Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Verticale domaine Charvin, Bruxelles 2006

 

 

La Belgique, l’autre pays des grands vins ! Pas ceux que l’on produit, mais ceux que l’on boit ! Pour ma deuxième incursion outre Quiévrain (c'est où, ça, Quiévrain?), il s’agissait une nouvelle fois d’y déguster du vin, et plus particulièrement du Châteauneuf du Pape. Après Beaucastel en 2004, la grande verticale organisée par Luc Javaux à l’Ecole Hôtelière de Florennes, un moment encore dans toutes les mémoires, surtout de ceux qui y ont participé, c’est autour du Domaine Charvin de s’y coller, à l’initiative de Marc de Wolf. Laurent Charvin étant venu présenter ses vins en Belgique,  chez le caviste Van Eccelpoel, un petit détour par Bruxelles s’imposait, histoire de voir si, Place de Broukère, on voit encore l’omnibus, avec des femmes et des messieurs en gibus.

 

Préparée de longue date, cette rencontre n’avait en fait rien d’un hasard. Les vins, patiemment récoltés par Marc, avec l’aide de Laurent, ont été remontés en Belgique depuis quelque temps, histoire de bien reposer au Plat Pays avant consommation, avec modération, cela va s’en dire ! Pour se sustenter, on fit appel au talent du catalan Philippe Renoux, dont la cuisine savoureuse aux accents du Sud se marièrent merveilleusement avec le grenache rhodanien. Orphyse Chaussette est le nom de son restaurant, c’était aussi celui de son arrière grand-mère. Un joli nom, ma foi, tant pour une bonne table que pour une grand-mère ! Une bien belle adresse à recommander chaudement aux Bruxellois et aux autres également !

 

Avec la mise en bouche, un blanc rhodanien, à l’aveugle, possédant du gras, de l’alcool, un beau creux en milieu de bouche et des notes légèrement oxydées en finale. Pas vraiment convaincant, ce Saint-Joseph les Granits 1996 de Chapoutier !

 

Et c’est parti pour la grande verticale avec une première série de 5 Côtes du Rhône ! L’assemblage de toutes ces cuvées est à peu près similaire, à dominante grenache, complété par un chouïa de carignan et le reste en Syrah.

 

Côtes du Rhône 2004 Domaine Charvin****

Le nez est un peu fermé, mais la bouche possède une belle structure et un équilibre plutôt longiligne, avec beaucoup de fraîcheur, sur des notes de fruits frais écrasés. Le style Charvin s’affirme dans la recherche de la finesse et de la fraîcheur, malgré la sécheresse de l’année, heureusement exempte de canicule.

 

Côtes du Rhône 2003 Domaine Charvin***

Complexe et expressif, un peu animal noble (fourrure, cuir), épicé, légèrement cacaoté, très mûr, il s’épanouit dans une finale un poil chaleureuse liée au millésime.

 

Côtes du Rhône 2002 Domaine Charvin**

Millésime inondé, mais tri drastique ne conservant que 40% de la récolte. De jolies notes de fraise surnagent, et si la matière paraît un peu fluide et diluée, c’est plus par comparaison avec le vin suivant servi en parallèle.

 

Côtes du Rhône 2000 Domaine Charvin***(*)

Aromatique typée grenache, sur le cacao, les fruits cuits, très concentré, rond, fruité, charmeur mais non dénué de complexité.

 

Côtes du Rhône 2001 Domaine Charvin****

Un millésime riche, et un vin puissant, concentré, animal, fruité (bigarreau), possédant une belle longueur. Le petit frère du Châteauneuf !

 

Une série apéritive de Côtes du Rhône qui a bien tenu son rôle, à savoir aiguiser l’appétit avant d’attaquer les Chateauneuf-du-Pape !

 

Au milieu des plats succulents concoctés par Philippe Renoux, dont voici les photos (quand j’ai eu le temps de les faire avant de manger !) et dont vous pouvez imaginer l’intitulé et les ingrédients (je ne les ai pas tous retenus !),

Photo_019 Photo_027 Photo_030 Photo_032

et quelques considérations philosophiques sur le vin, l’homme, le terroir, la vie, tout ça, quoi ! Pêle-mêle, sortis du contexte, sans mention de l’intervenant, tout doute étant permis, mais pour la beauté des phrases et des paroles :

 

« L’enherbement, dans le Sud, c’est qu’il y a un problème quelque part ! »

 

« Attention, je n’ai pas dit que je n’aimais pas l’herbe »

 

« Attention, je n’ai pas dit que je n’avais jamais fumé d’herbe ! »

 

« La biodynamie, elle n’existe que pour des raisons septentrionales. »

 

« La biodynamie, elle n’existe que pour des raisons sentimentales »

 

« Bon, alors, en 1 : L’homme, en 2 : Le millésime, en 3 : Le terroir. »

 

« Arrêtez, avec vos arguments à la noix !  Tout d’un coup, j’en viens à douter ! »

 

« Quand est-ce qu’on mange ? »

 

« Et on boit quoi, là ? »

 

Ben, du Châteauneuf-du-Pape de Laurent Charvin, justement ! Dégustés en deux séries, de 4 et 5 vins servis deux par deux (sauf le cinquième !), avec un intermède culinaire.

