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  • "On n'est pas là pour se faire Anglorer..."

    "... On est là pour voir le défilé!"

    Un grand classique de Boris (Dé)Vian, mis à l'épreuve de la plancha du soir.

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    Au menu, salade de mâche périgourdine avec girolles de Sologne, oignons roses de Roscoff, gésiers de Canard (c'est où, Canard?) et magrets séchés du Périgord. Un melting-pot du grand Centre-Ouest, remontant assez haut sous les aisselles (les oignons roses de Roscoff sont un peu là par hasard, c'est un reliquat de vacances bretonnes!), qui nécessitait forcément un vin du Sud-Ouest Est. Ben, pour sûr, on n'est pas là pour se faire Anglorer!

    Première constatation: les gésiers confits, ce n'est pas l'idéal pour la cuisson à la plancha, ça gicle partout! Mais ils sont néanmoins parfaitement saisis. Les girolles, c'est top, par contre! A refaire.

    Deuxième constatation: la cuvée Terre d'ombre 2005 du Domaine de l'Anglore a beau être un vin de table, ce n'est pas un rouge qui tache, même si l'on renverse son verre sur la dite table!

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    L'Anglore! Un nom qui ne manque pas d'émoustiller les amateurs de vin nature! Eric Pfifferling fait partie de la crème naturelle qui ne "soufre" aucune contrainte. S'il a produit encore du Tavel en 2005, je ne sais si c'est de sa faute! Parce qu'il est plutôt coutumier du désagrément! Ce qui l'incite à ne plus proposer ses vins aux dégustations d'agrément. Ses vins possèdent pourtant un soyeux incomparable, un toucher de bouche certes évocateur de la vinification sans soufre, mais quasiment inimitable. Il n'y a guère que chez Jean-Marc Brignot que l'on retrouve une telle pureté tactile dans les tanins, malgré la différence de cépage. Cette Terre d'Ombre 2005 ne déroge pas à la règle. Sa robe n'est pas très soutenue, à peine trouble, mais homogène. Au nez, on évoque la cerise bigarreau, celle que l'on cueille à même l'arbre et que l'on croque à pleines dents. Bouche soyeuse, donc, si ce n'est plus. Un vin riche, à l'alcool bien présent, mais qui glisse tout seul. L'Anglore, ça vaut de l'or!

    Olif

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  • Vin de blogueur (5) : Le Plo 2003, Lisson

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    Le 2002 avait fait l’objet d’une note dans le cadre des VDV consacrés aux femmes, le 2003, fraîchement rapporté de la colline de Lisson, mérite qu’on s’y attarde également. Olargues, l’un des plus beaux villages de France, et Lisson, l’une des plus belles collines d’Olargues, de France et d’ailleurs, il n’y a qu’à aller visiter le Blog d’Iris pour s’en convaincre. Mieux encore, un passage in situ, avec Iris pour guide, permet d’appréhender pleinement la grandeur de l’endroit, ainsi que son côté sauvage et naturel.  L’homme et la femme tentent de le reconquérir, une entreprise titanesque, physique et philosophique, qui force le respect.

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    Pour en revenir à ce Plo 2003, il s’agit d’un vin de grenache bien mûr possédant beaucoup de fraîcheur, sans le côté végétal du 2002, néanmoins apprécié précédemment: un nez de cerise, de cacao, de fumée, pour une texture se relâchant progressivement en bouche, mais qui garde de la tension et de la minéralité. Très fin dans sa structure, avec une belle longueur, voilà une bien jolie bouteille, un "vin de (très bonne) table", qui se goûte déjà fort bien actuellement!

    Les 2005 sont tout simplement magnifiques en ce moment, malgré leur très jeune âge, que ce soit le Clos des Cèdres, fougueux et sauvage, le Clos du Curé, au grain fin mais débridé, ou Les Echelles de Lisson, croquantes à souhait. Trois bouteilles notées "Bravo Iris", ce qui équivaut à une excellente note sur l'échelle de Parker remaniée Olif, c'est à dire entre 95,75 et 102,893 et des brouettes. -3,1416, évidemment, tout le monde aura rectifié de lui-même!

    Olif

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  • La plancha du salut pour Daumas-Gassac?

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    Elles étaient deux à traîner encore dans ma cave, suite à un achat compulsif il y a pas loin d'une dizaine d'années. Elle n'est désormais plus qu'une, mais peut-être pour longtemps! Porté par le charisme d'Aimé Guibert et le soutien d'Emile Peynaud, Daumas-Gassac fut l'un des premiers à clamer que l'on pouvait faire de grands vins en Languedoc, il faut lui rendre cet honneur. Vouloir jouer dans la même cour que les Grands Crus Bordelais lorsque l'on ne revendique que la mention Vin de Pays de l'Hérault, c'est courageux. Utiliser les mêmes armes parce que le terroir y présente des similitudes, est-ce pourtant valable? J'ai toujours eu quelques difficultés à succomber aux charmes de ce domaine dont j'ai goûté les vins à maintes reprises. Un grand vin potentiel mais qui manque singulièrement de grâce et de distinction. On m'a sussuré qu'il fallait les laisser vieillir longtemps. Soit! Je sais être patient. Mais je ne suis toujours pas convaincu! Mon sentiment, après l'ouverture de cette bouteille du millésime 1995, est que ce vin possède les défauts des grands Bordeaux sans en avoir les qualités. Evolution stéréotypée sur des notes de poivron, de boîte à cigares et de sous-bois; austérité en bouche, sévérité même, bref ça ne rigole pas beaucoup! Une longueur correcte et une structure sans grand défaut mais on reste dans le médium! Deuxième chance le soir, mais ce n'est guère mieux! On trouve même des notes de mousse et de champignon. Je n'y crois plus, y ai-je vraiment cru d'ailleurs? Le millésime est pourtant réputé au domaine.

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    Pour mieux digérer la pilule, rien de tel qu'une petite plancha du salut, avec brochettes traditionnelles, tranches de saucisses de veau et courgettes émincées. Le truc intéressant, pour les courgettes, c'est la marinade: citron, huile d'argan, marjolaine, estragon et thym. D'après une idée de grand chef, figurant sur le livre de recettes fournis avec la planche. A mieux doser la prochaine fois, car là, à peine trop de citron peut-être. Et l'huile d'argan, cela relève drôlement la sauce! Waow! De quoi atténuer suffisamment le Daumas et gommer ses imperfections. Mais bon, la bouteille n'est toujours pas finie après deux repas et le bât, du coup, blesse un peu plus! La semaine prochaine, retour vers des vins plus spontanés et "nature"!

    Olif

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  • Le questionnaire de Prout à la sauce jurassienne

    C'est l'été, le temps des vacances (même lorsqu'elle sont finies), celui de la plage (où j'aime regarder les filles marcher, la poitrine gonflée de leur désir de vivre) et celui des devoirs de vacances. Cette année, celui qui y a pourvu, c'est Gildas, avec un genre de questionnaire où il faut répondre à des questions. Et accessoirement apporter des réponses. Dans la joie et la bonne humeur jusqu'au cou. La barbe en sus!

    j'aime bien, en principe...

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    ... mais là, j'aime pas vraiment. Pas du tout, même!

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    Prénom : Olif
    Age : 44 ans le 44/44/4444
    Tes débuts d’alcoolisme avec le vin ? : pas avant une bonne vingtaine d'années, j'espère!

    Termine les phrases suivantes :

    Si tu étais une bonne bouteille, tu serais : un clavelin, évidemment.

    Si tu étais une région : la Bretagne, parce qu'il n'y a pas que le Montrachet, dans la vie! Il faut bien de temps en temps le homard pour l'accompagner!

    Si tu étais une couleur : le jaune, mais pas celui de l'insuffisant hépatique.

