Quoi de neuf aux Jardins, Docteur?
Septembre, le mois de l'automne et de la rentrée! Les écoliers ne sont pas les seuls à reprendre le collier. Il y aussi les jardiniers, ceux de Saint-Vincent, et aussi les vignerons, parce que le raisin n'attendra pas. Tout cela sous l'oeil bienveillant de Saint-Vernier, le grand patron de tout ce petit monde. La dernière oeuvre d'art estivale de Véro trône toujours au mur, trop difficile à balayer d'un coup d'éponge.
"A la Saint-Alban, tu sors les pieds devant, à la Saint Matthieu, t'en prends plein les yeux!"
Allez! petite interro de rentrée, à l'aveugle, évidemment, pour voir si tout le monde a bien suivi l'année dernière!
Arbois-Pupillin Le rouge queue 2005, Philippe Bornard
Première bouteille de la soirée, et premier piège, puisqu'il s'agit d'un nouveau venu dans la sphère viticultrice arboisienne.
Robe légèrement dorée, premier nez un peu réduit, s'ouvrant bien à l'aération, avec des notes
d'agrumes, de pomme blette. Grande acidité porteuse et finale sur l'écale de noix fraîche, ce qui lui confère une pointe d'amertume. Un vin pas encore tout à fait en place, ce qui est bien normal vu son jeune âge: de l'alcool, de la puissance, de l'acidité, de la complexité, mais sans véritable liant pour l'instant. Ce sera intéressant de le suivre dans le temps, d'autant qu'il s'agit là du premier millésime de Philippe Bornard, ex-coopérateur de la Fruitière de Pupillin. Donc pas un vin de vigneron débutant! On appréciera également le design de l'étiquette, et la jolie robe orangée de ce "beau renard", une oeuvre signée Véro.
Arbois 2005, Domaine de La Cybelline
Le nez est très pur, retenu, un peu beurré, lactique et empyreumatique. La bouche est d'une grande droiture, avec une acidité tranchante. Il s'étiole un peu vite en bouche, affichant un léger déficit de longueur, mais la mise est ultra-récente (10 jours) et l'étiquetage encore sommaire. On le reverra avec plaisir dans quelque temps, surtout que l'attaque est très jolie.
Savennières Les Genêts 2003, Damien Laureau
Nez net, droit, d'abord minéral, puis évoquant les fleurs blanches, l'acacia, le miel. Bouche ronde et gourmande, harmonieuse, pulpeuse, avec du gras et des notes miellées rémanentes en finale,
sous-tendues par une franche minéralité. Un superbe équilibre dans la puissance. C'est un 2003, c'est un Savennières, et c'est très beau! Déjà goûté sur place en début d'année, je l'avais également bien noté. Ouf!
Savennières Le Bel ouvrage 2003, Damien Laureau
Nez complexe, avec des notes de fruits blancs et jaunes, de fleurs blanches, de caramel au lait, et minéral également. Bouche élégante et fine, sur les fruits jaunes, harmonieuse, d'une grande douceur au palais, développant un beau volume et une longueur impressionnante. Un très très beau vin, un bel ouvrage, forcément! Encore un 2003 et encore un Savennières. On croît rêver!
Roussette de Savoie Marestel 1995, Dupasquier
Même pas peur de passer derrière les deux Savennières, la Roussette! Nez superbe, d'une grande distinction, sur l'ananas, l'écorce de citron confit, le cédrat, avec une toute petite note type hydrocarbure, apportant une sensation de grande minéralité. Droit, long, magnifique! Noël avant l'heure, aux Jardins! Pas un seul n'a supputé qu'une aussi belle bouteille puisse venir de Savoie. Même le Savoyard de service! Hein, Gilles?
On enchaîne par les rouges:
Arbois 2005, Domaine de la Cybelline
Robe rubis soutenu. Premier nez un peu réduit, animal, épicé. Friand et fringant, ce vin possède pour l'instant une finale légèrement asséchante. 10 jours de mise, laissons lui un peu de temps! 3/4 Poulsard, 1/4 Trousseau, récoltés du côté de Molamboz.
Collioure 2005 La Pasquole, Bruno Duchêne
Robe grenat, à peine trouble. Nez tout fruit, bouche sphérique d'une grande gourmandise, avec ce qu'il faut de végétal pour faire croquer le fruit. Les tanins ressortent un peu en finale, mais le vin possède du volume, de l'alcool et de l'acidité (dont peut-être un peu de volatile). Tous ces constituants devraient s'harmoniser dans le temps.
Cerdon 2005, Alain Renardat-Fache
Et une petite bulle festive pour terminer! Fine et gaie, digeste et rafraîchissante, sur de jolis arômes de pamplemousse et de grenadine. Un vin de plaisir simple et franc, qu'on devrait boire plus souvent. Tout juste 7° d'alcool, ce n'est pas pêché!
Jolie sélection de rentrée, qui nous a mis en appétit pour le mâchon qui va suivre. Pendant que l'on dresse la table, le Professeur Alex, ex-vigneron du futur, a officiellement déclaré ouvert le Ban des vendanges dans le Jura. Réfractomètre à l'appui! Que le vin d'Arbois 2006 coule à flots!
Jardins 018
Vidéo envoyée par olif
Olif
Commentaires
Le cerdon, je ne savais même pas qu'il y avait de l'alcool dedans... C'est un vin que j'aime beaucoup, très gourmand.
A partir du moment où l'on considère que c'est un vin, c'est qu'il y a de l'alcool dedans, Patrick. Sinon, on appelle ça du jus de fruit! Même si par certains côtés (sa grande buvabilité et son excellente digestibilité, par exemple), on pourrait croire à du jus de raisin!
Les genêts fut mon grand favori de notre escapade
inuit à Savennières...
Et "bel ouvrage" Vs "Les genêts" qui fut ton favori ??
Si Les Genêts est un superbe vin, le Bel ouvrage, présenté toujours à l'aveugle, juste derrière, remporta la palme! Plus harmonieux, plus riche, plus fondu! Le pire (?), c'est que personne n'a supposé qu'il pouvait s'agir de la même appellation et du même vigneron! Rétrospectivement, il y a une filiation, et, à mon avis, une hiérarchie!
P.S.: grâce à toi, j'ai trouvé un hymne à l'escapade inuit de Savennières: igloo, igloo, igloo! Il est des nôtres, il a bu son Savennières comme les autres...!
Salut Olif,
Faut vraiment que je vienne faire un tour complet Jura/Savoie !
Salut Olif,
J'espère que vous allez tous bien.
J'ai revu Alex avec intérêt. Je l'ai rencontré pour la dernière fois l'année dernière, avant de venir chez vous (tu as goûté son Arbois 2002 ?). J'espère qu'il va bien également.
A+
Laurent
Acheté une Cybelline 2004 aux Jardins récemment qui m'a strictement procuré les même sensations. De la droiture, un charme certain, avec un petit déficit d'envergure.
Et vive Dupasquier, roi des montagnes pluvieuses.
La roussette Dupasquier. J'avais testé un autre millésime à Strasbourg au salon des caves particulières.
Collioure : comment l' as tu trouvé ? J'avoue que j'en avais gouté il y a environ 10 ans à Collioures . il était âpre le gaillard !! depuis, je n'ai pas replongé mes lèvres dans ce breuvage
Pour moi, idem Olif. Le Bel Ouvrage est un vin qui m'a totalement séduit. Je l'ai présenté comme une magnifique photo de ce que je recherche. Plaisir, profondeur et définition. Bref je suis à fond.