Frissons tropéziens à Halloween
Tropez Mablavous était un homme bon. D'une gentillesse hors du commun. Toujours prêt à se plier en 4 pour poster votre courrier ou se couper en 2 pour laisser son tour chez le boucher. D'une politesse rare, il faisait mille courbettes lorsqu'on lui accordait quelque faveur. Il portait bien son nom, il fallait l'avouer. Est-ce cela qui lui a valu les honneurs de la canonisation? Ou alors l'abus de rosé de Provence des vignerons de la Presqu'île? Nul ne saurait le dire, ma tête à couper, comme nul ne sait pour quelle raison cette adorable cité varoise, connue pour sa débauche de stupre et de lucre depuis les années 50-60, a hérité de son saint patronage. La maréchaussée a veillé un temps, grâce au vénérable adjudant-chef Cruchot, de funes(te) mémoire pour les cinéphiles, mais l'heure de la retraite a pour lui depuis longtemps déjà sonné.
Fin octobre, à Saint Tropez, c'est la fin de saison! Saint Trop', c'est trop? Grande braderie de la collection hiver, qui attire le chaland pour un dernier sursaut presqu'insulaire. Plus de 120 000 personnes attendues pendant le week-end au bord du golfe, l'horreur fourmillante avant Halloween! 120 000 badauds, + 4, débarqués par hasard, en quête de quiétude azuréenne de Toussaint. A peine le temps de faire trempette des pieds au cimetière marin que la fièvre acheteuse contamine la gent féminine olifienne et que les étals succombent sous leurs coups de boutoirs répétés! Deux ou trois choses, même pas en solde (on ne se refait pas), même pas buvables, sont venues finir de remplir le coffre du Break VW familial.
Place des Lices, une veille de Toussaint. Les boules! Pas un seul joueur de pétanque! Eddy, reviens!
Direction les plages, alors, Tahiti par exemple, essuyer un coup de gros temps pour un bain frissonnant d'Halloween, aux allures océanes. Quelques vaguelettes bien senties bourrées d'iode pour montagnard égaré. La veille, c'était grand bleu et mer d'huile à Pampelonne, une eau pas suffisamment fraîche pour décourager le plagiste de fin de saison. Heureusement, j'avais oublié mon maillot! Même si je dois avouer que l'on m'a un peu aidé! Il m'a néanmoins fallu du courage pour résister à me baigner dans le plus simple appareil. L'esprit de Cruchot m'habitait. Dommage que la phrase soit à l'imparfait!
Question glou, le budget ayant fondu dans des doudounes et des chaussures, pas d'extravagances! Juste quelque bouteille basique en accompagnement de quelque miam, dans quelques lieux qui méritent mention. Pas de sorties nocturnes du côté de Port-Grimaud, Sainte-Maxime ou Fréjus, les places de parking étant tellement chères, quoique gratuites pour certaines, qu'une fois la VW déposée, sur les coups de 17 heures, plus question d'y toucher avant le lendemain midi! L'occasion de tester les adresses dans un périmètre restreint autour de l'hôtel. Tout en se pliant aux exigences pré-adolescentes des juniors.
Chez Al Gusto, cuisine italienne, pâtes fraîches fraîches, dos de loup cuit à la peau et Château Minuty Cuvée de l'Oratoire 2005, un blanc simple et fruité, frais et droit. Chez Régis, sushis et cuisine thaï, sauf que le mardi d'Halloween, gros souci, y'a plus de sushis, pour cause de fermeture annuelle le soir même. Il reste tout juste une bouteille de Bandol rosé 2005 du Domaine des Salettes pour accompagner l'émincé de boeuf thaï. une cuisine pourtant assez juste et goûteuse, qui mérite qu'on lui accorde une deuxième chance, en dehors des veilles de fermeture. Sinon, le Bandol, correct, finement épicé et acidulé, pas de quoi se mettre à genoux, mais j'étais bien assis, de toute façon.
Et puis un troisième repas, sur le port, face aux yachts, pour faire plaisir aux enfants, dans un endroit dont je tairai l'adresse, par pudeur et magnanimité. On ne relèvera de ce naufrage qu'un Côtes de Provence 2005 du Château de Selle, Domaines Ott, un rosé coeur de grain au prix largement surfait, mais dont la finesse de grain est tout de même bien séduisante. Mme Olif, qui ne regarde pas les prix sur la carte (de toute façon, c'est moi qui choisis!), ne s'est pas laissée duper et a plébiscité cette bouteille.
Un petit tour par Ramatuelle, un bref hommage à Fanfan la Tulipe, et c'est le retour. Furtif coup d'oeil autoroutier à la montagne Sainte-Victoire, si bien peinte par Cézanne et dépeinte par Anaïk, du Confit c'est pas gras. Voilà déjà les Alpes, puis le Jura, et enfin le Haut-Doubs. 834 mètres de dénivelé positif à l'altimètre entre Saint-Trop' et Pontarlier, 24° C de dénivelé négatif au thermomètre. On a bien fait de rapporter des doudounes de la grande braderie tropézienne!
Olif
Commentaires
Il est vrai que l'usage du présent aurait sans doute révéler un être plus-que-parfait.
Tarifairement, oui, Ott, c'est hot.
Ah, ces gensses qui viennent se faire greffer des doudounes au sud sous pretexte de tarifs avantageux. A mon humble avis la paire de doudoune de madame Olif est unique dans le Jura:-)). Plaisanterie mise à part, j'ai toujours pensé que Ott, c'est pour les Estrangés...même si faute de mieux, je me suis ponctuellement rabattu sur le clos Mireille en blanc, avec un certain plaisir, je l'avoue.
Je vais très rarement sur cette côte où il n'y a pas d emarée. Ou alors, à Bandol ou Cassis, mais pas dans les endroits les plus ensoleillés. Bravo pour Cruchot ;-))