    Si tu étais une odeur : celle du pain grillé le matin, avec beurre demi-sel et confiture, ou alors celle d'un Meursault de Jean-François Coche-Dury le soir, avec beurre demi-sel et huîtres Gillardeau.

    Si tu étais une saison (pourquoi ?) : l'hiver, parce que ça sent la neige, le ski de fond, la fondue, la raclette, le vin du Jura, le gibier, les vins rouges charpentés, la cancoillotte chaude, encore le vin du Jura, le fumé du Haut-Doubs et toujours le vin du Jura.

    Si tu étais un souvenir (lié au vin, évidemment) : un Arbois blanc 1988 d'André et Mireille Tissot, savouré avec un morceau de Comté lors d'un pique-nique improvisé au milieu des vignes de Saint-Emilion, en compagnie d'aspirants médecins faisant leur classes (comme moi) à la caserne de Libourne! Il est plus fréquent de boire du Bordeaux dans le Jura que l'inverse! L'Armée a parfois du bon! 

    Si tu étais un mets, un plat : une andouille de Guéméné, juste pour voir l'effet que ça fait.

    Si tu voulais recracher par terre, tu serais : mal élevé, sauf si je garde le petit doigt en l'air.

    Si tu étais une musique pour savourer ton verre :  un air de guitare, bien rock, pas trop métal, soutenu par une voix chaleureuse qui colle le frisson. La voix et la guitare de Romain Humeau, du groupe Eiffel, par exemple. "Inferno telegraph to the hype..."

    Si tu comparais ton vin préféré avec une femme, qui serait-elle ? Marilyn Monroe: charnel, sensuel, pulpeux, poupoupidou!

    Et une vilaine piquette ? : Mireille Mathieu: maquillé, pommadé, dépassé.

    Si tu comparais ton vin préféré avec un homme, qui serait-il ? Pierre Desproges: gouleyant, débridé, jouissif.

    Et un mauvais gorgeon ? Michael Jackson: trafiqué, perverti, insipide.

    Si tu étais riche (ou encore plus riche), quelle folie t’offrirais-tu ? : une petite parcelle et une maison vigneronne à Château Chalon. 

    Avec qui aurais-tu le plus envie de partager ton vin préféré ? : avec tous ceux qui seraient susceptibles de l'aimer. Surtout ne pas donner de la confiture aux cochons!

    Et l’eau, tu aimes ? !!! : oui, pour la bulle et pour la (vraie) soif! Perrier après l'effort, La Salvetat pour tous les jours, San Pellegrino pour la bonne table, Chateldon pour les moments d'exception, Quézac pour changer, Badoit quand il n'y a rien d'autre.

    Olif

  • Les Vendredis du Vin # 5: votre rosé unique au monde

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    C'est notre bébé du vin, la ravissante Marsha, qui a accédé à la présidence de ces 5èmes Vendredis du vin. Elle nous a proposé un thème estival fédérateur qui devrait gouleyer tout seul, à plein gosier! Tout seul est bien le terme exact, puisqu'il s'agit de faire dans l'unicité, cet été. "Votre rosé unique au monde", voilà qui va rendre la tâche ardue, lorsque l'on a pour habitude de boire rarement le même vin à table. Ce qui, finalement, n'est pas tout à fait exact en matière de Rosé, puisque, si j'avoue un faible pour ce type de vin en accompagnement de certains mets estivaux, j'ai tendance à être plutôt extrêmement sélectif, ne supportant guère la médiocrité dans cette couleur intermédiaire. Aussi ai-je tendance à me cantonner à très peu de références, des vins que je peux me procurer aisément et qui ont su séduire mon palais. Je devrai donc me limiter à seulement 3 ou 4 bouteilles cet été pour faire mon choix. Et n'en choisir définitivement qu'une seule, faute de quoi je serai à l'amende. "Peu importe l'amende, pourvu qu'on ait l'ivresse", disait approximativement le poète, surtout si c'est Marsha qui verbalise!

    Mais je serai fair-play et respecterai la règle du jeu. Pas question, donc, que je vous parle du rosé du Mas Imgp3376 Jullien 2006, en Coteaux du Languedoc, dont la robe groseille témoigne de la vinosité et de la richesse, même si cela reste un vrai vin rafraîchissant d'été. Aucune chanceBouteilles_011 non plus pour que j'évoque la cuvée Solstice VI du domaine Viret, un vin de table cosmoculturisé, plus culte que risée, à la fois frais, riche et épicé, un vrai vin rosé, un vrai vin tout court. Pas l'once d'une probabilité que je goûte au Château Romanin rosé 2005, un vin des Baux vraiment beau, à la robeBouteilles_008 saumonée et à la vivacité toute élégante, qui s'enrobe en milieu de bouche pour donner une sensation de plénitude. Il m'aurait fait énormément plaisir de pouvoir jeter un Bouteilles_001 P'tit Saur à tout le monde, ce vin rosé pétillant naturel à base de grolleau élaboré au domaine Saurigny, du jus de raisin frais et gourmand qui lâche les gaz sous la langue et désaltère jusqu'à plus soif. Mais voilà! La règle du jeu édictée par Marsha est très stricte: votre vin rosé unique au monde! S'il n'en reste qu'un, ce sera donc celui-là.

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    Il s'appelle Rosé 2006. C'est tout, et c'est déjà bien. Un vin unique, une bouteille unique, de la production personnelle de Mr Monné père, du Clot de l'Oum, vinifiée artisanalement et à l'ancienne, hors commerce, à usage strictement privé et absolument introuvable en dehors de Bélesta (66). C'est un vin tout simple, franc et généreux, à l'image de son donateur. Une bouteille qui valait bien un Vendredi du Vin!

    Olif

     

  • Incendie musical au Paleofestival

    Pendant que certains se débattent dans les vraies flammes et que l'on croise les doigts pour eux, d'autres mettaient, au sens figuré, le feu à l'arcade du Paléo festival de Nyon.

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    Petite pause musicale sur le Blog d'Olif, une bière Cardinal bien fraîche à la main, de quoi éteindre facilement ce type d'incendie:

  • Qu'est-ce que la sagesse en 2006?

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    La sagesse, c’est de boire du vin
    La sagesse, c’est de boire bon
    La sagesse, c’est de boire peu
    La sagesse, c’est de boire des Côtes du Rhône
    La sagesse, c’est de refuser les artifices
    La sagesse, c’est de produire des vins bio
    La sagesse, c'est de récolter des beaux raisins
    La sagesse c'est d'être un vin mûr
    La sagesse c'est d'être un vin droit
    La sagesse c'est d'être un vin frais
    La sagesse c'est d'être un vin gourmand
    La Sagesse, c’est une cuvée du domaine Gramenon
    La Sagesse, c’est drôlement bon
    La sagesse, c’est de ne pas verser le reste du vin dans une daube
    La sagesse, cela aurait été de finir la bouteille la veille au soir.

    Olif

    P.S. : elle était particulièrement goûtue, cette daube de bœuf à la Sagesse, mais elle m’est quand même restée un peu en travers de la gorge !

  • Vin de blogueur (4) : embarquement immédiat dans la Nef des Fous

    Montlouis La Nef des fous sec 2005, Les Loges de la Folie

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    Domaine de création récente, découvert en 2006 et en présence des vignerons, Valérye Mordelet et Jean-Daniel Kloecklé, lors des 3èmes Rencontres Vendéennes autour du Vin, les Loges de la Folie sont dignes d’éloges. N’y manquait, comme son nom pouvait l’indiquer, qu’un petit brin de folie! Après le galop d’essai néanmoins rempli de promesses de 2004, 2005 allume l’étincelle. Des vins goûtés dans l’euphorie du Salon d’Angers et qui se déclinent dans différentes versions plus ou moins riches en sucre, du fait de la générosité du millésime. Il fallait pouvoir les apprécier au calme, à la maison, en accompagnement d’un repas, merci Saint-Antoine! Quand je dis à la maison, ce n’est pas tout à fait exact, puisque cette Nef a été embarquée dans un break, direction la Côte du Léon (et du Francis, le pote qui pourvoyait au gîte). Si, dans la publicité, Léon rime avec pâtes, dans la famille Olif, Léon rime avec poisson, parce que, justement, on n’a pas les mêmes à la maison ! La Nef fut donc servie en accompagnement d’une barbue juste poêlée, avec huile d’olive et citron. A poêle la barbue et à poil Loulou, que l’on sache enfin si c’est une femme ou un homme, à barbe ou non. A ce propos, n’oubliez pas d’aller voter ici pour faire éclater la vérité au grand jour !

