Un samedi LCL: la dégustation des vins d'Anjou 2003
Loire-Chenin-Layon
Savennières
Domaine du Closel
Pendant que nous dégustions les vins de Savennières et que nous prenions une petite collation restauratrice, il est tombé une bonne dizaine de centimètres d'une belle neige sur Savennières. Le temps d'admirer les somptueuses tentures peintes du presbytère, commentées avec passion par Mme Roberti, de se défouler à coup de boules de neige, et c'est reparti, pour une nouvelle série de 20 vins, appellation Anjou, cette fois! Avec les mêmes règles, à savoir à l'aveugle, par série de 4.
Dégustation du 28 janvier 2006 - Anjou 2003
****** Vin hors classe
***** Excellent vin
**** Très bon vin
*** Bon vin
** Vin correct, sans plus
* Vin insuffisant ou présentant un défaut
La possibilité d'ajouter une (*) peut signifier que le
vin est entre les deux catégories, mais aussi qu'on le sent potentiellement
dans la catégorie supérieure, même si on l'a un peu moins bien goûté ce
jour-là.
Jo Pithon, Les
Pépinières 2004 ***
Un peu boisé, mais laissant s’exprimer les fruits blancs, des notes
fermentaires toniques et friandes, sur fond de droiture. Une jolie entrée en
matière.
Cyrille Le
Moing, Les Gains de Maligné 2004 ***
Un vin puissant, ample et long, au nez un peu miellé, à tendance
légèrement oxydative, sur les fruits blancs et l’encaustique.
Jean-Christophe
Garnier, 2004 ***
Le premier nez révèle, en plus de notes de poire, une légère acescence.
Vif et mordant en bouche, il possède une belle longueur sur un équilibre plutôt
longiligne.
Patrick
Baudoin, Les Saulaies 2004 **
Le premier nez évoque de la réduction pas franchement engageante. Un vin
puissant et riche, massif, présentant une acidité finale dissociée. Dans une
phase ingrate et austère, alors qu’il se goûtait merveilleusement il y a peu, à
ce qu’il paraît !
Château de La
Franchaie, Clos Bachelot 2003 **
Nez de fruits blancs, un peu chaud. Assez typique du millésime, sa grande
richesse en glycérol le fait terminer un peu abrupt, sur des amers marqués.
Domaine des
Forges 2003 **
Très caramel au nez, sa structure chaude manque de relief et accumule de
la mollesse.
Domaine du
Roy René, Les Pierres 2003 ***
Un nez mûr à très mûr, plutôt plaisant. Même s’il manque de nerf, c’est
de loin le vin le plus plaisant et harmonieux de cette mini série
« difficile » pour mes papilles.
Domaine de Bablut 2003 **
Un vin fermé qui
s’exprime peu, mais à l’attaque franche, un peu linéaire, terminant sur une
dissociation acide finale.
René Mosse, Le Rouchefer 2003 ****
Un premier nez
légèrement camphré, mais bien mûr, pour un vin large d’épaules, riche, puissant
mais équilibré, terminant sur une petite note très légèrement sucrée. J’aime
beaucoup !
Mark Angéli, Vignes françaises 2003 ***(*)
La robe est franchement dorée et le nez
est bien mûr, presque trop, même s’il est loin d’être écoeurant. Dans un style
opulent et puissant, le même que le vin précédent, il est riche et chaleureux,
peut-être un peu moins bien équilibré, avec une sucrosité finale un peu plus
marquée.
Stéphane Bernaudeau, Les Nourrissons 2003 *****
On ne change pas de style et on reste dans l’opulence ! Mais on
gagne en équilibre et on voit même poindre la minéralité. Le nez est d’une
grande élégance avec ses notes grillées, légèrement torréfiées, sur le moka, et
qui évoluent dans un registre terpénique, à la manière de L’Enclos dégusté le
matin. Cette grande richesse olfactive ne pénalise pas la bouche, loin s’en
faut, car celle-ci est tonique, nerveuse et vive, longue et minérale.
