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  • Road-blogging en Roussillon (3): Le Clos des Fées

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    Une rencontre avec Hervé Bizeul est un moment qui ne se refuse pas. Arrivant tout droit de Maury, nous avons pris le chemin des écoliers pour arriver à Vingrau, le temps d’une brève escale au Château de Quéribus et d’un bref salut au curé de Cucugnan.  Malgré la faible moyenne horaire, c’est à l’heure prévue que nous sonnons à la porte du Clos des Fées. Cinq verres en main, Hervé descend nous ouvrir et nous gagnons directement la cave, ou plus exactement l’ancien garage, là où l’histoire des fées a commencé. On débute d’emblée par la dégustation, mais en prenant le temps. De goûter, de parler, puis de charger quelques cartons.
    Revendiquant son appartenance au groupe des « classiques », Hervé Bizeul, « l’artisan vigneron », comme il aime à se définir, cherche à faire des vins sudistes au caractère bien trempé, ne reniant pas leurs origines : puissance, concentration et chaleur, ce qui n’exclut pas obligatoirement la finesse. En pratiquant une viticulture « raisonnée extrême », selon ses propres termes, c’est-à-dire parfois plus bio que bio, mais sans s’interdire formellement l’utilisation de certains produits lorsque c’est inévitable, donc pas 100% bio. Pas certifié, en tout cas! Un choix extrêmement raisonné et parfaitement assumé.

    -    Les Sorcières 2006 : grenache, carignan et syrah. La cuvée d’entrée de gamme, qui vient tout juste d’être mise en bouteilles. Le fruit est séduisant, la bouche croquante. Un vin franc et direct, qui joue pleinement son rôle.

    -    Vieilles vignes 2005 : derrière le fruit, de la fraîcheur grâce à quelques petites notes mentholées. Les tanins sont soyeux, la structure est dense et serrée, a besoin d’un peu de temps pour se fondre.

    -    Le Clos des Fées 2005 : grenache, carignan, syrah et mourvèdre. Le boisé est perceptible au nez, fin et élégant. La bouche est un régal, une petite gelée de fruits noirs, aux tanins soyeux et au grain très fin. Grande profondeur.

    -    La Petite Sibérie 2005 : une cuvée issue d’une parcelle de 1 ha 16 de vieilles vignes de grenache noir dont l’objectif avoué est d’être un Grand Vin du Roussillon. Un Grand Vin tout court. Et puis de faire parler, aussi ! Du vin, de la région, d’Hervé Bizeul, des fées qui se sont penchées sur son berceau, du Clos des Fées, de Vingrau… Mission accomplie ! Rarement un vin du Roussillon n’aura fait couler autant d’encre, ni user autant de salive. Il y a ceux qui adorent sincèrement, ceux qui n’y sont pas sensibles, ceux qui ne comprennent pas, ceux qui ne voient que le prix, ceux qui achètent par pur snobisme sans même y avoir goûté, ceux qui font le sacrifice financier d’en acheter une bouteille, ceux qui ne font pas vraiment le sacrifice mais qui en achètent une quand même, ceux qui veulent bien y goûter mais surtout ne pas en acheter, ceux qui n’attendent que de la goûter pour pouvoir en dire du mal, ceux qui en disent du mal sans l’avoir goûtée. Et puis tous les autres, probablement pas si nombreux que cela dans le microcosme du vin, qui n’en ont jamais entendu parler. Objectivement, ce vin, je le trouve superbe ! Une structure imposante, dense et serrée, mais surtout pas massive, qui s’installe progressivement en bouche, tranquillement et pour longtemps. Un vin plus complet que le Clos des Fées, peut-être pas 4 fois plus, mais on a dit qu’on ne parlait pas d’argent ! L’idée de produire un Grand Vin dans le Roussillon a bien du mal à s’imposer –et nous avons pu le vérifier ailleurs-, tant la région peine à se débarrasser de son image calamiteuse des décennies précédentes, lorsque productivité et rendements pléthoriques étaient les deux mêmes mamelles de la viticulture roussillonnaise.

