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  • Slurp in Geneva (4): dans les coulisses de Top Slurp

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    Après toute cette préparation physique en vue du de la participation au grand Jury de la presse genevoise, il fallait bien se restaurer. On aurait pu tenter le régime pâtes à l’eau préconisé chez tous les athlètes endurants de haut niveau, mais que nenni ! Pas assez slurp ! Une CPE ? Il fait trop chaud, actuellement, en terre genevoise; les porcs laineux sont tous partis chez le coiffeur ! Alors, quand le grand chef Slurp reçoit, c’est du 3 étoiles sur l’échelle de Girardet! Et pendant que le chef cuisine, on poursuit l’entraînement ! Un blanc de Pinot noir  de Jean-Michel Novelle qui réussit l’exploit de réunir les 3 couleurs, ce n’est pas rien ! Il n’y a qu’à Genève que l’on peut voir ça ! Ben oui ! ce blanc de noir affiche une superbe couleur … légèrement rosée ! Mais c’est très bon, voluptueux, légèrement tannique, gras, presque trop pour l’apéritif, alors on le met de côté pour accompagner la féra, par exemple. Et puis on débouche une « A » (initiale d’un cépage non encore autorisé dans le canton de Vaud), un vin blanc de Monsieur Cruchon, à Echichens, mais servi en bouteille. Suivi d'un Plant Robert, même si on n’a pas non plus écouté Led Zeppelin. Et puis encore -soyons fous !- un Ermitage valaisan Primus Classicus 1998 avec le dessert.

    Et c’est là que je me vois dans l’obligation de révéler un scoop à toute la blogosphère culinaire. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Monsieur Slurp a une conscience ! Elle ne se nomme pas Jiminy Criquet, mais Madame Sonson ! Sans elle en cuisine, il a parfois du mal à retrouver ses casseroles. Et ce serait dommage. Vraiment ! Elle est aussi sa muse, lui susurrant à l’oreille quelques idées lorsqu’elles lui font défaut. Et c’est plutôt heureux. Vraiment aussi ! Madame Sonson est parfois secondée par M'zelle Sonson, qui apporte fraîcheur et insouciance à la cuisine de Mr Slurp. Son seul défaut est d'aimer la (bonne) guimauve. Alors Mr Slurp la lui arrache des mains. Pour jouer, bien sûr. Et pour la lui manger, aussi. Entre deux petits plats qui mitonnent en cuisine. Sacré Mr Slurp!

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    Crostini, féra, fromage, dessert, un entraînement avec Mr Slurp, c’est une vraie compétition ! Les assemblages genevois rouges n’ont qu’à bien se tenir ! La guimauve aussi!

    Olif

  • Slurp in Geneva (3): Grand Cour magistral à Peissy

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    Une rencontre avec Jean-Pierre Pellegrin est un moment rare dont il faut savoir profiter. Nous ne tombons pourtant pas au mieux, il était fébrile le matin et a néanmoins passé une journée difficile dans les vignes. Avec Nicolas Bonnet et Jean-Michel Novelle, il constitue le trio d’élite de la viticulture genevoise. Véritable tête chercheuse, avec une approche du vin très novatrice, il se remet en question perpétuellement, anxieux à l’idée de ne pas toujours proposer le meilleur vin qui soit, mais n’hésite pas à faire preuve d’audace dans ses vinifications, limitant, voire excluant complètement le soufre, et recourant de façon de plus en plus importante à l’utilisation d’œufs béton (qu’il appelle amphores), un investissement important qui se fait petit à petit, au fil des ans. Lui aussi vient de planter du Savagnin, le Jura, c’est la grosse cote du moment, en terroir genevois !  Les convalescents enfilent une polaire et on se dirige illico à la cave, le temps qui nous est imparti se restreint car nous devons encore visiter la cuisine d’un grand chef genevois.

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    -    Chardonnay 2006 : goûté dans différentes versions destinées à être assemblées. Prélevé sur œuf béton, c’est un vin complet, floral (fleur blanche, chèvrefeuille), fruité et minéral (craie), qui gagne encore en pureté dans sa version sans soufre. Sur fût, le boisé marque à peine, apportant du gras et des notes de fruits exotiques, mais le vin reste frais. Le nez est plus en retrait sur un fût de deux vins. Un vin qui promet d’être particulièrement intéressant à la fin de l’élevage.

