Pour commencer la série Alsace, on ne va pas faire dans l’œnologiquement correct et bien pensant. Direction Nothalten, dans le Bas-Rhin pour la découverte du week-end en ce qui me concerne! Un domaine comme je les affectionne, un vigneron comme je les aime, des vins comme je les adore! Respectueux de leur terroir et vinifiés de manière non aléatoire ! De la biodynamie tendance nature, et des vins en liberté, décoincés, euphorisants. Pas dans le genre consensuel mou, c’est le moins qu’on puisse dire! On attaque la dégustation sur les chapeaux de roues en compagnie de Patrick Meyer, qui faisait du compost à la vigne en nous attendant.
Nature 2004
Assemblage Sylvaner-Pinot blanc, destiné à une consommation immédiate, un vin de fruit, de plaine, sans véritable terroir. J’aime son côté croquant, immédiat, et sa grande digestibilité.
Mer et Coquillages 2004
Sylvaner et Riesling à destination d’une assiette d’huîtres! Belle maturité de fruits, avec une pointe terpénique. Un vin de plaisir.
Pinot blanc Les Pierres Chaudes 2004
80% Auxerrois, 20% Pinot blanc. Minéral et tonique, avec du fond, pourvu d’une belle fraîcheur.
Sylvaner Zellberg 2002
Porté par une belle acidité, au caractère tranchant, ce vin minéral redonne toutes ses lettres de noblesse au Sylvaner, cépage injustement méprisé en Alsace.
Sylvaner Zellberg 2005
Prélevé sur cuve. Robe encore légèrement trouble, arômes d’agrumes (pamplemousse), excellente buvabilité par son caractère frais et vif. Prometteur!
Sylvaner Zellberg 2004
La minéralité est au rendez-vous. De belles promesses pour un caractère assez superposable au 2002.
Johannisberg 2004, Sélection Excelsus, Valais
Un vin dégainé de ma glacière de façon inopinée, qui permet d’appréhender quelques différences d’approche inter-vignobles. Le nez est agréable, la bouche développe un peu de gras, la structure est lisse, à peine monocorde. La finale est marquée par la présence d’amers et une sensation chaleureuse, alcooleuse. Voici une petite comparative qui ne veut absolument rien dire, tant ce vin était bien sorti au milieu des siens il y a 15 jours en Valais (le compte-rendu ne devrait peut-être pas tarder à arriver!).
Sylvaner Zellberg 1998
Nez mûr, encore porté par des agrumes, mais le minéral perce. La bouche, encore retenue, dévoile quelques largesses et une belle amplitude. Entamant une seconde jeunesse, il démontre avec éclat que les beaux vins de Sylvaner ont un grand potentiel de vieillissement.
Riesling 2004
Petit exercice de style avec ce vin, goûté sur trois bouteilles différentes, ouvertes à différents moments. Entre celle dont l’ouverture remonte au 1er mai, celle du 10 mai et celle du jour même, le 13 mai, on gagne en épanouissement aromatique ce que l’on perd en minéralité et en fraîcheur. Fugaces notes terpéniques sur la cuvée intermédiaire, mais un ensemble toujours cohérent.
Riesling Zellberg 2004
Nez fruité primaire, avec une jolie minéralité qui pointe. Pour connaître son évolution dans deux ans, se reporter au vin suivant.
Riesling Zellberg 2002
Profond, complexe et minéral. Un ensemble harmonieux et très plaisant à ce stade. Pour connaître son évolution dans deux ans, se reporter au 2000, que nous ne goûterons pas ce jour. Désolé!
Riesling Grittermatte 2004
N’a pas fini tous ses sucres avant la mise. Il en reste 16 g, à peine perceptibles, du fait d’une grande acidité. Ils sont destinés à être « mangés » en bouteille, au fil de l’évolution, qui, en moins de 6 mois, est déjà fulgurante, paraît-il!
Riesling Muenchberg 2002
Nez élégant, citronné, minéral. Bouche droite, tendue, finale acidulée, qui révèle son terroir.
