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  • Gare aux jéroboams champenois...

    En mai, bois ce qu'il te plaît! Puisque, le 31, les blondes Québecoises vont siffler en direct live sur le web du magnum alsacien, il n'y a aucune raison qu'on n'envoie pas du gros aussi ici. En léger différé, par contre. Champagne millésimé 2005 de la maison Boulard, Delphine et Francis, père et fille. Un nouveau petit domaine dans le paysage champagnard. J'aime bien aider les petits jeunes qui débutent. Surtout quand ils font aussi bon. Il faut dire que le papa Francis a déjà de la bouteille dans le métier. Du jéroboam, même.

     

    francis boulard,les murgiers

    Tous les bons médecins vous le diront: boire, oui, mais avec modération. Pas plus d'une cuiller à soupe de bon vin par repas. Ah, tiens, il n'y en a déjà plus? Trop bon, ce médicament effervescent!

     



     

    Bon, on passe à table? Faites péter les homards et les tartelettes au chocolat!

     

    francis boulard,les murgiers

     

    N'importe quoi, comme dirait Mme Olif!

     

    Olif

     

    P.S.: Olif est habillé par Kukuxumusu

     

    P.S.2: ni Lilliput, ni soumis. Mais je vais quand même aller rendre ses couverts à Gulliver.

     

    P.S.3: le Jéroboam 2005 de Delphine et Francis Boulard a en fait été ouvert, dégusté et entièrement bu lors de Terres et Vins de Champagne, en accompagnement de bouchées de homard servies sur tartelette au chocolat. Véridique! Un Champagne épicé, élégant et persistant, à la bulle fine, de grande classe. Un accord sublime, je l'ai encore en bouche.

     

    P.S.4: la grosse tentacule vérolée, sous les bouchées de homard, c'est la main du serveur. À la limite, ça couperait presque l'appétit!

  • VDV#36: les vins d'un autre millénaire...

     

    VendredisduvinFlashback. À l'occasion de cette 36ème session des Vendredis du vin, Philippe Rapiteau, the Pipette-man, nous invite à jeter un sérieux coup d'œil dans le rétroviseur. Vous faisiez quoi, le précédent millénaire? Encore à l'école primaire ou déjà immergé dans le monde professionnel? Avec suffisamment de revenus pour acquérir quelques bouteilles? Et suffisamment patient pour les laisser vieillir en cave? Vinogérontophiles, ce VDV est le vôtre. Si la simple évocation de robes supposées fripées, de tanins possiblement ridés ou d'arômes évolués de petite vieille qui se néglige vous procure un délicieux frisson sur l'échine, dépoussiérez vos flacons et sortez vos tire-bouchons! C'est quoi, d'abord, un bon vin vieux? Un bon vin vieux, c'est avant tout un vin qui a su rester jeune. Sur l'âge, mais pas décati. Tenant encore debout, sans l'aide d'une canne ou d'un déambulateur. Et, du coup, révélant tout le potentiel du terroir dont il est issu. Avec le temps, le cépage s'efface et laisse la place à la magie du lieu. Les arômes deviennent tertiaires, ce qui leur confère un charme certain, mais ça ne suffit pas à réjouir le palais. Si la bouche s'étiole, on dit que le vin a perdu son corps mais pas son âme. Maigre consolation. Les bons vivants ne se sentent pas concernés lorsqu'il s'agit d'étreindre des squelettes, comme le chante Brassens.

    Dans les années 1990, la base essentielle des achats de vin des Éts Olif (formule empruntée au Sieur Boulard) était constituée de Grands crus classés bordelais. Ce qui pourrait être considéré comme une classique erreur de jeunesse se révèle néanmoins être finalement un plutôt bon placement, financier et gustatif, tant, à l'époque, le prix de ces bouteilles semblait dérisoire par rapport à ce qu'il peut être maintenant. Cela n'excuse rien, mais il faut désormais les vendre ou les boire. Ce n'est quand même pas tous les jours que l'on peut se dire que l'on s'en est jeté pour plus de 1000€ derrière la cravate, parce que de toute façon ça ne les vaut pas, qualitativement parlant! Les 2 bouteilles bordelaises ci-dessous m'ont coûté à peine 600 francs en tout. Du bon franc français du précédent millénaire, à l'époque où la baguette valait 1 ou 2 balles, guère plus qu'un petit noir au comptoir.

