Off de ouf aux Grands Jours (1)
Un Off aux Grands Jours, ceux de Bourgogne, à ma connaissance la seule manifestation de ce type à l'occasion de la grand messe dédiée aux Chardonnays et Pinots noirs de "grands terroirs". Une véritable bouffée d'air frais dans ce microcosme bourguignon un peu guindé, il faut bien le reconnaitre. De tous ces grands jours, je n'ai participé qu'à une seule session officielle, la Trinquée de Meursault. De cette après-midi de dégustation, effectuée au pas de course et sans prise de notes, je retiendrai la confirmation de la qualité des vins de Rémi Jobard (c'est un copain, mais cela est dit en toute objectivité). Confirmation également auprès de Romaric Chavy, du domaine Chavy-Chouet, dont les vins se goûtaient plutôt bien. Découverte du domaine Darnat, conduit en bio depuis 1993, mais qui n'a pas encore osé franchir le pas de la certification. De biens beaux vins, dans un style très pur et droit, qui mériteront probablement d'être redégustés plus longuement, en prenant le temps. Accueil toujours très sympathique chez François Mikulski, même si je n'ai pas très bien goûté ses vins ce jour-là, à l'exception d'une très belle Goutte d'Or. Fin de la parenthèse murisaltienne.
Retour sur ce Off de ouf, donc, qui se déroulait au domaine Prieuré-Roch, avec une brochette de vigneron(ne)s hauts en couleurs. Ce jour-là, j'ai pris le temps. Arrivé dès l'ouverture, pour ne pas manquer l'ami Francis Boulard, qui m'avait fixé rendez-vous aux aurores ou presque, j'en suis reparti quasiment à la fermeture.
Une petite coupe de Champagne pour débuter une dégustation, je ne connais rien de meilleur! Surtout s'il s'agit des vins de Francis.
- Brut réserve: 75% Pinot Meunier, 25% Pinot Noir. Un Champagne fruité et vineux, avec de la matière. Belle entrée en matière.
- Chardonnay non dosé: dans un style différent, vif, minéral, frais et tendu. Pour l'apéritif.
- Mailly Grand Cru brut: très peu dosé, 90% Pinot Noir, 10% Chardonnnay. La bulle est fine, la bouche développe un peu de gras. Un Champagne élégant.
- Les Rachais 2002: nez élégant, superbe et raffiné, alliance du fruit et de la minéralité. En bouche, il s'agit d'un vin droit et long, porté par une magnifique acidité sous-jacente. "Il faut prendre le temps de le déguster", m'a dit Francis en me glissant un échantillon dans mon petit cabas. Ce que j'ai fait en compagnie d'un membre du GJP* féru de Champagne et l'ami Rémi Jobard, à Meursault. Un vin qui en impose par sa stature et sa droiture.
- Paetrea 1997-2004: 60% PN, 20% PM, 20% C, en solera. Nez sur les fruits jaunes, la mirabelle. Bulle fine, bouche large et complexe, un vrai beau Champagne d'un excellent rapport Q/P.
- MMI 2001: un essai portant sur 500 bouteilles de Rachais 2001 élevées en fût neuf. Le nez est puissant, grillé, fumé, un peu boisé mais présentant également une légère réduction. La bulle reste légèrement en retrait, peu marquée. Un vin immensément large, avec une très grande longueur. A attendre et/ou à carafer longuement.
Après ce festival de bulles, la bouche est prête à affronter les blancs du domaine Derain, sans crainte de la chute. De reins. La chute de reins. Désolé! Allez, goûtons! Et nous commençons par un vin mystérieux, sans appellation, qui développe un fruité frais sur une belle tension minérale et acidulée, avec une pointe de gras témoignant de sa belle richesse de constitution. Allez Goûtons est son nom. Un aligoté bien fagoté qui fait plaisir à boire, tout comme le Saint-Aubin En Vesveau 2006, un vin bien mûr qui possède également une certaine tension derrière sa grande maturité de fruits.
Et puis ce fut le choc! La rencontre avec Philippe Valette et ses vins. Le Mâconnais élevé au rang des Beaux-Arts viticoles. Des vins fulgurants, largement au-delà des standards habituels, qui mettent une grande claque dans le bec. Un véritable coup de coeur!
