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  • Grégory Monnier, l'histoire du chimiste devenu vigneron "sans chimie"

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    Ça bouge dans le Jura! Les jeunes poussent à la roue, s'impliquent, s'engagent. Et ça fait du bien! Le parcours de Grégory Monnier est à ce point particulièrement éloquent.

    Après une enfance passée dans tous les recoins du monde, profession parentale oblige, il a éprouvé le besoin de revenir aux sources. De  retrouver ses racines et de s'implanter dans un improbable petit village jurassien, terre de ses ancêtres, sur les contreforts du Revermont lédonien. Vatagna. Lieu-dit coincé entre Conliège, pas celui des goûts de bouchon, et Montaigu, pas celui qui descend grave de la digue. La grande banlieue de Lons le Saunier, préfecture jurassienne célèbrée pour son compositeur d'hymne national. Rouget de Lisle, certes, mais de Lons également.

    Après des études de chimie, Grégory Monnier a eu envie de s'en passer. De travailler le sol. De le faire revivre. De se venger de toutes ces années passées à apprendre comment polluer la terre en 10 leçons. Il reprend donc les vignes de Charles Clavelin, à Nevy sur Seille, de jolis coteaux à l'aplomb de l'abbatiale de Château Chalon. Dont une partie en appellation Château, s'il vous plait! 2004 sera son premier millésime, 2007 son premier millésime officiellement en bio, 2008 son premier millésime peut-être en grande partie sans soufre. Une évolution à pas de géants, dictée par ses goûts, par ceux de ses amis et de ses clients, par la volonté de s'approcher au plus près de la vérité du raisin. Son métier de vigneron commence, il cherche ses influences du côté de Laurent Macle, son voisin de vigne, de Fanfan Ganevat, de Jean-Etienne Pignier. Comme références, dans le secteur, on ne peut guère mieux! Il envisage actuellement de replanter un joli coteau sur la commune même de Vatagna, pour redonner ainsi sa vocation viticole à la commune où il habite. Une terre pour l'instant vierge de tout désherbant ou exfoliant. Un beau projet! Autant dire que lorsque Gregory aura pris un peu de bouteille, comme ses vins, il faudra très certainement compter avec lui dans le Landerneau jurassien.

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    Avant de gagner la cave, déguster une petite série de 2008 en fûts, passage en revue de la production actuellement en bouteilles:

    - Crémant du Jura 2006: une mise en bouche agréable et fruitée, due à la présence de savagnin rose et de chardonnay muscaté sur la parcelle qui a servi à élaborer ce Crémant.

    - Côtes du Jura 2004: le premier millésime du domaine, un pur Chardonnay non ouillé. 3 ans de fût, un caractère forcément oxydatif, mais peu marqué, s'ouvrant même sur une réduction première. Bouche épicée, nette, finale acidulée et droite. Un abord pas très simple, mais une plutôt jolie réussite, surtout pour un premier millésime.

    - Côtes du Jura 2005: élaboré en petites quantités à l'aide d'une cuve à plafond mobile. Du Chardonnay issu d'éboulis calcaires. Nez "typé", sur l'amande douce, du réglisse, des fruits jaunes dominants en finale. Estampillé Jura, mais avec une belle fraicheur.

    - Côtes du Jura 2007: le premier millésime officiellement bio du domaine, du chardonnay ouillé, soufré à 2g/hl au pressoir. Elevage en fûts de 3 vins, légèrement filtré, mis en bouteille en novembre 2008. Le bois marque à peine, séchant un peu l'attaque et à l'origine de notes un peu vanillées. La bouche est droite et d'une franchise respectable. A attendre un peu pour que tout se mette en place.

    - Côtes du Jura Savagnin 2005: initialement destiné à une cuvée de Château Chalon, il n'aura donc pas fait son temps! Oxydation fine, acidulé, long, épicé, un vin tout en retenue et en élégance.

    Passage à la cave, ensuite, afin de mettre à l'épreuve de la pipette les 2008 encore en fûts. Aucun sulfitage jusqu'à présent, et des vins qui se tiennent remarquablement, que ce soit le Chardonnay ou le savagnin, dégustés sur différentes barriques.

    Retour au caveau, pour quelques petites douceurs: d'abord un Macvin blanc d'une grande droiture, à l'acidité tranchante, puis un Macvin rouge, composé de 80% de poulsard, 10% trousseau et 10% pinot noir, évoluant sur des notes de noyau de cerise, et enfin un Elixir des Abbesses 2005, élaboré à la manière des vins de paille, jouant sur d'originales notes de liqueur de café.

    Voilà donc un jeune vigneron qui tatonne, qui se cherche encore un peu, qui commet quelques erreurs (ses rouges 2005 complètement ratés et passés à la trappe) mais les assume, et qui possède une grande envie de progresser et d'évoluer dans le meilleur sens possible. Un domaine très prometteur, qu'il sera plaisant de suivre d'années en années et un nouveau nom à retenir dans le paysage viticole jurassien du côté de Vatagna.

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    Dans un ou deux siècles, on trouvera le même clavelin, étiqueté Domaine Monnier


    Olif

  • Miquettes maousses!

