitante, avec une petite incursion à Puligny. Nous
ne goûterons malheureusement pas au Meursault Perrières, produit
jusqu'à maintenant en petite quantité, mais l'acquisition d'une belle
parcelle dans ce prestigieux 1er cru devrait permettre une plus grande
commercialisation dans l'avenir. Accueil de tout premier plan par des
vignerons amoureux de leur terre.
Les vins blancs :
- Bourgogne 2002 : très fruité, pêche blanche, poire, il est gourmand et se laisse boire allègrement.
- Meursault Tessons 2002: nez très expressif, un peu grillé et beurré. Grande richesse, grande longueur, due à une acidité bien présente même si elle semble masquée. Très beau !
- Meursault Le Limozin 2002: un coteau en exposition sud, sous les Genevrières. Chaleureux et rond, épicé, il manque peut-être d'une pointe de nerf qui le rendrait plus incisif.
- Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains 2002 : très affable, finement toasté, sur les herbes coupées, il se goûte déjà fort bien et laisse percevoir toute sa majesté.
- Meursault 1er cru Les Genevrières 2002 : sur les agrumes, il développe un beau volume mais sa structure n'est peut-être pas encore suffisamment bien définie. La mise est récente.
- Meursault-Charmes 2002 : un vin pour le petit déjeuner ! Pain grillé beurré, riche et gras, porté par une belle acidité, avec un gros volume extrêmement bien calibré en bouche. Un archétype !
Le vin rouge : il y en a d'autres mais c'est le seul que nous goûterons au fût.
- Beaune Les Vignes Franches 2002 : fruit mûr, boisé un peu torréfié, il se caractérise par la présence d'une petite pointe de gaz.
La nuit a maintenant largement pris ses quartiers, il est temps pour nous de regagner la montagne et son ciel étoilé, non sans avoir fait une halte arboisienne pour y goûter un peu de Beaujolais, surtout pas nouveau ! Ce sera dur d'éclipser la classe de Meursault, qui nécessitera très certainement une nouvelle visite, et pourquoi pas au retour de la belle saison, lorsque le brouillard sera levé?
Olif