Riesling Muenchberg 2004
Là encore, comme pour le Zellberg, on a le sentiment d’une copie conforme, dans le style, avec juste deux ans de moins. Le côte fruité variétal est encore là, mais le terroir transparaît. Il faut l’attendre!
Riesling Muenchberg 2000
La robe commence à dorer, le nez gagne en profondeur et en complexité, le terroir est là, dans toute sa splendeur. Très long, très beau, très bon.
Pinot Noir Les Pierres Chaudes 2004
Une cuvée sans soufre à la légère réduction initiale et qui révèle par la suite un fruité gourmand aux tanins fins.
Pinot Noir Heissenstein 2002
De vieilles vignes de 50-60 ans, sur le même terroir que les Pierres Chaudes. D’ailleurs, il me semble bien que cela veuille dire la même chose dans les deux langues! Je lui trouve un caractère floral, malgré une pointe de volatile. J’aime son grain fin, sa belle amplitude, ses tanins croquants en finale.
Pinot Noir Heissenstein 2000
Le teint est trouble, légèrement bruni, comme Carla, mais toujours brillant, comme Dany, mais comme Carla aussi. Là aussi, de l’acidité volatile qui traîne, lui donnant de la digestibilité, mais un peu trop marquée pour prétendre à un statut supérieur.
Pinot Noir Heissenstein 1996
La robe est évoluée mais avec un éclat persistant. De la rondeur, de l’harmonie, de la complexité, un certain épanouissement. J’aime beaucoup!
Muscat Petite Fleur 2004
Se goûte moyennement ce jour, d’après Patrick, car il manque de « gnac », la bouteille étant ouverte depuis un ou deux jours. Je le trouve quand même sympa, avec de la fraîcheur.
Muscat Petite Fleur 2005
Un échantillon prélevé sur cuve, histoire d’avoir un aperçu de son peps habituel. Avec un peu de carbonique, c’est vrai que ça pétille plus!
Pinot Gris 2004
Sur le fruit, rond et charmeur!
Pinot Gris Fanny Elizabeth 2003
De la rondeur et de la richesse inhérente au millésime, mais un ensemble cohérent, avec une finale encore un peu dissociée.
Gewurztraminer Heissenberg 2004
Elégance, finesse et légèreté, pour un Wurtz l’aromatique variétale pas trop appuyée, frais et vif malgré ses 25 g de sucre résiduel. « Faire de la dentelle avec de la concentration », voilà résumé le credo de Patrick Meyer. Et il y arrive, le bougre!
Riesling VT Muenchberg 1998
Un Riesling aux accents minéraux et terpéniques, mais à l’équilibre harmonieux, aérien et longiligne.
Pinot Gris VT 2000
Gras et puissant, rond et équilibré.
Gewurtztraminer VT 2000
Grande pureté de l’aromatique, finale fraîche, équilibre étincelant, un beau Gewurtz, une belle VT!
Riesling SGN 2000
Une très belle liqueur pour la gourmandise finale!
Fin de la première étape. Je me suis particulièrement régalé avec les vins de plaine (et de fruit), destinés à une consommation rapide. Nature et Mer et coquillages devraient être mes deux vins blancs de l’été! J’ai été séduit par la race et la classe du Sylvaner Zellberg, qui démontre avec éclat tout le potentiel du cépage, que j’avais rarement dégusté à un aussi haut niveau en Alsace, même si mon expérience est petite dans ce domaine. J’ai été ébloui par la prestance du Muenchberg et la révélation progressive du terroir dans cette mini-verticale. Et enfin, les Pinots noirs du Heissenstein possèdent une très jolie trame malgré les quelques défauts liés à leur mode de vinification, des défauts que je sais apprécier en tant que qualités selon les circonstances! On pourra tester différentes interprétations sur le domaine, plus ou moins judicieuses et/ou arbitraires (je laisse à chacun le libre choix de son avis et je revendique aussi ma subjectivité!), sur le Forum des dégustateurs.
Olif