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    Revenons à nos fous et à cette nef au nez très fin, élégant, mûr mais délicat, minéral et anisé (fenouil), fruits jaunes (mirabelle). La bouche est droite et tranchante, avec une superbe acidité directrice, de la longueur et une grande et belle finale qui fait saliver, pendant que, dans le même temps, les yeux du dégustateur brillent et que son regard s’allume. La barbue se laisse raser, dévoilant sa chair délicate. Les fous reviennent à la raison et offrent en pâture leur belle structure, déjà bien en place, celle d’un très beau chenin qui devrait acquérir de la complexité au vieillissement.

    La barbue est contente et votre serviteur également, qui, par solidarité avec le poisson et Miss Loulou, s'est laissé pousser la barbe pendant ses vacances bretonnes.

    Olif

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  • Alternative alsacienne (2)

    Résumé de l'épisode précédent: après avoir dégusté quelques-uns des plus beaux Pinot noirs alsaciens du monde, chez deux vignerons pratiquant beau, bio et bion bon, on s'attaque aux blancs, dans des versions parfois "underground" et/ou oxydatives. Une Alsace véritablement alternative qui revendique pourtant ses origines et la mise en valeur de ses terroirs. A découvrir absolument!

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    Retour chez Patrick Meyer, et là, on passe aux blancs, en attaquant la gamme avec le Sylvaner. Un cépage injustement méprisé, car capable de produire des vins exceptionnels, y compris sur les grands terroirs, d’où l’on a voulu le déloger car il ne donnait pas droit à la reconnaissance en Grand cru. Le monde de l’INAO est parfois cruel ! Entre deux petites phrases bien senties, assénées tranquillement et de façon anodine. « La palette aromatique d’un vin, c’est sa carte d’identité, mais c’est superficiel. Ce qui importe, c’est de savoir ce qu’il a dans les tripes, comment il va rayonner. » La preuve avec les deux versions du Sylvaner maison, fruit et terroir.

    Nature 2005
    Grande majorité sylvaner, avec un rien de riesling, vraisemblablement amené à se faire de plus en plus petit dans les années à venir, pour privilégier l’expression du sylvaner. Sur des notes de fruits jaunes (mirabelle), un vin gourmand, simple, rond et agréable, qui se boit tout seul.

    Sylvaner 2004 Zellberg
    Premier nez un peu réduit, mais un vin qui possède une belle ossature, droite et pure.

    Pinot blanc Les Pierres Chaudes 2005
    Note iodée et saline au nez, légèrement lactique.

    Riesling 2004
    Minéral, fruité, un peu monolithique, mais désaltérant!

    Riesling Zellberg 2005
    Nez fin et complexe, avec une trame tendue, dense en bouche. Belle longueur. Le terroir parle et s’affirme.

    Riesling Grittermatte 2005
    Minéral et droit, avec une belle structure acide. Grande maturité, grande longueur, «très Grittermatte», finalement, nous dit Patrick. On veut bien le croire ! Et c’est bon !

    Riesling Muenchberg 2004
    Dans sa phase de fruité primaire, avec de très légères notes hydrocarbures. Un vin taillé dans la grande longueur, avec une belle finale acidulée.

    Sylvaner 2001 sous voile
    Un vin ouillé pendant 1 an, puis élevé sous voile 2 années supplémentaires. La robe est dorée. Le nez , puissant et mûr, évoque la cire d’abeille et le miel. La bouche possède une superbe tension acide et une grande longueur, mais s’inscrit véritablement dans une typicité alsacienne, l’élevage oxydatif ayant comme objectif d’aboutir à un véritable affinage de l’alcool, afin de rendre ce vin sec et buvable, malgré la richesse de la matière initiale.

    L’Alternative 1998
    Assemblage à la vendange de Sylvaner et Pinot gris et élevage sous voile pendant 3 ans. La robe est ambrée, le nez riche et caramélisé. La bouche, très large, possède une grande acidité qui se fond parfaitement dans une matière particulièrement riche.

    Riesling Muenchberg barrique 1998
    Bouche large en attaque, devenant très sèche, possédant une dimension supplémentaire. Classe et distinction des grands terroirs. Finalement légèrement saline, pour un vin majestueux et authentique.

    Retour chez Bruno Schueller, pour un parcours finalement assez superposable, sans concertation aucune:

    Pinot blanc 2005
    Gourmand et fruité.

    Riesling 2005
    Poire William au nez. Bouche droite, tendue, minérale, cristalline.

    Riesling Pfersigberg 2005
    Fruité primaire au nez, bouche tendue, vive, acide, droite. Magnifique structure!

    Riesling 2004, fût d’acacia

    Elevé 2 ans en vidange, sans ouillage. Robe dorée, nez ouvert, fumé, fromager. Bouche riche, sèche, droite.

    Pinot noir botrytisé 2005
    Robe légèrement brunie, trouble. Nez évoquant l’hydne imbriqué, surnommé écailleux dans les montagnes. Bel équilibre, comportant un peu de résiduel. Original, pour le moins…

    Gewurtztraminer 2004 cuvée particulière
    Aromatique fraîche assez typique. Bouche simple et droite, assez plaisante.

    Pinot gris de table 2004
    Premier nez sur la réduction, un pinot gris très sec, pas trop chaleureux.

    Pinot Gris réserve 2002

    Grande richesse au nez mais bouche très sèche, presque tranchante, acidulée.

    Gewurtztraminer Bildstoecklé 2004

    Bien sec, typé Gewurtz, concentré et riche.

    Pinot gris 2003
    Cuvée en macération, en fût non ouillé. Robe ambrée, vieux Cognac. Puissance et chaleur de l’alcool pour un vin qui goûte au final parfaitement sec, avec un équilibre cohérent. Les vertus de l’élevage oxydatif !

    Une Alsace alternative, parfois oxydative, jamais lascive. Comme je l’aime !

    Olif




  • Slurp in Geneva (4): dans les coulisses de Top Slurp

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    Après toute cette préparation physique en vue du de la participation au grand Jury de la presse genevoise, il fallait bien se restaurer. On aurait pu tenter le régime pâtes à l’eau préconisé chez tous les athlètes endurants de haut niveau, mais que nenni ! Pas assez slurp ! Une CPE ? Il fait trop chaud, actuellement, en terre genevoise; les porcs laineux sont tous partis chez le coiffeur ! Alors, quand le grand chef Slurp reçoit, c’est du 3 étoiles sur l’échelle de Girardet! Et pendant que le chef cuisine, on poursuit l’entraînement ! Un blanc de Pinot noir  de Jean-Michel Novelle qui réussit l’exploit de réunir les 3 couleurs, ce n’est pas rien ! Il n’y a qu’à Genève que l’on peut voir ça ! Ben oui ! ce blanc de noir affiche une superbe couleur … légèrement rosée ! Mais c’est très bon, voluptueux, légèrement tannique, gras, presque trop pour l’apéritif, alors on le met de côté pour accompagner la féra, par exemple. Et puis on débouche une « A » (initiale d’un cépage non encore autorisé dans le canton de Vaud), un vin blanc de Monsieur Cruchon, à Echichens, mais servi en bouteille. Suivi d'un Plant Robert, même si on n’a pas non plus écouté Led Zeppelin. Et puis encore -soyons fous !- un Ermitage valaisan Primus Classicus 1998 avec le dessert.

