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  • VDV#47: Défiez votre chef favori!

     

    Vendredisduvin

    "Défiez votre chef favori", c'est le thème de ces 47èmes VDV, sortis d'un brainstorming bruxellois monomaniaque particulièrement intense. Un thème annoncé plusieurs mois à l'avance, pour, théoriquement, permettre de s'organiser. Mais, à la 117ème relecture du billet original de l'Émir du Bas-Rhin (celui qui n'a pas de pétrole, mais du riesling), il semblerait plutôt qu'il ait été question d'expliquer longtemps pour bien faire comprendre au vulgum pecus de quoi il s'agissait exactement. Accord vin(s)-mets (sans parenthèses pour le deuxième item, orthographiquement parlant, mais il peut également y en avoir plusieurs, de mets), défi d'accords, mise en avant d'un restaurateur prêt à jouer le jeu, tous les prétextes sont finalement bons pour descendre quelques quilles dans l'allégresse vendrediste générale.

     

    Inutile de préciser que, une fois le courageux chef local déniché, on s'est empressé de transgresser les règles de ce Vendredi inédit et de les simplifier. Pour le meilleur, forcément. Et ne retenir que l'essence même du sujet: un bon repas autour de bonnes bouteilles entre potes. Sans aucun mauvais esprit, évidemment, ce n'est pas le genre de la maison. Mais, comme l'idée de départ imposait d'avoir au minimum deux bouteilles d'un même vin, une à déguster avec le chef en question, qu'il puisse cogiter, et l'autre à réserver pour le grand soir, impossible de la mettre totalement en pratique sur ce coup-là, pour la simple et bonne raison qu'elles se sont toutes avérées être des exemplaires uniques en cave, ou alors sélectionnées au dernier moment devant la tournure prise par les évènements. Mais n'anticipons pas...

     

    La seule bouteille répondant de façon stricte aux conditions de participation de ces 47èmes VDV, elle fut choisie pour faire un clin d'œil appuyé aux Brusseleirs, nos maîtres à tous en matière de nombres de quilles descendues dans une seule soirée. Cette bouteille, c'était celle-là:

     

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    Nouvelle entorse, il ne s'agit pas à proprement parler de vin, mais de vin de bière, et le chef ne s'appelle pas Léon, une fois.

     

    Capture d’écran 2012-06-23 à 15.15.40.png

     

    On a juste brodé un peu, pour améliorer l'ordinaire bruxellois. Double slash de Cantillon pour tout le monde quand même! Mais n'anticipons pas...

     

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    Rendons tout d'abord hommage à Pierre-Ivan Boos, chef de l'Alchimie à Pontarlier  (Haut-Doubs, fief de l'absinthe bien droite, en partenariat avec celle de Travers, Suisse, bien droite également), qui a beaucoup bossé pour l'organisation de cette soirée. La gueuze Cantillon, dégustée avec lui il y a quelque temps, lui a inspiré le premier dessert de la soirée. Mais n'anticipons pas...

     

    Plus qu'une année avant de m'acheter un Solex et ne pas avoir eu l'impression de rater ma vie, l'occasion était trop belle pour ne pas coupler les deux évènements, d'autant plus que le repas d'anniversaire était prévu un vendredi, devenu celui du vin par la force des choses, avec une semaine d'avance sur la date officielle pour remettre son compte-rendu des VDV.

     

    La soirée débuta avec le plus simple accord vins-mets qui puisse exister. Mais pas le plus mauvais. Champagne RD 90 de Bollinger, servi avec ... rien! Juste pour lui-même, à l'apéritif. Tout au plus quelques gressins pour le croquant. RD, pour Récemment Dégorgé, ce qui, dans le cas présent ne signifiait plus grand chose, car la bouteille trainait en cave depuis des années en attendant ce jour-là. Dégorgement en 003, très précisément. Permis de boire! Un ange passe. La bulle pétille aux oreilles, titille les naseaux et égaye les papilles. Seul le bruit occasionné par le grignotement des gressins vient troubler l'harmonie. La bouche est caressante, presque veloutée, mais il y a de la jeunesse et de une fraîcheur virevoltante dans ce vin.

     

    Galopin de Gueuze Cantillon à l'eau de gaspacho et pan con jamon façon mique, huile d'olive noire de Corse, avec rien non plus. La mise en bouche était un accord vins-mets à elle toute seule, puisqu'il y avait à boire et à manger dans l'assiette. La Gueuze aromatisée à l'eau de gaspacho est une vraie trouvaille qui ne dénature en rien aucun des deux produits. On a réellement l'impression de boire une bière en mangeant du gaspacho. Impressionnant et rafraichissant!

