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  • Le raisin, l'amour, le vin, les femmes...

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    Du vin 100% raisin ou du vin 100% féminin, c'est du vin 200% fait avec amour. A ma gauche, Ségolène Lefèvre, historienne du boire et du manger. Auteure d'un livre dédié aux femmes et à leur amour du vin*. Mais c'est qu'elles l'aiment, le vin, les femmes! Au point d'en faire, d'en boire et même de lui consacrer un livre! Dans son ouvrage, Ségolène passe en revue différents aspects de la relation amoureuse féminino-vinique (celles qui le font, celles qui le servent, celles qui le boivent), tout en donnant la parole à différentes actrices du monde du vin actuel, qu'elles soient PDG, sommelières, critiques ou vigneronnes. Dans cette dernière catégorie, c'est avec grand plaisir que l'on retrouve une interview de cette chère Iris, du domaine de Lisson, qui n'a pas sa langue dans sa poche lorsqu'il s'agit de briser les carcans sexistes qui règnent dans le monde viticole.

     

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    A ma droite, Sylvie Augereau, journaliste omnivore qui ne mange pas pour autant à tous les râteliers ni ne boit à n'importe quel goulot. Du vin, oui, mais 100% raisin! Une femme de glou, assurément! Son Carnet de vigne** est une succession de portraits vignerons enjoués, de ceux qui font des vins à leur image. Pas un guide classique mais des pistes solides pour se forger sa propre expérience en la matière et partir à la rencontre de ces gens du vin, généralement des vignerons tendance bio et/ou nature, c'est à dire mettant le moins possible de Gibolin en n'dans. Les Extras de son guide sont une récompense qui met en avant une tête emblématique de l'esprit Omnivore. Cette année, l'Extra vigneronne est aussi une femme. Evidemment, puisqu'elle est vigneronne tout autant qu'extra. Ses vins nous enchantent régulièrement le palais et sont à son image: sincères, attachants, fortement aimables. On les plébiscite aussi et on les adore, comme on adore Michèle Aubéry-Laurent du domaine Gramenon.

    Un carnet comme on en boirait plus souvent, autant qu'une Poignée de raisins 2008!

     

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    Olif

     

    * Les Femmes et l'amour du vin, Ségolène Lefèvre, éditions Féret

    ** Carnet de vigne 2ème cuvée, Sylvie Augereau, Omnivore, éditions Hachette pratique

  • Cadavres de vins exquis à Genève...

    "Les cadavres de vins exquis sont la résultante d'une dégustation poétique et collective élaborée par un caviste philosophe alpiniste helvète où chaque participant déguste un vin à chaque fois plus exquis que les autres, sans connaitre ce que les autres participants ont déjà dégusté."

     

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    Photo "empruntée" à Jacques Perrin, au centre et en bonne compagnie valaisanne


    25 ans, le bel âge! Ça se fête, au moins autant que les 20 ans! 5 années plus tard, on remet ça! Créé par Jacques Perrin en 1984, afin de permettre à des amateurs exigeants de se fournir en vins exquis, le CAVESA a largement arrosé son quart de siècle sur les beaux rivages du Grand lac, suppléant ainsi à l'extinction provisoire du geyser qui éclabousse habituellement le Genevois de base.

     

    Une genevoiserie très prisée, puisque tout le gratin d'amateurs de vins exquis et de cuisine raffinée que compte le secteur vient y pointer et y pointer le bout de son nez. Un tout petit nez fort joli, quand il s'agit de la délicieuse Scoopette, ou un groin à la narine un peu plus développée pour celui qui a pris l'habitude de slurper toute la sainte journée. On y croise également pêle-mêle un vigneron savoyan humaniste, un serial-gastronome coursier, un Président de Grand Jury peu physionomiste, deux Nico amateurs de vin, de terre et de Net, ... et plein de vignerons exquis, évidemment. Qui ont servi tout autant de vins exquis et même un petit peu plus.

     

     

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    Morceaux choisis autant qu'exquis: tout d'abord, le Vase N°10 2008 d'Henri Cholley, parfait pour une mise en bouche tranquille, après un beau Grand Cru millésimé 2000 d'Avize de Jacquesson. Et puis les Grains de folie de Marie-Thérèse Chappaz, légèrement handicapée au service mais impeccablement secondée par Le Châ, le sauveur attitré des dames en détresse. Qu'ils soient d'Or (marsanne) ou Noir (les deux cabernets + merlot), ces Grains 2007 sont impressionnants de définition et de perfection. Derrière, L'Insolite 2007 et la Marginale 2006 de Thierry Germain tiennent superbement le coup. Depuis 2002 et le passage en biodynamie du domaine, les vins voient leur style se transformer pour gagner en pureté et en éclat. On est impatient d'aller vérifier tout cela sur place dans le Saumurois dès que possible. Jolie découverte que les Rieslings sarrois du domaine Van Volxem, aux équilibres graciles et aériens, sachant prendre autant de hauteur que le géant Roman Niewodniczanski qui les présentait à la dégustation. Tout aussi haut perchés, les vins des deux stars vigneronnes alsaco-rhodaniennes n'ont pas failli. Le Schœnenbourg 2004 de Jean-Michel Deiss et l'Hermitage 2006 de Jean-Louis Chave sont deux bouteilles d'anthologie qui forcent le respect. Un bel accessit pour le Sang du Calvaire 2005 de Cazeneuve, que l'on retrouvera par la suite à table et qui se goûtait très bien, en dégustation pure comme lors du repas.

