Aÿ, aÿo ...
"... on rentre du boulot!" D'Aÿ, plus précisément. Qu'il faut prononcer "ailli", en Champenois sparnassien de la vallée de la Marne. De Aÿ à "aÿo", il n'y avait qu'un pas, que mes nains de balustrade n'ont pas faÿ à franchir. En ce qui me concerne, ce n'était pas du vrai boulot. Plutôt un lundi au soleil, entre paysages rieurs mais plutôt lunaires trop rarement parsemés de pissenlits, dégustation de vins clairs et bulles festives.
La Champagne, vignoble béni de Dieu? On serait tenté de le croire, au vu de cette photo prise sur les hauteurs de Dizy. Mais de quelle Champagne s'agit-il, au fait? Celle des producteurs de raisins pour grosses maisons en quête de volumes destinés à arroser les Formule 1 en cas de victoire au Grand Prix? Ou bien celle des vignerons, les irréductibles qui veulent à tout prix élaborer du vin de Champagne, à boire de préférence dans un verre et pas dans une flûte? Je parle évidemment de la Champagne des vignerons, de tous ceux qui ont pour ambition de faire leur propre vin pour le vendre sous leur propre nom. En bio, en biodynamie, en voie de conversion, en lutte intégrée, tous ceux qui étaient là avaient envie de faire réfléchir sur leur approche du vin de Champagne, tout en se questionnant eux-mêmes. En faisant déguster à la cantonnade des vins clairs, non encore champagnisés, et leurs pendants à bulles. Premier véritable salon de ce genre à être organisé en Champagne et très joli succès, plus de 200 personnes s'étant inscrites pour participer à l'événement. Excellente ambiance, très pédagogique, heureusement ludique, avec de fort belles émotions gustatives et de grandes découvertes.
17 vignerons, présentant en principe chacun 3 vins clairs et 3 Champagnes, parfois avec une concordance parfaite entre les cuvées, l'exercice fut passionnant de bout en bout. Mais avec plus de 100 vins à déguster, il fut aussi éprouvant pour les papilles, malgré le caractère souvent revigorant de la bulle. Au final, il a fallu faire l'impasse sur quelques vins clairs et sur 4 domaines. Dommage! Globalement, très peu de vins inintéressants parmi ceux dégustés, un constat plus que satisfaisant.
Quelques grandes révélations (pour moi), avec les vins de Jean-Baptiste Geoffroy (dont un exceptionnel Blanc de Rose 2006, un pur rosé de saignée contenant 60% de Pinot Noir et 40% de Chardonnay, et un superbe Extra-Brut 2000), ceux de Raphaël Bérèche (dont un tout aussi exceptionnel rosé d'assemblage, comportant 7% de vin rouge, comme quoi, le coupage...!) et ceux des Frères Laherte (avec une épatante cuvée Les Clos, complantation de 7 cépages). D'autres très beaux vins chez des vignerons plus ou moins connus des amateurs (Les Rachais 2004 de Francis Boulard, Louis 98 de Benoit Tarlant, L'Apôtre 2004 de David Léclapart, Le Mesnil 2004 de Pascal Doquet, L'Avizoise 2004 de Pascal Agrapart...), mais la liste n'est pas exhaustive.
Curieusement (ou pas?), certains vins se goûtaient mieux en clair que leur supposé équivalent champagnisé. Reflet à la fois des millésimes, probablement, mais aussi de l'état d'esprit et des options de vinification du vigneron, qui ont pu se modifier avec le temps, comme ce fut le cas chez Françoise Bedel, dont les vins clairs 2008 étaient absolument superbes, tandis que les Champagnes présentés (Divin secret 2003, Entre ciel et terre 2001, L'âme de la terre 1998) se goutaient sous un jour différent, un peu moins convaincant: des vins riches, puissants, destinés à la table et moins à leur aise en dégustation pure. Des choix assumés et néanmoins passionnants pour comprendre l'évolution des vins ... et celle de la vigneronne!
Journée riche en sensations, donc, en rencontres aussi, et un Salon qui devrait devenir un incontournable du printemps champenois.
Olif
Commentaires
et de retour chez soi, on a qu'une seule envie, réelle, responsable et assumée : faire sauter le bouchon d'un bon crémant, ouais.
laurent
PS: pas taper trop fort, j'ai pas pu résister. D'ailleurs samedi passé, j'ai craqué, j'ai mis fin à mon boycott champenois (momentanément!) en commandant au restau un BDB Réserve de chez Charlemagne.