     

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    Pour affronter les entrées, deux vins de sauvignon, à l'opposé l'un de l'autre, deux expressions complètement différentes, deux minéralités aux antipodes. Silex versus Quartz, Pouilly-Fumé versus Sologne, Dagueneau versus Courtois. Nullement prémédité, puisque la deuxième bouteille a été choisie sur place, pour pallier à une insuffisance de quantité de vin blanc, je sais, c'est impardonnable, mais je n'ai pas honte,  il n'y a même rien à regretter.

     

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    Ris de veau et bulots rôtis au Garam masala,fines tranches d'asperges crues à l'huile de chanvre et Pouilly-Fumé Silex 2002, Didier Dagueneau. Un sauvignon d'école, agrumes intensément, buis et bourgeon de cassis, nourri par son élevage. Vin élégant, remarquable, parfaitement à point dans un style très classique. L'accord fonctionne plutôt bien avec le plat. Le bulot était ferme, limite caoutchouc, le ris de veau moelleux et goûteux, le Garam masalait bien, le Silex apportait une dot non négligeable en vue du mariage, grâce à une pointe de gras intéressante et bienvenue.

     

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    Filet de maquereau rôti laqué, queue de langoustine marinée cuite en tempura, aubergines à la japonaise et Quartz 2009, Les Caillous du Paradis, Claude Courtois. La minéralité du quartz n'a rien à voir avec celle du silex. Presque une épure minérale, comme une arête sur le gras du maquereau, rôti à la perfection. La peau, laquée, s'avale en un morceau, sans se recracher, et glisse toute seule le long du gosier, venant cicatriser la délicieuse incisure œsophagienne occasionnée par le Quartz.

     

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    Après cette trilogie de blancs, place aux rouges, prometteurs sur le papier, limite grosses quilles de sortie, même. Si à 49 ans, tu n'as jamais goûtés à de tels vins, c'est que tu n'as jamais été du bon côté du manche...

     

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    Coffre de pigeon rôti, déglacé à la Kriek Cantillon à la framboise, la cuisse confite, poêlée de pommes de terre de Noirmoutier et cèpes du coin et Château Rayas 1998. Travailler la Cantillon en cuisine n'est pas une sinécure. La réduction poussée du jus a fait ressortir l'amertume, qui s'est pourtant parfaitement mêlée aux saveurs du jus de pigeon. Rayas, avec son soyeux si reconnaissable et ses délicates notes kirschées, assura à la perfection. Les premiers cèpes locaux, c'était un peu comme la cerise sur la Kriek, sauf que là, c'était de la framboise.

     

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    Après ce pigeon papal et cet accord royal, on aurait pu buller et se la couler souce. Que nenni! L'accord avec le plateau de fromages affinés sera ducal ou ne sera pas. Une belle entorse à la tendance actuelle, qui ne voudrait associer que du blanc aux produits laitiers, ton sur ton, mais ça se discute.

     

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    Avec le Richebourg 2002 d'Anne Gros, aucun fromage ne fait la fine bouche. De la cancoillotte au Gaperon, en passant par le fromage de Chèvre, même persillé, rien ne résiste à la force tranquille de ce pinot noir d'anthologie, qui déroule progressivement toute sa puissance et sa classe. Un grand vin, déjà largement buvable (une série de Côtes de Nuits 2002 d'anthologie nous l'avait démontré récemment, ce qui a motivé le choix de cette bouteille), qui n'entame que l'aube de sa très longue vie probable.

     

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     Et c'est déjà l'heure du dessert! Celle du véritable défi vendrediste. Roulements de tambour... Rrrrrrrrrrrr!

     

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    Gelée de Gueuze Cantillon, pulpe de pruneau au Jerez, sorbet d'eau de rhubarbe, zeste de citron confit et feuille de coriandre avec Cantillon Grand Cru Bruocsella, Lambic bio 2008. Des arômes de la Gueuze Cantillon, le chef a retenu les notes acidulées de cédrat confit qui l'ont conduit à tenter un accord sur un dessert citronné. La meringue sans ficelle ne se met pas derrière l'oreille et vient apporter une touche de douceur ouatée. Véritable patchwork de textures et d'arômes, l'accord fonctionne parfaitement. La Bruocsella est totalement dessoiffante et le dessert d'une légèreté absolue. Cantillonesque!

