La légende de Saint-Georges terrassant le sanglier
"Saint-Georges terrassant le sanglier" ou plus exactement "Saint-Michel terrassant le dragon", allégorie peinte par Mme Olif d'après un tableau existant, mais pour les besoins du blog, on dirait que Michel s'appelle Georges et que le dragon est un sanglier! OK?
L'autre soir, les amis du Bon Echanson se sont mis en chasse! En tenue de camouflage mais sans bonnet à plumes sur la tête. Avec pour seule arme un couteau de sommelier. Le gibier, ce n'était pas du dragon, mais un excellent civet de sanglier cuisiné par l'ami Walter de l'Auberge des Montagnards . Par contre, on a convié à table Saint-Georges, vêtu pour l'occasion de sa plus belle nuisette. Un blanc en apéritif, puis une poignée de rouges. Blanc sur rouge, rien ne Gouges! Il faut croire que je ne recule devant aucun jeu de mots vaseux pour faire mon intéressant!
Petite diagonale des vins du domaine Gouges de Nuits-Saint-Georges, donc, agrémentés de deux pirates. Les vins ne sont pas dégustés à l'aveugle, mais à table et servis par paires, même le blanc, qui était le seul de sa race, mais on en a bu deux bouteilles. Quand même.
Bourgogne Pinot Blanc 2002
Il s'agit d'une mutation massale spontanée de Pinot Noir, qui s'est historiquement produite au lieu-dit les Perrières. Le domaine Gouges s'est fait une spécialité de ce vin blanc rare et original, allant jusqu'à en planter dans le secteur des Dames Huguette pour produire ce vin en appellation Bourgogne.
Nez frais alliant la pierre et le fruit. L'attaque est incisive, tendue et minérale, avec du gras qui se développe en finale, comme pour étoffer le vin et prolonger sa finale. Belle longueur pour un fort joli blanc, prêt à boire.
Nuits-Saint-Georges Les Porrets 1998
Le nez paraît évolué, avec une note limite liégeuse, fugace, évoluant vers le champignon d'automne à l'aération. Le vin n'est pourtant pas bouchonné, c'est une certitude. La bouche est encore tonique, ne donnant aucune sensation de creux. Le vin n'est pourtant pas hyper étoffé et semble amorcer sa phase de déclin. Passe mieux à table, avec le civet, qu'en dégustation pure.
Nuits-Saint-Georges Les Porrets 2000
Le nez pinote encore joyeusement, très fruité, avec une petite note terreuse au nez. La bouche est vive, acidulée, fraîche, bien constituée, nerveuse, avec une belle longueur. Un vin supérieur au précédent, qui s'accomode fort bien du civet également.
Nuits-Saint-Georges Les Porrets 2001
Le premier nez est un peu fermé, puis délivre progressivement des notes de cacao et de champignon. Les tannins sont à peine rugueux, moins fins que sur le Saint-Georges qui va suivre. Le vin se laisse déjà bien approcher et on devine sans peine une trame caractéristique du terroir des Porrets sur les 3 millésimes dégustés.
Nuits-Saint-Georges Les Saint-Georges 2001
Le nez est peu expressif, laissant sourdre une pointe de grillé. Un boisé discret vient souligner une matière à la trame dense et serrée, mais très fine, et particulièrement élégante. Quand il aura la bonne idée de s'épanouir, ce vin devrait être épatant! La grande classe, en fait!
Nuits-Saint-Georges Les Pruliers 2001, David Duband
Nez ouvert, sur la griotte, un zeste de fumée, un petit côté renard sauvage et une bonne dose d'alcool. Rond, gras et flatteur en bouche, ses tanins déjà bien fondus se laissent porter par l'alcool. Mais il sait rester séducteur de bout en bout, s'harmonisant et s'améliorant au fur et à mesure de la dégustation.
Nuits-Saint-Georges Les Saint-Julien 1996, Dominique Laurent
Un lieu-dit inédit pour moi, à Nuits en tout cas, parce qu'à Bordeaux j'en connais quelques-uns! Nez acétique et volatile. Bouche tendue et acidulée, tout en droiture et en longueur, avec un effet rétractile sur les gencives. Une acidité redoutable, finalement! Le moins convaincant de toute la soirée, la jour et le Nuits si on le compare aux précédents!
S'il fallait n'avoir qu'une seule de ces bouteilles en cave, ce serait un Saint-Georges, évidemment, du niveau d'un Grand cru et qui est magnifiquement venu à bout du cochon sauvage. Mais tous les vins du domaine Gouges sont recommandables, si l'on en croit ce petit flash-back au pays des Mille et un Nuits.
Olif
P.S.: semaine bourguignonne faste, puisque ce week-end se sont enchaînés un sublime Clos de Tart 1998, à point et à boire à genoux, un non moins superbe Chambolle-Musigny 1996 du Comte de Vogüe et un très beau, même si un cran en-dessous, Chambolle-Musigny 1998 La Combe d'orveau d'Anne Gros. Il y a des moments comme ça où toute la Bourgogne semble magique!