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La minute nécessaire de Monsieur Cyclo-Reppert

Le titre est presque authentique, je le précise à l’intention des éventuels acnéiques juvéniles à la recherche de vélos d’occasion qui s’égareraient ici sans l’autorisation de leurs parents. A l’époque, le pot belge existait tout juste, EPO signifiait « Engagez-vous au Parti Ouvrier » et le sieur Desprosges arborait un fier sourire, une grosse fleur rouge à la boutonnière et un  joli nœud papillon, rouge également, au cou, j’ai bien dit au cou, lorsqu‘il apparaissait tous les soirs sur les coups de 20 heures, sur la troisième chaîne et sous les traits de l‘ineffable Monsieur Cyclopède, le trublion pince sans rire qui partageait la France d‘alors en deux: les imbéciles qui aimaient et les cons qui n‘aimaient pas, quelque chose dans le genre! Pouf pouf!

Pierre Desproges, bouffé par un tourteau dans la fleur de l’âge (le sien, d’âge, pas celui du crabe!), restera à jamais comme le poil à gratter de ce temps-là, le piment scénique, livresque, radiophonique (c'est le printemps!) et télévisuel du début des années 80. J’y étais, moi, j’ai tout vu et tout entendu! Ou presque! Et puis, j’ai tout lu! J’ai même versé une larme le jour où le crabe l’a pincé si fort qu’il s’est définitivement tu, le bougre! Il s’est tu mais son humour tue toujours, faisant encore mouche à tous les coups!

Sachons lui rendre hommage, en recyclant sa prose acerbe! Epoustouflons donc maints œnologues, et même un certain nombre d’amateurs avertis.

« Epoustouflons maints oenologues »

« Afin d’éblouir un maximum d’imbéciles et de séduire un maximum de dindes lors d’un dîner bourgeois, il est très important de savoir reconnaître un grand vin, au premier coup de langue, voire même au premier coup d’œil!
On cite même le cas d’un éminent œnologue qui savait identifier un grand cru au bruit du vin coulant dans le verre.
Mais dans un premier temps, restons modeste, et contentons-nous aujourd’hui d’apprendre à reconnaître un simple Châteauneuf du Pape.
Regardez bien! »

Je ne vous divulguerai pas la suite, car elle est un poil faiblarde, et surtout très télévisuelle. Sauf si vous insistez, évidemment. Non, non! N’insistez pas!  Bon…

« La robe du Châteauneuf est rouge et celle du Pape est blanche!

Etonnant, non? »*

Photo Une célèbre ponctuation qui est aussi le cri de guerre d’Eric Reppert, le caviste étonnant,  époustoufleur de maints œnologues itou, qui propose une sélection exclusive de vins à l’écart des sentiers battus et rebattus par les buveurs d‘étiquettes, des vins élaborés avec conviction et amour par des vignerons marginaux et sincères. Comme Claude Courtois, en Sologne, éternel rebelle dont il a suivi les vendanges dernièrement. Et Cyril Alonso, le négociant pur raisin de L’Ancestra. Et Nils de la Cour, un ingénieur chimiste danois qui ne joue pas à l'apprenti sorcier lorsqu’il pense que l’on peut faire des grands vins blancs dans l’arrière-pays drômois. Il a bien raison, et c’est même pitié que ça ne se sache pas davantage! Le Serre de Condorcet, un domaine avec lequel il faudrait pouvoir compter, injustement méconnu! Heureusement qu’Eric est là pour nous faire découvrir de tels bijoux! La preuve en quelques coups de clapet puis de clavier:

Marsanne 1996, Domaine Le Serre de Condorcet, Vin de pays de la Drôme
Premier nez très marqué sur l’eau de vie de framboise, joliment aromatique, puis apparaissent Poetaraisse_029quelques notes de muscade et de miel, légèrement caramélisées. La bouche est d’une grande netteté, à l’équilibre serein, élégant. Du gras, de la tension, des arômes soutenus, un alcool bien présent mais juste ce qu’il faut, bien fondu dans l’ensemble. C’est bon comme un Grain d’Or de Marie-Thérèse Chappaz, la Valaisanne. Un sacré compliment, en fait!

Roussanne 1998 ,Domaine Le Serre de Condorcet, Vin de pays de la Drôme
La robe est franchement dorée, évoquant une grande maturité de fruit. Le nez est fin et élégant,Condorcet_002 sur les fruits jaunes (mirabelle, abricot), associé à des notes de frangipane et à une franche minéralité type silex. Pas une once de lourdeur dans ce vin tendu et riche à la fois, soutenu par une belle minéralité, frais en bouche comme au nez, d’une grande précision dans la définition. Une bouteille d’exception!

Langouette_001 Mâcon 2005, L’Ancestra
La robe est soutenue, grenat sombre. Le nez est franc, sur les petits fruits rouges. Très concentrée, charnue, la bouche est complètement craquante et se laisse emplir avec bonheur par une fraîcheur et une acidité gourmandes. Le type même du vin que l’on a envie de boire à grandes lampées et à partager avec les copains.

Régnié 2002, Unique Barrique, L’Ancestra
Le premier nez exprime un côté sauvage, fougueux, réduit, qui s’atténue à l’aération. La boucheCondorcet_003 est charnue, croquante, avec une pointe d’acidité volatile qui rend le vin très digeste. 200 bouteilles de ce vin ont été produites à partir de cette unique barrique. Il y en a désormais une de moins!

Etonnant, non?

Olif

* Extrait de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède, par Pierre Desproges, Editions du Seuil

Commentaires

  • Je n'y connais rien en vins mais Pierre Desproges, j'adore !Il est irremplaçable.

  • Desproges, la Drôme, le vin...
    Voilà un bonhomme de goût.
    Signé un drômois fan de vin et du "plus cancereux, tumeur..."

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