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    Le mois de mai, dans la famille Olif, c'est celui des anniversaires. Deux millésimes à fêter, loin d'être les meilleurs, malheureusement. Mais il reste quand même quelques flacons à ouvrir, qui permettent de juger de la jeunesse des récipiendaires. Et de jauger la qualité des vins achetés pour l'occasion, avec le secret espoir de les emmener le plus loin possible. De là à dire que cette session des Vendredis du vin tombe à pic...


    vendredis du vin,savoie,dupasquier,roussette,lafite-rotschild,mouton-rotschild- Roussette de Savoie Marestel 1987, domaine Dupasquier: celui-là, ce n'est pas un vin de Bordeaux, tout le monde aura rectifié de lui-même. Cette bouteille, gentiment cédée par Noël Dupasquier lors d'un passage, déjà lointain, au domaine, a patiemment attendu son heure. Son altesse la roussette de Savoie supporte en principe aisément le poids des ans. Le nez est très intense, marqué par des notes d'écorce d'orange et de cire. En bouche, si on sent encore bien une certaine vivacité, la structure parait un peu décharnée et commence à peiner sur la longueur. La finale est marquée par une légère amertume qui laisse peut-être un poil amer d'avoir attendu cette bouteille un peu trop longtemps.

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    - Château Mouton-Rothschild 1987, Pauillac: avec celui-ci, on est bien à Bordeaux, nageant dans le stupre et le lucre. Dernière vendange du Baron Philippe de Rotschild, étiquette signée Hans Erni, l'une des dernières œuvres de ce peintre suisse renommé, dernier exemplaire issu de ma cave. Tout a une fin, sauf ce Mouton, loin d'être fini. La bouteille oui, qui n'a pas fait trop long feu, l'exemple même d'un beau Pauillac à maturité, malgré la petitesse du millésime. Arômes tertiaires, un peu sous-bois et humus, notes de fumée et de bois noble. Tanins souples et fondus, élégants et harmonieux, beaucoup de finesse, de classe et surtout un grand plaisir en bouche. À des lieues du caractère austère et malengroin du millésime 1988, dernière expérience plutôt malheureuse et déplaisante vécue avec Mouton.

     

    vendredis du vin,savoie,dupasquier,roussette,lafite-rotschild,mouton-rotschild- Château Lafite-Rothschild 1994, Pauillac: après une première bouteille de ce lot, désespérément bouchonnée il y a une dizaine d'années, l'heure de la revanche allait-elle sonner pour cet autre cru fétiche pauillacais? 1994, millésime difficile, qui a conduit Lafite à ne garder que le cabernet-sauvignon pour sa grande cuvée. Plutôt corpulent, le vin se pare d'une relative austérité à l'ouverture de la bouteille mais les tanins ne sont pas revêches. De la finesse et une grande droiture le rendent plutôt séduisants sans son genre. Long et élégant, il n'est pas pour autant guindé et se laisse plutôt bien approcher. On peut encore l'attendre, ou à défaut le vendre aux Chinois.

     

    Olif

  • Gimme some trousseau...

