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Extrême Château Chalon

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A la Une de la décidément toujours passionnante revue Le Rouge & le Blanc, Château Chalon, son piton rocheux et son vin de l'extrême. Extrême par son mode d'élaboration, son non-sens économique et tous les mystères biochimiques qui l'entourent. Extrême surtout, par le plaisir qu'il procure à ses adeptes. Un panorama très complet de l'appellation, des pistes de dégustation intéressantes à suivre et un petit coin du voile soulevé par Julien Marron, auteur de l'article. Même si le Vin Jaune continuera certainement de garder une grande part de ses secrets. Pour le plus grand plaisir des amateurs, qui sont loin d'avoir fini d'en cerner tous les contours.

En bonus, sur le blog, vous trouverez ci-dessous mes propres commentaires de dégustation de la superbe verticale que Jean Macle avait concocté pour l'occasion, courant octobre 2008,  et à laquelle je fus fort gentiment convié par les œno-enquêteurs du Rouge & le Blanc. Que ce modeste prolongement bloguesque de leur article soit le témoignage de mes remerciements.

- Côtes du Jura 2005 tradition: 80% chardonnay, 20% savagnin, sous voile, le standard du domaine, quasiment immuable. Richesse et équilibre, puissance et longueur, du fruit bien présent, quelques notes levuriennes type massepain, beaucoup de fraicheur et une belle persistance. Un grand classique pour Jean Macle, l'archétype de "son" Côtes du Jura.

- Côtes du Jura 2005, 100% Chardonnay: une variante, sans le Savagnin. Une des nouvelles pistes explorées par Laurent Macle, pour diversifier la production du domaine. Jean Macle n'est pas totalement conquis, mais il a le mérite de nous le présenter, même s'il le fait de manière orientée, pour  tenter de prouver que cette approche ne vaut pas la "tradition". Acidulé et frais, l'oxydation ménagée dans ce qu'elle a de plus fin et élégant. L'élevage bois marque à peine plus à ce stade que sur la cuvée Tradition, de manière très fine, parce que le vin joue dans un registre plus délicat. Cet effet non recherché s'estompera vraisemblablement très rapidement. Un adorable Chardonnay sous voile, digne des plus grands.

- Côtes du Jura 2003 Tradition: nez  "typé, marqué sur l'alcool, anisé, réglissé. Rond et compact, son équilibre est cohérent, avec suffisamment de fraicheur pour estomper l'effet millésime.

- Côtes du Jura 2001, 100% Savagnin: une cuvée collector, non commercialisée, 100% Savagnin. Du Château Chalon déclassé, millésime oblige (ce fut le cas pour toute l'appellation), élevé 3 ans sous voile. Marqué éthanal, sur l'alcool à brûler, il possède de la rondeur en attaque, celle de l'alcool, puis plus de droiture en finale. Longueur correcte, inversement exponentielle à la durée de l'élevage. Pas un "petit" Château Chalon, dont il ne possède ni l'élégance , ni la finesse, mais un vrai Côtes du Jura Savagnin, pour amateurs de vins "typés".

- Château Chalon 2000: malt, épices douces, safran, fruits jaunes se prolongeant dans une longue finale rémanente, un modèle de Château Chalon.

- Château Chalon 1999: poivré et épicé au nez, avec de jolies notes de gingembre. Une bouche pleine et harmonieuse, riche. Ce vin a tout. Tout pour plaire, maintenant et pour les siècles des siècles. La perfection faite Château Chalon, très certainement. Il va falloir arrêter de le goûter et en garder pour les générations futures, désormais!

- Château Chalon 1990: nez très fin, ouvert, sur le moka, l'orange confite. Bouche minérale, légèrement terpénique (hydrocarbures), avec beaucoup d'acidité (pH=2,90, pour 14° d'alcool), longue finale salivante. Un vin superbe, en train de se révéler, exprimant toute la patte et le savoir-faire de Jean Macle en matière d'élaboration de vin jaune.

- Château Chalon 1988: nez complexe, sur un mode tertiaire. Croûte de Comté, puis hydrocarbure, humus, praline. Bouche minérale et fraiche, sapide, d'une grande longueur.

- Château Chalon 1989: une trilogie de haut niveau servie dans le désordre. Des 3, ce 89 me semble le plus épanoui, le plus harmonieux, le plus fondu. Un registre toujours élégant, racé. Moka, puis hydrocarbure, une constante retrouvée au vieillissement sur les vins du domaine.

- Château Chalon 1983: on poursuit le voyage dans le temps, pour de nouvelles sensations. A ce côté hydrocarbures et moka, commence à s'ajouter des notes miellées apportant de la douceur en bouche, sans pour autant diminuer la sensation minérale et la vivacité. La finale reste fraiche, laissant le dégustateur rêveur. Le silence qui s'ensuit, c'est encore du Jean Macle!

