Vendredis du Vin # 3: Les Vins de Femmes
Troisième volet des Vendredis du Vin de la blogosphère vinique, les femmes et le vin! Notre Président-Sommelier du mois a su faire preuve de galanterie en convoquant dans nos verres les qualités féminines de notre breuvage favori. "Le vin a t'il un sexe?", s'interrogeait récemment Tiuscha, du blog Saveur Passion, et on avait essayé de lui répondre avec notre verve habituelle, enfin celle qu'on croit avoir, mais, là, c'est du sérieux! Pas question de blablater, il faut passer l'épreuve de la dégustation, et surtout la faire passer aux vins élaborés par la gent féminine. Sont-ils plutôt du genre manucurés et épilés sous les bras ou bien savent-ils aussi être poilus du menton, voire carrément couillus, si vous voulez bien me passer l'expression Mesdames (et si vous ne me la passez pas, tant pis, je m'en accommoderai néanmoins)? "La femme est un homme comme les autres", pourrait-on dire en parodiant Antoine de Caunes dont les fesses rebondies n'ont rien à envier à Vénus Callipyge. Alors, masculin ou féminin, le vin dépend surtout de ce qu'à envie d'exprimer son géniteur ou sa génitrice et reflète plus, d'une manière générale, sa sensibilité que son sexe chromosomique. Toute galanterie mise à part, mais plutôt parce que j'en connais professionnellement le moindre rouage, je serais néanmoins enclin à avoir confiance en la gent féminine pour faire preuve d'une réelle sincérité dans ce domaine. Place à la dégustation, donc, après un petit plaisir visuel signé Madoz, parce que je n'ai pas encore eu la mienne.
Peyre Rose Clos des Cistes 1996, Coteaux du Languedoc, Marlène Soria
On ne présente plus Marlène Soria, la vigneronne star du Languedoc. Exigeante, intransigeante, elle ne commercialise ses vins que bien longtemps après les autres domaines, quand ils lui paraissent à son goût et enfin prêts, et qu'ils n'ont pas été victimes d'une avarie accidentelle lors de l'élevage, comme ce fut le cas pour les 2000 et les 2001. Deux terroirs vinifiés séparément, Clos des Cistes et Syrah Léone, mais une même qualité de vins, tous les deux bénéficiant de la même étiquette rose désormais célèbre dans le monde entier. Des vins qui ont déjà de la bouteille lors de la mise en vente, mais que l'on peut attendre sans crainte de longues années en cave. Ces Cistes 96 sont parfaitement à point. Le nez est tout simplement magnifique, d'une grande netteté. Ah! ce chocolat qui emplit les narines avant de laisser passer des notes plus minérales, un soupçon de senteurs florales, des fruits rouges et des épices, avec un tout petit côté fumé. La bouche est ample, solide, mais elle reste fraîche, taillée dans le sens de la longueur. Un vin exemplaire, et je veux bien croire que ce soit une femme qui en soit à l'origine tellement il est délicatement ciselé et ouvragé.
Côtes du Jura 2003 Les Varrons, Peggy Buronfosse
Néo-vigneronne dans la Combe de Rotalier, Peggy Buronfosse s'illustre maintenant de façon très régulière dans divers guides ou magazines pour ses cuvées franches et sincères, d'un excellent rapport Q/P. Les Varrons 2003 possèdent toutes ces qualités, avec un joli nez anisé sur des notes typiques de minéralité marneuse jurassienne. La bouche est bien constituée, à l'attaque franche, avec un léger gras en son milieu, puis une acidité finale tonique, bienvenue pour le millésime. Un équilibre plus que satisfaisant pour un Chardonnay 2003 qui affiche une plutôt agréable fraîcheur.
Lisson, Le Plo 2002, Iris Rutz-Rudel
On ne présente plus non plus Iris Rutz-Rudel du domaine de Lisson, qui, avant de nous régaler de ses "vins de (très bonne) table", nous met l'eau à la bouche sur son blog de Lisson. Des vins au fort potentiel, plutôt costauds, qu'il faut savoir attendre, mais aussi carafer, pour les apprécier pleinement. La matière est généralement riche, comme dans ce vin de Grenache, dont le premier nez est assez végétal, voire un peu racinaire. A l'aération se libèrent progressivement des notes de fumée. Le fruit est un peu en retrait, et ne se révèle de façon beaucoup plus nette que le lendemain de l'ouverture. La texture en bouche est très agréable, les tanins possèdent du soyeux et une tension qui ne demande qu'à se relâcher. Un très joli grain de vin, même si la finale possède un peu d'amertume, le caractère racinaire (gentiane) faisant sa réapparition. Douze heures après, le vin se détend et s'harmonise, sans se départir complètement de son caractère végétal qui, cette fois, apporte une fraîcheur bienvenue, tout en laissant apparaître des notes fruitées plus arrondies. Et toujours cette belle structure en bouche, tactilement soyeuse! Un véritable vin féminin, dans le sens où il faut (et on doit!) savoir l'attendre très longtemps, en cave et en carafe, pour qu'il se donne!
Olif
Commentaires
On ne présente plus Iris? Vraiment? Ben si pour mèzigue, vil ignorant qu'on est. Chouette trio de vigneronnes, en tout cas.
Idem, chouette trio, Iris, je la lis de temps à autre mais je ne connais pas ses vins ! Hélas !
Vive Marlène, vive Peggy, vive Iris. Vive les femmes qui font du bon vin.
Bravo aux vigneronnes! Merci, Olif. J'apprends beaucoup ce vendredi.
Cette photo du verre intégrant le corps féminin est simplement sublime.
Merci Olif.
J'ai rencontré à l'aveugle ce Clos des Cistes 96 la semaine passée (même bon avis que toi Olivier) : Il m'a ouvert les yeux. Ces derniers avaient été préalablement à la Fleur de savagnin 98 de chez Labet (une révélation!).
Merci Tophe et Sophie!
Laurent