    "I’m sick and tired of tasting wines From uptight, short-sighted, narrow-minded hypocritics All I want is the truth Just gimme some trousseau I’ve had enough of drinking wines By neurotic, psychotic, pig-headed producers All I want is the truth Just gimme some trousseau"

     

    Ouais, je suis malade et fatigué de goûter à des vins étriqués, hypocrites et étroits d'esprit, tout ce que je veux, c'est la vérité, donnez-moi du trousseau. Marre de boire des vins élaborés par des têtes de cochon de producteurs névrosés et psychotiques. Tout ce que je veux, c'est la vérité, donnez-moi du trousseau! Imagine un seul instant que John Lennon ait vécu dans le Jura dans les années 2010 et ce n'est pas la peine de chercher plus loin l'inspiration de son hymne pacifiste. Boire du trousseau n'est jamais une corvée.

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    Cette macération carbonique de trousseau des Corvées, sous Curon, vinifiée grains entiers, sans ajout de quoi que ce soit pour le dénaturer, se laisse boire sans forcer ni fatiguer. Corvéable à merci, je veux bien l'être pour ce vin-là. Une production du domaine de l'Octavin, réalisée par Alice et Charles. Les décors sont de Mme Olif sur une idée originale de Mr Olif, moi-même ici présent. Avec autant de bonheur, dedans et en dehors de la bouteille, on ne sait plus à quel nain se vouer.

     

    All I want is the truth...

     

    Olif

     

     

     

     

     

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  • Open cellars au domaine Lescure

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    Courant mai, le domaine Chantal Lescure a pour habitude d'ouvrir en grand les portes de son domaine. Opération nettoyage de printemps au cours de laquelle les fidèles clients peuvent venir chercher leur allocation annuelle, mais aussi où les anglophones de passage à Nuits-Saint-Georges peuvent venir jeter un coup d'œil à la cave. Open cellar et open bar avec modération. Ce jour-là, on peut goûter à toute la production du domaine et même profiter de la venue d'un invité dont les vins sont distribués par DingoVino, la cave dijonnaise de François Chavériat, responsable de la grande qualité des vins du domaine Lescure depuis plus d'une dizaine d'années, comme chacun sait.

    Luc Vignal est vigneron dans les Costières de Nîmes où il exploite 40 hectares de vignes en compagnie de sa femme. Une telle surface, ce n'est pas rien, et jusqu'à il y a peu, les vins de la propriété étaient vendus en vrac au négoce. Depuis qu'il se consacre à temps plein au domaine, Luc a fait Marche avant. En entamant une conversion bio et en embouteillant sous lui-même sous le nom du Mas du chêne. Et puis, il a fait Marche arrière, en produisant du Vin de France. Marche avant, un assemblage de grenache blanc et roussane frais comme un gardon. Marche arrière un gouleyant rosé de saignée acidulé. Marche arrière, une carbo de carignan, complétée par grenache et syrah pour ne pas trop faire carbo. Marche avant, une cuvée de rouge un peu plus "sérieuse" mais dont les tanins ne sont pas envahissants. Élevage un peu plus long, avec une part de fûts, c'est un 2009, contrairement aux précédents, millésimés 2010. Les jolies étiquettes du domaine, au charme suranné, sont une création originale signée The Bazart.

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    Mas du Chêne, Luc Vignal et Emmanuelle Delon, 30800 SAINT-GILLES

     

    Après ces préliminaires sudistes, la dégustation des 2009 du domaine Lescure s'annonçait plutôt bien. 4 blancs pour commencer et se refaire un palais bourguignon. Le Côtes de Beaune du Clos des Topes Bizot est top, évidemment, fin, net élégant et pas du tout biseauté. La Grande Chatelaine, toujours en Côtes de Beaune, a une personnalité plus marquée et s'exprime plus dans la puissance. Le Nuits-Saint-Georges Les Creux Fraîches Eaux et le Meursault Pellands demanderont plus de temps pour se fondre, du fait de l'opulence du millésime et l'élevage un peu plus marqué.