    -    Sauvignon 2006 : beau nez de sauvignon bien mûr, sur les agrumes et les fruits exotiques, avec de la fraîcheur et du gras.

    -    Viognier 2006 : en œuf béton, fin, frais et parfumé ; en fût, la structure possède plus de gras.

    -    Pinot noir 2006: ici aussi, plusieurs versions du même vin vont être dégustées. Premier fût grains entiers, égrappé, léger pigeage : nez réglissé, tanins croquants. Deuxième fût vendange entière sans soufre : superbe nez très « jus de fruit », bouche baroque, superbe, fruité explosif. Assemblage des deux: le nez part sur la cerise, un vin tout en finesse et élégance.

    -    Gamaret 2006 : un cépage à réputation rustique traité ici « en gants de soie ». La robe est sombre, les tanins sont plutôt fins et soyeux, sur des notes de fruits noirs.

     Syrah 2006 : de la concentration, du volume et de la fraîcheur.

    -    Cabernet franc 2006 : une petite boule de fruit toute ronde, bien concentrée, charnue, affriolante. Très beau vin !

    -    Cabernet sauvignon 2006 : issu de vignes plus jeunes. Joli grain, belle matière.

    Passage au caveau, pour une dégustation de 2006 en bouteilles, assemblés pour l’occasion :

    -    Chardonnay 2006, assemblage amphore et fût : petite note lactique, caramel, avec de la noisette. Frais, tonique et acidulé.

    -    Sauvignon 2006, assemblage amphore et fût : nez très aromatique, sur le fruit. Le vin s’est enveloppé, a perdu un peu de sa vivacité, sans pour autant sombrer dans la mollesse.

    -    Viognier 2006, assemblage amphore et fût : bouche fruitée et agréable, tonique, rehaussée par une pointe de gaz résiduel.

    -    Merlot 2006 : une bête curieuse en phase de soins ! Il titre 15°, n’a jamais vu de soufre et n’a pas réussi à terminer sa fermentation malolactique. Nez sur la banane séchée, grande acidité en bouche, tanins marqués en finale. Pour l’instant, possède des airs d’amarone, mais il est encore loin d’avoir terminé son élevage !

    Une approche du vin vraiment passionnante, qui mérite qu'on s'y arrête. Ici aussi, la clientèle de fidèles est privilégiée, mais les volumes produits permettent une meilleure distribution des vins. Un magistral Grand Cour, par Jean-Pierre Pellegrin.

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    Olif

  • Slurp in Geneva (2): Domaine de la Comtesse Eldegarde et jazz à Satagny!

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    Ambiance jazzy au domaine de la Comtesse d’Eldegarde, en plein coeur du vignoble genevois, pour un tour de cave en musique et en compagnie de Nicolas Bonnet, l’un des précurseurs de la viticulture genevoise de qualité, en compagnie de Jean-Michel Novelle. Un travail exceptionnel sur la pureté du fruit et du cépage donne des vins extrêmement recherchés et dans le même temps introuvables, puisque toute la récolte est pré-vendue à une clientèle privilégiée et fidèle.


    Jazz in Geneva
    Vidéo envoyée par olif

    Dégustation sur fût, les 5 sens à l’affût :

    -    Sauvignon blanc 2006 : nez très mûr, sur les agrumes, avec une petite note boisée très fine. Bouche élégante et bien définie, pour un vin à la fois gourmand et racé.

    -    Chardonnay 2006 : goûté sur deux fûts de provenance différente. L’un (Seguin-Moreau) marque plus que l’autre (Taransaud), qui exprime un joli fruit. Les deux barriques sont évidemment destinées à être assemblées.

    -    Pinot noir 2006 : belle robe rubis, soutenue, brillante. Sublime fruit rouge au nez, avec une bouche faite de tanins en dentelle. Frais, tonique, droit, élégant et précis, une expression exaltante du Pinot noir !

    -    Gamaret 2006 : robe grenat sombre. Nez à peine boisé, plutôt concentré, sur les fruits noirs. Bouche large et massive, tanins un peu compacts, un vin mûr avec le côté rustique inhérent au cépage, mais qui ne manque pas de finesse. Plutôt séducteur, en fait !

    -    Cabernet franc 2006 : sur cuve, il révèle un fruité dense et soyeux. Sur fût, il est à peine marqué par le bois, mais sans excès, la matière est là. Séduisant par son élégance et sa finesse remarquables, l’assemblage des deux cuvées est d’une complémentarité sans égal.

