Bernard Van Berg, le vigneron qui sort du Grand Ordinaire
Photos Copyright B. Van Berg
"Le vin le plus simplement", telle est la devise de Bernard Van Berg, vigneron à Meursault. Plus qu'un domaine, plus qu'un vigneron, il s'agit d'un concept: celui de la production d'un vin de "haute couture", selon les précepts d'une viticulture de jadis, faisant fi des rendements, remettant au goût du jour certains modes de conduite de la vigne (échalas) et naturellement tournée vers le bio. Oui Madame, tout ici est fait à la main! A la main et à dos d'homme, le plus souvent celui du fils de la maison, qui en profite pour travailler ainsi sa musculature dans les coteaux bourguignons.
Mais qu'est-ce qui a donc bien pu pousser Bernard Van Berg, photographe belge réputé, à venir s'installer à Meursault pour élaborer du Bourgogne Grand Ordinaire de luxe? L'amour du vin et du travail bien fait, très certainement. Authenticité, exigence et qualité sont les mamelles du domaine Van Berg. Chaque grain de raisin est bichonné comme s'il s'agissait d'une pépite. Aucun n'est issu d'appellation prestigieuse. Gamay, Pinot noir et Chardonnay viennent tous de terroirs de deuxième ordre et/ou de villages limitrophes de la prestigieuse Côte. Et pourtant! Le soin apporté au raisin à la vigne se retrouve à la cave où, après foulage aux pieds, la vendange, non égrappée, est élevée exclusivement en fût neuf. De quoi attiser quelque suspicion de la part d'un réfractaire au bois comme moi, mais cette option s'avère finalement cohérente, comme va le démontrer la dégustation qui va suivre, préparée au domaine à l'occasion des Grands Jours de Bourgogne.
Tous les vins sont en appellation Bourgogne Grand Ordinaire, repli stratégique qui permet de mettre en avant à la fois leur origine géographique et le millésime, tout en s'éloignant du standard de la production locale. Evidemment, tout cela a un prix, apte à faire tousser pas mal de monde. Le BGO le plus cher de tout l'Univers, voilà qui fait jaser dans le microcosme! Etant donné sa qualité, cette micro production ne peine pourtant pas trop à trouver sa niche à l'export, notamment du côté de la Belgique, attentive aux efforts fournis par le domaine.
Rouges:
- 2002, Au Tennis: élevé pendant 5 années avec renouvellement des fûts au bout de 2 ans, ce qui nous donne au bout du compte un vin 200% fût neuf. La bouche parait énorme, avec des tanins plutôt marqués mais relativement soyeux. Une certaine élégance malgré une sensation globale de dureté (mise relativement récente) et un caractère végétal présent.
- BGO 2003: rendements minuscules du fait de la canicule, assemblage des différentes parcelles de Pinot noir du domaine, élevées 18 mois en fût neuf. Le nez reste frais et fruité, avec un caractère végétal certain. Bouche concentrée et fraiche, avec beaucoup de tanins légèrement asséchants en finale. Un gros volume en bouche pour un vin qui doit encore digérer son élevage.
- 2004, Au Tennis: Pinot noir vendangé le 15 octobre, après un tri drastique, non pressé et élevé 20 mois en fût neuf. Un jus de goutte exclusif qui possède une attaque très soyeuse. Les tanins ressortent beaucoup plus en finale, sur une note plutôt végétale.
- 2005, La Combe: un joli Gamay très concentré, épicé et fruité, qui garde fort à propos une grande fraicheur.
- La Rose 2005: derrière des notes légèrement fumées, un Pinot noir qui fait preuve de fraicheur et de friandise.
- En Busigny 2005: un pinot Noir sérieux, concentré et fruité, tonique, avec une belle finesse. Le fruit revient bien en finale, dans une belle harmonie.
- Les Gamets 2005: comme son nom l'indique, du gamay, en provenance du lieu-dit En Busigny. Fraicheur et belle acidité, procurant une sensation de grande buvabilité, même si la finale est à peine tannique.
- Les Bergers 2005: un vin droit, net, concentré et charnu.
- En Busigny 2006: échantillon tiré du fût, soyeux et fin, gourmand et élégant.
- En Busigny 2007: malo non faite. Joli fruit, tonique et frais.
- Les Gamets 2007: après une pointe de réduction, se développe une chair fine, soyeuse et gourmande.
- Solaire 2007: une vendange tardive de Pinot noir, le 6 novembre 2007, pour un caractère surmaturé sec étonnant. Le nez évoque un Porto, la bouche est pleine, riche, possédant acidité et fraicheur. Un vin exceptionnel!
Rosé:
- La Rose 2007: une production infime de Pinot noir vinifié en blanc et élevé en fût neuf. Le nez est très "jus de raisin", on se croirait à la cave le jour des vendanges. Bouche légèrement tannique, fraiche, fine et gouleyante.
Blancs:
- Le Fourneau 2005: grande maturité, du gras, puis de la droiture et une grande longueur.
- Le Fourneau 2006: fruits blancs, d'une grande netteté aromatique, fraicheur et gourmandise.
- Le Fourneau 2007: au stade fruité très primaire, mais d'une grande pureté d'expression, avec une sensation de sucrosité résiduelle.
Au final, des vins d'une grande évidence et d'une réelle qualité. Plutôt inhabituel pour ces trois lettres plus souvent frappées du signe de l'infamie: quand BGO rime avec vin, tout simplement. Une rime poétiquement non riche mais des vins destinés à une élite qui l'est plutôt. Au vu du travail effectué à la vigne et à la cave, le positionnement du domaine Van Berg peut tout à fait se justifier.
Olif
Commentaires
Super découverte!... Ca peut traverser la France au printemps, ces choses-là?... ;-)
encore un fou - cela fait plaisir à lire - mais pour le body-building: ils sont bien plats, les coteaux bourguignons:-)
Bonjour,
excuse je demande si ce vous Vigneron Bernard, qui vivait dans la république démocratique du Congo qui est maintenant en Belgique, si ce vrai confirme moi