    En rouge, les cuvées d'entrée de gamme (Bourgogne et Côtes de Beaune du Clos des Topes Bizot) sont gourmandes à souhait, la palme une nouvelle fois à la finesse des Topes Bizot, un climat avec lequel j'ai décidément beaucoup d'affinités. Dans les crus, après un joli Volnay, Pommard se décline en 3 climats. Aux solaires Vignots, je préfère la fraicheur des Vaumuriens, qui vaut mieux que rien en étant son pendant exposé nord. Les Bertins sont plus complets et plus riches, peut-être encore un peu massifs à ce stade. Le Chambolle-Musigny Les Mombies est toujours aussi séduisant et élégant. En Nuits, les très belles Damodes sont pour moi un cran en-dessous des superbes Vallerots, combe froide qui exhauste la minéralité et la fraicheur des tanins. Le Vosne-Romanée Les Suchots goûte un peu fermé et compact à ce stade, et l'apothéose est atteinte avec le Clos de Vougeot, aux enivrants arômes de violette et au grain de tanins d'une grande délicatesse. Un fin et pertinent dégustateur.com, grand connaisseur en crus bourguignons, m'a soufflé que ce Clos avait des airs de Côte Rotie bourguignonne. Il n'a pas tort, le bougre. Quand le pinot syrahte...

     

    Olif

     

    P.S.: les 27 et 28 mai, à Épicuréa, Poligny, Jura, une grand-messe gustative sera célébrée par Philippe Bouvret, avec la participation de Julie Balagny, productrice de Beaulolais et nouvelle reine de Fleurie, Gilles Berlioz, le savoyard symphonique, et Olivier Lemasson, qui n'a de maçon que le nom parce qu'il fait aussi du vin de Loire et qu'il sait le conter. En présence (exceptionnelle) de Fanfan Ganevat dans le rôle de l'enfant de chœur, même qu'il aura peut-être bien un ou deux trucs à faire goûter. À ne manquer sous aucun prétexte, donc. Quel dommage pour ceux qui habitent si loin...

     

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  • Je reviendrai à Montréal...

    "Je reviendrai à Montréal

    Goûter le vin du Haut-Campagnau

    Le bonheur est dans le pré, c'est l'idéal

    Magnus 20% tannat 80% merlot"


     

    Pendant que Charles boit, Dominique en dix rangs fait du vin. Au domaine du Haut-Campagnau à Montréal, 32250. Ici, les lèvres ne gercent pas l'hiver, le bonheur est juste dans le pré. Dans le Gers, t'as le domaine du Haut-Campagnau et, un peu plus loin, t'as Riquet. Tariquet, c'est du vin industriel produit à la machine, qui a beaucoup fait pour la renommée des Côtes de Gascogne auprès du grand public, jusqu'aux frontières de la Roumanie. Le plus grand domaine viticole d'Europe. Par la taille, évidemment. Faute de Premières grives, on boit du merlot. C'est préférable, de toute façon. Magnus 0102, c'est grand. LA découverte de Vins nature en Nord 2011. À l'image de Dominique Andiran, jovial "éleveur de raisin" et "vigneron fainéant", Magnus a l'accent du sud-ouest, loin des aurores boréales du Mont-Royal de nos cousins québecois. Du merlot juteux et fruité, soutenu par un soupçon de tannat, qui émoustille les papilles. Magnus, pour voir le bonheur en grand dans le pré, avant, de regoûter peut-être un jour aux Pissenlits, mais pas par la racine.

     

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     Olif

     

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  • En roue libre...

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    Alors que je ne sais pas encore si je vais participer, en tant que jury, à Un vin dégueulasse presque parfait, le nouveau concept d'émission de télé-réalité plus vrai que vin "nature" de TV12° où il s'agit de déterminer quelle peut bien être la meilleure dégueulasserie de vin nature et/ou sans soufre apte à sustenter le gogo-bobo parisien paumé, si l'on excepte le 5ème arrondissement, là où le vin "bio" serait moins dégueulasse qu'ailleurs et surtout pas "nature", voilà que je ne sais pas non plus comment me sortir de cette phrase un peu trop complexe et trop longue pour pouvoir signifier quelque chose de clair et hautement compréhensible par le commun des mortels, y compris la ménagère de moins de 50 ans qui ne boit pas une seule goutte d'alcool mais qui bave sur l'écran devant ses casseroles qu'elle ne fait pas aussi bien reluire que dans n'importe quelle émission pour apprenti-chef à la Star académie culinaire de rien. De rien.

