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Voyage au coeur de la Gruyère

Date: le 02/08/2004 à 20:10

Rencontre franco-suisse prévue depuis quelque temps, ce voyage au coeur de la Gruyère fut l'occasion d'un dépaysement complet avec comme temps forts la dégustation de superbes flacons ainsi qu'une confrontation fromagère du plus haut niveau. Les petits plats dans les grands ! Et nous eûmes même droit à un concert de cor des Alpes, précédant le tir de moult feux d'artifices. Il n'y a pas à dire, ils savent recevoir, les habitants de la Gruyère ! Et ce, même si notre arrivée tombait la veille du 1er août, le 14 juillet helvétique la prise de la Bastille en moins !

Avant le spectacle pyrotechnique, par contre, tout se passait dans le verre ! Feu !

Petite Arvine 2001, Clos des Corbassières, Domaine Cornulus
Percutante, cette Petite Arvine ! Un nez très pur, sur de beaux agrumes, avec la petite touche saline et une légère amertume finale plutôt agréable. De la vivacité et du nerf pour un véritable modèle du genre !

Petite Arvine 2001, Jérôme Giroud
Le nez est ici très mûr, toujours sur les agrumes, mais presque confit (écorce de pamplemousse séché), qui donne presque une impression de sucrosité à ce vin pourtant bel et bien sec. Pas mal de gras, moins tranchante que la précédente, presque alanguie, je me demande s'il n'y a pas également un tout petit côté oxydatif ! L'équilibre est néanmoins très beau, le manque de vivacité étant compensé par une belle complexité. Une autre facette de ce cépage, révélée par le vieillissement ?

Chasselas Clos des Corbassières 1999, Domaine Cornulus
Servir un chasselas derrière deux magnifiques Petites Arvines, une cause perdue d'avance ? Et bien non ! La robe commence à dorer, d'un beau jaune, le nez est riche et puissant, intense et complexe. La bouche est entière, pleine, développe un beau gras et s'impose dans la fraîcheur. Magnifique ! La grandeur du Chasselas ! Ce Clos des Corbassières doit vraiment être un terroir d'exception, réussissant aussi bien à l'arvine qu'au fendant !

Cuvée Maria 1999, Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas
Mais que fait donc ce vin des Fiefs en Helvétie ? La concrétisation de l'axe d'échange Est-Ouest qui s'est établi entre la Vendée et le Valais ! Robe ambrée, nez caramélisé, évoquant la tarte Tatin, la pomme au four, mais aussi le foin sec. Son caractère surmaturé oxydatif ne fait aucun doute ! Très concentré, il est doté d'une longue finale rémanente. Du Grand Art qui ne dépare pas dans cette mise en bouche apéritive de très haut niveau.

Pommard 1997, Clos des Epeneaux, Domaine du Comte Armand
La robe est encore juvénile, sombre mais brillante. Le premier nez, un peu animal et terreux, laisse la place à une perception végétale qui va en s'amplifiant à l'aération. l'impression d'humer la rafle ! Il y a pourtant là une belle matière, avec des tanins bien enrobés, soyeux, encore un peu serrés. Un vin d'une grande concentration, long, qui, je l'espère, s'harmonisera avec le temps.

Cornalin 2000, Romain Papilloud
La bouteille de la consécration pour ce cépage dont j'apprécie l'originalité et qu'intuitivement je sentais pouvoir donner de grandes choses. Consécration également pour Romain Papilloud, un vigneron de tout premier plan en Valais, qui confirme bien là tout son talent.
La robe est opaque, intransigeante et sans concession. Tout fruit au premier abord (cassis, bigarreau), il révèle sa complexité à l'aération, délivrant des effluves de tabac blond, puis de clafoutis aux cerises. Les tanins sont superbes, serrés juste ce qu'il faut, onctueux, la texture est crémeuse, veloutée, la bouche est ample et longue.
Vraiment une très belle bouteille que je suis heureux d'avoir dégustée en si bonne compagnie ! Surtout que c'était la dernière dans ce millésime !

Syrah 2000, Romain Papilloud
Difficile de distinguer la robe de celui-ci du précédent, la pénombre commençant à s'installer sur la Gruyère. Le nez est sur le fruit, à peine médicinal (cachou, sirop pour la toux). En bouche, le fruit le dispute à la fleur, les notes de violette, légèrement poivrées, finissant par s'imposer. Très syrah, en fait, la matière est riche, bien structurée, possédant indéniablement beaucoup d'élégance et une parenté avec un beau Crozes-Hermitage. Encore une belle bouteille, signée Romain Papilloud, dans un très beau millésime en Valais.

The Picrate, Les Chiens 1996, Eric Callcutt
Un assemblage de Chenin, Pineau d'Aunis et Cabernet ! Elevage 48 mois en fût, peu ou pas soufré, caractère oxydatif évident. On retrouve ces notes caramélisées de pomme au four, mais dans une ambiance acide démentielle ! Too much ! A sa décharge, il est préconisé de l'ouvrir et de l'aérer 48 à 72 heures avant ! Pas convaincant dans les conditions dans lesquelles il a été dégusté !

Arbois Pupillin Vin Jaune 1988, Pierre Overnoy
Pour accompagner un royal plateau de fromages franco-suisses, ce qui se fait de mieux en matière de pâtes pressées cuites, quoi de mieux que la Rolls du vin jaune? Nez original sur le concombre et la gentiane. La palette aromatique plus typique du jaune se développe crescendo en bouche sur l'écale de noix, les épices, avec une toute petite note étherée qui apporte la « gnac » , pour s'estomper puis réapparaître à nouveau dans une finale interminable. Plus dans un registre de finesse que de puissance, ce qui est loin d'exclure la longueur, il s'impose par son élégance racée ! A savourer sur un Beaufort d'été, un Fribourg de 2 ans, de 3 ans, un Comté de 4 ans, voire encore d'autres fromages de ce type si on a la chance de se les procurer. L'accord parfait, à faire se damner un Saint !

Rivesaltes ambré 15/10, Château La Casenove
Vendangé en 1997, mise en mars 2004, il s'agit d'un vin muté qui développe un joli rancio sur des notes de vanille bourbon évoquant un beau vieux Rhum Antillais, le feu de l'alcool en moins.

Lacryma 1996, Cave de L'Angélus
Une grosse matière riche et confite, un grand concentré de coing agrémenté de pâte de coings, pour un équilibre totalement différent du précédent, intégrant superbement les 15,5° d'alcool. Une grande douceur !

Le Seb ayant rendu l'âme prématurément avant le fromage (pour cause de grande fatigue consécutive à un excès de travail la semaine précédente, si, si !), nous n'avons pas jugé utile de clôturer la soirée par un vieux rhum antillais. Et c'est en fredonnant quelques classiques des Beatles que le sommeil du juste nous a rejoint.

Ah ! La Gruyère !

Olif

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