Alternative alsacienne (1)
Après l’Alsace biodynamique du domaine Josmeyer, à l’élégante beauté et à la grande droiture (un style très séduisant, il faut bien le reconnaître), place à une Alsace alternative, biologique également, libérée des contraintes de l’oenologiquement correct mais avec la même volonté de bien faire, de produire le meilleur vin possible en laissant s’exprimer le terroir au mieux, avec le moins d’artifices possibles.
Bruno Schueller et Patrick Meyer, deux vignerons alsaciens que j’affectionne tout particulièrement, se retrouvent donc mêlés bien involontairement à cette dégustation alternative, un coup en haut, un coup en bas, mais à chaque fois du côté du Rhin. Avec de chaque côté son lot de bizarreries non conventionnelles mais particulièrement réjouissantes.
On commence chez Patrick Meyer, du domaine Julien Meyer à Nothalten (67). Pas de rouges à goûter, ou presque, malheureusement, sauf en cours d’élevage, donc des 2006 au fût, mais je n’ai pas pris de notes. Pierres chaudes et Heissenstein laissent une très bonne impression mais il faudra être de bonne heure au domaine pour espérer en avoir un petit peu. Tous les autres millésimes sont épuisés, faut-il que ce soit vraiment bon, alors ! « Le Pinot noir, c’est le cépage anti-matière par excellence », pour Patrick. Inutile et vain de rechercher la concentration et l’extraction, ce qu’il mérite, c’est la finesse et l’élégance, pour causer véritablement terroir ! La preuve, avec une bouteille de dernière minute.
Pinot noir 2004 Heissenstein
Le nez est plutôt floral, mais la bouche possède une tension minérale très fine, avec un joli grain de vin. Il se goûte très bien !
Approche similaire chez Bruno Schueller, du domaine Gérard Schueller à Husseren les Châteaux (68), mais là, même s’il a fallu insister un petit peu, on a réussi à goûter à de fabuleux pinots noirs. Plus rien à vendre non plus par contre, ce ne sera pas la peine d’insister !
Pinot noir 2006, tiré du fût
Robe rubis, à peine trouble. Joli nez qui pinote bien ,très fruit, croquant, avec de petits tanins friands.
Pinot noir LN012, sur fût
Des raisins récoltés sur le grand cru Eichberg, un vrai grand terroir. Encore un peu de carbonique et une bouche légèrement tannique, mais au grain très fin.
Pinot noir LN012 2005
En bouteille celui-là, mais déjà épuisé ! Un 2005 archétypique, possédant une belle matière très concentrée, mais avec des tanins souples, soyeux, qui donnent déjà envie de le boire à grandes lampées. Très beau, facile à boire, avec ses notes olfactives de griotte et d’amande amère.
Pinot noir Le Chant des Oiseaux 2004
Une bouteille qui se mérite ! Il faut savoir la réclamer, mais il faut aussi que Bruno ait envie d’aller la chercher au fond de la cave. Qu’il la retrouve, aussi, car cela n’a pas été simple, elle était bien cachée. Il y a déjà longtemps que les oiseaux ne chanteront plus pour les acquéreurs potentiels, car aucune bouteille de ce magnifique pinot noir produit sur Pfersigberg n’est plus disponible à la vente. Il y a là de quoi verser une grosse larme ! La consigne de Bruno, c’est d’arrêter de vanter les qualités de ce vin. Un peu qu’on va lui désobéir ! De vieilles vignes de plus de 50 ans sur un terroir en Grand cru, le Pfersigberg donc, et un élevage de 2 ans en barrique, sans soufre. Nez retenu, réduit, prêt à se livrer. La robe est soutenue, tirant sur des nuances légèrement orangées. Bouche nette et précise, superbe de définition, avec un grain de tanins très fin, même si ceux-ci sont encore bien compactés. Très belle finale, d’une grande longueur, pour un très beau vin qui mérite un peu de temps pour se livrer pleinement.
(à suivre...)
Olif
Commentaires
Il a bien raison Bruno: le Chant des Oiseaux, ça n'existe pas.
C'est un mythe qu'il faut oublier. De mémoire, c'est guère plus de 300 bouteilles par an, alors....comme dit Brassens: "les copains d'abord"....non, mais !