Meursault-Château Chalon, via Pontarlier!
Ce n'est pas le chemin le plus direct, mais l'occasion d'une rencontre choc entre deux régions, deux vignobles, deux vignerons, en terrain neutre, au pays de l'Absinthe et à l'initiative du GJP.
Plein de bonnes raisons d'ouvrir de vieux et beaux flacons, en fait! Et de mettre les petits plats dans les grands pour les accompagner! Nous ne sommes pas allés jusqu'à prendre Un Emile à l'apéritif, on attaque d'emblée par Meursault!
Meursault 1er cru Les Genevrières 1992, Charles et Rémi Jobard
Le premier millésime solo de Rémi Jobard, même si le nom de son père figure encore sur l'étiquette. Le seul changement notable par rapport aux millésimes précédents, ce fut une modification de taille à la vigne (passage au cordon de Royat). Le nez est très profond, intense, envoûtant, sur des notes prononcées de rhubarbe fraîche, associées à un léger moka. Finesse et élégance pour un vin qui s'ouvre crescendo, patiné. Fondu enchaîné et grande harmonie. Un vin étincelant et la barre a été placé peut-être un peu haut d'entrée de jeu. Quoique...!
Meursault 1er cru Les Charmes 1994, Charles et Rémi Jobard
Année pluvieuse, limite « pourrie », pas un sommet en Bourgogne. Très finement grillé, il possède une acidité encore marquée mais un peu de lourdeur et une finale qui se fait sur l'amertume. Il a du mal à passer derrière les Genevrières 92!
Meursault 1993, J.F. Coche-Dury
La patte de Jean-François Coche ou un boisé encore marqué? Un concentré de pain grillé toasté, assez caractéristique de son style pourtant, l'antithèse du vin qui va suivre! Très bon même si un peu monocorde.
Meursault-Charmes 1993, Domaine Matrot
Très joli bouquet sur la rhubarbe, la tarte tatin, un peu caramélisée. Cela reste très pur, presque cristallin, pour un vin tout en finesse.
Meursault 1er cru Les Poruzots dessus 1999, Rémi Jobard
Le vin a été carafé une heure au préalable. Un 1er cru méconnu, voisin de la Goutte d'Or. Robe très pâle, nez encore sur la réserve, mais le vin possède déjà une belle harmonie, avec un équilibre somptueux entre gras et acidité. Il ne fera que s'ouvrir et mieux s'exprimer pas la suite. A attendre, mais que c'est beau!
Meursault 1er cru Les Genevrières 1997, Rémi Jobard
Nez puissant, sur le foin, le beurre frais. Bien structuré, avec de l'acidité qui apporte de la longueur. Pas aussi impressionnant que le 92, il est fort bien constitué mais ce n'est pas celui qui résistera le mieux à l'oxygénation.
Fin de l'apéritif, on peut passer à table en emportant les fonds de bouteilles pour les tester sur la terrine de poisson de Valérie. La Bourgogne s'impose haut la main dans cette première manche, mais le Jura n'a pas encore touché la balle! Son tour va venir!
Petite phase de transition histoire de se préparer le palais pour ce qui va suivre:
Arbois Savagnin 1992, J. Puffeney
Changement complet de registre, on aurait pu y aller plus progressif! De l'oxydatif pur et dur! Très évolué, mais sans aucun signe de fatigue, un vin qui a encore de la gnac! Noix et curry en puissance mais sans renier l'élégance, ni même la finesse, qui s'exprime dans la longueur.
Côtes du Jura 1986, J. Macle
Beaucoup plus minéral, pétrolant légèrement même, sa gamme aromatique est vaste, alliant épices, cannelle et moka aux notes fondues d'hydrocarbures. Un vin magnifique, qui caresse le palais. Subjugant!
Après une telle bouteille, nous sommes prêts à affronter le poulet aux vin jaune et aux morilles et le Château Chalon! C'est parti!
Château Chalon 1996, J. Macle
Troisième rencontre avec ce vin en peu de temps et toujours aussi séducteur malgré sa jeunesse. Morilles, noix et épices se partagent le devant de la scène!
