Risotto de homard Thermidor
Cela pourrait ressembler à une histoire de Toto! C'est Riso Toto qui va chez la poissonnière. Dans le bocal, s'agitent deux bêtes à pinces et au sang bleu, Romarbespierre et Fredanton, vaguement cousins avec deux de mes potes, Homard et Fred, qui ont laissé un souvenir impérissable dans ma cuisine et leur armure au porte-manteau de l'entrée. Nos deux zygototos faisaient régner la Terreur dans le vivier, guillotinant un tourteau par ci, convoquant un tribunal révolutionnaire par là. Rien de bien méchant, mais ils avaient décidé de faire cause Commune. La suite appartient à l'Histoire...
Le 8 Thermidor, nos deux compères sont montrés du doigt chez la poissonnière. Ils n'en mènent pas large.
Le 9 Thermidor, ils sont embastillés au frais, les yeux bandés, dans l'attente de leur jugement dernier.
Le 10 Thermidor, le couperet se rapproche dangereusement de leurs antennes, ce qui fera dire à Fredanton ces mots historiques: "De l'eau de merace, encore de l'eau de merace, toujours de l'eau de merace!". Du coup, il a fini au court-bouillon, tout comme Romarbespierre. Ebouillantés, décapités, débités, tronçonnés, émasculés, décarapaçonnés (non, je n'ai rien entendu!?), roués en place publique, les pinces brisées à coup de marteau, ils furent jetés dans la fosse commune d'un plat à gratin, béchamelisés au fumet de poisson, et finirent sous le gril du four, parsemés de parmesan râpé. La petite Olif's touch, dont je ne suis pas peu fier, je dois le reconnaître, le coup du parmesan râpé!
Le Homard Thermidor était né, renaissant des cendres de Romarbespierre et Fredanton, immortalisé au XIXème siècle dans une pièce ringarde de Sardou (Victorien, pas Michel, mais ça aurait pu!), puis baptisé et popularisé par Monsieur Maire, avisé cuisinier du Xème arrondissement.
Et c'est là que Toto fait sa réapparition et qu'il se rend chez l'épicier: "Bonjour Monsieur l'épicier, vous avez du riz Arborio pour Riso Toto?"
La deuxième grande idée, inspirée d'une recette hilarante de Francis Dernouchamps du Cellier Saint-Roch, c'est d'utiliser le court-bouillon de cuisson du homard, avec plein de petits légumes dedans (en théorie, car moi, je n'y ai mis qu'une carotte et un oignon!), pour mouiller le risotto. Simplissime, mais il fallait y penser! Un risotto un peu salé, pour le coup, gare au bouillon, mais délicieusement et délicatement parfumé au homard, à servir en même temps que le Thermidor. Il ne restait plus qu'à trouver quelque chose à boire!
Si le homaaarrrd appelle généralement le Bâtaaarrrd, le Homard Thermidooorrr appelle encore plus fooorrrt! Et plus loooong, évidemment, puisqu'il s'agissait de faire sa fête à un Château Chaloooon, un 1979 de la Vigne aux Dames de Marius Perroooon. Un grand clavelin pour un grand gratin!
Vive la Révolution!
Olif
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Commentaires
Même pas besoin du podcast, j'ai écouté attentivement hier malgré les 5 minutes de retard.
A côté de chez moi, il y a un bistrot qui avait organisé hier une soirée beaujolais nouveau: Grosse Katastroph! Ils étaient d'un triste.
Et maintenant la réputation du beujolais nouveau retentit sur le reste de la production.
C'est bien dommage que le marketting ait abimé à ce point une appellation qui, comme toutes les autres en France, cache de vrais trésors.
bin dit donc on cuisine maintenant par ici ! m'efiez vous cher ami, le vin ça restait suportable, mais si y d'la bouffe aussi on va finir par débarquer (en plus ze vous rapelle que je connais l'adresse oh oh oh !)
Ta recette me rappelle la vieille affaire Ghislaine Marchal et son "Omar m'a tuer". Désolé...
Si Olif se met à faire dans la recette romanesque de haut vol, ya plus qu'à mettre la clef sous la porte slurp. Cette mondialisation nous fait bien souffrir, nous autres petits artisans suisses.