Cartes sur table à Molamboz, chez Jean-Marc Brignot
Pour clore sa trilogie hivernale et déposer un brelan d’as sur la table, le GJP a abattu son joker et atterri à Molamboz, dans la plaine arboisienne, chez Jean-Marc Brignot, pour une relecture de ses gammes, tout juste neuf mois après la première visite au domaine. Neuf mois! Le temps d’une gestation humaine! La majorité des vins dégustés alors sont maintenant en bouteille et proposés à la vente. Une rencontre avec Jean-Marc est toujours un grand moment! Malgré son air nonchalant, l’exigence est une de ses priorités. Son credo du sans soufre ne l’empêche pas de vouer un véritable amour pour cette terre du Jura et ses cépages, le Ploussard tout particulièrement, et son ambition est d’en proposer sa propre vision, dans un respect total. Respect de la terre, respect de la vigne, respect du raisin, respect du vin, respect de la nature, respect du consommateur … et respect du vigneron, à la recherche d’une cohérence dans sa gamme. Récolte, pressurage et mise sont les trois moments clés de la vinification du blanc. Le reste du temps, c’est un « boulot de feignant », et ça lui convient bien! Son grand truc, c’est les bulles, mais il n’y en aura pas en 2005, à son grand désespoir! Les rouges, c’est moins évident, mais il y travaille! Et grâce à des parcelles situées sur quelques-uns des plus beaux terroirs d’Arbois (Curon, Curoulet,…), Jean-Marc dispose d’une matière première de grande qualité, ce qui fut vrai pour son premier millésime en 2004, et le sera probablement encore plus en 2005.
Il faisait déjà presque nuit et grand froid lorsque nous sommes arrivés à Molamboz. Le temps d’une minute de recueillement et la bénédiction de la vierge du patelin, nous gagnons la cave pour découvrir une magnifique pierre de quelques tonnes, repolie et retravaillée à l ‘ancienne, qui servira de pressoir vertical à l’avenir, et goûter à quelques jus de 2005, dont un superbe Trousseau à la matière riche et concentrée, prometteuse, tout juste un peu frais.
Retour à l’intérieur, près du poêle, où Wanda, l’impressionnant mais gentil chien de la maison se chauffe le poil, pour goûter encore à deux vins rouges de 2005 prélevés sur cuve avant de passer aux vins en bouteille, dont les noms de baptême font souvent se creuser la tête à Jean-Marc. Compte-rendu d’une dégustation effectuée au coin du feu et au son de Coltrane!
- PP 2005 (nom provisoire)
¾ Ploussard, ¼ Pinot Noir. Dans une phase fruitée absolue, un vin gourmand et charnu.
- Curon 2005
2/3 Trousseau, 1/3 Ploussard. Le cépage majoritaire, dans un millésime solaire, apporte sa robe, très colorée, d’un rouge burlat soutenu. La matière est concentrée, harmonieuse, déjà bien équilibrée, et fait plaisir à voir et à boire!
- Les Mouches ont pied
Une intrigante cuvée de VDT, de couleur blanche, au nom bien trouvé, possédant beaucoup de fraîcheur et de gourmandise, laissant parler de jolies notes de fruits blancs. Curieusement, une structure tannique s’impose en milieu et fin de bouche. Il s’agit d’un Ploussard initialement destiné à être rosé, ayant subi deux jours de cuvaison mais qui n’a pas eu le temps de prendre de la couleur et est resté désespérément blanc! D’où la sensation tannique, malgré la légèreté et ses arômes fruités. A tester dans un verre noir!
- Arbois, Ploussard en Retard 2004
Un potentiel primeur 2004 présenté au moment des primeurs 2005! Si peu en retard, en fait! Un premier nez, sur l’autolyse, s’estompe rapidement, pour faire parler son fruit tout en restant légèrement animal, de légères notes cacaotées faisant le liant. Un vin digeste, à boire pour le plaisir, où à garder un petit peu, pour le plaisir également.
- Arbois Préface 2004
Du Ploussard dans les temps, en vendange égrappée, sur le fruit (cassis) avec des notes végétales (dans le bon sens du terme). La bouche est ronde et charnue, possédant une belle structure déjà bien en place, et un brin de rusticité campagnarde pour la personnalité. Une cuvée taillée pour affronter quelques années de cave et s’harmoniser.
- Arbois Marc 2004
90% Ploussard, 10% Trousseau, sur Curoulet, en l’honneur de Marc, le premier fils de Jean-Marc. Animal au sens noble, il respire l’autolyse et en constitue une belle définition. La structure est cossue, déjà bien en place, mais le vin mérite d’attendre un peu pour s’exprimer au mieux.
- Arbois Savagnin Bleu Marine 2004
Bleu comme la mer, marine comme l’océan, une cuvée destinée aux gens de la Côte normande et élaborée pour accompagner les produits de la mer. Le cépage développe une jolie aromatique fruitée et possède beaucoup de nerf. Une acidité mordante, même, à croquer, qui procure une grande sensation de fraîcheur, apte à relever nombre de défis culinaires maritimes.
- Arbois Frimaire 2004
25% de pourriture noble sur du Savagnin vendangé en novembre 2004. Si le premier nez est discret, légèrement confit et botrytisé , une petite pointe de gaz le tonifie, le sucre résiduel se fondant digestement dans l’acidité. Un vin léger et aérien, destiné aux foies gras des Fêtes.
- Arbois Savagnin Grand Curoulet 2004
Une prise de voile express et brève, sur une cuve, pendant un mois, et cela apporte déjà des notes oxydatives subtiles et épicées! Bien équilibré, c’est un beau vin dans un registre très fin.
- Arbois Soliste 2004
Voilà qu’une des deux cuves de Frimaire a trouvé le moyen de la jouer solo et de prendre le voile! On aura tout vu! De petites notes épicées se surajoutent au botrytis, dans un registre toujours aussi délicat, mais la bouteille que nous dégustons est ouverte depuis quelques jours et manque d’un peu de relief.
Une gamme déjà assez complète, même si nous ne goûterons pas aux Chardonnays, en cours d’assemblage. Faudra t’il que nous revenions encore? Ce sera avec un plaisir non dissimulé, en tout cas!
Olif
Commentaires
Merci pour ce beau voyage... Le Jura est une des régions que je connais très mal. Grâce à toi je vais progresser... Bon réveillon, n'abuse que des bonnes choses et à l'année prochaine, sans doute du côté de l'Anjou en janvier, si je ne m'abuse...
Cordialement
Philippe
Salut Philippe!
Si tu aimes les vins de Marcel Lapierre et de Jean Foillard , le style de ceux de Jean-Marc Brignot devrait te plaire! Peut-être qu'en Anjou, on ne goûtera pas que du ch'nin...
A bientôt!
Olif