Grande Journée....
Merci à tous ces vignerons pour cette initiative de haut niveau qualitatif. Ce fut un pur moment de bonheur.
Merci au chauffeur sans qui je n'aurai jamais pu participer à ce moment magique.
Je rajouterai juste les vins de la maison Doquet et leur Mesnil 2004. Sinon, comme d'hab, d'accord avec toi sur l'ensemble.
Bonjour Olif,
Avant de commencer mettons un nom sur mon pseudo.
J'accompagnais un Laurent (Chinbourg).
J'aime peu faire de commentaire sur les salons mais la le niveau été tel que :)
S'il n'y avait qu'un vin clair et bien c'est le chardonnay lunaire du massif de saint thierry qui avait des levures indiges feignantes.
Il a déjà une longueur monstrueuse et une belle mineralité.
La malo faite on pourrait le boire directement ;)
En champagne
les vielles barres d'Alexandre C. Pour le beau meunier.
En rosé idem qu'olif avec en bonus en completement decalé le rose de F. Pouillon.
En BdB on reste fidele à Francis (si cela continu on va croire que je fait de la pub pour lui)
Pour le pinot noir Benaoit lahaye
Inclassable les Clos pour les 7 cépages mais miam :)
Et pour finir en encore plus inclassable le off.
Un coteau champenois qui avait un nez poivré épicé fort jolie
En bouche tout en délicatesse avec une belle acidité
Et oui il ne fallait pas partir trop tot ;)
Amicalement
François
Merci pour tes commentaires pertinents, François.
Pas goûté le rosé de Fabrice Pouillon, ni le Pinot noir de Benoit Lahaye, dommage! J'ai également bien aimé le Meunier d'Alexandre Chartogne. Les Rachais 2008 de Francis, c'est effectivement monumental. Vive la biodynamie!
Pour la bouteille off derrière la chaussette, je suppose que j'ai manqué quelque chose. Mais, il y avait la route....
Bonjour,
content d'avoir mis un visage sur le créateur du blog d'olif :-)
Pour déguster les 2008, il faudra repasser courant Juillet, après la floraison de la vigne. C'est là que les vins progressent le plus et montrent ce qu'ils ont dans le ventre car on respecte les cycles naturels dans nos vinifs naturelles. C'est toute la difficulté de faire déguster entre le débourrement et la floraison de la vigne: le vin est perturbé. Les vieux boulangers savent bien que les farines donnent de moins bons pains lorsque les blé germent (en cas de levain naturel)... et c'est pareil pour les vins en cours de vinification.
Bien à toi et au plaisir,
Franck
Merci de ta visite sur le blog, Franck. Le plaisir fut réciproque. Il est vrai que déguster autant de vins successifs, d'abord en clair, puis en version champagnisée, fut pour moi un exercice difficile, avec un effet saturant de la bulle, au bout d'un certain nombre de vins. Il faudra donc que je réitère.
Au plaisir d'une prochaine visite en Champagne.
La dégustation de tant de beaux vins, en clair comme en bulles, est en effet difficile.
L'astuce est de faire un premier tour de salle en dégustant uniquement les vins clairs. Repérer au passage les champagnes les moins dosés avant de faire le second tour de salle, lors duquel il s'agira de déguster les champagnes dans le sens moins dosé vers les plus dosés.
Ca c'est la théorie, mais la pratique n'est pas si simple :-))
En alternant vin clairs purs et champagnes dosés, le palais s'encrasse vite avec le sucre et la dégustation perd en précision.
A+
Franck
Il fallait y jouer un peu des coudes, mais toutes bonnes choses se méritent.
Je confirme pour les clos des frères Laherte. Le lendemain, nous sommes allés au domaine pour en prendre quelques bouteilles.
A noter, le retour du franc de pied chez Tarlant (une parcelle de Chardonnay) et chez Chartogne (un meunier à se damner).
C'était un grand privilège et très instructuf que de goûter des vins clairs.
Oenologiquement votre,
Gwenola
Merci de ces quelques retours, Gwenola. On s'est apparemment croisés de très près. Toutes les bonnes choses ayant apparemment une faim, on en profite pour recommander chaudement votre blog d'amateur(e)s de bonnes choses. A consommer sans fin!
http://touteslesbonneschosesontunefaim.blogspot.com/