- Château Chalon 1976: on retrouve au premier nez cette note de croûte de Comté. Une sensation un peu lactique qui pourrait paraitre dérangeante mais qui s'estompe en fait très vite pour laisser la place à des arômes plus profonds et envoûtants d'orange confite. Une sensation de rôti, comme sur les grands Sauternes. Suave en bouche, presque doucereux, il ne possède évidemment aucun sucre résiduel. Tout cela est harmonieux, enivrant, très pregnant.

- Macvin 2004: un pur chardonnay muté avec un Marc de 5 ans, resté 3 ans en fût, et récompensé dans différents concours. Jean Macle en est fier, parce que le Macvin, c'est vraiment l'autre grande spécialité du domaine. Un produit très recherché localement, qui témoigne du savoir faire jurassien et qui permet d'utiliser les grandes quantités de Marc produites et de moins en moins consommées en l'état. Celui-ci possède une couleur claire (pur chardonnay), un très joli fruité, de la fraicheur et une acidité finale savoureuse. Très enthousiasmant, iltrouvera aisément sa place à l'apéritif, en accompagnement d'un melon voire même dans la grande gastronomie pour élaborer des mets sophistiqués.

- Macvin 2000: tiré du fût. Il y est toujours depuis 8 ans. Rond, plein, puissant et harmonieux, le mariage vin-alcool est à son apogée. Un Macvin d'anthologie, qui sera probablement millésimé, ce qui est peu usité pour un Macvin, réservé aux cuvées d'exception. Le dernier en date était 1990, si ma mémoire est bonne.

Un numéro du Rouge & le Blanc qui se doit de figurer en bonne place dans la la bibliothèque des œnophiles de l'extrême, au milieu des albums de Blake et Mortimer!

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©www.leblogdolif.com


Olif

Commentaires

  • Salut sieur Olif,
    et merci pour ce panorama Castel-Chalonnais...
    PS : elle est bien ta nouvelle police (un hommage au G20?!).

  • Chapeau ...

    Bonjour à ceux du R&B que j'ai rencontrés à paris sur les vins allemands (et aux autres aussi).
    Même sentiment de beauté sur les Sancerre de F. Cotat et Boulay.

    Côtes du Jura 2004 - Domaine Macle - 13°
    (80% Chardonnay – 20% Savagnin – élevés séparément sous voile avant assemblage)
    DS15,5+ - PR16,5 - LG15,5 - MS15,5 - 23/9/08 (cr par Philippe Ricard)
    • Robe jaune or.
    • Noix, curry, orange amère, profil oxydatif qui ne surprend personne. De la puissance mais aussi une grande précision aromatique.
    • Bouche très fraîche, à l’acidité tonique, très plaisante par la finesse de texture, la netteté et la délicatesse des arômes. Certes, on ne retrouve pas la puissance de constitution d’un bon Vin Jaune, mais on apprécie la « digestibilité » remarquable d’un vin qui trouvera plus facilement sa place au cours d’un repas. Longueur grandissime.

    Côtes du Jura Jean Macle 2002 : 15/20 – 11/6/07
    Profil gentiment oxydatif (mars, raisin sec, fruit). On bénéficie en bouche d’un bel ensemble assez aérien, digeste, doté de beaux amers. Un vin régional stylé, bien réussi.

    Un grand Château-Chalon 1995 (18/20) :
    Domaine J. Macle Château-Chalon 1995 : 18/20 - 29/3/07
    Robe claire. Nez fin, élégant, propice à l'envoûtement. Il conjugue des notes sensationnelles d'agrumes (kumquat, citron vert), de froment (notes boulangères de pain frais), de pain d'épices, de gentiane. Il est à la fois puissant (affirmé, empyreumatique) et retenu (sans tapage inutile). En bouche, on est ravi par une expression certes jeune (ce vin est un nourrisson) mais d'une élégance de premier ordre, fruitée, florale, délicatement citronnée. Son raffinement est "orientalisant". Expression mesurée, très fine, très persistante (finale sur le gingembre), pour un vin qui commence à sortir des limbes et dont l'avenir apparaît radieux !
    * La finesse du vin se marie fort bien avec celle du plat (Asperge au thé, bouillon Yunnan d'or). Le bouillon (que j’ai imaginé délicatement miellé) paraît un peu léger mais il semble qu'il aurait été techniquement assez difficile de plus concentrer ces formidables goûts de thé (écho de fumée thé/vin saisissants).

    Bons Château-Chalon 1986 (15,5/20) et 1993 (14,5/20)

  • Olif P Jacobs, enfin, de retour. Qui est l'Olrik du vignoble?

  • Un bien joli article sur une appellation injustement méconnue. Bonne continuation

  • Il me reste une Chateau Chalon 76 à ouvrir... ce sera pour l' hiver prochain.

    Bonne fin de week end

  • Merci pour cet excellent panorama de Château Chalon

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