    Une phrase tout à fait symptomatique de ce coup de mou printanier au cours duquel mon envie de bloguer et parler vin sur le web est inversement proportionnelle à la force du rut qui habite DSK au sortir d'une réunion chiffrée du FMI dans un Sofitel new-yorkais.

    Bref, me voilà en roue libre, un brin amer, désabusé, démotivé. A deux doigts de me piquer la ruche au Mouton-Rotschild limé. Ou, pire encore, au Mumm Cordon rouge chaud, parfumé à l'orange et à la cannelle. Pour reprendre le dessus, pas 36 solutions: Beaujolais. De France. Sans soufre ajouté, ni aucune autre cochonnerie. Loin d'être une "dégueulasserie" pour autant, le grain de sénevé ne m'est pas monté au nez. Ce vin-là se boit en toute franchise et avec gourmandise. Une bouteille rapportée de la BiojoLeynes et une belle confirmation pour ce tout jeune domaine de Marchampt qui m'avait déjà tapé dans les papilles l'année dernière.

     

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    Roue libre 2010, Hervé Ravera, Le Grain de Sénevé

     

    Olif

     

    P.S.: pas eu le temps ni l'inspiration d'écrire un billet sur la deuxième édition de la BiojoLeynes, qui s'est tenue le 24 avril à Leynes, mais un super salon et de bien jolies choses dégustées, avec notamment un gourmand et gouleyant 2010 non filtré, encore en cours d'élevage, au domaine de la Fully, la première vinification solo de Céline Vermorel, sous le regard bienveillant du papa Patrick, et un tout nouveau vigneron à suivre de près, Jérôme Guichard, cornaqué par Philippe Jambon et qui faisait goûter sa première cuvée, 2010 aussi mais pas encore en bouteille à ce moment-là, Au bouteau d'or, 100% nature et sans soufre. Un régal pour la bouche, le palais et l'estomac aussi, à condition de n'avoir pas recraché à l'extérieur. Des "dégueulasseries" comme ça, on en redemande!

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    P.S.2: "Longtemps j'ai cru que le vin pouvait être parfait, s'il l'était, je le quitterais"

    Bruno Quenioux, 1990.

    La valeur n'a pas attendu le nombre des années. Ce n'est que par la suite, avec l'âge, que ça s'est gâté un peu.

  • Quand le caviste se rebiffe...

    Quand Catherine Bernard n'est pas dans ses vignes, elle opte pour une cave avec vue sur l'Ognon*. Ça ne la fait pas pleurer pour autant. Ces journées de rencontres orchestrées par Le Zem, caviste rebiffant marnayzien, furent l'occasion d'un visu des plus sympathiques. La tournée mondiale de présentation de son livre paru aux Éditions du Rouergue passait la veille par Besançon, chez les Gourmands qui lisent, une adresse aussi originale que passionnante, à découvrir dans la vieille ville espagnole, au 12 rue Bersot. Bières, vins, whiskies, polars et Catherine Bernard, que demander de plus?

     

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    La rencontre haut-saônoise fut tellement plaisante et enrichissante que Catherine s'est auto-accordée une oreille en guise de récompense. Goûter à son Vin de Pays de l'Héraut 2010 fut la mienne. Un vin récolté en deux tries successives, marselan, grenache, mourvèdre et cinsault assemblés à la vendange, en deux passages, pour conserver une fraîcheur succulente et un fruité gourmand. En prime, une super dédicace de son livre et une bouteille de 2009 qui trainait derrière les fagots. Plus de rondeur et d'opulence, mais un soyeux envoûtant, qui promet de grandes choses dans quelques années.