    Et c’est là que je me vois dans l’obligation de révéler un scoop à toute la blogosphère culinaire. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Monsieur Slurp a une conscience ! Elle ne se nomme pas Jiminy Criquet, mais Madame Sonson ! Sans elle en cuisine, il a parfois du mal à retrouver ses casseroles. Et ce serait dommage. Vraiment ! Elle est aussi sa muse, lui susurrant à l’oreille quelques idées lorsqu’elles lui font défaut. Et c’est plutôt heureux. Vraiment aussi ! Madame Sonson est parfois secondée par M'zelle Sonson, qui apporte fraîcheur et insouciance à la cuisine de Mr Slurp. Son seul défaut est d'aimer la (bonne) guimauve. Alors Mr Slurp la lui arrache des mains. Pour jouer, bien sûr. Et pour la lui manger, aussi. Entre deux petits plats qui mitonnent en cuisine. Sacré Mr Slurp!

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    Crostini, féra, fromage, dessert, un entraînement avec Mr Slurp, c’est une vraie compétition ! Les assemblages genevois rouges n’ont qu’à bien se tenir ! La guimauve aussi!

    Olif

  • Slurp in Geneva (3): Grand Cour magistral à Peissy

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    Une rencontre avec Jean-Pierre Pellegrin est un moment rare dont il faut savoir profiter. Nous ne tombons pourtant pas au mieux, il était fébrile le matin et a néanmoins passé une journée difficile dans les vignes. Avec Nicolas Bonnet et Jean-Michel Novelle, il constitue le trio d’élite de la viticulture genevoise. Véritable tête chercheuse, avec une approche du vin très novatrice, il se remet en question perpétuellement, anxieux à l’idée de ne pas toujours proposer le meilleur vin qui soit, mais n’hésite pas à faire preuve d’audace dans ses vinifications, limitant, voire excluant complètement le soufre, et recourant de façon de plus en plus importante à l’utilisation d’œufs béton (qu’il appelle amphores), un investissement important qui se fait petit à petit, au fil des ans. Lui aussi vient de planter du Savagnin, le Jura, c’est la grosse cote du moment, en terroir genevois !  Les convalescents enfilent une polaire et on se dirige illico à la cave, le temps qui nous est imparti se restreint car nous devons encore visiter la cuisine d’un grand chef genevois.

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    -    Chardonnay 2006 : goûté dans différentes versions destinées à être assemblées. Prélevé sur œuf béton, c’est un vin complet, floral (fleur blanche, chèvrefeuille), fruité et minéral (craie), qui gagne encore en pureté dans sa version sans soufre. Sur fût, le boisé marque à peine, apportant du gras et des notes de fruits exotiques, mais le vin reste frais. Le nez est plus en retrait sur un fût de deux vins. Un vin qui promet d’être particulièrement intéressant à la fin de l’élevage.

    -    Sauvignon 2006 : beau nez de sauvignon bien mûr, sur les agrumes et les fruits exotiques, avec de la fraîcheur et du gras.

    -    Viognier 2006 : en œuf béton, fin, frais et parfumé ; en fût, la structure possède plus de gras.

    -    Pinot noir 2006: ici aussi, plusieurs versions du même vin vont être dégustées. Premier fût grains entiers, égrappé, léger pigeage : nez réglissé, tanins croquants. Deuxième fût vendange entière sans soufre : superbe nez très « jus de fruit », bouche baroque, superbe, fruité explosif. Assemblage des deux: le nez part sur la cerise, un vin tout en finesse et élégance.

    -    Gamaret 2006 : un cépage à réputation rustique traité ici « en gants de soie ». La robe est sombre, les tanins sont plutôt fins et soyeux, sur des notes de fruits noirs.

     Syrah 2006 : de la concentration, du volume et de la fraîcheur.

    -    Cabernet franc 2006 : une petite boule de fruit toute ronde, bien concentrée, charnue, affriolante. Très beau vin !

    -    Cabernet sauvignon 2006 : issu de vignes plus jeunes. Joli grain, belle matière.

    Passage au caveau, pour une dégustation de 2006 en bouteilles, assemblés pour l’occasion :

    -    Chardonnay 2006, assemblage amphore et fût : petite note lactique, caramel, avec de la noisette. Frais, tonique et acidulé.

    -    Sauvignon 2006, assemblage amphore et fût : nez très aromatique, sur le fruit. Le vin s’est enveloppé, a perdu un peu de sa vivacité, sans pour autant sombrer dans la mollesse.

    -    Viognier 2006, assemblage amphore et fût : bouche fruitée et agréable, tonique, rehaussée par une pointe de gaz résiduel.

    -    Merlot 2006 : une bête curieuse en phase de soins ! Il titre 15°, n’a jamais vu de soufre et n’a pas réussi à terminer sa fermentation malolactique. Nez sur la banane séchée, grande acidité en bouche, tanins marqués en finale. Pour l’instant, possède des airs d’amarone, mais il est encore loin d’avoir terminé son élevage !

    Une approche du vin vraiment passionnante, qui mérite qu'on s'y arrête. Ici aussi, la clientèle de fidèles est privilégiée, mais les volumes produits permettent une meilleure distribution des vins. Un magistral Grand Cour, par Jean-Pierre Pellegrin.

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    Olif

  • Slurp in Geneva (2): Domaine de la Comtesse Eldegarde et jazz à Satagny!

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    Ambiance jazzy au domaine de la Comtesse d’Eldegarde, en plein coeur du vignoble genevois, pour un tour de cave en musique et en compagnie de Nicolas Bonnet, l’un des précurseurs de la viticulture genevoise de qualité, en compagnie de Jean-Michel Novelle. Un travail exceptionnel sur la pureté du fruit et du cépage donne des vins extrêmement recherchés et dans le même temps introuvables, puisque toute la récolte est pré-vendue à une clientèle privilégiée et fidèle.


    Jazz in Geneva
    Vidéo envoyée par olif

    Dégustation sur fût, les 5 sens à l’affût :

    -    Sauvignon blanc 2006 : nez très mûr, sur les agrumes, avec une petite note boisée très fine. Bouche élégante et bien définie, pour un vin à la fois gourmand et racé.

    -    Chardonnay 2006 : goûté sur deux fûts de provenance différente. L’un (Seguin-Moreau) marque plus que l’autre (Taransaud), qui exprime un joli fruit. Les deux barriques sont évidemment destinées à être assemblées.

    -    Pinot noir 2006 : belle robe rubis, soutenue, brillante. Sublime fruit rouge au nez, avec une bouche faite de tanins en dentelle. Frais, tonique, droit, élégant et précis, une expression exaltante du Pinot noir !

    -    Gamaret 2006 : robe grenat sombre. Nez à peine boisé, plutôt concentré, sur les fruits noirs. Bouche large et massive, tanins un peu compacts, un vin mûr avec le côté rustique inhérent au cépage, mais qui ne manque pas de finesse. Plutôt séducteur, en fait !

    -    Cabernet franc 2006 : sur cuve, il révèle un fruité dense et soyeux. Sur fût, il est à peine marqué par le bois, mais sans excès, la matière est là. Séduisant par son élégance et sa finesse remarquables, l’assemblage des deux cuvées est d’une complémentarité sans égal.

    -    Cabernet-Sauvignon 2006 : future partie d’un assemblage fixe de 28% CS, 28% CF et 44% Merlot, avec 37% de fût neuf (précis sur les chiffres, en Helvétie!), il donne à la fois une sensation de rondeur et de droiture. Pas mal pour « un cépage qui n’a pas de c…lles », d'après Nicolas, mais qui se révèle très charmeur lorsqu’il est travaillé avec des rendements très bas pour atteindre une bonne maturité phénolique.