    -    Cabernet-Sauvignon 2006 : future partie d’un assemblage fixe de 28% CS, 28% CF et 44% Merlot, avec 37% de fût neuf (précis sur les chiffres, en Helvétie!), il donne à la fois une sensation de rondeur et de droiture. Pas mal pour « un cépage qui n’a pas de c…lles », d'après Nicolas, mais qui se révèle très charmeur lorsqu’il est travaillé avec des rendements très bas pour atteindre une bonne maturité phénolique.

    -    Merlot 2006 : empyreumatique dans un fût de Monsieur Seguin, il est plus droit, plus tendu et développe un fruité plus pur chez Taransaud.

    -    Assemblage en barrique des 3 cépages (fût de plusieurs vins) : cette barrique pré-assemblée permet de diminuer l’influence du fruit tout en conservant les proportions de la cuvée définitive. Une sorte d’étalon et de point de repère. Le fruité est soyeux et gourmand, sur des tanins polissés et arrondis.

    -    Merlot 2004 en bouteille : un vin quasiment à point, rond et harmonieux, soyeux et gourmand. Débouché « à la sauvage », un peu frais, il ferait sans doute un malheur à table !

    -    Fièvre jaune 2004 : Nicolas Bonnet est un fan du Jura et du Vin Jaune, ce sera le scoop de la soirée, un secret jalousement gardé et jusque-là inconnu des plus fins limiers de la presse genevoise. L’idée d’un vin oxydatif lui trottait dans la tête depuis un moment, la concrétisation est là, avec un Chardonnay 2004 joliment baptisé « Fièvre jaune » et élevé 3 ans sous voile. Le fruit ne s’est pas échappé, il est présent, il croque à pleine dents comme dans une Granny Smith. La bouche est gourmande, la rétro se prolonge bien sur de fines notes oxydatives. Un bien beau coup d’essai, qui en préfigure d’autres, avec un cépage fraîchement planté, importé du Jura voisin et qui répond au doux nom de Savagnin.

    De futurs bons moments en perspective !

    Olif

  • La Pentecôte des blancs, le retour

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    Il est des rites difficiles à expliquer. Immuables ! Comme quand le père François ascensionnait avec force, mais tranquillement, la roche de Solutré. Ou quand le petit Nicolas grimpe debout sur son tabouret pour se raser. Une longue marche ou un tout petit bond pour l'humanité! Le GJP* a donc retenu une nouvelle fois la Pentecôte pour faire un peu d’alpinisme bourguignon. Pas si illogique que cela car dans Pentecôte, il y a Côte. De la Pentecôte à la Côte des blancs, il n’y a qu’une petite pente, pas difficile à dévaler, pour qui a le gosier dans le bon sens.

    Retour donc chez l’ami Rémi Jobard, à Meursault, pour un tour d’horizon des blancs de la (Pente)côte. Depuis quelques années, Rémi a développé une petite production en négoce, commercialisée sous la marque Jobard-Chabloz et que l’on pourrait sous-titrer « La fine fleur des vins de Bourgogne ». Les initiés me comprendront à demi-mot. Les autres n'auront qu'à demander.

    Reçus dans le même salon et les mêmes conditions que les plus grands dégustateurs (sauf que, ensuite, nous sommes aussi invités à manger, un des privilèges d'être membre du GJP*), nous avons droit à l’intégrale de la production 2005, négoce et domaine. Ce qui n’est pas rien. Je dirais même plus. C'est déjà beaucoup.

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    Et on commence par le négoce. Tous les vins sont donc étiquetés Jobard-Chabloz :

    -    Saint-Aubin 1er cru : nez ouvert, attaque riche et ample, belle acidité bien enrobée, mûre, finale possédant de la droiture.

    -    Puligny-Montrachet Les Nosroyes : nez réservé, sur la minéralité. Bouche large, imposante, plutôt carrée. Un vin net et bien défini.

    -    Meursault Les Meix-Chavaux : nez ouvert, bouche tendue, avec un peu de gras, finale acidulée, tendue. A attendre.

    -    Meursault Les Narvaux : beau nez déjà épanoui, bouche bien constituée, riche, avec de la fraîcheur, de la tension et de la minéralité, finale salivante et fraîche. Belle harmonie et beau vin. Les Narvaux, terroir tardif, en altitude, a particulièrement bien réussi en 2005.