     

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     Et enfin, comme une fulgurance, un ultime dessert, destiné à tenir compagnie à un joker dégainé en dernière minute. Si à 49 ans, tu n'as jamais trempé tes lèvres dans un Porto du même âge que toi, c'est que tu n'aimes pas ça.

     

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    Coque de chocolat, framboises éclatées au sucre et yuzu, croustillant de praliné, mousse et sorbet de chocolat amer et Porto Morgan's 1963. De cette année météorologiquement pourrie que fut 1963, il semblerait qu'il n'y ait guère que les vins de Porto qui aient tiré leur épingle du jeu. Il faut bien reconnaitre que, malgré le relatif dépouillement de la robe, le vin reste aussi fringant qu'un "pas encore quinquagénaire". L'accord avec le chocolat amer est assez évident, mais le vin se suffirait presque à lui-même. Pour un instant d'éternité, qui nous éloigne temporairement, de manière imperceptible, de l'âge fatidique du demi-siècle...

     

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    Olif

     

    P.S.: après les accords vins-mets, les accords vins-livres et une nouvelle rubrique proposée par Thierry Guichard sur Le Matricule des Anges, "Et avec ça?". Quand littérature rime avec viticulture, ce qui est bien plus fréquent qu'on ne pourrait le croire... Le premier volet de cette rubrique paru au mois de juin propose un joli portrait de Luc-Marie Michel du domaine Zélige-Caravent, en Pic Saint-Loup. De quoi donner envie de boire .. et lire!

     

     

     

     

  • REVEVIN 2012: Bellivière, instants sucrés!

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    Contemplatif et pensif, Éric Nicolas, du domaine de Bellivière, peut éprouver la satisfaction devant le travail accompli. Ses cuvées moelleuses et liquoreuses de Jasnières et de Côteaux du Loir ont franchi sans problème l'agrément de la dégustation des Revevineurs. Accompagné de son épouse Christine, l'homme qui a vu Lhomme n'est pas un ours et c'est avec plaisir qu'il a accepté l'invitation de venir présenter ses raretés confidentielles (5% de la production du domaine) sous le patio du Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

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    La série débute par une déclinaison de rose, de la pelure d'oignon au doré ambré. Les Giroflées, vendange tardive de Pineau d'Aunis à fort potentiel (ramassé à 14,2), a été réalisée dans les millésimes 2004 et 2009. Dans un registre de rosé demi-sec, les deux millésimes jouent sur l'élégance, la finesse et la fluidité en bouche. La Salamandre est une déclinaison moelleuse de pineau d'Aunis qui a été réalisée en 2001 et 2004, le millésime que nous avons eu le privilège de goûter. La robe est dorée et le nez, plutôt racinaire, évoque la gentiane. Le vin a petit à petit mangé tous ses sucres, il est porté par une belle acidité et ce caractère racinaire qui domine. Le chenin n'est pas très loin et le surnom de chenin noir donné au pineau d'Aunis n'est pas usurpé.

     

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    Haut-Rasné, terroir protégé en Coteaux du Loir, particulièrement apte à prendre la pourriture noble, grâce à ses sols du secondaire parfaitement "ressuyables", permet de produire une cuvée moelleuse les années à botrytis. 2002, millésime de fraîcheur, a donné naissance à un très beau demi-sec, acidulé à souhait, avec une toute petite pointe d'oxydation finale (fruits secs). 2005 est beaucoup plus riche, sur le miel et l'abricot, mais la finale sait rester fraiche. Le 2009 goûte curieusement comme une cuvée carbonifère du Layon, avec ses notes iodées, sur une petite touche de pomme verte. Un équilibre cohérent, demi-sec, tout en fraicheur également.

     

    On ne jettera pas la pierre à Philosophale, cuvée d'exception élaborée uniquement les grands millésimes, sur des tries à potentiel supérieur à 18°. 1999 fut pourtant un millésime assez compliqué, avec une grande diversité de botrytis sur les raisins. Au final, une bouche et un nez complexes de miel et de coing, avec une petite touche de mine de crayon. Grande richesse portée par une belle acidité. Produite sur les coteaux de Haut-Rasné, on retrouve en 2010 des notes iodées et un fruité frais. Une grosse acifdité sous-tend la bouche, à l'origine d'une grande pureté aromatique.

