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Ayze, 281-283 rue du Gringet

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En Savoie, on fait du vin, cela devrait commencer à se savoir un petit peu, et pas que dans les milieux autorisés. Maintenant, voilà qu'on en fait même chez la dame, dans la Hiaute, et du bon, en plus, à se demander pourquoi le chanteur-vigneron Francis Cabrel n'est pas venu dormir ici lorsque l'envie lui prit de faire pousser deux trois ceps au lieu de la chansonnette!

Et comme si produire du vin ici n'était pas une originalité suffisante, Ayze s'est taillé une réputation dans l'élaboration de vins mousseux. Méthode traditionnelle avec un cépage qui l'est moins! Du Gringet! Du quoi? Du Gringet! Cela aurait pu ressembler à du Savagnin jaune, ce que tout le monde croyait plus ou moins, mais la génétique a eu raison de cette belle histoire: ce n'en est pas! Merci la science, et bravo quand même!

Quand on remonte la Côte d'Arve depuis la bonne ville de Bonneville, on est fort aise d'arriver à Ayze. Qu'il faut prononcer "A-i-i-ze", ne vous en dépla-i-i-se! Un peu plus loin, on prolonge jusqu'à Marignier, là où la paix eût pu nicher, si Bobby eût été savoyard.

 

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281-283 rue du Gringet, par contre, c'est là qu'on peut dénicher le domaine Belluard, actuellement dirigé par Dominique Belluard, qui nous reçoit en cette fin de matinée tristounette du point de vue météo. Le domaine Belluard, c'est 12 ha de vignes, dont 8 en biodynamie, 3 types de sols (des éboulis calcaires, des sédiments de glaciers et des argiles rouges, riches en fer) et 1 cépage qui n'a pourtant rien d'un mollasson, mais qui s'épanouit sur ce terroir de molasse, le Gringet.

Trois en un, découverte d'une appellation, d'un cépage, d'un vigneron. A quoi ressemblez-vous donc, petit Gringet?

On commence par les 2006, sur cuves, et par terroirs successifs. Les conditions barométriques de la journée (apparition d'une dépression en provenance de l'Islande, de quoi filer un gros coup de déprime) font travailler les vins qui se goûtent sous l'angle de la réduction. Sur éboulis calcaires, transparaît la minéralité, malgré des notes fruitées fermentaires de poire. Les sédiments de glaciers apportent une note fumée et plus de volume sans nuire à la sensation minérale. Le Feu, sur argiles rouges, est un vin tendu et minéral, à la grande maturité de fruit, sur les agrumes; il démarre sa fermentation malo-lactique et Dominique Belluard laisse volontiers beaucoup de carbonique en cours d'élevage afin de diminuer l'apport de soufre. Le 2006 destiné à la méthode traditionnelle est tonique et vif, acidulé, droit et minéral. Un joli vin tranquille qui n'attend que la prise de mousse!

Si l'élevage s'effectue principalement en cuve inox, ce contenant bien pratique ne satisfait pas pleinement Dominique qui souhaite couver ses vins au mieux. Et pourquoi pas en oeuf béton, alors?

 

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Impressionnants, ces oeufs! La grande classe! On en a gobé un ou deux, juste pour voir! Suivant l' ancienneté de l'oeuf (un ou deux vins), le même jus se présente et se goûte de manière étonnament différente: le premier arbore une robe claire et tend vers la minéralité, restant pur et droit; le second affiche une robe encore trouble, joue sur les agrumes et le versant acidulé, avec une légère dureté accentuée par un carbonique plus marqué.

Passage au Sarto, un genre de Carnodzet mais en plus savoyard, pour s'attabler autour du vin en bouteilles, bientôt rejoints par Monsieur Belluard Père, à l'oeil pétillant comme un vin d'Ayze, surtout lorsqu'il chamaille son fils.