    -    Meursault Limozin : vif et acidulé, matière riche et mûre, mais de la droiture.

    -    Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot : nez sur la mirabelle avec un petit côté eau-de-vie. Matière très riche, avec du gras, mais aussi de l’amertume en finale.

    -    Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains : minéral, tendu, droit, élégant.

    -    Meursault 1er cru Les Charmes : nez légèrement fumé, bouche compacte, manquant à peine d’allonge, finale acidulée.

    -    Corton-Charlemagne: opulent, gras, très long, imposant. Un style murisaltien pour Charlemagne ?

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    Fin du premier round et place aux vins du Domaine Rémi Jobard, une déclinaison des terroirs de Meursault, avec une incursion à Monthelie pour les rouges. Toujours dans un style minéral, avec un élevage bien dosé :

    -    Bourgogne aligoté : fruité, rond, gourmand, avec une belle vivacité finale.

    -    Bourgogne blanc : nez légèrement soufré, bouche riche, finale tannique, à peine asséchante. La mise est récente.

    -    Meursault Sous la Velle: richesse et harmonie en bouche, avec du gras. Seule la finale est un peu stricte.

    -    Meursault En Luraule : nez ouvert, puissant, bouche riche, grasse, opulente mais fraîche, car acidulée en finale.

    -    Meursault Les Chevalières: matière mûre, riche, avec une belle acidité.

    -    Meursault Le Poruzot-Dessus : bouche droite, minérale et tendue, encore serrée, prometteuse, malgré une finale un peu stricte et abrupte.

    -    Meursault 1er cru Les Genevrières : nez sur la réserve, bouche ample et large, avec du gras, finale avenante.

    -    Meursault 1er cru Les Charmes: nez beurré, riche. Du gras en attaque, de la longueur, finale acidulée. Un vin puissant, riche, équilibré et harmonieux.

    -    Bourgogne Passetoutgrains : nez tout fruit, épicé. Bouche charnue et gourmande.

    -    Bourgogne rouge : robe rubis soutenu, nez sur les petits fruits rouges, légèrement lacté. Grain serré, vin concentré, finale un peu tannique, sans excès.

    -    Monthelie 1er cru Les Vignes rondes : robe rubis soutenu. Nez fruité, bien concentré. Joli grain de vin, encore un peu serré, avec une belle longueur.

    -    Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots : un climat contigu au Clos des Chênes de Volnay et ça  se sent dans le verre ! Un fruité charnu et gourmand sur une trame très fine et élégante, possédant beaucoup de race. Très beau vin, l’une des plus grandes réussites de Rémi pour ce cru, d’après lui. Ce n'est pas moi qui le contredirai!

    -    Volnay Santenots : nez encore fermé, mais dégageant beaucoup de finesse. Du volume, une belle matière et beaucoup d’élégance.

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    Une fort belle dégustation, comme à l’accoutumée. Les blancs sont à leur niveau habituel, donc très haut, les rouges continuent leur progression de millésime en millésime. Bravo Rémi !

    Olif

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • "Là-haut sur la montagne, l'était un bordelais..."

    Récit d’une joute amicale entre montagnons, à l’assaut d’un monument : le millésime 1990 à Bordeaux.  Chacun a apporté une bouteille dans son petit cabas, de façon plus ou moins concertée pour éviter les doublons. Certains connaissent la majorité des vins, d’autres aucun. Mais ce n’est pas grave, on est surtout là pour passer un bon moment ensemble.

    Le lieu : l’Auberge des Montagnards, à Chaon, chez l’ami Walter, qui a remballé son gibier et ses grenouilles, mais qui nous a préparé un faux-filet de bœuf forestier pour l’occasion et qui s’est occupé du service des vins (ordre de passage, carafage).

    Les protagonistes :  le GJP*, dans sa formation XXL, affronte, dans un semi-aveugle pas trop bien orchestré, il faut le reconnaître (on essaiera de mieux faire la prochaine fois), une coalition pharmacologique Doubs-Haut Doubs. Carabins contre épiciers, Bordeaux 90 n’a qu’à bien se tenir !

    Les vins, dans l’ordre du service :

    -    G de Guiraud 2006, Bordeaux blanc sec*** : fruits exotiques, pamplemousses, agrumes, ce petit cocktail de fruits frais est bien agréable pour se faire la bouche.