    Après la dégustation, petit tour de vignes, pour découvrir l’exceptionnel cirque de Vingrau et le travail colossal effectué pour rendre sa biodiversité à l’environnement : planter de la vigne, des oliviers, monter des murets, restaurer des haies d’arbustes, favoriser le retour des oiseaux, rendre son harmonie à un lieu. Une démarche totalement cohérente, qui ne peut que forcer le respect, parce qu ‘elle ne s’est pas faite d’un seul coup de baguette magique !

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    Olif

  • Road-blogging en Roussillon (2): La Préceptorie de Centernach

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    Lorsqu’il a fallu dénicher Saint-Arnac sur une carte du Roussillon, ce ne fut pas une mince affaire. Et lorsqu’il a fallu y aller, également. Remonter la vallée de l’Agly jusqu’à Maury, puis bifurquer sur le flanc sud de la vallée et grimper dans la montagne. Voir disparaître les vignes du paysage et commencer à se poser des questions. Encore un coup de ce fichu TomTom ! Et puis, subitement, au détour d’un virage, Saint-Arnac ! Quel coup fourré du siècle a-t-il pu commettre, cet Arnac, pour se faire canoniser ainsi ? Et comment cette mystérieuse Préceptorie, propriété à caractère multifamilial, a-t-elle pu atterrir ici ? Autant d’éléments fondamentalement inutiles qui trouveront leur réponse dans la passionnante rencontre qui va suivre.

    Première étape vinique de la pérégrination du GJP* en Roussillon, la Préceptorie nous était connue pour son superbe Maury Cuvée Aurélie Pereira de Abreu et ses liens privilégiés avec le domaine de la Rectorie, à Banyuls. Il nous fallait en savoir plus. D’où notre présence à Saint-Arnac. Pour rencontrer en vrai l’Aurélie qui donne son nom à la cuvée ! Pas de façon préméditée, mais nous avons la chance d’être accueillie par elle-même en personne. Après une rapide visite des installations, nous nous retrouvons sans plus tarder au fond d’une cuve. En tout bien tout honneur, puisque certaines des cuves ciment de cette ancienne coopérative ont été aménagées en cave de vieillissement et en coin dégustation. Pour le moins original ! C’est la découverte de ces locaux appropriés et abandonnés qui a conduit à l’installation de la Préceptorie à Saint-Arnac. De Saint-Arnac à Maury, il n’y a que quelques kilomètres et de Saint-Arnac à Centernach, il n’y a qu’un léger défaut de prononciation et un retour aux véritables origines du nom du village. Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Tout s’explique, il n’y a donc aucune arnaque qui tienne ! Mais par contre de très beaux vins, qui méritent le détour:

    - Coume Marie blanc 2006 : assemblage de maccabeu et grenache gris, ce vin possède une jolie tension en bouche, avec du fruit, de la fraîcheur et de la minéralité.

    - Paoh 2006 : une cuvée de grenache gris pur, sur un terroir d’altitude, encore plus frais. Un vin actuellement sur la réserve, avec néanmoins une belle densité et une grande sensation de minéralité. Prometteur !

    - Zoé 2005 : grenache noir et carignan, pour un vin fruité et charnu, simple et direct.

    - Coume Marie 2005 : grenache complété par un peu de syrah. Du volume en bouche, des tanins enveloppants, soyeux, arrondis et fondus.

    - Paoh 2002 : plus évolué, sur la cerise et le cacao, il s’apprivoise petit à petit, malgré une acidité bien présente et des tanins un peu durs en finale.

    - Maury cuvée Aurélie Pereira de Abreu 2005 : 95% de grenache. Rond, long, bien équilibré, l’alcool ne domine pas trop et la bouche garde une belle sensation de fraîcheur.

    - Maury Le vin doux rêveur : assemblage de 3 millésimes pour un rancio plutôt réussi, à la robe tuilée, au nez de tabac blond et à la bouche moelleuse, d’une grande douceur. Jolie finale sur le noyau de cerise.

