Réduction de cassoulet en société
"Une boite de cassoulet, c'est une société en réduction. Les gens importants c'est les saucisses, le bout de lard. Et puis il y a les haricots. Quand il manque un haricot dans la boite, personne ne la rapporte à l'épicier... "
Non, ce n'est pas une réplique de Forrest Gump, perdu! Il faut plutôt chercher du côté de Reiser, dessinateur engagé, pilier de Hara-Kiri, et dont le trait féroce fait mouche à tous les coups. Reiser, le père du Gros Dégueulasse, l'homme au slip kangourou jaune devant et à la couille gauche pendante, champion du mauvais goût mais criant de vérité crue, serait en passe d'être le grand oublié du 21ème siècle? Heureusement que Monsieur Slurp et Gracianne sont là pour nous rappeler indirectement son existence en proposant à la blogomiam de cassouler tout son saoûl et à la bloglouglou de boire un coup à sa santé.
Philosopher sur le divan de William Saurin n'est pas à la portée du premier Gros Dégueulasse venu. Un cassoulet, donc, c'est un véritable microcosme, reflet de notre société et de notre mode de vie: il y a les gens importants, les saucisses, le confit, la longe de porc, le bout de lard, et toute la garniture que les blogomiameu(r)(se)s voudront bien y mettre! Et puis il y a les haricots. Indispensables, les haricots, dans un cass'. En masse même, il en faut! Les fayots, ce sont les obscurs et les sans-grades de la vie! Le Gros Dégueulasse, et puis nous, quoi! Entassés, agglutinés les uns aux autres comme des Parisiens dans le Métro un jour de grève, baignant dans la graisse d'oie ou la sauce à la tomate, comme des Parisiens dans ... non, quand même pas! Il faut reconnaître qu'il y a là de quoi s'entailler les veines! C'est ce qu'il a fait, d'ailleurs, le Gros Dégueulasse, avec le couvercle de la conserve de cassoulet, clôturant ainsi tragiquement un album pourtant résolument optimisme et confiant dans la bestialité de la nature humaine. Un geste désespéré, désespérément humain! J'en ai la roubignole gauche qui me remonte jusqu'en dans la gorge quand j'y repense! Dangereux, le cassoulet, méfiance! Bon, c'est pas tout ça, mais qu'est-ce qu'on boit avec William?
On va faire dans le local de là-bas, rien de révolutionnaire donc! "Avec oune cassoulette, bouvons de la négrette!" affirmait Misou-Misou, le célèbre pétomane toulousain. Comme il avait mille fois raison, le bougre! Faisons donc péter le bouchon d'un guilleret Fronton Cuvée Thibaut de Plaisance 1999, du Château Plaisance, au nez très frais et acidulé, épicé, qui évoque un peu la syrah par sa belle structure en bouche (il y en a 40% dans l'assemblage). Beaucoup de jeunesse, le boisé s'est fondu harmonieusement et le vin développe de jolies notes fumées en finale. Voilà une bouteille qui affronte gaillardement le temps, un vin et un nom de domaine à graver sur le fronton de la cave.
Ce sera tout, Estèbe, je vous rends l'antenne. A vous les studios, à vous Cognac-G'nève!
Olif
Commentaires
Quelle bonne idée le Château Plaisance pour arroser le tarbais! En revanche et pour une fois, on ne vibre pas au diapason avec Reiser. Dans un vrai cassoulet, le haricot est roi, les viandes ne faisant que de la figuration. C'est lui l'alpha, le diamant brut, le coeur vibrant. D'ailleurs, les recettes de cassoulets varient follement (mouton, porc, canard...., seul le haricot demeure.
Une bien curieuse et ma foi plaisante analyse du cassoulet !
Faisons fi de la monarchie, votre Majestèbe! Et vive la démocratie des haricots! Un commencement plus qu'une fin, je l'espère! Ah! ça ira, ça ira, ça ira...
C'est la révolution dans ton cassoul' !! Allez zou, un bon verre du maître Olif pour oublier la zone des haricots dans le métro !!
Personne n'oublie Reiser, rassure toi.
En revanche, je suis assez d'accord avec Estebe, dans le cassoulet, c'est le haricot qui est roi, le tarbais est un haricot noble.
Me voilà réconcilié avec le cassoulet...peut-être pas cette marque...mais une autre, plus artisanale...
Un bon p'tit verre de Fronton...et on y va...
Il y a pleines de "délices" en canette aux États-Unis mais je n'ai jamais vu de cassoulet. Si un beau jour, le William Saurin arrive chez nous, je saurai quoi boire ;-)