Véritablement pour moi, le vin le plus accompli de la série et de la
dégustation entière, même ! Les vignes centenaires des Nourrissons n’ont
pas fini de faire parler d’elles, à mon avis.
Richard Leroy,
Les Noëls de Montbenault 2003 **
Dur pour les Noëls de passer derrière ces Nourrissons ! Le premier
nez n’est pas désagréable, avec ses notes fugaces de tabac blond, évoluant par
la suite dans un registre lactique de caramel breton. Si la bouche possède une
certaine ampleur, je la trouve fuyante, avec une finale un peu asséchante et
dissociée, ponctuée par une note métallique.
Domaine Les
Grandes Vignes , Varenne de Combre 2003 ***
On démarre une nouvelle série avec cette bouteille loin de démériter,
mais bien ancrée dans son millésime. Des notes de réglisse au nez, un peu
végétales, style bâton à mâchouiller, et de l’alcool en bouche, qui apporte
beaucoup de rondeur, sans véritable déséquilibre, mais sans génie non
plus !
Domaine du
Regain 2003 **
Un peu superposable au précédent, avec les mêmes notes de réglisse, mais
un équilibre moins convaincant, de par une finale moins bien intégrée,
asséchante et acide.
Eddy
Oosterlinck , Le Sec de Juchepie 2003 **(*)
Le nez me plaît bien, empyreumatique, pain grillé et moka (pour Richard
Leroy, ces notes grillées sont assez caractéristiques d’un millésime chaud),
tout comme l’attaque, bien mordante, mais le vin manque d’harmonie et tout
n’est pas bien en place, avec une acidité finale marquée.
Richard Leroy
Clos des Rouliers 2003 ****
Nez mûr et riche, tout comme la bouche, qui possède beaucoup de gras et de
rondeur. Tout est bien lissé, c’est long, c’est bon, la finale pourrait juste
être à peine mieux intégrée. Néanmoins un très beau vin, l’un des meilleurs de
la dégustation.
Jo Pithon, Les
Bergères 2003 ***
Un vin classique, non dépourvu d’élégance, bien équilibré, avec de la
rondeur et du gras.
Château de
Suronde 2003 ****
Le premier nez est réduit (certains à côté de moi
iront jusqu’à s’imaginer dans un poulailler !), à peine végétal (fenouil),
manquant d’un peu de netteté. Une fois cet obstacle franchi (cela s’améliore
grandement à l’aération), on peut découvrir un vin d’une grande droiture,
harmonieux et fondu, très agréable au palais.
Domaine des
Sablonnettes, Les Genêts 2003 *(*)
La robe est dorée mais le vin se présente plutôt dans une phase de
réduction. La bouche manque singulièrement de relief malgré sa relative
puissance, et pour tout dire, n’est guère plaisante.
Domaine de La
Charmeresse, Clos des Oussigouins 2003 *****
L’apothéose finale ! Le petit bonheur de fin de dégustation, histoire
de rester sur une bonne note ! Son ordre de passage, ce vin le doit très
certainement à son équilibre frôlant le demi-sec avec son nez très légèrement
confit. La suite n’est que douceur et droiture, malgré la richesse de la
matière.
Une dégustation que l’on pourrait qualifier de plus hétérogène que la
précédente, celle des Savennières, en raison peut-être de la plus grande
hétérogénéité de l’appellation Anjou,le millésime marquant plus le style des
vins. Une grande richesse en alcool, donc, d’une manière générale, ce qui
n’empêche pas certains vins d’avoir un équilibre très convaincant. Certainement
ceux qui ont vendangé pile au bon moment !
Mon Top 4 : Les Nourrissons, Les Oussigouins, Le
Clos des Rouliers, Le Rouchefer et Suronde. Mince, il y en a
5 !
Olif