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    Olif

    *GJP: secte d'adorateurs de Bacchus basée sur les hauts plateaux du Doubs, mais n'hésitant pas plus que cela à en descendre pour arpenter le vignoble 

  • Road-blogging en Roussillon (1): vignerons paysagistes en Languedoc-Roussillon

    Trois vignerons en Languedoc-Roussillon, trois approches différentes du vin qui se traduisent par des expressions différentes dans le verre, mais trois démarches superposables sur le terrain : le métier de vigneron nécessite un  véritable savoir-faire de paysagiste ! Rendre sa biodiversité au terroir, une condition indispensable au développement harmonieux de la vigne !

    Hervé Bizeul, le Maître Loyal du fantastique cirque de Vingrau, pratiquant du "raisonné extrême", plante des oliviers, façonne des murets, favorise le retour des oiseaux pour une sonorisation naturelle du paysage, qui avait tendance à disparaître.

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    Démarche superposable au Clot de l’Oum, chez Eric Monné, apôtre du bio, qui veut redonner vie et cohérence à cette « vallée de l’orme » qui s’ouvre sur un paysage fantastique. La vigne y côtoie également l’olivier, les pierres extraites du sol ont donné naissance à des murets mais aussi à des petits casots (des cabanes qui peuvent servir de remise, de cave improvisée, voire de mini résidence secondaire), les habitations (la cave et la future maison) se fondent dans l’environnement de manière plutôt harmonieuse.

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    Et que dire de Lisson, où Iris Rutz-Rudel, aux conceptions très "nature", a entrepris une tâche colossale : faire revivre cette colline sauvage que la nature a repris à l’homme le siècle précédent. Énorme travail de défrichage, de plantation, en réutilisant les terrasses existantes, afin de voir réapparaître la vigne à un endroit qu’elle aurait pu ne pas quitter.

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    Coïncidence et dernier petit clin d’œil, ces trois vignerons, aux conceptions du vin parfois radicalement différentes sont blogueurs. Et les trois se côtoient aussi dans ma cave ! Personne n'est parfait!

    Olif

  • Les Vendredis du Vin # 4: Oxydatif? Et alors? La synthèse

    VendredisduvinUn mandat VDV ne durant que le temps de vider son verre, voilà déjà venue l'heure du bilan. Cette quatrième mouture des Vendredis du vin a remporté un franc succès malgré le caractère ardu de son propos. Pas moins d'une bonne centaine de participants et un millier de vins dégustés, d'après les organisateurs, un ou deux clodos et 4 litrons sifflés, d'après la police. La vérité si je mens est probablement ailleurs, comme disait un Mulder complètement déboussolé dans le quartier du Sentier à son adjoint José Garcia, vêtu d'un tutu rose comme au bon vieux temps des Pignolades sur Canal + et Nulle part ailleurs. Mais je m'égare, revenons à nos moutons oxydatifs!

    Ont donc fait partie du Gouvernement olifien, pour le plus grand bonheur de tous les usagers des VDV:

    - Ministre du premier compte-rendu que j'ai lu dans le cadre des VDV 4: Gildas et les petits gars de Maigremont, qui ont dégusté pas moins de 3 bouteilles dont 2 jurassiennes.

    - Secrétaire d'état aux accords Porto Tawny-Chocolat: François, alias Bacalao, spécialiste du méli-mélo gastronomique, qui nous sert un Porto Burmeister Tawny 20 ans d'âge avec un fondant au chocolat.

    - Chevalier dans l'Ordre du mérite oxydatif: Daniel S., passionné par la Rive droite de Bordeaux (normal, il y vit!) et qui s'est frotté à deux jolis blancs élevés sous voile, dont un jurassien très affectionné dans la demeure présidentielle.

    - Ministre des affaires étrangères, délégué à l'Espagne: Joan, de De Vinis Cibisque, qui excite bigrement notre curiosité avec ce rarissime et précieux NPI, un centenaire exceptionnel!