    -    Merlot 2006 : empyreumatique dans un fût de Monsieur Seguin, il est plus droit, plus tendu et développe un fruité plus pur chez Taransaud.

    -    Assemblage en barrique des 3 cépages (fût de plusieurs vins) : cette barrique pré-assemblée permet de diminuer l’influence du fruit tout en conservant les proportions de la cuvée définitive. Une sorte d’étalon et de point de repère. Le fruité est soyeux et gourmand, sur des tanins polissés et arrondis.

    -    Merlot 2004 en bouteille : un vin quasiment à point, rond et harmonieux, soyeux et gourmand. Débouché « à la sauvage », un peu frais, il ferait sans doute un malheur à table !

    -    Fièvre jaune 2004 : Nicolas Bonnet est un fan du Jura et du Vin Jaune, ce sera le scoop de la soirée, un secret jalousement gardé et jusque-là inconnu des plus fins limiers de la presse genevoise. L’idée d’un vin oxydatif lui trottait dans la tête depuis un moment, la concrétisation est là, avec un Chardonnay 2004 joliment baptisé « Fièvre jaune » et élevé 3 ans sous voile. Le fruit ne s’est pas échappé, il est présent, il croque à pleine dents comme dans une Granny Smith. La bouche est gourmande, la rétro se prolonge bien sur de fines notes oxydatives. Un bien beau coup d’essai, qui en préfigure d’autres, avec un cépage fraîchement planté, importé du Jura voisin et qui répond au doux nom de Savagnin.

    De futurs bons moments en perspective !

    Olif

  • La Pentecôte des blancs, le retour

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    Il est des rites difficiles à expliquer. Immuables ! Comme quand le père François ascensionnait avec force, mais tranquillement, la roche de Solutré. Ou quand le petit Nicolas grimpe debout sur son tabouret pour se raser. Une longue marche ou un tout petit bond pour l'humanité! Le GJP* a donc retenu une nouvelle fois la Pentecôte pour faire un peu d’alpinisme bourguignon. Pas si illogique que cela car dans Pentecôte, il y a Côte. De la Pentecôte à la Côte des blancs, il n’y a qu’une petite pente, pas difficile à dévaler, pour qui a le gosier dans le bon sens.

    Retour donc chez l’ami Rémi Jobard, à Meursault, pour un tour d’horizon des blancs de la (Pente)côte. Depuis quelques années, Rémi a développé une petite production en négoce, commercialisée sous la marque Jobard-Chabloz et que l’on pourrait sous-titrer « La fine fleur des vins de Bourgogne ». Les initiés me comprendront à demi-mot. Les autres n'auront qu'à demander.

    Reçus dans le même salon et les mêmes conditions que les plus grands dégustateurs (sauf que, ensuite, nous sommes aussi invités à manger, un des privilèges d'être membre du GJP*), nous avons droit à l’intégrale de la production 2005, négoce et domaine. Ce qui n’est pas rien. Je dirais même plus. C'est déjà beaucoup.

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    Et on commence par le négoce. Tous les vins sont donc étiquetés Jobard-Chabloz :

    -    Saint-Aubin 1er cru : nez ouvert, attaque riche et ample, belle acidité bien enrobée, mûre, finale possédant de la droiture.

    -    Puligny-Montrachet Les Nosroyes : nez réservé, sur la minéralité. Bouche large, imposante, plutôt carrée. Un vin net et bien défini.

    -    Meursault Les Meix-Chavaux : nez ouvert, bouche tendue, avec un peu de gras, finale acidulée, tendue. A attendre.

    -    Meursault Les Narvaux : beau nez déjà épanoui, bouche bien constituée, riche, avec de la fraîcheur, de la tension et de la minéralité, finale salivante et fraîche. Belle harmonie et beau vin. Les Narvaux, terroir tardif, en altitude, a particulièrement bien réussi en 2005.

    -    Meursault Limozin : vif et acidulé, matière riche et mûre, mais de la droiture.

    -    Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot : nez sur la mirabelle avec un petit côté eau-de-vie. Matière très riche, avec du gras, mais aussi de l’amertume en finale.

    -    Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains : minéral, tendu, droit, élégant.

    -    Meursault 1er cru Les Charmes : nez légèrement fumé, bouche compacte, manquant à peine d’allonge, finale acidulée.

    -    Corton-Charlemagne: opulent, gras, très long, imposant. Un style murisaltien pour Charlemagne ?

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    Fin du premier round et place aux vins du Domaine Rémi Jobard, une déclinaison des terroirs de Meursault, avec une incursion à Monthelie pour les rouges. Toujours dans un style minéral, avec un élevage bien dosé :

    -    Bourgogne aligoté : fruité, rond, gourmand, avec une belle vivacité finale.

    -    Bourgogne blanc : nez légèrement soufré, bouche riche, finale tannique, à peine asséchante. La mise est récente.

    -    Meursault Sous la Velle: richesse et harmonie en bouche, avec du gras. Seule la finale est un peu stricte.

    -    Meursault En Luraule : nez ouvert, puissant, bouche riche, grasse, opulente mais fraîche, car acidulée en finale.

    -    Meursault Les Chevalières: matière mûre, riche, avec une belle acidité.

    -    Meursault Le Poruzot-Dessus : bouche droite, minérale et tendue, encore serrée, prometteuse, malgré une finale un peu stricte et abrupte.

    -    Meursault 1er cru Les Genevrières : nez sur la réserve, bouche ample et large, avec du gras, finale avenante.

    -    Meursault 1er cru Les Charmes: nez beurré, riche. Du gras en attaque, de la longueur, finale acidulée. Un vin puissant, riche, équilibré et harmonieux.

    -    Bourgogne Passetoutgrains : nez tout fruit, épicé. Bouche charnue et gourmande.

    -    Bourgogne rouge : robe rubis soutenu, nez sur les petits fruits rouges, légèrement lacté. Grain serré, vin concentré, finale un peu tannique, sans excès.

    -    Monthelie 1er cru Les Vignes rondes : robe rubis soutenu. Nez fruité, bien concentré. Joli grain de vin, encore un peu serré, avec une belle longueur.

    -    Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots : un climat contigu au Clos des Chênes de Volnay et ça  se sent dans le verre ! Un fruité charnu et gourmand sur une trame très fine et élégante, possédant beaucoup de race. Très beau vin, l’une des plus grandes réussites de Rémi pour ce cru, d’après lui. Ce n'est pas moi qui le contredirai!

    -    Volnay Santenots : nez encore fermé, mais dégageant beaucoup de finesse. Du volume, une belle matière et beaucoup d’élégance.

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    Une fort belle dégustation, comme à l’accoutumée. Les blancs sont à leur niveau habituel, donc très haut, les rouges continuent leur progression de millésime en millésime. Bravo Rémi !

    Olif

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • "Là-haut sur la montagne, l'était un bordelais..."

    Récit d’une joute amicale entre montagnons, à l’assaut d’un monument : le millésime 1990 à Bordeaux.  Chacun a apporté une bouteille dans son petit cabas, de façon plus ou moins concertée pour éviter les doublons. Certains connaissent la majorité des vins, d’autres aucun. Mais ce n’est pas grave, on est surtout là pour passer un bon moment ensemble.

    Le lieu : l’Auberge des Montagnards, à Chaon, chez l’ami Walter, qui a remballé son gibier et ses grenouilles, mais qui nous a préparé un faux-filet de bœuf forestier pour l’occasion et qui s’est occupé du service des vins (ordre de passage, carafage).