     

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     Avec la cuvée Élixir de tuf, on manque d'un cran dans la concentration, le potentiel recherché étant d'au moins 20° naturels. En appellation Jasnières, ce chenin provient d'argiles à silex sur tuffeau. En 2004, la séquence botrytis-passerillage a apporté de la complexité et préservé la fraicheur, grâce à des notes iodées et mentholées. En léger décalage, la finale est légèrement sur le sucre. 99 est un cran au-dessus, avec une robe bien dorée, des notes d'épices, de coing, de miel et d'écorce d'orange. La bouche est onctueuse et opulente, finissant sur de l'acidulé qui rend le vin fluide et digeste. Superbe!

    Intercalée entre les deux, à cause du gradient de concentration, Aurore d'Automne 2005 est un exercice de style sur l'énorme potentiel du Pineau d'Aunis. Les raisins sont triés passerillés et flétris, dans le but de garder de la fraîcheur. Un petit côté vin de paille, indéniablement, avec ses notes de figue, de fruits secs, d'iode et de pêche, ainsi que par sa robe ambrée. Grosse concentration et finale à peine sucrée.

     

    Goûter à toutes ces cuvées rares et ultra-confidentielles peut-être considéré comme un privilège et on peut même se demander avec Éric Nicolas s'il ne faut pas un petit brin de folie pour les avoir produites. Une dégustation originale, qui a demandé un véritable effort à Christine et Éric pour retrouver certaines bouteilles, enfouies dans le tuffeau depuis des années... Après un aussi Bellivière, on ne peut qu'espérer le même été...

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

    P.S.: c'en est fini avec REVEVIN pour cette année. L'année 2013 verra la dixième (et peut-être dernière?) édition. La fin probable d'un cycle qu'il conviendra de cloturer en beauté avant de repenser probablement l'organisation de ces journées. Faisons confiance aux deux Philippe pour organiser un final en apothéose et cogiter la nouvelle forme à donner à ces rencontres vendéennes dans le futur.

  • De l'eau, oui, mais de l'Overnoy!

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    Du ploussard comme s'il en pleuvait, aujourd'hui, à Pupillin! Pas tant que les trombes d'eau qui se sont abattues sur le petit village jurassien, malheureusement! Mais, tout comme cette mousson jurassienne, les flots de ploussard 2011 de la maison Overnoy-Houillon ne dureront pas très longtemps. 2011, année généreuse en quantité, mais la maturité est arrivée avec un petit degré. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose, d'ailleurs, mais, pour le coup, la robe de ce 2011 est plutôt groseille clair. Plus foncée que celle d'un Tavel de L'Anglore, toutefois. En bouche, on retrouve néanmoins des similitudes avec les vins d'Éric Pfifferling. Un soyeux, une fraicheur et une onctuosité sans pareil. Ce pur plaisir, c'est la signature d'une grande bouteille sans sulfites ajoutés, même si certains croient toujours dur comme fer que ça n'existe pas.

     

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    Avec un tel ploussard (derrière un épatant chardonnay 2011 prélevé en œuf béton), même si la personnalité de Manu Houillon s'affirme de plus en plus, il est clair que la parole de Pierre prévaut toujours. À défaut d'être lue, elle pourra d'ailleurs prochainement être véritablement entendue et même visualisée, puisque un film inspiré du livre va être réalisé. Avec Pierre Overnoy dans son propre rôle. Et aussi celui du boulanger. Un vrai rôle de composition, en fait.

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    Olif

  • REVEVIN 2012: melting-pot en Anjou, avec Mai et Kenji Hodgson

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    Le second off de ces REVEVIN fut l'occasion de découvrir les vins de Mai et Kenji Hodson, jeune couple canado-japonais fraichement installé en Layon. Leur rêve vigneron, ils l'ont concrétisé en Anjou, après tout un cheminement dans le monde du vin, au Japon, au Canada et en Loire. Désireux de produire un vin le plus naturel qui soit, en limitant l'apport de sulfites, ils s'abreuvent à la source de Claude Courtois, Olivier Cousin, puis Mark Angeli. Et finissent pas poser leurs valises à Rablay sur Layon. Leur patrimoine viticole, composé par petits morceaux, leur permet de disposer de grolleau, cabernet franc et chenin, qui donnent naissance à différentes cuvées.