 

 

Châteauneuf-du-Pape 2002 Domaine Charvin***

Presque 100% grenache dans ce millésime, c’est un vin de fruit, souple, simple, un peu végétal, fait pour être bu dans cette phase séductrice, un miraculé dans ce millésime noyé sous les eaux du ciel en Rhône Sud !

 

Châteauneuf-du-Pape 1996 Domaine Charvin**

80% grenache, 10% syrah, 5% mourvèdre, 5% vaccarèse. Un vin à l’évolution marquée (le millésime 96 est loin d’être exceptionnel dans le Rhône !), distillant des notes tertiaires champignonneuses entêtantes. La bouche, un peu dure, se perd dans une sensation alcooleuse avec finale fuyante et asséchante

 

Châteauneuf-du-Pape 1994 Domaine Charvin*****

Pas de syrah dans l’assemblage pour ce millésime qui a plutôt réussi à Laurent Charvin. A cette époque, la mise était encore partielle, une grosse partie de la récolte étant vendue au négoce.

Le nez est élégant et racé, cacaoté, empyreumatique, sans évolution vers un registre tertiaire décadent comme le 1996, évoquant la truffe et le moka. Très fin, harmonieux, long et agréable, il s’agit là d’une très belle bouteille dans sa phase de maturité.

 

Châteauneuf-du-Pape 1997 Domaine Charvin****

Là encore, pas un très grand millésime climatique, gel, grêle et temps froid ! Et pourtant, ce vin à la matière élancée est bien fondu, harmonisé par une petite note végétale apportant une pointe de fraîcheur à une finale à peine chaleureuse. Un ensemble très agréable, fin, prêt à boire.

 

Châteauneuf-du-Pape 2003 Domaine Charvin****

Pour inaugurer la deuxième série, celle des grands millésimes, on attaque plutôt fort ! Si le nez très fruité est un peu compoté, signant 2003, la bouche reste d’une élégante fraîcheur, avec une rondeur épicée et des tanins gras et enrobés, avec tout au plus un petit excédent d’alcool dans la finale.

 

Châteauneuf-du-Pape 2000 Domaine Charvin*****

Plus précis dans sa définition, ce 2000 est d’une élégance distinguée, dont la richesse n’a d’égale que la race. On y retrouve tout ce qui fait le charme des vins de cette appellation, des arômes animaux nobles (cuir, fourrure) sur des notes chocolatées, la finesse en plus !

 

Châteauneuf-du-Pape 2001 Domaine Charvin****(*)

Le voilà, ce désormais fameux vin encensé par tous ! Un côté syrah exacerbé malgré un assemblage identique, grenache largement dominant. Epicé et floral, puissant et large d’épaules, c’est un colosse qui ne demande qu’à se laisser amadouer. Pour moi, c’est encore un peu trop tôt, mais je suis disposé à l’attendre longtemps !

 

Châteauneuf-du-Pape 1999 Domaine Charvin****

Voilà un vin épanoui, à maturité, alliant fraîcheur, finesse et complexité. Toujours un petit côté syrah, mais le grenache s’affirme par ses notes chocolatées.

 

Châteauneuf-du-Pape 1998 Domaine Charvin*****

Dans un style superposable à celui du 1999, voilà certainement le vin le plus accompli des deux séries : élégant, aérien, fondu, tout simplement magnifique ! A boire tant qu’il y en aura en cave !

 

En marge de la dégustation, puisque bu le lendemain, à l’aveugle de surcroît, sa place est néanmoins ici, pour frôler l’exhaustivité !

 

Châteauneuf-du-Pape 2004 Domaine Charvin*****

Tellement de fruits au nez, que je le trouve un peu boisé, l’imbécile que je suis ! Je pense qu’il s’agissait là de son côté « brut de cuve », ce qui m’a égaré ! L’attaque est piquante sur la pointe de la langue, liée à la présence de gaz carbonique (le vin est brut de cuve, volontairement non dégazé pour l’instant. La structure possède une grande fraîcheur, et surtout un soyeux incomparable, un véritable satin pour le palais. Le travail de Laurent sur la fraîcheur et la finesse est ici particulièrement abouti, faisant de ce vin un futur très grand !

 

Que dire après un tel inoubliable moment?

A part, vive la Belgique, vivent les Belges, vive Châteauneuf-du-pape, vive Laurent Charvin, vive Orphyse Chaussette!

Ce n'est déjà pas si mal, finalement!

 

Olif

 

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.