     

     

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    Dream-team jurassienne dans les salons du Beaurivage.

    Et puis, pour terminer, mention spéciale à l'outsider jurassien, Laurent Macle, dont le Côtes du Jura 2005 et le Château Chalon 2000 ont su séduire les amateurs les plus exigeants de vins exquis. Appelé à le suppléer un instant au service, en fin d'après-midi, j'ai pu mesurer combien les dégustateurs helvètes étaient curieux de ces vins empreints d'une aussi forte personnalité.

     

    Il y eut bien sûr plein d'autres vins, que je ne saurais tous citer, n'ayant pris aucune note sur l'instant (pas facile!): des Italiens, des Bourguignons, des Bordelais, des Suisses même...! Tous aussi exquis les uns que les autres, chacun dans leur style et leur typicité, mais il fallait bien faire un choix.

     

    Fin de la dégustation, place au repas exquis concocté par Dominique Gauthier, le Chef du Chat Botté. Une gastronomie décomplexée dans une ambiance décontractée. En plus des vins prévus pour accompagner le repas, les bouteilles supplémentaires apportées par les vignerons et certains convives ont commencé à fuser (quand un magnum de Château Palmer 1962 vous passe sous le nez, c'est certainement que le petit LPV de François Mauss n'est pas loin!), dans une ambiance digne de la Paulée murisaltienne, mais sans bans bourguignons toutefois. Dans l'assistance, entre les tables, Le Châ n'en finit pas de virevolter, une bouteille dans chaque poche et une poche sous chaque œil, tant il a payé de sa personne ce jour-là. Le dynamisme du CAVE est à son image!

     

    Le dernier mot, on va justement le laisser au bon Président du GJE, qui ne manie pas la langue de bois quand il s'agit de pondre un petit discours bien senti. Extraits exquis, entre la poire et le fromage, un verre de Château Chalon 1989 de Jean Macle à la main.

     

     

    Vivent les amateurs de vins exquis, vive Jacques Perrin, et longue vie au CAVE.SA!

     

    Olif

  • Château Chalon: Jean Macle à la puissance 10!

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    A l'occasion de la sortie annoncée des grenouilles d'automne (de mignons batraciens qui profitent des jours humides pour transhumer du marais jusqu'au bois (à moins que ce ne soit l'inverse?), se laissant volontiers ramasser par le grenouilleur quand ils ne font pas écraser sur la route), une date fut retenue pour se sustenter autour de quelques flacons que l'on a voulu jaunes, trapus et timbrés. Dix clavelins estampillés Château Chalon. Plus précisément marqués d'un M, comme Macle, la prestigieuse marque jaune castelchalonnaise. Tous antérieurs aux années nonante, en provenance de caves personnelles, où ils ont été conservés pieusement pendant toutes ces années, suite à leur acquisition en direct du domaine. Une vraie verticale pour Jurassiens montagnards, dans leur auberge favorite, celle des Montagnards, là où l'on mange les meilleures cuisses de grenouilles de tout le cosmos, et même au-delà.

    Les clavelins ont été débouchés entre 4 et 10 heures au préalable (une moyenne honorable de 2 à l'heure!) et ont été dégustés à découvert, par ordre décroissant des millésimes, avant d'être en grande partie achevés tranquillement au cours du repas qui a suivi.

    En l'honneur du grand absent de la soirée, Laurent Macle, retenu ailleurs par d'autres obligations, on s'est fait la bouche avec son fort joli Côtes du Jura, pas encore commercialisé, un Chardonnay ouillé 2007, frais et vif, citronné, à la belle minéralité jurassienne sous-jacente.

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    Place aux clavelins élaborés par Jean Macle, après une deuxième mise en bouche, par un aïeul qui ne fait pas son âge:

    - Château Chalon 1951, Georges Bury: nez très nettement rancio, avec de l'orange amère, des notes de sous-bois, de champignon, de fruits secs. Très changeant au niveau de la palette aromatique, il faut le prendre comme il vient. La bouche possède une relative finesse, avec de la douceur et du moelleux en son milieu. La finale redevient sèche, légèrement fuyante. Un passionnant voyage dans le temps!