     

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    Le Zem ne fait jamais les choses à moitié et une seule tête d'affiche ne lui suffisait pas. Pendant que Fleurie faisait la fête au village, Geneviève et Jean-Claude Chanudet, du domaine Chamonard, avaient préféré la soupe au bord de l'Ognon. Je ne les ai pas vus chialer pour autant. Le Fleurie 2010 est un gamay fougueux et fruité. Le Morgon 2010, tiré sur cuve, est un peu plus imposant, ce qui justifie l'attentisme avant la mise. En attendant, on pourra se consoler avec le 2008, de la dentelle pour le palais, ou le 2009, possédant plus de plénitude mais nécessitant un peu plus de temps pour se fondre. Le 2007, épuisé mais apporté à titre de comparaison, est à parfaite maturité et s'exprime à la perfection.

     

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    Le régional de l'étape, c'était Pascal Henriot, de Champlitte, le seul vigneron indépendant à faire face à la Coopérative locale, qui exploite la quasi-totalité du vignoble chanitois actuellement planté. Pousser jusqu'au bord de l'Ognon n'allait pas lui tirer des larmes. En bio, avec une approche fondamentalement différente de ses voisins, Pascal s'interroge beaucoup sur la façon dont il doit continuer. Ses vins se vendent localement très bien et les contraintes administratives sont de plus en plus lourdes à supporter, même pour revendiquer la mention Vin de Pays. Vin de Haute-Saône, de Franche-Comté ou de France, quelle différence, finalement? L'Auxerrois 2010 est un joli vin vif et primesautier, qui stimule le palais. Le Chardonnay 2010 est dans la même lignée, dans un registre frais et acidulé. Le Pinot gris 2010 joue plus sur le fruité et la richesse, il ne lui manque qu'un peu de nervosité, mais c'est un pinot gris. Le Rosé 2010, assemblage de gamay et pinot noir, réalise un accord quasi-parfait avec la compote à la rhubarbe, une véritable prouesse. La Haute-Saône, nouvel eldorado viticole?

     

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    Quand le caviste marnayzien se rebiffe, on déguste de bien belles choses, sous la tonnelle et dans son jardin. Une adresse à retenir impérativement et qu'il vaudrait mieux ne pas se carrer dans l'Ognon**...

     

    Olif

     

    *rivière haut-saonoise qui prend sa source dans les Vosges saônoises et qui traverse Servance, Lure, Villersexel, Marnay...

    ** c'est d'une finesse absolue et d'une élégance telle que je n'ai pas su m'en passer. Désolé...

     

  • Nouvelle vague en pente douce...

    Au cœur de l'appellation Cabrières, le Mas Coris vit sa vie sous le Pic de Vissou et pourrait se la couler douce, sans faire de vague. Ce petit domaine de 7 ha, dont 3 ha de vignes seulement, est cultivé en agriculture biologique par Véronique et Jean Attard depuis sa naissance et même avant, dans un environnement déjà naturellement préservé. Puisqu'il fallait un premier millésime, 2010 sera celui-là.

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    Cette Première vague n'est pas un tsunami, mais elle clapote gentiment dans l'arrière-gorge. Elle s'en va puis elle revient, laissant à chaque fois le souvenir de ses arômes de cerise noire et de garrigue. Un vin net et franc, à dominante grenache (50%), complété par cinsault (30%) et syrah (20%).

    La Coulée douce, c'est le rosé, majoritairement cinsault (70%), complété par du grenache. Sa robe est très pâle, son nez tout en délicatesse et sa bouche tout en finesse. Les notes de fraise écrasée et de griotte s'accrochent au palais, puis coulent dans le gosier. Doucement, lentement, longuement. La finale est épicée, légèrement tannique, venant montrer, s'il en était besoin, qu'il y a là du vin dans la bouteille. Un rosé aussi doux que bien cool!

     

    Pas question de continuer à se la couler douce plus longtemps, on attend avec impatience la nouvelle vague ... qui ne devrait cependant survenir qu'après les vendanges 2011.