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    Ultime rencontre faite au salon Bio-Eco de Besançon, Paul Estève, du domaine des Miquettes, chaudement recommandé par un jardinier d'Eva à l'affût des belles découvertes. Une dégustation trop rapide, faute de temps, mais une très bonne approche et une excellente accroche, avec le vigneron, la vigneronne et les vins. Tout d'abord un fort joli Viognier d'Ardèche 2007, frais et fruité, évitant le caractère fréquemment mou et pataud inhérent au cépage, et puis surtout, regoûtés tout dernièrement à la maison, une belle paire de Miquettes, un Saint-Jo blanc et un Saint-Jo rouge, millésime 2007 itou. Un blanc d'une fraicheur absolue, sans une once de lourdeur ni de sensation alcooleuse, une Marsanne vinifiée sur le fil, avec beaucoup de tension, et puis un rouge, mamma mia, un rouge comme rarement! De la syrah de compétition, au grain serré mais soyeux, à la matière fraiche et acidulée, aux notes délicatement fumées. Un vin qui vous donne la chair de poule  comme ça, ça me ficherait presque les miquettes. Oxymore plutôt rassurant, finalement!

     

    Un gros coup de cœur!

     

     

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    Olif

  • Mas Jullien, là où chantent les cigales...

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    Une visite au Mas Jullien constitue toujours en soi un micro-évènement. D'abord parce que ce n'est pas si fréquent que cela de pouvoir s'y rendre.

    "Vous faites donc partie de ces privilégiés qui achètent directement au Mas?" s'était enquit le petit Monsieur dijonnais, dont la femme est native de Jonquières, je le rappelle à l'intention de ceux qui auraient perdu le fil.

    Oui, Monsieur! Je suis un privilégié, on n'a que ce qu'on mérite! D'ailleurs, ce passage au Mas, afin de récupérer mes bouteilles du dernier millésime, fut l'occasion d'ouvrir la boite aux souvenirs en compagnie de Marie Jullien et d'Albane, la tante d'Olivier Jullien, de se remémorer "le bon vieux temps de LPV", celui où j'ai appris à connaitre les vins du Languedoc en général (et ceux du Mas en particulier) et grâce à quoi j'ai vraisemblablement bénéficié d'un petit coup de chance pour faire partie de cette fameuse liste de privilégiés pouvant acheter en direct au domaine.

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    Un privilège en cachant un autre, cette année, nous aurons la chance et le bonheur (visiblement, nous n'avons pas été les  seuls!) de goûter au fût les vins en cours d'élevage. Et donc de visiter la cave à rouges, drivés par Jean-Baptiste, employé du domaine, déjà croisé à Paris au salon de l'UGM en compagnie d'Olivier Jullien. Les vins du Mas sous un jour nouveau, puisque les élevages sont effectués séparément pour chaque cépage. Seule la cuvée Mas Jullien est assemblée en foudre, après une année en demi-muid. Elle y restera pendant une année supplémentaire.

    - Etats d'âme 2008: un fût de grenache qui goûte déjà admirablement. Fruité, gourmand, soyeux, du gras sur les tanins, déjà bien bon!

    - Carlan 2008, grenache: issue d'un terroir froid de schistes et de grès, du côté de Saint-Privat, cette cuvée a rapidement a pris son autonomie, pour s'affirmer et devenir incontournable. Beaucoup de tension, de droiture et de minéralité, un vin que j'affectionne particulièrement, d'une manière générale.

    - Les Rougeos 2008, grenache: le dernier bébé de la cave, toujours en provenance de Saint-Privat et des Salses, dont le sort n'est pas encore formellement décidé. Assemblage avec une autre cuvée existante ou création d'une nouvelle étiquette? S'il me fallait donner mon avis, en l'état, c'est superbe et je me verrais bien en encaver quelques-unes l'année prochaine! Un vin droit et élégant, de grande race, avec toujours cette minéralité exacerbée par la nature des sols et du climat, relativement en altitude.

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    - Mas Jullien 2008: dégustés cépage par cépage, carignan, syrah et mourvèdre rentrent généralement pour 1/3 de chaque dans l'assemblage final. Très beau carignan, syrah fougueuse, mourvèdre sérieux et posé, la complémentarité devrait jouer à fond pour donner une nouvelle fois un très beau vin en fin d'élevage. Passionnant à goûter de cette manière!

    - Mas Jullien 2007: en foudre, pour sa deuxième phase d'élevage. Tous les cépages sont donc assemblés, en proportion quasi-égale. Les tanins se fondent progressivement, la structure s'affine, il possède beaucoup de charme. La matière est magnifique, dense, avec beaucoup de fond, mais déjà une belle buvabilité. Très bon!

    - Mas Jullien 2006: ouvert et épanoui, du fruit sur une belle structure tannique. Déjà affable, on va néanmoins lui laisser un peu de temps pour se mettre en place.


    Et les cigales du Mas, alors? Quand est-ce qu'elles chantent? Avant de se trouver dépourvues, lorsque la bise sera venue, je l'espère! Les cigales du Mas, c'est en fait un bonus, un cadeau de la part d'Albane, dont le fils contrebassiste élabore une cuvée personnelle, la bien nommée Mas Canta Cigales. Dans le millésime 2006, cela donne un vin très parfumé, qui chante et gouleye, aux tanins souples, suaves et agréables. Une bien jolie bouteille, appréciée  non pas sur place, mais après le retour à la maison. Les cigales chantaient encore au fond du verre, une fois la dernière goutte avalée. Merci Albane!

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    Olif