On dirait le Sud...aux Jardins !
Un petit air de musique qui trotte dans la tête et qui reflète bien l'état d'esprit de cette 3ème séance de dégustation de l'année aux Jardins de Saint-Vincent chez Stéphane “Saint-Vernier" Planche. A la recherche d'un Sud chaleureux, ensoleillé, convivial, au travers de la dégustation de 7 vins en provenance du Grand Sud, avec quelques invités-surprises de dernière minute. J'avais initialement compris que la dégustation se restreignait à une approche du Languedoc, et de fait, la question s'est bien posée. Où commence le Sud? Pour certains, c'est à partir de Poligny, qui est bel et bien au sud d'Arbois! Un peu extrémiste quand même! On peut raisonnablement fixer comme limite au clivage Nord-Sud le 45ème parallèle même si ce clivage reflète surtout un état d'esprit. Certains vins du Nord, très solaires, peuvent révéler un esprit sudiste et inversement.
Allez ! foin des tergiversations, en route pour le Sud ! Tous les vins sont bien sûr goûtés à l'aveugle complet. Les petites fiches synthétiques d'Angélique nous sont d'une grande utilité pour nous y retrouver. Que ferions nous sans elle?
Côtes de Provence 2002 blanc, domaine Richeaume
Un millésime sinistré dans le sud de la vallée du Rhône, dilué sous des
tonnes d'eau. Aussi cette bouteille est une excellente surprise,
parfaite pour une mise en bouche. La robe est claire, légèrement
trouble. Le vin, quasiment champagnisé à l'ouverture, ne laisse
percevoir qu'une toute petite pointe de gaz lors de la dégustation une
heure après et une fine touche boisée malgré un élevage 100% bois neuf.
Etonnant !
Léger, friand et gourmand, il joue magnifiquement sur la fraîcheur
malgré une perception alcooleuse en finale. Assemblage clairette et
rolle.
Vin de Pays des Côtes Catalanes, Cuvée VV 2001, domaine Gauby
La robe est claire et brillante. Nez sur le miel, la cire d'abeille, finement oxydatif. En bouche, une minéralité exceptionnelle s'exprime au travers de notes fumées. Grande longueur, rétro sur des notes d'amande, superbe équilibre. Un très beau vin que je qualifierais volontiers de nordiste dans son esprit. A l'aveugle, je ne savais vraiment pas où le situer ! 40% macabeu, 25% grenache, 15% chardonnay, grenache gris et carignan blanc.
Coteau d'Aix en Provence 2001, Château Revelette
Un vin rouge, cette fois, avec un nez mûr, fruité, réglissé et épicé, doté d'une grande acidité, qui procure une grosse sensation de mâche, et des tanins qui retapissent la bouche. Un vin simple, pour ne pas dire rustique, relativement croquant, destiné aux barbecues de l'été. Grenache, syrah, cabernet sauvignon.
Saint-Chinian Le Laouzil 2002, Thierry Navarre
Belle robe burlat. Nez fruité mûr (fraise), un peu animal, musqué, viandé. Rondeur, chaleur et gros volume en bouche avec de la minéralité en rétro-olfaction et de l'alcool. Un costaud « à grosses épaules » qui mérite d'être servi légèrement frais pour permettre à l'alcool de mieux s'intégrer. Grenache, carignan, syrah.
Cabardes Vent d'Est 2000, domaine Cabrol
D'abord animal, le nez évolue rapidement sur les fruits mûrs, limite blets. Belle structure patinée, fondue, épicée, avec pour moi une sensation métallique en milieu de bouche et en finale. L'impression de sucer de la limaille de fer !
Vin de Pays des Côtes de Brian, Rendez-vous du Soleil 2000, Clos du Gravillas
La robe est sombre, dense. Le nez est rafraîchissant (mentholé ? médicamenteux ?), viandé et fruité en même temps, giboyeux. La structure est serrée, fine, révélant par petites touches une grosse et belle matière. Du velours que cette belle cuvée de carignan!
Rasteau 2001, domaine Gourt de Mautens
Robe opaque. Au nez, de la réduction fruitée associée à des notes empyreumatiques de moka. L'attaque est franche avec des tanins bien enveloppés et une amertume finale très prononcée. L'ensemble est majestueux, encore dissocié de par sa finale, mais on sent un gros potentiel. Pour l'instant, c'est quand même un vin d'hommes (dixit les dégustatrices présentes !). 65% grenache + plein d'autres trucs!
Le Tout en bulles, domaine de Gramenon
Pour le fun et pour les dames ! Robe légèrement trouble avec un feu d'artifice de belles bulles. Au nez, tout le monde a attrapé la nostalgie des pommes au four mitonnées par sa Maman quand il était petit ! Avec un chouïa de banane. « De la limonade », pour le plaisir de retrouver son âme d'enfant.
Jurançon 2002, Clos Uroulat, Charles Hours
Cap à l'Ouest pour un beau vin moelleux, au nez un peu lactique mais acidulé, sur l'abricot sec. L'équilibre est bien celui d'un moelleux avec une grande acidité et une belle fraîcheur.
Encore une belle sélection effectuée par le tandem des Jardins de Saint-Vincent. Le mâchon qui a suivi fut l'occasion d'apprécier quelques bonus réjouissants, comme cette grande et infinie Sagesse 2002 du domaine Gramenon (avec les raisins de la Mémé entre autres, puisqu'il n'y en a pas eu de produite dans ce millésime) et un vin du Sud...d'Arbois apporté par Emmanuel Houillon, son détonnant Ploussard 2003 qui ne devrait pas tarder à être mis en bouteilles. Un vrai vin solaire !
Olif