    - Comptable du Trésor, spécialisé dans les relations avec les banques suisses: Estèbe, qui n'a pas hésité à dévoiler les secrets gaillacois les mieux gardés.

    - Ministre d'état, président honoraire des VDV: Laurent Baraou, qui a dégainé sa botte secrète: Sancerre SGN de Mellot, Jarmusch, Iggy Pop et Neil Young. Un véritable remède anti-oxydant!

    - Ministre d'état, ministre de la sommellerie: Emmanuel Delmas, qui n'est jamais à bout de ressources, même quand il perd ses notes! Savennières 2002 en attendant Moulin des Dames, on attend les Dames avec impatience!

    - Premier ministre à perpétuité: Lisa Roskam, au délicieux accent "so british", qui, après avoir fait quelques gammes jurassiennes in situ, persiste et signe.

    - Ministre des Vins de Loire: Guillaume, qui a surmonté sa phobie de l'oxydatif pour battre le Boa, tel un Rocky ligérien (Rocky Balboa, bien sûr, petite précision à l'intention de ceux qui passeraient à côté de ce petit trait d'humour subliminal complètement tiré par les cheveux).

    - Ministre du boire et du manger: Eric, qui brave la législation et les AOC pour nous offrir un vin Sans Interdit.

    -Ministre de la première participation: Tiuscha, qui a pêché par Omission. Moi aussi car elle fut la grande oubliée du compte-rendu initial. Mille excuses!

    - Ministre des fonds de bouteille encore buvables: PhR, celui qui dégaine sa Pipette moins vite que son ombre et qui, une fois de plus, a failli finir hors délais.

    - Ministre du compte-rendu en retard: Mathieu, de Méchant raisin, qui a dégusté deux vins dont il aurait été dommage de se priver, dont l'excellent Rol 36 MMI des Dupéré-Barrera.

    - Ministre des bouchons: Docadn, qui, pour son escapade en milieu oxydatif, n'a pas hésité à sacrifier une de ses dernières bouteilles de Fauquette 2000, avant de se perdre dans les bouchons d'Angers. N'aie crainte, Doc, je saurai te réapprovisionner s'il le faut!

    -Ministre des vigneronnes: Iris, du domaine de Lisson, qui nous propose une véritable curiosité signé Dupéré-Barréra, un Tibouren élevé pendant 56 mois. Presque un Vin jaune! Sauf qu'il est rosé, en plus.

    - Ministre de ceux qui n'ont pas de blog: Anton, qui nous propose un compte-rendu sur un superbe Château Chalon 1989 de François Mossu. Serait-ce de la flatterie?

    - Et la meilleure pour la fin, la ravissante Marsha, qui a fait un effort surhumain pour dénicher une bouteille de vin oxydatif sur la Côte ouest: un Porto Tawny de 20 ans d'âge et 20° d'alcool. Pas mal pour une fille! Une telle dévotion mérite récompense. Déjà pressentie comme présidentiable il y a quelques mois, Marsha montera enfin sur la première marche du Trône à l'occasion des VDV # 5. Espérons juste qu'elle ne choisisse pas comme thème les vins canadiens oxydatifs sucrés réalisés par une femme et titrant moins de 12°. On en tremble rien qu'à l'idée!

    Mais c'est néanmoins avec honneur et aussi un plaisir non dissimulé que je vous cède mon sceptre, chère Marsha! Non sans avoir rappelé, en toute humilité, l'allocution présidentielle qui figure ici.


    A tous, merci et bravo!

    Olif 1er, dit Le Déchu

    P .S.: il manque peut-être un ou deux retardataires, dont Iris de Lisson, qui a promis une note de dégustation. A surveiller sur son blog de Lisson, car l'ex-Président part une petite quinzaine de jours prendre un repos bien mérité sur un yacht canoë, quelque part entre Manche et mer d'Iroise.

    P .S.2: compte-rendu réactualisé le 13/07/2007, à mon retour de vacances, pour y inclure les derniers participants. J'espère qu'il n'en manque plus, à présent!