Les vieilleries des Jardins...
Nouveau. Vieux. Nouveau. Après les nouveautés des Jardins et avant le Beaujolais (surtout pas) nouveau, Stéphane "Saint-Vernier" Planche, le jardinier de Saint-Vincent, nous a convié à une séquence nostalgie. Petit coup d'œil dans le rétro, pour goûter à quelques trésors oubliés au fond de la cave. Pas obligatoirement dégustés au préalable lors des différentes sessions qui ont précédé, pas obligatoirement très vieux, simplement quelques flacons légèrement patinés par le temps, qui arrivent à leur optimum. Dégustation à l'aveugle total, est-il encore besoin de le préciser?
- Singulier 2006, Montlouis, Lise et Bertrand Jousset: un nez fermé de prime abord, peu expressif, puis de jolies notes de poire et de pomme, arrondies par l'alcool. Un beau volume en bouche mais de la fraicheur, accentuée par de beaux amers. Non situé en Loire à l'aveugle, c'est pourtant un véritable 100% chenin qui devrait être très à son aise sur un beau poisson de rivière.
- Vie on y est 2007, Domaine Gramenon: cette fois, le nez est très ouvert, sur l'abricot et la pomme au four. Un épanouissement total, venant surligner une belle trame minérale fraîche et acidulée, autant que gourmande. C'est beau, c'est bon, c'est la vie, on y est. En plein dedans! Un petit miracle d'équilibre pour un cépage dont je ne raffole pourtant pas habituellement, le trouvant volontiers pataud. Le millésime 2009, goûté cet été chez Josette et Gérard Alonso était déjà épatant.
- Vin de pays de l'Hérault 2000, Léon Barral: 80% terret bourret, va-z-y-Léon! Robe ambrée, vieux Cognac, légèrement oxydatif, forcément. cire d'abeille et fruits secs. Une petite pointe métallique apporte de la fraîcheur à une belle bouche droite, fine et élégante, autant que déroutante. Un vin d'initié, qui a parfaitement évolué et se goûte à merveille. J'adore!
- Pinot noir Rot Murlé 2002, Domaine Frick: une robe diaphane et un nez évanescent, d'une élégance folle, floral, avec une touche de bois vert. Du bon végétal qui cède la place à de l'écorce d'orange confite, avec un léger perlant pour la fraîcheur. Une onctuosité assez typique d'un vin "zéro-zéro", sans sulfites ajoutés. Un vin complètement craquant, le pinot noir dans toute sa splendeur.
- Saint-Joseph Guillamy 2006, À la Tâche: robe burlat, nez gourmand, épicé et poivré. Tanins fins et serrés, mais croquants, avec une belle définition et une grande pureté de fruit. Un vin excellent, qui se lâche progressivement, très évocateur d'une belle syrah, même si certains (dont moi) ont penché pour le gamay par son côté poivré. Les deux tâcherons font un excellent boulot personnel en plus d'aider les autres à bien faire.
- Vin d'œillade 2002, Thierry Navarre: une des grosses cotes de la soirée. Du cinsault vinifié comme un vin primeur: 3 mois de cuve, mise en bouteilles et basta! Une cuvée collector quasiment hors commerce, que seuls quelques chanceux ont pu goûter à l'époque. Et elle tient encore la route! Encore construit autour de l'alcool, avec une rondeur séduisante, un côté "noyau", il possède des tanins suave et frais, avec de la puissance. Pas fatigué pour un sou, il n'en finit pas de faire de l'œillade.
- Côtes du Rhône 2001, L'Anglore: des notes de pruneau au nez, certes, mais encore une relative puissance, de la matière, sur des tanins grenus qui te collent la chair de poule avant de devenir légèrement séchards en finale. Un des premiers millésimes d'Éric Pfifferling en Rhône, une bouteille qui arrive en bout de course.