     

    Olif

     

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  • Mordorée adorée...

    Le vin de Tavel, Rhône méridional, a la réputation d'être le meilleur rosé de France. Ni eau de Javel, ni désinfectant à l'eau de rose, il allie -en principe- la finesse et la délicatesse d'un rosé à la vinosité d'un vin rouge.

    Le domaine de la Mordorée est situé à Tavel même. Son nom vient d'un des surnoms donnés à la bécasse, joli et goûteux petit oiseau migrateur qui se chasse à l'arrêt. Les vins du domaine de la Mordorée se boivent également à l'arrêt, car il faut prendre le temps de les déguster. Un chien d'arrêt couché à ses pieds n'est toutefois pas une nécessité, même s'il peut tenir chaud et/ou éloigner les gêneurs qui tenteraient de s'approcher de l'une ou l'autre des bouteilles sans y avoir été invités.

     

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    La première caractéristique des vins du domaine de la Mordorée est de porter un nom de cuvée qui rappelle la bécasse. Dame rousse pour les cuvées AOC dites d'entrée de gamme, Reine des Bois pour les cuvées AOC les plus prestigieuses. Si ce n'est pas de la suite dans les idées, ça! Seules exceptions à la règle, la cuvée de Châteauneuf du Pape "très haut de gamme", baptisée "La plume du peintre" et qui n'est produite que lors des grands millésimes, et la série des Vins de France, plus connus sous le nom de "La Remise". Sur chaque étiquette, on retrouve néanmoins une bécasse en vol, un miroir probablement posé au sol.

     

    La deuxième grande caractéristique des vins de la Mordorée est d'avoir des reflets dorés. Blanc doré pour le blanc (ça tire légèrement sur le vert, d'accord!), rose doré pour les vins rosés, rouge doré pour les vins rouges (mais, en rouge, ça ne se voit pas bien sur la photo). On ne peut pas faire plus simple pour s'y retrouver.

     

    IMGP9274.JPGtavel,lirac,châteauneuf du pape,domaine de la mordorée,la dame rousse,la reine des bois,marselan,tavel,lirac,châteauneuf du pape,domaine de la mordorée,la dame rousse,la reine des bois,marselan,

     

    Gentiment attaquée par les vins de la Remise, cette quasi intégrale de la production du domaine s'est déroulée sur plusieurs jours pour ne pas dire semaines. Bouteilles dégustées à visage découvert, seules puis en accompagnement d'un repas, généralement sur plusieurs jours. Beaucoup de boulot, donc, mais plaisir proportionnel. La Remise, c'est un assemblage Merlot-Marselan. Ce Marselan m'harcelant, comprend qui peut, Google m'est venu en aide. Issu d'un croisement entre le cabernet sauvignon et le grenache noir, son assemblage avec le merlot n'a rien de surprenant puisqu'ils mûrissent ensemble. Le rosé 2010 est direct et franc, droit et rafraichissant. Le rouge 2009 a des épaules de camionneur, qui les roule en marcel, mais un galbe du biceps bien arrondi et beaucoup de fruit en bouche.

     

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    "La dame rousse"  se décline sur toutes les appellations. Le Côtes du Rhône associe majoritairement syrah et grenache, ce qui lui donne un air rhodanien plus évident. Le rosé 2010 est très vineux, mais avec de l'acidulé et de la fraicheur. Une belle bouteille pour les tables d'été. Le rouge 2010 possède un joli grain à peine serré, de la sève de jolis tanins frais sur des arômes de petits fruits noirs. "La dame rousse" emballe aussi la cuvée de Lirac 2009 de son joli plumage tannique et de ses arômes de mûre et de myrtille. C'est frais, non pesant, réjouissant. Un très joli vin. Tavel 2010, c'est le must des 3 cuvées de rosé. Robe groseille, bouche vineuse, fraiche, fine et élégante, légèrement épicée

