Optimisme opportun chez Stéphane Tissot
A la veille des vendanges, l'optimisme est de mise chez Stéphane Tissot, malgré les aléas climatiques de ce millésime 2007. La morosité du début de semaine dernière a laissé la place à un grand sourire ensoleillé qui devrait permettre de redresser une situation qui aurait pu être compromise. Bien sûr, un peu de mildiou par ci par là, mais ne touchant que les feuilles du haut, que Stéphane se garde bien de rogner pour que la grappe ne profite pas trop. Rien de bien méchant, d'après lui, et je veux bien le croire tellement les raisins des Bruyères sont beaux. Un tri sera évidemment nécessaire, mais la qualité sera au rendez-vous si le beau temps se maintient comme prévu. Démarrage à la fin de la semaine en cours!
Le vin n'est pas encore tiré qu'il faut déjà le boire, on se contentera alors des blancs 2005 en bouteilles et de quelques rouges 2006 au fût.
- Arbois Chardonnay 2005: fin, minéral, légèrement grillé et fumé, avec une fraîcheur revigorante, voilà une entrée de gamme qui frise la perfection, un excellent rapport Q/P.
- Arbois Les Bruyères 2005: les argiles noires des Bruyères ont donné en 2005 un vin très pur, cristallin, d'une grande droiture.
- Arbois La Mailloche 2005: plus Mailloche que jamais, son caractère fumé, ample, avec du gras et de l'onctuosité, se développe magnifiquement en bouche pour ce qui devrait être un futur must. L'une des plus grandes Mailloche jamais produite par Stéphane.
- Arbois Les Graviers 2005: produit sur sol calcaire, c'est la plus bourguignonne des cuvées parcellaires de Stéphane, dans l'esprit tout du moins. La bouche est d'une acidité remarquable, paradoxalement moins élevée que sur les autres cuvées si l'on prend la peine de la mesurer objectivement, à l'origine d'une grande droiture et de beaucoup de longueur. Un vin élégant et fin!
- Côtes du Jura Chardonnay En Barberon 2005: les argiles du Lias procurent à ce vin un équilibre magique, subtil, précis, frisant la perfection. La longueur est phénoménale. Un En Barberon d'anthologie!
- Arbois La Tour de Curon-Le Clos 2005: nez sur l'orange confite, légèrement terpénique à la manière des grands rieslings. En bouche, une grande acidité directrice et de la droiture, pour un vin parfaitement sec malgré sa richesse. L'échantillon, tiré du fût, possède encore une toute petite pointe de gaz qui accentue la tension et l'acidité. Superbe vin, probablement supérieur au magnifique 2004 regoûté précédemment sur un homard concocté par Pierre-Ivan Boos, chef de L'Alchimie pontissalienne. Avec un homard jurassien, il fallait bien un Batard du Jura!
Pas de notes précises sur les rouges 2006 au fût, encore au stade d'ébauches, mais beaucoup de fruit et de gourmandise, notamment sur les poulsards, qui, il faut le rappeler, sont tous vinifiés sans soufre au domaine depuis 2004. Par le fait, ils sont susceptibles de nuire gravement à l'intelligence, mais ils sont sacrément bons quand même! Des trousseaux également prometteurs, un Pinot noir En Barberon une nouvelle fois très réussi, goûté en 3 versions (égrappé, raisin entier non soufré et assemblage des deux), comme à l'accoutumée, et un Arbois Pinot noir collector particulièrement réjouissant.
Retour en cave pour apprécier le Traminer 2006, particulièrement croquant et gourmand, aux arômes muscatés et pour finir, un Opportun 2006, petit bijou opportuniste enfin en bouteille. Ce Trousseau botrytisé et passerillé récolté en début de vendanges, j'en ai suivi la gestation à plusieurs reprises. Il est enfin prêt et il est à tomber à la renverse! Une robe légèrement rose-orangée, très claire, et une acidité tranchante en bouche, équilibrée par de jolies notes confites et rôties. Un genre d'OVNI sans équivalent au monde, à encaver pour les générations futures, même s'il sera dur de leur en laisser un peu!
Olif
Commentaires
Quel hasard mirobolant. Je cause justement de la Cuvée Singulière du même bohomme aujourd'hui. Cuvée dont vous ne parlez guère. Etait-ce un one shot en 2005?
Que nenni, mon cher Estèbe, que nenni! Cette cuvée, réalisée pour la première fois en 2004, portait bien son nom, car elle arborait une robe de souillon qui n'a pas du plaire à qui vous savez, mais se laissait déjà boire avec gourmandise et délectation. Le 2005 a subi un très léger toilettage pour être plus présentable, mais l'esprit reste le même. Les vins goûtés au fût n'ont pas encore été assemblés ni les cuvées sélectionnées. Il y aura certainement différentes cuvées de trousseau, mais elles ne sont pas encore baptisées!
Merci cher envoyé spécial pour tous ces détails.
slt, une bonne table pour ceux qui font un detour par château chalon ; style faire un detour de voiteur et du célebre F. Mossu, rendre visite au non moins celebre D. Geneletti , bref j'accouche : La Maîson d'Eusébia (rue saint-jean)
Tout à fait, Toon! Je n'ai pas encore testé, mais on m'en a dit le plus grand bien!
Bon je compte passer le réveillon dans le Jura, mais il faudra quand même que je passe chez Stéphane avant. Tiens la dernière fois qu'on a causé dans le port, il comptait démarrer sa fabrication de bière, il t'en a parlé?
@+
laurent
Tout à fait, Laurent! Vaguement, car ce passage fut plus qu'éclair! Par contre, on n'en a pas goûté!