- Saumur-Champigny 2001, La Marginale, Domaine des Roches neuves: mon apport personnel, le genre de vieillerie qu'on aurait pu déguster aux Jardins il y a de nombreuses années, puisque, à l'époque, on s'était régalé de L'Insolite 2001, du même Thierry Germain. Le style des Jardins a beaucoup changé depuis, celui de Thierry Germain aussi. Les récents millésimes dégustés à Angers cette année ont montré une évolution vers moins de puissance et d'extraction, au profit d'une plus grande élégance et d'une incroyable gourmandise. Ce 2001, "old style", est assez massif et puissant, strict, avec une austérité encore bien marquée. Une belle et grosse matière qui ne procure pas une sensation d'épanouissement, tant elle semble contenue dans une gangue tannique. C'est hautement buvable quand même, ne faisons pas trop les difficiles.
Le mois prochain, c'est à dire pas plus tard que demain (c'est fou comme le temps passe!), ce sera "Retour vers la nouveauté", avec une dégustation de Beaujolais surtout pas nouveaux. Mais on compte bien qu'il y en ait une petite série avec le traditionnel mâchon qui suivra. Il ne manquerait plus que cela qu'il n'y en ait pas, d'ailleurs!
Olif
Commentaires
St-Joseph Trollat 2005 : une belle syrah du Nord, de nouveau, plus en fraîcheur qu'en sensualité, proche en expression d'un vin de Dard et Ribo.
(et un vin qui n'existe plus).
Un sans soufre "anonyme", comme Chamonard, par exemple.
Bien aimé Marginale 2005, récemment, franche du collier, typée.
Côtes-du-Rhône : Domaine Gramenon « Vie on y est » 2007
Robe jaune paille.
Note d'oxydation au nez.
La bouche est sur la même note. Pas terrible.
Les goûts et les couleurs :-)
Pas facile le viognier hors de sa région de production.
Toi, tu as un problème avec l'oxydation! Ou alors tu n'aimes pas les pommes au four.
C'est quoi, la région de production du viognier? Pas le Rhône nord, quand même?
Mais non, Olif, j'ai adoré le jaune 79 de Pierre ...
Et j'aime la pomme au four dans le mauzac.
Goûte à Grillet (un très grand vin), à Deponcins 2006 de Villard, au Vernon de Vernay : tu verras que tout n'est pas mou et vulgaire comme tu sembles le dire.
Tu sais, Laurent, j'ai à peu près autant de problèmes avec le Condrieu que tu n'en as avec les vins secs de Richard Leroy. Mais contrairement à toi, quand ça ne me convient pas, je ne persévère pas.
Ta description du viognier est étrange ...
C'est parce que c'est Gramenon que c'est bon ?
Mettrais-tu tous les Condrieu (secs et liquoreux) dans un même panier ?
Le Gramenon en question a été goûté à l'aveugle, donc sans aucun préjugé.
Le viognier est un cépage trop aromatique à mon goût et que je trouve également trop moelleux, pour ne pas dire douillet, en bouche, même, et surtout, lorsqu'il s'agit d'un vin sec. Des vins qui me font rarement m'éclater en dégustation pure (peut-être pas assez oxydé à mon goût?) et durs à marier à table. Du coup, je ne m'aventure guère à Condrieu, que je connais fort mal, et ne fantasme pas non plus sur Château Grillet, que j'ai goûté une ou deux fois dans ma vie sur des millésimes anciens et évolués. J'ai néanmoins eu quelques expériences sympas en Ardèche ou en Languedoc, en plus de ce Gramenon, grâce à des vins de cuve vinifiés "frais".
Le viognier, placide, aromatiquement extraverti et capiteux sauve souvent la mise sur Condrieu.
Plus au Sud, les choses se Corse, si j'ose dire.
Grillet est à part.
De plus en plus facile à aborder jeune.
Il vieillit admirablement bien.
C'est un vin sans équivalent, dans mes petits repères un "grand vin du monde".
Côtes-du-Rhône Domaine Gramenon mémé ceps centenaires 2006 - 5/1/11
Très “nature” (a-t-on affaire à du grenache, de la syrah ou du gamay ?).
Robe trouble et terne. Notes simplifiées de soupe de fruits rouges (cerise, plus particulièrement), de fleurs et arrière-goût blet peu agréable. Présentation désordonnée, approximative (un certain public pourra la trouver terriblement authentique, naturelle), sans variations aromatiques, sans profndeur de champ, sans envergure (sans enjeu ?). Un vin qui me semble mal vieillir (joli fruit net et gouleyance fringante en juillet 2007).