    -    Hermitage blanc Chevalier de Stérimberg 1990, Jaboulet *** : deuxième mise en bouche, plus sérieuse. Nez empyreumatique, évolué, sur le moka. Bouche large, puissante, un peu lâche, sur le versant oxydatif, avec beaucoup d’alcool en finale. Un peu déroutant, probablement en amorce de son déclin, car un léger déséquilibre se fait sentir.

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    -    Château Troplong-Mondot 1990, Saint-Emilion****** : robe grenat, sombre, sans l’ombre d’une trace d’évolution. Le nez est ouvert, fin, élégant et complexe : bois noble, griotte, une pointe de vanille bourbon. La bouche est superbe, d’une jeunesse incroyable, calibrée à la perfection. Les tanins sont fins, tout en dentelles, élégants et racés. Un véritable déshabillé de soie ! La grande classe pour un vin d’exception !

    -    Château Sociando-Mallet 1990, Haut-Médoc***** : nez secondaire complexe, alliant du fruit à une petite touche de poivron bien mûr et des notes de boîte à cigares. La bouche est encore tonique, possède du peps, même si les tanins sont déjà bien fondus. Peut-être à peine de rusticité dans le grain du vin, ce qui ne lui donne pas la même prestance que Troplong-Mondot. Ce n’est pas un véritable défaut, plutôt une différence de style et d’expression. Son naturel a tout pour séduire !

    -    Château Giscours 1990, Margaux*** : robe sombre, nez empyreumatique sur le moka, grillé, un peu alcooleux. Bouche déséquilibrée sur l’alcool, se décharnant progressivement. Le déséquilibre s’accentue… Probablement une bouteille qu’il aurait fallu boire depuis quelque temps.

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    -    Château Trotanoy 1990, Pomerol*** : nez complexe et ouvert, poivron mûr, moka, un soupçon de végétal. L’attaque est ronde et pleine, mais le vin tourne un peu court, sur l’alcool. Finale possédant un peu d’amertume. Là encore, un vin qui semble un peu dépassé. La matière s’étiole, l’alcool reste…

    -    Château Duhart-Milon 1990, Pauillac**** : nez mûr et à point, sur des notes de havane et de bois noble. Un soupçon d’alcool, qui contribue à la rondeur, mais l’équilibre est préservé car la matière a encore de la ressource.

    -    Château Lynch-Bages 1990***** : un superbe vin pour terminer, aux tanins soyeux, polis, agréablement fondus, qui possèdent la race des plus grands. A son apogée, et pour quelque temps encore. Superbe !

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    S’il fallait se hasarder à un petit tiercé à l’issue de cette réunion, Troplong Mondot l’emporte haut la main, suivi par Lynch-Bages, puis Sociando-Mallet. Il n’y a pas photo à l’arrivée. Trois grands vins que l’on peut être heureux d’avoir encore en cave. Ce qui est loin d’être le cas pour les autres, et surtout Giscours et Trotanoy, qui nous ont paru bien fatigués. Pas de conclusions hâtives, le vin ,c’est tellement subjectif, mais nous sommes tous prêts à refaire la même dans 10 ans. Enfin ,surtout avec TM, SM et LB !

    Olif

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • Road-blogging en Roussillon (5): Le Clot de l’Oum

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    Le choix du Clot de l’Oum, comme ultime domaine à visiter lors de notre virée roussillonnaise, n’était pas totalement innocent. D’abord parce que les vins ont plutôt bonne réputation et ensuite parce qu’ils sont en bio certifié. Certification à l’origine d’un débat dithyrambique entre vignerons et passionnés sur le forum de lapassionduvin, avec une petite "escarmouche" entre vignerons du Roussillon.

    Eric Monné travaillant une partie de l’année aux Pays-Bas, c’est son père qui nous reçoit au cœur du domaine, sur les hauteurs de Bélesta. Une « vallée de l’orme » perdue dans la montagne, et qui a donné son nom au domaine. « Clot de l’oum » en catalan, rien à voir avec un clos, bien au contraire, c’est plutôt un paysage complètement ouvert qui s’étale devant nos yeux. Le Clot de l’Oum, c’est 15 hectares en production et 33 parcelles sur les terroirs de Bélesta et Maury. Des altitudes variant entre 350 et 600 mètres, ce qui aboutit à un décalage des maturités et permet une organisation progressive du travail à la vigne en fonction de l’altitude. Un gros travail à la vigne, justement, ce qui permet à la fois de contrôler les rendements mais aussi de favoriser sa résistance naturelle vis-à-vis des maladies. Et les vignes sont parfaitement saines, en ce début d’été 2007, malgré la grosse pression sanitaire engendrée par les conditions météo. Sans avoir besoin d’intensifier les traitements préventifs. « À se demander pourquoi tout le monde n’est pas en bio ! » remarque fort justement M. Monné père.