Château Chalon 1997, J. Macle
Encore plus juvénile, son côté fougueux et étheré ressort un peu plus que sur le précédent, mais il ne demande que du temps pour se fondre!
Château Chalon 1992, domaine Berthet-Bondet
Il a servi à arroser le poulet et je me demande si ce n'était pas son meilleur rôle! Très puissant et alcooleux (alcool à brûler), il n'est guère plaisant à boire.
Côtes du Jura vin jaune 1984, Château La Muyre
Elevé 10 ans en fût et donc mis en bouteilles en 1994, c'est un miraculé de cette triste année 1984 dans le Jura (Château Chalon entièrement déclassé). Nez sur la noisette, l'écale de noix, il possède beaucoup de finesse et de longueur. Beau vin!
Château Chalon 1978, J. Macle
Nez intense de moka, façon Nespresso, mentholé, évoluant sur des notes minérales de pétrole, bouche riche sur le café, grande acidité merveilleusement intégrée! Que l'âge sied bien à Château Chalon!
Château Chalon « La vigne aux Dames » 1978, M. Perron
Hasard total de la programmation que cette confrontation entre deux vins du millésime 78, mais hasard heureux, évidemment! Même palette aromatique, peut-être encore plus complexe: moka, fruits secs, curry, morilles, pomme séchée, puis évolution vers des notes pétrolées. Longueur et finesse, douceur presque même dans la finale, un très grand vin!
Château Chalon écrase définitivement de sa classe cette deuxième manche, qui s'est terminée par un match dans le match entre un vieux Comté de 30 mois et un gruyère de Fribourg. La Bourgogne est restée totalement muette et la Suisse n'avait pas la partie facile pour cette rencontre à l'extérieur!
Le troisième set, consacré aux douceurs, ne parviendra pas à départager ces deux grandes appellations que sont Meursault et Château Chalon, le terrain ayant été envahi par des étrangers! Le Seb ayant en charge le dessert et son accompagnement, il fallait s'attendre à boire quelques originalités!
Klein Constancia 1998, Vin de Constance
Le vin préféré de Napoléon Ier (pas dans ce millésime-là , évidemment!), au nez très expressif, presque exubérant de litchi, de rose, de cerise, d'écorce d'orange, avec un côté très frais qui lui donne des airs de désodorisant! Il se tient bien en bouche, d'un équilibre presque aérien, sans lourdeur. Etonnant!
Don P.X. 1972, étiqueta doble, Toro Albala, Montilla Morilles
L'oxydatif jurassien enfoncé! Une robe noire, colorant les parois du verre, un nez confituré, pruneau, noix, fruits secs et une liqueur goudronneuse concentrée qui tapisse le palais, envoûtante, à la longueur impressionnante, qui gomme complètement les effluves de Château Chalon s'étant incrustées dans les papilles! Une expérience gustative unique, qu'on n'oublie pas!
Vous aurez compris que les deux vignerons ayant participé à cette soirée étaient Rémi Jobard et Laurent Macle, accompagnées de leurs épouses respectives (et même de Jolie Maman pour l'un!). Qu'ils soient remerciés de leur contribution en vieux millésimes de leur production et nul doute que cette soirée en appellera d'autres, peut-être sous d'autres cieux, au coeur du vignoble!
Olif
Commentaires
Bonjour olif !!
je suis caviste a Narbonne, et je suis passionné par les vins du jura, et plus particuliérement par les vins jaune.
Il y a quelques temps j'ais fait l'acquisition
de 2 jaune de Pierre overnoy 82, est 2 de 88.
+ un Chateau-Chalon Pierre Richerateaux 1964
dans un état remarquable. Pouvez vous me dire quelques mots sur ces bouteilles.
D'autre part je cherche a acheter pour compléter ma collection 2 ou 3 bouteilles de jaune 1992 (14ans de voile) de Jacques Puffeney.
Merci de me repondre
Bien a vous
Celestin
PS: je vien sur votre blog de la part de Jean-claude Faurré qui ma dit que vous étiez
INCOLLABLE ! sur le Jura, est aussi très sympa.