Bordeaux 2006 - (8) Leçon de gourmandise à Guiraud
« Il faut boire vos Sauternes jeunes! »
Une sentence assénée par Xavier Planty à l’heure de passer à table dans la salle de dégustation de Château Guiraud! De quoi réviser mon point de vue personnel, qui ne m’encourageait guère à « quiller » sur le fruit mes vins blancs bordelais « pourris et champignonneux »! Début des travaux pratiques sur le champ, mais à table, à l’occasion d’un menu traiteur, avec participation de notre part, le vin, c’était Guiraud qui régalait. Une première au Château, faut croire qu’on est vraiment bien vu, au Bon Echanson de Pontarlier! Mais bon, on a des relations!
Un repas de travail aussi, puisque nous n’arrêterons pas d’évoquer, entre deux bouchées, des thèmes aussi passionnants que Sapros, le soufre, le bio, le deuil de Napoléon Ier (raison pour laquelle les étiquettes de Guiraud sont noires, je vous expliquerai si besoin!).
Tout est sur la table, à nous de jouer, maintenant, c’est du self-service! Entrées à base de légumes, de poisson, homard à la parisienne, lotte mijotée à l’armoricaine, blanquette de veau à l’ancienne et gâteau au chocolat. Tout est supposé s’accommoder d’un vin de botrytis Eh! bien, c’est vrai! Sauf la blanquette, mais, en fait, on ne l’a pas goûtée! Plus faim! Même si les vins de Guiraud sont d’une telle gourmandise et délicatesse!
A refaire, sans aucun problème! Le Tout Sauternes devrait faire des ravages lors des déjeuners ou dîners!
Guiraud 2005
Le rôti perce déjà sous le fruit et laisse percevoir une magnifique liqueur bien difficile à recracher! Elancé, avec une acidité remarquable, il allie finesse et élégance et devrait s’imposer comme l’un des musts du millésime (je n’ai pas goûté les autres, mais je sens instinctivement que c‘est Guiraud que je préfère!).
Guiraud 2000
Constitué de 60 % de Sauvignon, du fait du millésime, il possède une jolie fraîcheur mentholée, sur des notes de fruit secs et d’abricot. La bouche est ronde et onctueuse, ne se départit pas de sa fraîcheur, une plutôt belle réussite pour l’année!
Guiraud 2003
Nez lactique, caramel au lait, possédant une certaine fraîcheur. Onctueux, riche, gras et opulent, il laisse la bouche fraîche grâce à des notes délicieusement caramélisées en finale.
Guiraud 2001
La robe est dorée. Nez rôti, épicé, typique d’un beau botrytis. En bouche, un vin élégant, digeste, distingué, aérien, à la finale fraîche et revigorante. Un ensemble déjà harmonieux et fondu, une grande bouteille pour le futur, déjà diablement gourmande! On en redemande!
Guiraud 2002
Un millésime plus difficile à appréhender, marqué par une grande acidité, mais déjà équilibré, pur et aérien. Un vin très droit, minéral, sur un registre actuel de zestes d’agrumes confits. Laissons-lui du temps! Ce sera très beau!
Guiraud 1989
Avec le dessert, un deuxième dessert! La robe dore magnifiquement. Au nez, c’est un festival! Abricot, figue, une pointe de menthol. La bouche est riche, à l’équilibre précis, long, caramélisant légèrement en finale. Je verrais bien une tarte tatin là-dessus! Il n’y en avait pas, mais s’il fallait retenir une seule chose de tout cela: n’hésitez pas à boire vos Sauternes jeunes, mais gardez-en quelques bouteilles de côté pour vos vieux jours!
Oserez-vous, comme à Guiraud, un repas tout au Sauternes? Je vous le recommande!
A suivre…
Olif
Commentaires
Un repas arrosé que de liquoreux: une idée ravissante. Une tentative chez les Slurp nous avait pourtant laissé la papille bien pâteuse (certes, il n'y avait pas de Guiraud). Mais, le sucre fatigue tout de même la glotte, non?
Le sucre, c'est de l'énergie brute directement assimilable par la glotte, Estèbe! Quand il ne provient pas du sucrier et que le vin s'équilibre autour de l'acidité, il ne fatigue pas, au contraire, il donne des forces. Et à Guiraud, si l'on privilégie la biodiversité, on ne cultive pas pour autant la betterave!
C'est en tout cas une idée effectivement ravissante et délicieuse, qu'il faudra renouveler, mais peut-être pas tous les jours!
Bon, si Olif dégaine son énergie brute, on se replie avec nos papilles pâteuses. Au fait, nous aussi on adore Guiraud, sa vivacité et sa pureté d'expression, même si le boisé nous a parfois paru un poil bavard.