    Les protagonistes :  le GJP*, dans sa formation XXL, affronte, dans un semi-aveugle pas trop bien orchestré, il faut le reconnaître (on essaiera de mieux faire la prochaine fois), une coalition pharmacologique Doubs-Haut Doubs. Carabins contre épiciers, Bordeaux 90 n’a qu’à bien se tenir !

    Les vins, dans l’ordre du service :

    -    G de Guiraud 2006, Bordeaux blanc sec*** : fruits exotiques, pamplemousses, agrumes, ce petit cocktail de fruits frais est bien agréable pour se faire la bouche.

    -    Hermitage blanc Chevalier de Stérimberg 1990, Jaboulet *** : deuxième mise en bouche, plus sérieuse. Nez empyreumatique, évolué, sur le moka. Bouche large, puissante, un peu lâche, sur le versant oxydatif, avec beaucoup d’alcool en finale. Un peu déroutant, probablement en amorce de son déclin, car un léger déséquilibre se fait sentir.

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    -    Château Troplong-Mondot 1990, Saint-Emilion****** : robe grenat, sombre, sans l’ombre d’une trace d’évolution. Le nez est ouvert, fin, élégant et complexe : bois noble, griotte, une pointe de vanille bourbon. La bouche est superbe, d’une jeunesse incroyable, calibrée à la perfection. Les tanins sont fins, tout en dentelles, élégants et racés. Un véritable déshabillé de soie ! La grande classe pour un vin d’exception !

    -    Château Sociando-Mallet 1990, Haut-Médoc***** : nez secondaire complexe, alliant du fruit à une petite touche de poivron bien mûr et des notes de boîte à cigares. La bouche est encore tonique, possède du peps, même si les tanins sont déjà bien fondus. Peut-être à peine de rusticité dans le grain du vin, ce qui ne lui donne pas la même prestance que Troplong-Mondot. Ce n’est pas un véritable défaut, plutôt une différence de style et d’expression. Son naturel a tout pour séduire !

    -    Château Giscours 1990, Margaux*** : robe sombre, nez empyreumatique sur le moka, grillé, un peu alcooleux. Bouche déséquilibrée sur l’alcool, se décharnant progressivement. Le déséquilibre s’accentue… Probablement une bouteille qu’il aurait fallu boire depuis quelque temps.

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    -    Château Trotanoy 1990, Pomerol*** : nez complexe et ouvert, poivron mûr, moka, un soupçon de végétal. L’attaque est ronde et pleine, mais le vin tourne un peu court, sur l’alcool. Finale possédant un peu d’amertume. Là encore, un vin qui semble un peu dépassé. La matière s’étiole, l’alcool reste…

    -    Château Duhart-Milon 1990, Pauillac**** : nez mûr et à point, sur des notes de havane et de bois noble. Un soupçon d’alcool, qui contribue à la rondeur, mais l’équilibre est préservé car la matière a encore de la ressource.

    -    Château Lynch-Bages 1990***** : un superbe vin pour terminer, aux tanins soyeux, polis, agréablement fondus, qui possèdent la race des plus grands. A son apogée, et pour quelque temps encore. Superbe !

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    S’il fallait se hasarder à un petit tiercé à l’issue de cette réunion, Troplong Mondot l’emporte haut la main, suivi par Lynch-Bages, puis Sociando-Mallet. Il n’y a pas photo à l’arrivée. Trois grands vins que l’on peut être heureux d’avoir encore en cave. Ce qui est loin d’être le cas pour les autres, et surtout Giscours et Trotanoy, qui nous ont paru bien fatigués. Pas de conclusions hâtives, le vin ,c’est tellement subjectif, mais nous sommes tous prêts à refaire la même dans 10 ans. Enfin ,surtout avec TM, SM et LB !

    Olif

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • Road-blogging en Roussillon (5): Le Clot de l’Oum

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    Le choix du Clot de l’Oum, comme ultime domaine à visiter lors de notre virée roussillonnaise, n’était pas totalement innocent. D’abord parce que les vins ont plutôt bonne réputation et ensuite parce qu’ils sont en bio certifié. Certification à l’origine d’un débat dithyrambique entre vignerons et passionnés sur le forum de lapassionduvin, avec une petite "escarmouche" entre vignerons du Roussillon.

    Eric Monné travaillant une partie de l’année aux Pays-Bas, c’est son père qui nous reçoit au cœur du domaine, sur les hauteurs de Bélesta. Une « vallée de l’orme » perdue dans la montagne, et qui a donné son nom au domaine. « Clot de l’oum » en catalan, rien à voir avec un clos, bien au contraire, c’est plutôt un paysage complètement ouvert qui s’étale devant nos yeux. Le Clot de l’Oum, c’est 15 hectares en production et 33 parcelles sur les terroirs de Bélesta et Maury. Des altitudes variant entre 350 et 600 mètres, ce qui aboutit à un décalage des maturités et permet une organisation progressive du travail à la vigne en fonction de l’altitude. Un gros travail à la vigne, justement, ce qui permet à la fois de contrôler les rendements mais aussi de favoriser sa résistance naturelle vis-à-vis des maladies. Et les vignes sont parfaitement saines, en ce début d’été 2007, malgré la grosse pression sanitaire engendrée par les conditions météo. Sans avoir besoin d’intensifier les traitements préventifs. « À se demander pourquoi tout le monde n’est pas en bio ! » remarque fort justement M. Monné père.

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    Dans la fraîcheur du chai fraîchement construit, en brique réfractaire, parfaitement isolé de façon naturelle, nous allons déguster quelques petites merveilles :

    -    Blanc 2006, en barrique : une cuvée confidentielle, un vin frais, fruité et croquant.

    -    La Compagnie des Papillons 2003 : très mûr, mais non compoté, conservant une relative fraîcheur. Bouche ronde et aimable, finale un peu chaude, mais sans excès, avec une petite saveur animale.

    -    La Compagnie des Papillons 2004 : derrière un premier nez légèrement animal et réduit apparaît un joli fruit. La trame en bouche est serrée, s’inscrivant dans un registre minéral et frais. Très beau vin.

    -    La Compagnie des Papillons 2005 : superbe vin au fruité enjôleur et à la structure épatante. Franc, direct et carré, cet uppercut se transforme en caresse au palais. Superbe, j’aime beaucoup !

    -    Saint-Bart VV 2004 : syrah, grenache et carignan. Un soupçon de cacao, un brin animal, un vin large d’épaules, qui ne manque pas de finesse. Les tanins sont là, encore un peu serrés, mais la longueur tient en haleine.

    -    Saint-Bart VV 2003 : joli nez de fruits noirs, de la rondeur dans les tanins, un agréable fondu en bouche malgré une sensation finale un peu chaleureuse.

    -    Saint-Bart VV 2005 : prélevé sur cuve, juste avant la mise, qui ne devrait plus tarder. À peine de réduction qui s’estompe vite, puis un joli fruit. La bouche est déjà ronde et les tanins sont très fins.

    -    Syrah 2006, prélevée sur fût : bien structurée, trame déjà soyeuse.

    -    Numero Uno 2004 : assemblage des meilleures parcelles de syrah avec la meilleure barrique de carignan. Le nez est superbe, fruité et épicé. Bouche droite et large, structure impeccable, tanins soyeux, belle et longue finale. Un vin de grande classe, qui ne sera malheureusement pas produit en 2005.

    Et pour clore cette superbe dégustation, un petit tour de la vallée, entre vignes, oliviers et casots, avec en prime dégustation de l’eau du Clot, vieille de 10000 ans, d’une limpidité exceptionnelle.

