Grrenouilles, grrrives et Grrrrands crus bourrrguignons! Tel était le programme de cette ultime confrontation 2007 entre carabins et épiciers à l'Auberge des Montagnards de Chaon, chez Walter.
Table de fête, menu de fête, vins de fête! Chacun a amené une bouteille de sa cave personnelle pour accompagner le menu aux petits oignons composé par Walterrr, le rrroi des Montagnarrrds. De jolies bouteilles, plutôt prestigieuses, dans un millésime que l'on s'attend tous à trouver épanoui. Et le patron s'est attablé avec nous, pour une soirée privée de gala qui nous a vu rouler les "r" comme de vrais bourrrguignons. Grrr...!
Avec quelques grr...essins:
- Meurrrsault En Lurrraule 2000, Rrrémi Jobard: pour se faire la bouche, un vin de l'ami Rémi, au nez plutôt ouvert, peut-être un peu réduit, et à la jolie bouche minérale.
Avec une poêlée de grr...enouilles d'automnes, les meilleures, d'après les spécialistes:
- Corrrton blanc 2000, Domaine Maillarrrd: nez fin, légèrement grillé, élégant, belle structure en bouche, de la longueur, au poil!
- Corrrton-Charrrlemagne 1991, Domaine Tollot-Beaut: premier nez "violent", bouche artificielle, avec un petit côté bonbon anglais, acidité présente, mais désintégrée. Un CC cosmique, pulvérisé dans l'espace-temps, qu'il aurait fallu ouvrir sur des batraciens du XXème siècle.
Avec des petits ventres et des cuicuisses de grr...ives, à défaut de merles, mais pour le coup, personne ne s'est plaint! Des grrr...ives amoureusement chassées par Nicolas, le petit frère de Walter et dépiautées par toute la famille pour notre plus grand ravissement. Pauvres bêtes!
Les vins sont, comme à l'accoutumée, servis à l'aveugle et par paires:
- Clos des Lambrrrays 2000: pile poil à point, rond, fondu, harmonieux, à la trame très fine et à la grande longueur toute en finesse. Premier rouge goûté, premier rouge bu!
- Corrrton Rrrenarrrdes 2000, Antonin Rrrodet: puissant, austère, carré, avec un soupçon de minéralité mais de la rusticité dans les tanins. Un costaud au potentiel à peine entamé. A ce stade, on lui préfère évidemment la grâce des Lambrays!
- Corrrton Brrressandes 2000, Chandon de Brrriailles: un nez frais et acidulé, avec une petite touche végétale, banane séchée. Un grain fin, avec une tension acidulée, mais une légère raideur en bouche. On aimerait qu'il se lâche un peu plus, mais c'est très bon!
- Bonnes-Marrres 2000, Domaine Dujac: il en a encore beaucoup sous la semelle, ce vin encore fruité, qui pinote allègrement (framboise, petite note terreuse). Plutôt puissant, sans aspérité, il mérite d'être un peu attendu.
Avec une tranche de filet de boeuf de la boucherie Grr...esard, à Malbuisson. Un boeuf de 36 mois, amoureusement sélectionné par Pierre Gresard, présent dans l'assemblée. Né à Petit-Villard (39), d'un père charolais et d'une mère croisée charolais-montbéliarde. Evidemment, je parle du boeuf et pas du boucher! Un CV qui arrache une larme avant d'enfourner le premier coup de fourchette! Une larme de remords qui se transforme vite fait en torrent de bonheur, tellement la viande est goûtue et fondante dans la bouche!
Tandis que les plus sensibles d'entre nous se mouchent dans leur
serviette, les Grands crus continuent de défiler dans les verres:
- Charrrmes-Chamberrrtin 2000, Vincent Geantet-Pansiot: le premier nez révèle une petite note de pomme blette, trahissant une légère oxydation. La matière est pourtant dense et serrée.
- Latrrricièrrres-Chamberrrtin 2000, Jean-Louis Trrrapet: la robe est soutenue, mais le nez est d'une jolie fraîcheur fruitée, sur la groseille. Plutôt puissant, il affiche une jeunesse insolente et revigorante.
- Echezeaux 2000, Rrrobert Arnoux: un grain très fin, soyeux, une petite note fumée et une belle rémanence en bouche. Un séducteur tout en finesse.
- Clos de Vougeot 2002, Alain Hudelot-Noellat: un intrus, en quelque sorte, puisque du millésime 2002, mais un vin volumineux, à la tension soutenue, peut-être à peine alcooleux en finale. Large d'épaules, il lui manque du coup peut-être un soupçon d'élégance, mais c'est un 2002 qu'il faut savoir attendre patiemment en cave.
- Chapelle-Chamberrrtin 2000, Jean-Louis Trrrapet: il paraît qu'il faut toujours terminer une dégustation par une Chapelle, va savoir pourquoi! C'est Walter qui le dit, et comme c'est lui qui a déterminé l'ordre de passage...! Apparemment, il ne s'est pas trompé, parce que le vin se livre dense et serré, compact. Un joli grain de vin, très prometteur.
- Corrrton-Brrressandes 2000, Tollot-Beaut: la bouteille de secours, au cas l'une des précédentes se serait avérée bouchonnée. Point de goûts de liège, mais on a quand même décidé de lui faire sa fête! Encore un beau vin, que l'on peut attendre, puissant, serré, dense, aux jolis tanins très fins. Petite note réglissée, type Zan.
Avec le dessert, des prrrofiterrroles, finalement, on n'a rien bu à part un café.
Ah! si, j'oubliais! Juste un ou deux magnums de Champagne, histoire de. Et tout le monde s'est quitté en chantant:
"Halte
là, halte là, halte là, les montagnarrrds, les montagnarrrds!
Halte
là, halte là, halte là, les montagnarrrds sont là!"
Olif