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    Dans la fraîcheur du chai fraîchement construit, en brique réfractaire, parfaitement isolé de façon naturelle, nous allons déguster quelques petites merveilles :

    -    Blanc 2006, en barrique : une cuvée confidentielle, un vin frais, fruité et croquant.

    -    La Compagnie des Papillons 2003 : très mûr, mais non compoté, conservant une relative fraîcheur. Bouche ronde et aimable, finale un peu chaude, mais sans excès, avec une petite saveur animale.

    -    La Compagnie des Papillons 2004 : derrière un premier nez légèrement animal et réduit apparaît un joli fruit. La trame en bouche est serrée, s’inscrivant dans un registre minéral et frais. Très beau vin.

    -    La Compagnie des Papillons 2005 : superbe vin au fruité enjôleur et à la structure épatante. Franc, direct et carré, cet uppercut se transforme en caresse au palais. Superbe, j’aime beaucoup !

    -    Saint-Bart VV 2004 : syrah, grenache et carignan. Un soupçon de cacao, un brin animal, un vin large d’épaules, qui ne manque pas de finesse. Les tanins sont là, encore un peu serrés, mais la longueur tient en haleine.

    -    Saint-Bart VV 2003 : joli nez de fruits noirs, de la rondeur dans les tanins, un agréable fondu en bouche malgré une sensation finale un peu chaleureuse.

    -    Saint-Bart VV 2005 : prélevé sur cuve, juste avant la mise, qui ne devrait plus tarder. À peine de réduction qui s’estompe vite, puis un joli fruit. La bouche est déjà ronde et les tanins sont très fins.

    -    Syrah 2006, prélevée sur fût : bien structurée, trame déjà soyeuse.

    -    Numero Uno 2004 : assemblage des meilleures parcelles de syrah avec la meilleure barrique de carignan. Le nez est superbe, fruité et épicé. Bouche droite et large, structure impeccable, tanins soyeux, belle et longue finale. Un vin de grande classe, qui ne sera malheureusement pas produit en 2005.

    Et pour clore cette superbe dégustation, un petit tour de la vallée, entre vignes, oliviers et casots, avec en prime dégustation de l’eau du Clot, vieille de 10000 ans, d’une limpidité exceptionnelle.

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    Olif

  • Road-blogging en Roussillon (4):le Domaine Singla

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    Lorsqu’il s’est agi de peaufiner le programme culturel annuel du GJP*, le Roussillon est apparu comme une destination de prédilection. Dépaysement, soleil, mer et vin, la région avait beaucoup d’atouts pour nous séduire. Si le Clos des Fées s’est vite imposé comme l’un des domaines incontournables à visiter, par qui allions-nous donc compléter notre emploi du temps ? Beaucoup de propriétés nous tentaient, dans des styles divers, variés et complémentaires: Sol-Payré, Sarda-Malet, Casot des Mailloles, Gauby, La Casenove, Le Possible, Le Bout du Monde,… Pas facile de faire un choix ! Ce qui peut néanmoins être considéré comme un élément positif pour la région, puisque finalement, pas mal de noms sont connus des amateurs. Et puis, un nom fusa, pour ne pas dire il cingla ! Domaine Singla ! Avoir une découverte à notre tableau de chasse, cela paraissait indispensable ! Et puis, nous étions basés à Rivesaltes, ce qui était plutôt intéressant du point de vue logistique. Singla, je connaissais un peu pour avoir consulté le Blog du Domaine à quelques reprises. Un vigneron blogueur, cela faisait un deuxième argument en sa faveur, confraternité oblige ! Encore plus fort, François, éminent membre du GJP*, et garçon généreux, avec le cœur sur la main, quand ce n’est pas le contraire, ne manque jamais de nous replacer ses origines catalanes ! Et, lorsque son arrière grand-père, émigré dans le Doubs au début du siècle dernier, a ouvert une échoppe de vins à Besançon, il importait déjà des vins du domaine Singla. Le magasin fut repris et tenu par le fils, grand-père de François, jusque dans les années 50, avant de fermer ses portes. Il s’agissait donc d’une véritable affaire de famille, et pour rien au monde nous n’aurions voulu manquer cela ! La revanche de l’arrière petit-fils, en quête de ses origines !