- Mâcon-Villages 2005: une belle matière riche et mûre pour un vin de cuve à la finale acidulée et salivante.
- Mâcon-Chaintré VV 2005: des vignes âgées de 50 à 70 ans, qui donnent un sentiment de profondeur à ce vin possédant déjà du gras et une belle longueur.
- Pouilly-Fuissé 2004: un vin puissant et complexe, à la grande dimension.
- Pouilly-Fuissé 2001, Clos Reyssié: une cuvée parcellaire de prestige pour un élevage très long, de 48 mois en barrique. La robe est dorée. Le vin possède un caractère légèrement oxydatif du fait de son élevage, mais une puissance et une longueur inégalables. Un air de famille avec les vieux vins ouillés jurassiens, qui lui va à ravir!
- Pouilly-Fuissé 2002, Clos Reyssié: nez presque confit, sur l'écorce d'orange. Une grande maturité pour un vin plutôt massif, mais exquis. Grande garde prévisible.
- Pouilly-Fuissé 1999, Clos de Mr Noly: 60 mois d'élevage pour ce vin au nez riche d'encaustique, large et puissant, destiné à la gastronomie (une volaille de bresse à la crème, par exemple?). Exceptionnel!
A suivre...
Olif
*GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!
Commentaires
Ce fut une très sympathique journée malgré le temps de chien. Lundi, j'y a fait quelques belles découvertes (Rivaton, Brignot, Zangs...) recommandé par le non moins recommandable Cyril A.
Valette Is God. Ou presque.
Je ne dirais rien sur les vins de Philippe, je ne serais ni objectif, ni de bonne foi !
mais je les aimes (et pas qu'en photo)
Un de ces jours on va finir par vous prendre en otage sur la route.........
Je serai là au côté du sieur Loulou pour faire la pirate et te prendre en otage aussi.
Mâcon-Villages : Domaine Valette 2006 - 30/6/09 (cr par Pierre Citerne)
DS14,5 - PC15,5/16 - LG14 - PR14,5 - MF14,5 - MS14,5 - EG15.
Robe un peu laiteuse, inquiétante pour certains (cf. E. Peynaud). Nez assez brutal, fermentaire, évoquant la bière blanche, mais d'une ampleur fruitée indéniable. Matière d'une densité et d'une franchise également indéniables, bouche très mûre mais tendue (au point de penser à un grenache du Roussillon : Castex, Gauby...), spontanée, d'une grande vitalité mais un peu brutale là encore - et bien difficile à décoder selon les canons du chardonnay bourguignon "académique". Une fois le vin nature reconnu, l'appréciation objective devient malheureusement le parent pauvre d'une affaire qui relève le plus souvent du sectarisme, même inconscient : on aime parce que c'est un vin nature et cette appartenance doit suffire (parce que tous les autres ne peuvent être que des saloperies sulfitées créatures d'un grand Satan réactionnaire et capitaliste de l'industrie agroalimentaire) ou au contraire on marque son rejet pour la même raison (Bettane, "biocons", aversion structurelle pour les bobos...).
Houla! Ça philosophe dur dans le fond de verre, à IVV! Est-ce qu'on ne peut pas l'aimer (ou le détester) tout simplement parce qu'on le trouve bon (ou inversement)?
Pour un vin aussi peu consensuel, à la forte personnalité et qui ne cherche pas à plaire à tout le monde (visiblement ce fut le cas!), je trouve quand même que vos notes chiffrées sont plutôt homogènes!
Olif,
Je crois le texte de Pierre explicite.
Philosophie pratique en tout cas.
Merci pour ton retour.
VdT Casot de Mailloles Soula (2007) hier soir : énorme volatile, odeurs peu agréables, bouche pétillante et rêche.
On lui laissera le temps, rien n'y fera.
Un vin cher, défectueux (qui peut rappeler certaines bouteilles déviantes produites par Barral).
Même cruel diagnostic il y a quelques mois sur poudre d'Ecampette 2008 et 2007, clairement vinaigré.
Désolé, M. Castex, de trouver vos rouges si interlopes !