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    Olif

  • Road-blogging en Roussillon (4):le Domaine Singla

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    Lorsqu’il s’est agi de peaufiner le programme culturel annuel du GJP*, le Roussillon est apparu comme une destination de prédilection. Dépaysement, soleil, mer et vin, la région avait beaucoup d’atouts pour nous séduire. Si le Clos des Fées s’est vite imposé comme l’un des domaines incontournables à visiter, par qui allions-nous donc compléter notre emploi du temps ? Beaucoup de propriétés nous tentaient, dans des styles divers, variés et complémentaires: Sol-Payré, Sarda-Malet, Casot des Mailloles, Gauby, La Casenove, Le Possible, Le Bout du Monde,… Pas facile de faire un choix ! Ce qui peut néanmoins être considéré comme un élément positif pour la région, puisque finalement, pas mal de noms sont connus des amateurs. Et puis, un nom fusa, pour ne pas dire il cingla ! Domaine Singla ! Avoir une découverte à notre tableau de chasse, cela paraissait indispensable ! Et puis, nous étions basés à Rivesaltes, ce qui était plutôt intéressant du point de vue logistique. Singla, je connaissais un peu pour avoir consulté le Blog du Domaine à quelques reprises. Un vigneron blogueur, cela faisait un deuxième argument en sa faveur, confraternité oblige ! Encore plus fort, François, éminent membre du GJP*, et garçon généreux, avec le cœur sur la main, quand ce n’est pas le contraire, ne manque jamais de nous replacer ses origines catalanes ! Et, lorsque son arrière grand-père, émigré dans le Doubs au début du siècle dernier, a ouvert une échoppe de vins à Besançon, il importait déjà des vins du domaine Singla. Le magasin fut repris et tenu par le fils, grand-père de François, jusque dans les années 50, avant de fermer ses portes. Il s’agissait donc d’une véritable affaire de famille, et pour rien au monde nous n’aurions voulu manquer cela ! La revanche de l’arrière petit-fils, en quête de ses origines !

    Reçus en fin de matinée dans la cave de Rivesaltes par Laurent de Besombes-Singla, en bonne forme quand même (le vigneron avait un mariage la veille), nous avons découvert un jeune homme humble et passionnant, que rien ne prédestinait à reprendre les rênes du domaine familial. Au contraire, on a tout fait pour l’en empêcher, l’expédiant à la Capitale faire des études de droit. Il faut dire que, étant enfant, Laurent a vécu les heures noires de la viticulture en Roussillon, quand le (mauvais) vin n’était qu’un produit de vile consommation et que vigneron était quasiment synonyme de profession honteuse. Dur de révéler le métier de son père à l’école, lorsqu’on était questionné sur le sujet. Mieux valait aussi se faire déposer à 500 mètres de l’entrée, pour être sûr qu’on ne voie pas la camionnette ou le tracteur de l’exploitation. Aussi, quand l’envie le prit de tout plaquer et de revenir sur le domaine, cela ne fut pas vu d’un très bon œil. Mais Laurent a vite compris que pour sortir de l’ornière, il fallait jouer la carte d’une viticulture sincère et exigeante (une grande partie du domaine est en biodynamie), même en pratiquant des prix plutôt (très) raisonnables, afin que son vin reste un produit de consommation courante. Laurent se considère plutôt comme un « bio militant ». Une activité dont il est convaincu du bien-fondé, même si elle n’est pas totalement rentable sur le domaine à l’heure actuelle. Du coup, il ne produit que ce qu’il est capable de vendre. Le reste, c’est pour la coopérative, des raisins qui ne sont donc pas rétribués à leur juste prix, vu leur coût de production. Mais c’est quand même la revanche du fils, en quelque sorte !
    Laurent pratique une vinification parcellaire par conviction, ce qui explique le nombre important de cuvées produites sur le domaine. Peut-être trop (?), mais pour l’instant, « elles sont là » et il faut bien être cohérent dans ses choix. Une découverte réellement sympathique et des vins d’un rapport Q/P exemplaire.

    -    Alby 2005 : grenache et syrah. Un vin herbacé et végétal, qui ne convainc pas vraiment le vigneron, il l'avoue, mais pour autant, "il est là!". Pas convaincu non plus, mais il s'agit d'une entrée de gamme à tout petit prix.

    -    La Pinède 2004 : grenache et carignan. Au nez, fruité un peu sauvage. Jolie bouche aux tanins soyeux.

    -    La Pinède 2005 : grenache, carignan et syrah (de l’ordre de 30%).  Fruits noirs et épices. Un vin rond, soyeux, long, frais et fin.

    -    Passe-temps 2003 : 100% grenache, en vin de table. Nez sur la groseille, très frais. De la matière, mais beaucoup de fraîcheur, avec des tanins un peu fermes en finale.

    -    Passe-Temps 2004 : le même dans un millésime plus frais. Nez un peu lactique, fruité. Bouche plutôt harmonieuse et patinée. Beaucoup de fraîcheur.

    -    El Moli 2004 : 100% syrah. Robe noire, nez épicé, bouche soyeuse. Beau vin.

    -    La Cryniane 2004 : 70% carignan, 30% grenache noir. Un peu sauvage, velouté en bouche, une jolie expression du carignan, bien complétée par le grenache.

    -    Castell Vell 2004 : 100% syrah. Fruité velouté, tanins denses, soyeux, accrocheurs en finale. Une belle bouteille.

    -    Mas Passe-temps, Rivesaltes ambré hors d’âge : grenache, maccabeu. Robe acajou, fruits secs, rancio, rond et équilibré. 7,5€ prix domaine, une véritable aubaine. Mais il paraît que plus personne n’en veut, de ces excellents vins rancio de Rivesaltes ! Nous si!

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    Olif

    *GJP: secte d'adorateurs de Bacchus basée sur les hauts plateaux du Doubs, mais n'hésitant pas plus que cela à en descendre pour arpenter le vignoble

  • Road-blogging en Roussillon (3): Le Clos des Fées

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    Une rencontre avec Hervé Bizeul est un moment qui ne se refuse pas. Arrivant tout droit de Maury, nous avons pris le chemin des écoliers pour arriver à Vingrau, le temps d’une brève escale au Château de Quéribus et d’un bref salut au curé de Cucugnan.  Malgré la faible moyenne horaire, c’est à l’heure prévue que nous sonnons à la porte du Clos des Fées. Cinq verres en main, Hervé descend nous ouvrir et nous gagnons directement la cave, ou plus exactement l’ancien garage, là où l’histoire des fées a commencé. On débute d’emblée par la dégustation, mais en prenant le temps. De goûter, de parler, puis de charger quelques cartons.
    Revendiquant son appartenance au groupe des « classiques », Hervé Bizeul, « l’artisan vigneron », comme il aime à se définir, cherche à faire des vins sudistes au caractère bien trempé, ne reniant pas leurs origines : puissance, concentration et chaleur, ce qui n’exclut pas obligatoirement la finesse. En pratiquant une viticulture « raisonnée extrême », selon ses propres termes, c’est-à-dire parfois plus bio que bio, mais sans s’interdire formellement l’utilisation de certains produits lorsque c’est inévitable, donc pas 100% bio. Pas certifié, en tout cas! Un choix extrêmement raisonné et parfaitement assumé.

    -    Les Sorcières 2006 : grenache, carignan et syrah. La cuvée d’entrée de gamme, qui vient tout juste d’être mise en bouteilles. Le fruit est séduisant, la bouche croquante. Un vin franc et direct, qui joue pleinement son rôle.

    -    Vieilles vignes 2005 : derrière le fruit, de la fraîcheur grâce à quelques petites notes mentholées. Les tanins sont soyeux, la structure est dense et serrée, a besoin d’un peu de temps pour se fondre.

    -    Le Clos des Fées 2005 : grenache, carignan, syrah et mourvèdre. Le boisé est perceptible au nez, fin et élégant. La bouche est un régal, une petite gelée de fruits noirs, aux tanins soyeux et au grain très fin. Grande profondeur.