    Reçus en fin de matinée dans la cave de Rivesaltes par Laurent de Besombes-Singla, en bonne forme quand même (le vigneron avait un mariage la veille), nous avons découvert un jeune homme humble et passionnant, que rien ne prédestinait à reprendre les rênes du domaine familial. Au contraire, on a tout fait pour l’en empêcher, l’expédiant à la Capitale faire des études de droit. Il faut dire que, étant enfant, Laurent a vécu les heures noires de la viticulture en Roussillon, quand le (mauvais) vin n’était qu’un produit de vile consommation et que vigneron était quasiment synonyme de profession honteuse. Dur de révéler le métier de son père à l’école, lorsqu’on était questionné sur le sujet. Mieux valait aussi se faire déposer à 500 mètres de l’entrée, pour être sûr qu’on ne voie pas la camionnette ou le tracteur de l’exploitation. Aussi, quand l’envie le prit de tout plaquer et de revenir sur le domaine, cela ne fut pas vu d’un très bon œil. Mais Laurent a vite compris que pour sortir de l’ornière, il fallait jouer la carte d’une viticulture sincère et exigeante (une grande partie du domaine est en biodynamie), même en pratiquant des prix plutôt (très) raisonnables, afin que son vin reste un produit de consommation courante. Laurent se considère plutôt comme un « bio militant ». Une activité dont il est convaincu du bien-fondé, même si elle n’est pas totalement rentable sur le domaine à l’heure actuelle. Du coup, il ne produit que ce qu’il est capable de vendre. Le reste, c’est pour la coopérative, des raisins qui ne sont donc pas rétribués à leur juste prix, vu leur coût de production. Mais c’est quand même la revanche du fils, en quelque sorte !
    Laurent pratique une vinification parcellaire par conviction, ce qui explique le nombre important de cuvées produites sur le domaine. Peut-être trop (?), mais pour l’instant, « elles sont là » et il faut bien être cohérent dans ses choix. Une découverte réellement sympathique et des vins d’un rapport Q/P exemplaire.

    -    Alby 2005 : grenache et syrah. Un vin herbacé et végétal, qui ne convainc pas vraiment le vigneron, il l'avoue, mais pour autant, "il est là!". Pas convaincu non plus, mais il s'agit d'une entrée de gamme à tout petit prix.

    -    La Pinède 2004 : grenache et carignan. Au nez, fruité un peu sauvage. Jolie bouche aux tanins soyeux.

    -    La Pinède 2005 : grenache, carignan et syrah (de l’ordre de 30%).  Fruits noirs et épices. Un vin rond, soyeux, long, frais et fin.

    -    Passe-temps 2003 : 100% grenache, en vin de table. Nez sur la groseille, très frais. De la matière, mais beaucoup de fraîcheur, avec des tanins un peu fermes en finale.

    -    Passe-Temps 2004 : le même dans un millésime plus frais. Nez un peu lactique, fruité. Bouche plutôt harmonieuse et patinée. Beaucoup de fraîcheur.

    -    El Moli 2004 : 100% syrah. Robe noire, nez épicé, bouche soyeuse. Beau vin.

    -    La Cryniane 2004 : 70% carignan, 30% grenache noir. Un peu sauvage, velouté en bouche, une jolie expression du carignan, bien complétée par le grenache.

    -    Castell Vell 2004 : 100% syrah. Fruité velouté, tanins denses, soyeux, accrocheurs en finale. Une belle bouteille.

    -    Mas Passe-temps, Rivesaltes ambré hors d’âge : grenache, maccabeu. Robe acajou, fruits secs, rancio, rond et équilibré. 7,5€ prix domaine, une véritable aubaine. Mais il paraît que plus personne n’en veut, de ces excellents vins rancio de Rivesaltes ! Nous si!

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    Olif

    *GJP: secte d'adorateurs de Bacchus basée sur les hauts plateaux du Doubs, mais n'hésitant pas plus que cela à en descendre pour arpenter le vignoble