Quand Laurent Macle jardine en Arbois...
Les Jardins de Saint-Vincent à l'heure castel-chalonnaise! Carte blanche à Laurent Macle pour l'occasion, devant un parterre de groupies où la corporation vigneronne était fort bien représentée. Les arboisiens auraient-ils envie de s'inspirer du savoir faire sudiste jurassien? La dégustation n'en fut que plus passionnante, un de ces grands moments offerts par Stéphane-Saint Vernier-Planche, le sommelier-caviste qui renvoie Voltaire et son Candide à leurs chères études. Il faut cultiver notre Jardin arboisien...
Une descente de Savagnin à laquelle nous commençons à être coutumiers, mais on ne s'en lasse guère, bien au contraire. Parvenir à capter le moment où tout bascule, suivre la progression du process qui aboutit à la formation du voile, puis du Château Chalon, voilà bien un travail pratique passionnant et enrichissant qui ferait aimer l'école au plus las des cancres.
On commence par goûter les tout premiers jus de 2008 en exclusivité mondiale, avant d'entamer une lente et exceptionnelle remontée dans le temps, du Savagnin au Château Chalon!
- Savagnin 2008: 12,4°, 2,85 de pH. Vendangé le lundi 13 octobre 2008. Déjà sec, d'une très grande acidité, sur des notes de pamplemousse d'une grande netteté. Une structure impressionnante, pour un millésime qui sera néanmoins très acide. La notion d'équilibre sera donc prépondérante!
- Savagnin 2007: en fût de puis le mois de mai 2008, ensemencé naturellement. Le fût est en vidange mais n'a pas encore de voile. Déjà très pur et net, avec du gras, des notes beurrées et réglissées, une petite touche de fruits secs en finale. Pas encore vraiment oxydatif et pourtant déjà tellement bon qu'on en boirait! Certains ont suggéré une mise en bouteille rapide pour profiter de cette fraicheur magnifique, mais ils se sont vite fait rappeler à l'ordre. Il est encore long le chemin qui mène à Château Chalon!
- Savagnin 2006: sur le fil, on sent que la bascule vers l'oxydation ne saurait tarder. Beau nez complexe, fruité, avec des notes de colle blanche. Bouche droite, finement oxydative, élégante et fraiche.
- Savagnin 2005: nez très fin et complexe, bouche riche et puissante, avec des notes d'écale de noix verte, d'épices, de gingembre, de poivre. La longueur s'affirme, s'accordant avec la richesse du millésime.
- Savagnin 2004: nez sur la croûte de Comté. La bouche gagne en longueur et en persistance. L'oxydation ménagée est bien là. Droit, acidulé et tendu, frais et fin, il traduit à merveille son millésime de haut rendement (50 hl/ha contre 30 habituellement).
- Savagnin 2003: un millésime à part, affirmé. Riche, beaucoup d'alcool, compact, il sait garder une pointe de fraicheur dans un coin pour donner un vin réellement digne d'intérêt, qui transcende les écueils de la nature.
- Savagnin 2002: quasi du Château Chalon nouveau, celui qui sera mis en perce en février 2009. Un échantillon prélevé sur un fût de cave moins fraiche que les précédents, d'où quelques différences de style, qui ne conviennent guère à Laurent Macle. Pourtant...
Trame droite, longue et acidulée, sur des flaveurs d'épices, de gentiane, de noix verte.
- Château Chalon 2000: aromatiquement en retrait. Bouche droite, tendue, presque austère. Un peu recroquevillé sur lui-même, à attendre.
- Château Chalon 1990: nez envoûtant, riche, complexe, sur le moka, le malt, évoluant vers de petites touches d'hydrocarbures. Pas aussi prononcées que dans la cuve à mazout du grand-père de notre vieux copain Le Seb, absent de marque de la soirée (aux Antipodes mais si près de nous quand même), à qui nous dédions cette bouteille. Malgré ce chouïa de pétrole, un vin plutôt très raffiné, fin et élégant. Bouche moelleuse et arrondie, avec du volume, soutenu par une sacrée acidité. Grand millésime, grande bouteille procurant déjà un grand plaisir.
- Château Chalon 1986: moka, écorce d'orange, anis, miel, la quintessence d'un grand Château Chalon qui arrive à maturité et qui livre ses secrets. Encore très jeune, il est tellement fondu et harmonieux que c'en est un régal.
Pour cloturer cette dégustation d'anthologie, une rareté et un collector hors commerce, un Vin de Paille du domaine Macle. 1/3 Poulsard, 1/3 Chardonnay, 1/3 Savagnin, la complexité et la complémentarité des trois cépages assemblés: fraise, raisin de Corinthe, mine de crayon, un équilibre de Paille exemplaire, bâti sur une droiture et une acidité magistrales, laissant la bouche propre et nette.
Stéphane-Saint Vernier-Planche, le sommelier-caviste qui jamais ne vous rase avec ses commentaires de dégustation!
Olif
Commentaires
Olif, je note qu'il y a concurence déloyale envers Baraflou ® !
Très beau reportage qui confirme le sommet (pour reprendre tes mots) qu'il atteint à chaque coup. Je qualifirai le style Macle de "pure".
J'ai hâte de récupérer prochainement des Côtes du Jura 2005.
Rigolo, on serrait la patte de ce Planche justement avant-hier. Sinon, le monsieur Macle sur la photo, il est joli avec sa couronne d'épines. Le Christ s'est arrêté à Arbois?