    - Château Chalon Jean Macle 1990: le plus jeune de tous, réellement et potentiellement. Plutôt fermé au nez, il laisse pudiquement échapper quelques notes pétrolées. De la minéralité, un côté chaleureux témoignant de sa richesse en alcool et puis une longueur exceptionnelle, qui s'étire autant que faire se peut. A enfermer dans un coffre dont la clé à été jetée au fond d'un puits, pour être sûr de ne pas y toucher avant une bonne décennie.

    - Château Chalon Jean Macle 1989: nez d'une grande finesse, ouvert, légèrement surmaturé, dans lequel on retrouve des épices, de l'écorce d'orange confite et du pétrole. Bouche d'une grande jeunesse, épurée, tendue, enveloppant le palais. Déjà beaucoup de plaisir dans ce clavelin doté d'un énorme potentiel.


    - Château Chalon Jean Macle 1988: le deuxième grand absent de la soirée, pour cause d'année de mariage. Les 2 exemplaires restants en cave seront consommés pendant la nuit de noces d'or par les heureux récipiendaires. Nous n'aurons donc pas pu faire le grand chelem des eighties!


    - Château Chalon Jean Macle 1987: 12 ans et on commence à sentir l'évolution au nez. Miel, moka, et toujours ces notes pétrolées caractéristiques de l'évolution des vins de Jean Macle au vieillissement. L'attaque est presque doucereuse, laissant la place à une tension acidulée prononcée. La bouche est fuselée, dans un registre très fin, sans excès ni caractère démonstratif. Son versant acide marqué et très sec en finale ne l'avantage pas par rapport aux autres millésimes, mais il sait néanmoins bien se tenir.


    - Château Chalon Jean Macle 1986: avec celui-ci, on pénètre dans toute la complexité du Cru. Toute sa richesse, également, mais aussi sa finesse et sa subtilité. L'orange confite s'impose au nez comme en bouche, domainant les épices et le curry, enrobant la belle acidité qui se prolonge jusque dans une finale salivante. Nickel! Une très grande bouteille!


    - Château Chalon Jean Macle 1985: un cran en dessous, mais sur le même registre d'épices et d'écorce d'orange. La bouche possède une certaine rondeur alcooleuse et une pointe d'acidité finale, pas complètement fondue, ni totalement harmonieuse.


    - Château Chalon Jean Macle 1983: les arômes d'évolution révélés par l'âge sont désormais bien présents. Moka, épices, orange amère sont sur le devant de la scène. Le vin s'épanouit dans le verre, joue sur la séduction, se laisse cajoler et boire avec délectation.


    - Château Chalon Jean Macle 1982: un millésime dilué, d'une manière générale, qui rend les vins plus simples et faciles d'accès. Celui-ci ne déroge pas à la règle. On est sur l'évolution, avec des notes hyrocarbures bien présentes. La complexité est moindre. Sa structure sphérique fait qu'il manque de longueur, finissant court sur une légère amertume qui me dérange un peu.


    - Château Chalon Jean Macle 1981: un échantillon légèrement défectueux, au nez perturbé par une petite note liégeuse, n'altérant pourtant en rien la structure du vin. Les notes de pétrole sont toujours présentes. A revoir sur un autre échantillon, au grand regret des jeunots  de l'assistance, nés la même année!


    - Château Chalon Jean Macle 1979: 30 ans et des notes d'évolution pourtant très discrètes au nez. Moka, caramel au lait, épices, curry, champignon, truffe même, pour certains. Le sotolon fait son œuvre en bouche, démultipliant les arômes. C'est complexe, c'est bon, c'est une grande bouteille!


    - Château Chalon Jean Macle 1976: le nez est complexe, confit, sur des notes douces d'écorce d'orange, d'épices, de cannelle, de miel. L'acidité est toujours là, mais arrondie, comme patinée par le temps. Une tension sous-jacente maintient le vin en bouche et prolonge la finale. Magnifique! Une nouvelle vie s'ouvre devant lui, celle de la maturité pour encore longtemps.

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    La cerise sur le gâteau, ce fut cette bouteille sans étiquette ne ressemblant pas à un clavelin et qui s'est avérée être un vieux Macvin antediluvien du domaine Macle, non millésimé mais probablement lui aussi des eighties, si ce n'est plus. Les notes de marc se sont magnifiquement intégrées à celles du raisin de Corinthe, l'équilibre est somptueux, le vin n'est que douceur et séduction, ça se boit comme du petit lait. Clap de fin. Château Chalon est vraiment le roi des vins, dans des mains aussi expertes que celles de Jean Macle. Dans 10 ans, on s'est promis de refaire la même, version nineties, pour confirmer que Laurent Macle a parfaitement digéré et intégré l'héritage du père.

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    Olif