De Chambolle à Musigny, le grand amour !
Au GJP (Grand Jury Pontissalien, pour les p'tits nouveaux, rassemblement d'amateurs demeurant dans la bonne ville de Pontarlier (25), dont l'objectif n'est pas de faire de l'ombre au Grand Jury Européen de François Mauss, mais d'organiser quelques belles dégustations thématiques à intervalles aussi rapprochés que possible !), on aime flâner au coeur de la Bourgogne. Cette fois, le parcours sera court, virtuel et pas réel. Petit dans l'espace, plus grand dans le temps, sur une période couvrant 12 années, de 1988 à 2000. 7 vins de Chambolle-Musigny, 7 domaines différents, 2 «village», 4 premiers crus, 1 Grand cru (oui, mais lequel !), 3 88. Voilà pour les amateurs de chiffres. Pour les puristes, nous étions en quête de la finesse légendaire de l'appellation, tout en souhaitant communier autour d'une bouteille de rêve. Amen !
Les vins sont servis à l'aveugle en 2 séries. Les 4 plus jeunes ont été carafés, les 3 anciens débouchés 1 heure au préalable et habillés d'une fort élégante chaussette de ski afin de les dissimuler jusqu'à la collerette. Les petits plats ont été mis dans les grands ! Valérie nous a concocté en plat principal un carré d'agneau spécial Musigny, une recette d'Alain Senderens travaillée dans le cadre d'un accord mets-vins, accompagné de légumes craquants et d'une sauce au pistou. Le voyage peut commencer !
- Chambolle-Musigny 1999, domaine G. Roumier : robe rubis éclatante, nez fruité avec une nette composante florale (pivoine ?), tanins fins, un peu lâches. Plutôt plaisant mais pas d'une grande complexité.
- Chambolle-Musigny 1999, domaine Guillon : robe rubis soutenu, nez très petits fruits rouges, évoquant bien le pinot. Développe un plus gros volume en bouche que le précédent avec des tanins encore bien marqués et de la mâche en finale avec perception de l'alcool. Sa relative puissance et sa belle concentration en imposaient presque pour un premier cru !
-Chambolle-Musigny 1er cru La Combe d'Orveau 1998, Anne Gros : robe rubis clair, d'une belle brillance. Un vin de fruit, gourmand, tout en finesse et en élégance. De la dentelle ! Je penchais pour Roumier !
- Chambolle 1er cru Les Amoureuses 2000, Domaine Groffier : robe rubis foncé, jolis arômes de framboise associés à une note animale. Bouche ample, longue finale avec une sensation de sucrosité. Un vin imposant, l'antithèse du précédent !
- Chambolle-Musigny 1er cru Les Cras 1988, Domaine G. Barthod-Noellat : il s'agit de l'actuel domaine Ghislaine Barthod. Le G, c'est pour Gaston. Quelques traces d'évolution sur la robe et un nez très ouvert mais diversement apprécié, sur des notes de champignon, de vieille souche, de sous-bois, avec une pointe de cacao. Je trouve ça beau et complexe. La bouche est ronde et charnue, sans faiblesse aucune. Longueur et équilibre finissent de caractériser ce très beau vin qui a encore de beaux jours devant lui.
- Chambolle-Musigny 1er cru Les Feusselottes 1988, G. Mugneret : le G, c'est pour Georges ! La robe est encore soutenue et le nez plutôt fin mais un peu discret. La bouche est malheureusement déséquilibrée par une acidité trop marquée qui confine au décharnement. Pas complètement déshonorant, il souffre de la comparaison avec les autres cuvées.
- Musigny VV 1988, Domaine Comte Georges de Vogüé : la robe est encore très jeune. La bouche est ample, structurée et calibrée à merveille, avec un grain de tanins d'une finesse incomparable et une longueur impressionnante. Grand vin, grand cru, Musigny forcément ! C'était une évidence, tout le monde l'a reconnu ! Ouf de soulagement ! Il n'aurait plus manqué que ce soit une déception !
-Ruster Eiswein 2001, Osterreich Burgenland Weinguthof Landauer : la petite douceur finale, sur le dessert. J'espère n'avoir rien oublié dans l'intitulé, ma voisine de table avait beau être Allemande, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris ! Mentholé, avec une belle acidité, ne titrant que 10°, il permet de finir sur une note rafraîchissante.
Entre Chambolle et le GJP, c'est décidément le grand amour !
Olif, pour le GJP