Gringet 2005, Cuvée des Alpes
Nez frais, aromatique. La bouche possède du gras et de la tension. Un vin élégant, pur et droit, à l'apparente simplicité qui confine à l'épure.

Gringet 2005, Le Feu
Nez intense et puissant, sur les agrumes confits et l'écorce d'orange. La bouche possède du volume, du gras et de la densité. Minéralité et droiture, longueur et persistance, voilà une très belle bouteille produite sur ce fameux terroir d'argiles rouges. 4 g de sucre résiduel témoignent de sa grande maturité et de sa richesse, sans pour autant gêner la dégustation.

Ayze Méthode traditionnelle 2004
Brut dosé à 4-5 g. Un vin frais à la bulle tonique, vif, net, à la finale légèrement fumée et minérale.

Ayze cuvée Mont-Blanc 2003
Cuvée non dosée, ayant passé 3 à 4 années sur lattes. Premier nez lactique fugace, puis surgissent les fruits jaunes et la mirabelle, sur fond de brioche dorée. Equilibre arrondi mais restant frais, un Ayze très vineux, élégant et néanmoins minéral. Chapeau!

Oui! Chapeau l'Ayze, chapeau le Gringet, chapeau Monsieur Belluard! Et pendant qu'on y est, chapeau Marc Veyrat, le savoyard au chapeau, même s'il n'y est pour rien sur ce coup-là.

 

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Aah! la Savoie... Même la Hiaute!


Olif

Commentaires

  • J'ai goûté (14 fois quand même, j'avais acheté 2 bouteilles pour voir, puis 2 caisses de 6) la méthode traditionnelle 2002 à Morzine en 2005. C'était notre apéritif quotidien avec la charcuterie de "l'Alpage". Bizarement, la bouteille rapportée à Bordeaux m'avait semblé moins sympa que les autres.

  • Adorables, les oeufs de dinosaures.
    Comme Patrick, on a eu de bonnes expériences et des plus tièdes avec ce vin-là.
    Content de voir que vous avez trouvé le beau temps dans votre nouvelle région fétiche.

  • Merci pour l'adresse, on va aller y faire un tour.

  • Quelle découverte que ce Dominique Belluard. Vigneron d'exception sur un terroir de 22ha qui ne l'est pas moins.

    Ce que j'ai beaucoup apprécié chez lui, c'est son discours tout plein de bon sens. ces explications sur sa vision de la Bio-dynamie est sage. En bon sens et l'écoute adapter à chaque terroir. Son image des différentes plantes, donc des racines, par rapport à la dureté du sol. ETC...
    Sinon pour les vins rien a jeter. Tout est bon, minéral. Bref du bonheur.

    J'ai particulierement apprécier son AYZE "Cuvée des Alpes" 2005 pour la définition cépage/terroir. Le Gringet à la fois, fruit blanc, florale et trés éxotique (et non c'est pas du Savagnin, pourtant j'y croyais) et Ayze avec cette minéralité propre à cette région.

    Pour son AYZE "Le Feu" 2005, cette bouteille demande du temps. Au nez déjà, car d'un vin un peu sur le repli, il a évolué sur la maturité, les fruits éxotique. Au bout d'un moment c'était vraiment super. Et la bouche opulente, puissante et d'une minéralité qui laisse imaginer une évolution de la plus grande classe. Par contre j'ai trové que le sucre, qui n'est pas excessif est quand même présent à la dégustation en ce moment. Il va se fondre avec le temps, pas de problème.

    Les bulles toutes parfaites. Une petite pensée a cette bulle de 1999 dégorgée en fin de dégust et regoutée trés vite avant de partir que j'aurai bien emmener pour l'apéro le soir...

    Saint-Vernier

  • Ah! oui! Je l'avais oublié ce 99 dégorgé à la volée pour la route! Superbe!

  • Merci de m'avoir permis d'être un peu moins ignare…

  • Pas de quoi, François. Tu reviens quand tu veux!

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