     

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    Après la dame rousse, place à la Reine des bois. Lirac et Châteauneuf ont droit au plus noble surnom de la bécasse. Le Lirac blanc 2010, assemblage de marsanne, roussane et viognier, exhale toute la fraicheur du Rhône sud. Oui, c'est possible. Aromatique de fruits blancs en avant, il réussit la prouesse d'être à la fois riche et frais en même temps. Le Lirac rouge 2009 est un petit bijou au grain serré, très fin, qui s'épanouit à l'aération. Les fruits noirs explosent, juste soulignés par un léger boisé non obnubilant. Un vin pour gourmand, qu'il faudrait pouvoir attendre, mais à quoi bon? C'est déjà si bon! Finalement, c'est le Châteauneuf du Pape 2009 qui me laissera sur ma faim. Ou plutôt qui la rassasiera trop vite. On retrouve au nez la patte de la Mordorée, avec cette jolie aromatique de fruits noirs, des tanins frais en bouche, mais la fraicheur laisse vite la place à des notes toastées et crémeuses, finissant sur l'amertume. Seulement 30% de fût, pourtant... Mais ça marque! Un peu too much pour moi, sa Sainteté, même s'il a forcément besoin de temps. La seule bouteille qui ne fut pas complètement vidée, même sur plusieurs jours, si ce n'est pas misère...

     

    Olif

     

    P.S.: la saison des salons de printemps tire gentiment à sa fin, mais il reste néanmoins quelques rencontres à se mettre sous la dent pour agrémenter les week-ends. Le prochain sera l'occasion pour les gens de l'Est de venir à la rencontre de Catherine Bernard, de ses vins et de son livre. Tout d'abord le 7 mai à Besançon, là où les Gourmands lisent, puis à Marnay, là où la cave se rebiffe.

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    Début juin, les 5 et 6, le vin nature rencontre la bière Cantillon et ça devrait faire des étincelles chez Hans Dussellier. Des vignerons de poids à Aalter, avant une tite mousse, mais pas n'importe laquelle. Il y a des jours où on demanderait bien l'asile politique à la Belgique, même sans gouvernement!

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    Les 11 et 12 juin, les Jeunes vignerons d'Europe se rejoindront à Metz pour présenter leurs vins à des Lorrains qui devraient être aux anges. Cette association, développée à l'initiative (entre autres) de Raphaël Gonzales, installé au Clos des Cîmes (Rhône Sud), rassemble de jeunes vignerons d'Europe (comme son nom l'indique) qui ont créé ou repris un domaine de façon récente. On pourra déguster avec plaisir sur le parvis de la cathédrale de Metz les Bergerac de Mathias Marquet (du Château Lestignac), les Beaujolais de Paul-Henri Thillardon et les Arbois de Patrice Hugues-Béguet, mais aussi plein d'autres vins de jeunes vignerons très certainement prometteurs s'ils sont du même acabit que ceux-là, mais je ne les connais pas (encore).

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  • La petite bouteille dans la prairie...

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    La prairie, Aramon 2010, domaine de la Banjoulière

     

    The bouteille, celle d'un dimanche printanier, à siroter à table, avant d'aller se coucher dans la prairie, en prenant bien garde de ne pas écraser les tites fleurs. Juste le droit d'en mâchonner une. Du jus de raisin zéro soufre, forcément, qui gouleye dans l'arrière gorge, à la robe plutôt claire, avec un chouïa de gaz, mais pas celui du schiste, surtout pas. Léger, c'est sûr, mais tellement désaltérant.

    Le domaine de la Banjoulière est un domaine de 50 hectares à Puimisson (34) en totale conversion bio, sous la houlette du fiston Sébastien. Oui, c'est possible. Le Mas Coutelou voisin se sent désormais un peu moins seul!

     

    EARL Domaine de la Banjoulière

    04 67 28 35 22

    15 rue des Pins - 34480 Puimisson


     

    Olif

     

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.