Clavau: itinéraire bisse en Valais
Lorsque la foule se presse sur les autoroutes helvétiques, s'embouteillant et bouchonnant dans la vallée du Valais, rien ne vaut un itinéraire bisse sur les hauteurs. Celui-ci le Clavau bien, puisqu'il serpente entre les murs, le long du bisse du Clavau, au cœur des vignobles Gilliard, Bonvin et Varone.
Il convient de noter que le Clavoz et le Clavau sont les deux orthographes possibles de ce micro-canal créé, parmi tant d'autres, par un certain Bisson fûté, au XVème siècle, pour irriguer la plaine du Valais depuis la montagne. Certains sont parfois vertigineux, en paroi abrupte, à déconseiller aux Hollandaises craintives habituées à s'encorder pour sillonner les chemins de halage d'Amsterdam. Historiquement, la vigne a initialement colonisé les coteaux pour laisser la place aux cultures maraichères dans la vallée. Le terroir a été façonné, tant la pente était raide, et des murs en pierre sèche, parfois monumentaux, ont été créés pour permettre au sol de résister à l'érosion. Ici, ils atteignent parfois 16 mètres de hauteur et ce sont les plus hauts du monde. De façon surprenante, il a fallu ni plus ni moins que 3 hectares de surface de murs pour permettre l'exploitation de seulement 3 hectares de vignes..! Impressionnant! "Le Bon Dieu a fait la pente, mais nous, on a fait qu'elle serve!" a fort intelligemment fait remarquer C.F. Ramuz, avant de foncer droit dans le mur il y a une paire de siècles. Les travaux titanesques entrepris à la fin du XIXème servent désormais d'itinéraire de randonnée à l'œnotouriste qui s'ignore ou aux journalistes et œno-blogueurs en goguette.
Le long du bisse fleurissent les guérites, intialement dédiées au stockage des outils du vigneron et désormais vouées au ravitaillement. La Guérite Brûlefer, suspendue au dessus du bisse, propose au marcheur harassé et assoiffé une oasis au cœur des vignes. Courte carte de spécialités valaisannes et bons vins, ceux du domaine Bonvin, pour se remettre en forme pour la route, en plein milieu de la randonnée. Christophe Bonvin, ancien footballeur international suisse, auteur de 2 buts et d'une passe décisive à Anfield Road avec le FC Sion (il y a quand même des lustres de cela, mais c'est comme si c'était hier quand il le raconte), désormais adjoint de direction à la maison Charles Bonvin (au nom plus prémédité que ça tu meurs), sait s'y prendre en matière de communication et tire toujours plein cadre.
En compagnie de Rose-Marie et Marie-Rose, véritable paire de jumelles interchangeables, Christophe Bonvin voit loin et sait recevoir les clients.
Lorsque l'on reprend sa route le long du bisse, en direction de Saint-Léonard, on parvient dans un espace neuro-sensoriel en plein air, situé au milieu des vignes du domaine Varone. Après une courte ascension entre les rangs, où l'on est incité à voir, à sentir, à toucher, à entendre, à goûter, on parvient enfin au Cube, gardé par une jolie et sympathique cerbère, véritable oxymore, qui incite volontiers à la consommation de mets et vins divers et variés. Le Cube est une guérite designée et réaménagée, dans laquelle on ne range plus les outils mais qui sert de garde-manger...
... un espace-dégustation, mets et vins, ouvert en été le week-end, uniquement par beau temps. Pas d'autre choix, les tables sont dressées dehors. Pour cette raison, il vaut mieux réserver au préalable et s'enquérir de la météo. Une initiative œnotouristique comme on aimerait en voir plus souvent, avec, en point d'orgue ce jour-là, un espuma de raclette sur une gélification de fendant, le genre de plat qui ferait se retourner dans sa tombe n'importe quel Valaisan pur et dur, mais qui mérite, rien que pour cela, de bisser le parcours.
Bisse and love ... et Großes bisses du Valais,
Olif
Commentaires
Que de souvenirs!
Un peu trop chauds, les vins, chez Varone, mais bon, à part ça, quelle belle après-midi!
Et puis, ce genre de parcours, né d'une initiative commune de quelques vignerons, sans intervention publique du "Ministère de l'Oenotourisme", c'est donc possible! En Suisse, je veux dire.
Oui, Hervé, mais une fois rafraîchis, ils sont devenus buvables ... pour la majorité d'entre eux! C'est comme pour le bus au chalet dont j'ai oublié le nom (Molignon?), j'aime bien ces petits grains de sable qui viennent pimenter une mécanique que l'on voudrait parfaitement huilée. La perfection n'est pas de ce monde et il faut savoir goûter ces petits défauts terriblement humains. Un peu comme dans le vin, d'ailleurs!
de part l'itinéraire bisse fréquenté par votre groupe, un passage par Molignon est plus qu'envisageable sinon même obligatoire.
Je vote pour Molignon donc.
Laurent
PS : me demande bien pourquoi même en cliquant "retenir mes coordonnées" je dois systématiquement les remettre à chaque passage ici. Tu as une réponse Olivier ?
Oui, c'est bien Molignon, mais je n'était plus tout à fait sûr.
Pour ton PS, il s'agit d'un problème lié à la plateforme Hautetfort, je pense, car moi aussi, je suis obligé de rentrer à chaque fois mes coordonnées (néanmoins pré-enregistrées mais nécessitant un clic pour réapparaître.
Désolée pour les vins trop chaud!En revanche NOTRE rouge le CORNALIN étais à bonne temperature!Je vous attends avec grand plaisir pour dégusté nos sublime vins Varone avec nos mariage d'épices.A très bientôt et merci pour votre bonne humeur à tous!
Merci de votre visite sur le blog, Nadine. Et le cornalin de Varone n'était effectivement pas trop chaud, seuls quelques dégustateurs étaient probablement un peu froids ou auraient préféré une bière bien fraîche. Merci aussi pour votre accueil, votre sourire et votre gentillesse.