    -    La Petite Sibérie 2005 : une cuvée issue d’une parcelle de 1 ha 16 de vieilles vignes de grenache noir dont l’objectif avoué est d’être un Grand Vin du Roussillon. Un Grand Vin tout court. Et puis de faire parler, aussi ! Du vin, de la région, d’Hervé Bizeul, des fées qui se sont penchées sur son berceau, du Clos des Fées, de Vingrau… Mission accomplie ! Rarement un vin du Roussillon n’aura fait couler autant d’encre, ni user autant de salive. Il y a ceux qui adorent sincèrement, ceux qui n’y sont pas sensibles, ceux qui ne comprennent pas, ceux qui ne voient que le prix, ceux qui achètent par pur snobisme sans même y avoir goûté, ceux qui font le sacrifice financier d’en acheter une bouteille, ceux qui ne font pas vraiment le sacrifice mais qui en achètent une quand même, ceux qui veulent bien y goûter mais surtout ne pas en acheter, ceux qui n’attendent que de la goûter pour pouvoir en dire du mal, ceux qui en disent du mal sans l’avoir goûtée. Et puis tous les autres, probablement pas si nombreux que cela dans le microcosme du vin, qui n’en ont jamais entendu parler. Objectivement, ce vin, je le trouve superbe ! Une structure imposante, dense et serrée, mais surtout pas massive, qui s’installe progressivement en bouche, tranquillement et pour longtemps. Un vin plus complet que le Clos des Fées, peut-être pas 4 fois plus, mais on a dit qu’on ne parlait pas d’argent ! L’idée de produire un Grand Vin dans le Roussillon a bien du mal à s’imposer –et nous avons pu le vérifier ailleurs-, tant la région peine à se débarrasser de son image calamiteuse des décennies précédentes, lorsque productivité et rendements pléthoriques étaient les deux mêmes mamelles de la viticulture roussillonnaise.

    Après la dégustation, petit tour de vignes, pour découvrir l’exceptionnel cirque de Vingrau et le travail colossal effectué pour rendre sa biodiversité à l’environnement : planter de la vigne, des oliviers, monter des murets, restaurer des haies d’arbustes, favoriser le retour des oiseaux, rendre son harmonie à un lieu. Une démarche totalement cohérente, qui ne peut que forcer le respect, parce qu ‘elle ne s’est pas faite d’un seul coup de baguette magique !

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    Olif

  • Road-blogging en Roussillon (2): La Préceptorie de Centernach

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    Lorsqu’il a fallu dénicher Saint-Arnac sur une carte du Roussillon, ce ne fut pas une mince affaire. Et lorsqu’il a fallu y aller, également. Remonter la vallée de l’Agly jusqu’à Maury, puis bifurquer sur le flanc sud de la vallée et grimper dans la montagne. Voir disparaître les vignes du paysage et commencer à se poser des questions. Encore un coup de ce fichu TomTom ! Et puis, subitement, au détour d’un virage, Saint-Arnac ! Quel coup fourré du siècle a-t-il pu commettre, cet Arnac, pour se faire canoniser ainsi ? Et comment cette mystérieuse Préceptorie, propriété à caractère multifamilial, a-t-elle pu atterrir ici ? Autant d’éléments fondamentalement inutiles qui trouveront leur réponse dans la passionnante rencontre qui va suivre.

    Première étape vinique de la pérégrination du GJP* en Roussillon, la Préceptorie nous était connue pour son superbe Maury Cuvée Aurélie Pereira de Abreu et ses liens privilégiés avec le domaine de la Rectorie, à Banyuls. Il nous fallait en savoir plus. D’où notre présence à Saint-Arnac. Pour rencontrer en vrai l’Aurélie qui donne son nom à la cuvée ! Pas de façon préméditée, mais nous avons la chance d’être accueillie par elle-même en personne. Après une rapide visite des installations, nous nous retrouvons sans plus tarder au fond d’une cuve. En tout bien tout honneur, puisque certaines des cuves ciment de cette ancienne coopérative ont été aménagées en cave de vieillissement et en coin dégustation. Pour le moins original ! C’est la découverte de ces locaux appropriés et abandonnés qui a conduit à l’installation de la Préceptorie à Saint-Arnac. De Saint-Arnac à Maury, il n’y a que quelques kilomètres et de Saint-Arnac à Centernach, il n’y a qu’un léger défaut de prononciation et un retour aux véritables origines du nom du village. Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Tout s’explique, il n’y a donc aucune arnaque qui tienne ! Mais par contre de très beaux vins, qui méritent le détour:

    - Coume Marie blanc 2006 : assemblage de maccabeu et grenache gris, ce vin possède une jolie tension en bouche, avec du fruit, de la fraîcheur et de la minéralité.

    - Paoh 2006 : une cuvée de grenache gris pur, sur un terroir d’altitude, encore plus frais. Un vin actuellement sur la réserve, avec néanmoins une belle densité et une grande sensation de minéralité. Prometteur !

    - Zoé 2005 : grenache noir et carignan, pour un vin fruité et charnu, simple et direct.

    - Coume Marie 2005 : grenache complété par un peu de syrah. Du volume en bouche, des tanins enveloppants, soyeux, arrondis et fondus.

    - Paoh 2002 : plus évolué, sur la cerise et le cacao, il s’apprivoise petit à petit, malgré une acidité bien présente et des tanins un peu durs en finale.

    - Maury cuvée Aurélie Pereira de Abreu 2005 : 95% de grenache. Rond, long, bien équilibré, l’alcool ne domine pas trop et la bouche garde une belle sensation de fraîcheur.

    - Maury Le vin doux rêveur : assemblage de 3 millésimes pour un rancio plutôt réussi, à la robe tuilée, au nez de tabac blond et à la bouche moelleuse, d’une grande douceur. Jolie finale sur le noyau de cerise.

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    Olif

    *GJP: secte d'adorateurs de Bacchus basée sur les hauts plateaux du Doubs, mais n'hésitant pas plus que cela à en descendre pour arpenter le vignoble 

  • Road-blogging en Roussillon (1): vignerons paysagistes en Languedoc-Roussillon

    Trois vignerons en Languedoc-Roussillon, trois approches différentes du vin qui se traduisent par des expressions différentes dans le verre, mais trois démarches superposables sur le terrain : le métier de vigneron nécessite un  véritable savoir-faire de paysagiste ! Rendre sa biodiversité au terroir, une condition indispensable au développement harmonieux de la vigne !

    Hervé Bizeul, le Maître Loyal du fantastique cirque de Vingrau, pratiquant du "raisonné extrême", plante des oliviers, façonne des murets, favorise le retour des oiseaux pour une sonorisation naturelle du paysage, qui avait tendance à disparaître.

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    Démarche superposable au Clot de l’Oum, chez Eric Monné, apôtre du bio, qui veut redonner vie et cohérence à cette « vallée de l’orme » qui s’ouvre sur un paysage fantastique. La vigne y côtoie également l’olivier, les pierres extraites du sol ont donné naissance à des murets mais aussi à des petits casots (des cabanes qui peuvent servir de remise, de cave improvisée, voire de mini résidence secondaire), les habitations (la cave et la future maison) se fondent dans l’environnement de manière plutôt harmonieuse.

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    Et que dire de Lisson, où Iris Rutz-Rudel, aux conceptions très "nature", a entrepris une tâche colossale : faire revivre cette colline sauvage que la nature a repris à l’homme le siècle précédent. Énorme travail de défrichage, de plantation, en réutilisant les terrasses existantes, afin de voir réapparaître la vigne à un endroit qu’elle aurait pu ne pas quitter.

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    Coïncidence et dernier petit clin d’œil, ces trois vignerons, aux conceptions du vin parfois radicalement différentes sont blogueurs. Et les trois se côtoient aussi dans ma cave ! Personne n'est parfait!

    Olif