Diverses bouteilles belges!
Belges par leurs propriétaires, mais françaises par leurs origines. Elles ont pourtant bel et bien été bues en Belgique au cours d'un week-end mémorable (une verticale de Beaucastel d'anthologie!), mais ne méritent pas d'être complètement éclipsées.
Grange des Pères blanc 2000, Vin de Pays de l'Hérault
Dégusté « à froid », après une longue route, sans être encore en
condition, ce vin m'a pourtant séduit par son côté incisif et son
élégance. Le même, version 2001, avait été carafé du fait de la
présence de gaz et se montrait sous un jour oxydatif, beaucoup plus
fermentaire, ce qui n'était pas non plus pour me déplaire. Une
bouteille à défaut (et pas défectueuse!), mais j'aime les vins à défaut
(et pas défectueux!)!
Charmes-Chambertin 1999, Philippe Charlopin
A l'aveugle, sa robe sombre et son premier nez m'entraîneraient
presque vers le Roussillon, du fait d'un côté très mûr, presque
solaire. Du bois, très fin et grillé, il y en a aussi, puis le pinot
noir se révèle enfin, avec ses notes fruitées denses, un peu terreuses.
La structure est imposante, volumineuse, à la trame encore un peu
serrée mais non dénuée de charme, qui devrait avoir beaucoup de choses
à raconter dans les prochaines années.
Probablement plus Charlopin que Charmes-Chambertin, mais c'est très bon et très bien fait!
Château Rieussec 1983
A l'aveugle également. Sa magnifique robe ambrée, presque cuivrée,
encore pourvue d'une belle brillance, et ce nez botritysé, avec un rôti
caractéristique, nous emmènent d'emblée à Sauternes. La bouche possède
un petit côté rancio, fruits secs, qui se développe et ajoute à la
grâce de l'instant. Plus moelleux que liquoreux, un tel vin incite à
laisser vieillir patiemment ses Sauternes. En cave, parce que la même
bouteille, le lendemain, était usée prématurément, supportant mal une
aération prolongée.
Côtes du Jura 1999, Savagnin, Luc et Sylvie Boilley
Nez sur les agrumes, la pomme verte, le calva. La première gorgée,
le palais encore parasité par un morceau de gingembre confit, servi sur
une brochette de Comté à l'apéritif (le sacrilège!), fait douter sur
d'éventuelles notes liégeuses, qui ne se confirment pas une fois les
papilles de nouveau calibrées, et après avis du sommelier, qui le
trouve « Comme d'habitude! ». Craignant qu'il soit too much pour nous
(« Vous savez, le Savagnin est un cépage particulier! »), il nous
propose d'ouvrir à la place un Chardonnay. Que nenni! Nous connaissons
et aimons le Savagnin!
Le caractère oxydatif de cette cuvée s'affirme au fur et à mesure
de l'aération, pour réaliser un accord plutôt réussi avec des
Saint-Jacques rôties au Noilly-Prat. Je reconnais qu'il y a là tout de
même de quoi dérouter l'amateur non averti, la grimace de mes voisins
de table ne m'ayant pas échappé!
Domaine Santa Duc 2001, Gigondas
Le nez de fruits rouges très mûrs évolue par la suite vers des nuances
animales, plutôt fourrure. Beaucoup de classe dans la persistance des
arômes, ainsi que dans la structure en bouche. Très beau vin, idéal
avec le gibier.
Après tout!!! 2000, François Villard
Une curiosité rhodanienne, un moût de raisins partiellement
fermentés, récolté en décembre 2000 (marsanne, viognier, syrah).
Symphonie d'automne finissant, avec des fruits secs, des épices, de
l'abricot sec et encore des figues séchées. Un équilibre presque
aérien, malgré les 13° d'alcool et les 140 grammes de résiduel, tout en
finesse, avec une finale bien enveloppée, fraîche et vivace. Tellement
bon qu'on dirait un vin de Paille jurassien!
Olif