    Chalan Polan 2011, pétillant naturel à base de chenin a le mérite de la simplicité et de la franchise. Parfaitement sec, il exprime avec vivacité une belle gourmandise. La Grande pièce 2011 est un magnifique grolleau à la robe violine, au nez floral et poivré, sur des tanins frais et croquants. O Galarneau 2010, 100% cabernet franc des Rouliers, c'est un petit rayon de soleil québecois sur le Layon, une gorgée de fruits épicés et poivrés dans une vague de fraicheur.

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    Autant de cuvées séduisantes qui témoignent déjà d'une belle maîtrise, et qui ont servi d'apéritif à un repas spécial Terre et marais, arrosé de vins espagnols plutôt judicieusement sélectionnés. Parmi lesquels un Vega Sicilia Unico 1991, qui a constitué un moment plutôt magique ... et particulièrement unique.

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

  • Le Mas de mon oncle...

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    Si on avait dit à Fabrice Bonmarchand qu'il allait marcher dans les pas de Jacques Tati en reprenant le Mas de l'Oncle, en grande partie en appellation Pic-Saint-Loup, Lauret-il cru?

    Les vins de Fabrice Bonmarchand ne s'appellent pas Riri, Fifi ou Loulou, mais Denis, Jules, Louis, François et même Vieilles souches, ce qui n'est pas commun pour un neveu.

     

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    L'oncle, en fait, il s'appelle Denis, et c'est pour l'amour de Lauret que, dans un premier temps, le neveu Gérard Vézies, agent immobilier et grand navigateur, enfant du pays, a repris ses vignes il y a quelques années, avant de céder le domaine à Fabrice, devenu désormais producteur, mais aussi bon marchand de vins. Parmi ces vieilles vignes, du chenanson, hybride du jurançon et du grenache noir, une rareté créée fin des années 50 à l'INRA de Montpellier. Le chenanson, il n'en a pas l'air, mais il a aussi la chanson. C'est devenu la cuvée hommage au tonton. Denis 2010, ce sont des petits fruits noirs, du poivre, une belle sensation minérale en milieu de bouche et de la fraicheur. Un peu de bois aussi, parce qu'il est bien élevé, mais ça ne marque pas trop. 18 mois en fûts, ce n'est pas rien. Mais tout ça, c'est fait à la main, oui Madame.

     

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    Jules 2010, lui, c'est un Pic Saint-Loup tout ce qu'il y a de plus classique, avec un assemblage sudiste d'école: syrah, grenache, carignan et cinsault. Concentré, velouté et frais, il fait du bien au palais, le Julot. Et puis, il a une jolie échancrure en forme de Pic sur son étiquette, ce qui ne gâte rien.

     

    Bienvenue dans le Mas de l'Oncle, alors!

     

     

     

    Olif

     

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

     

     

     

     

  • L'été, il n'y a pas que le rosé, aux Jardins...

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    Soirée décontractée et estivale aux Jardins de Saint-Vincent, la deuxième depuis que Stéphane-Saint Vernier-Planche est revenu sérieusement aux affaires. La première, c'était en mars, et un compte-rendu figure sur le blog de la Pipette, ce qui fait que je me suis un peu laissé aller à ne rien faire. Cette fois, plus d'excuses, il m'a bien fallu reprendre le stylo.

     

    Plusieurs guests de passage au caveau grand ouvert sur la rue, certains ont même laissé quelques flacons non étiquetés à découvrir en avant-première lors de la soirée. Mais, patience... Auparavant, il s'agissait de trinquer à l'année supplémentaire du jardinier, signe d'une grande maturité de sa part. Fidèle, il l'est, puisqu'il est revenu cultiver son Jardin à la Saint-Vincent. Fidèle, il l'est aussi à Vouette et Sorbée, lui qui nous a fait découvrir le premier ce magnifique Champagne de Bertrand et Hélène Gautherot, toujours aussi impeccable à boire et parfait pour une mise en bouche.

     

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    L'été donne envie de rosé, mais ce type de vin n'est pas toujours aisé à appréhender par l'amateur. Par le professionnel non plus, d'ailleurs, même le jardinier de Saint-Vincent a du mal à en trouver un à son goût. Ni blanc, ni rouge, juste rose. À mon sens, le vrai bon rosé est un vin assumé, qui ne louche pas sur une autre couleur. Vineux, mais pas trop, il est destiné à accompagner les mets estivaux qui ne nécessitent pas un blanc et qu'un rouge trop coloré dénatureraient. Un vrai bon rosé doit être rose, sans doute, mais pas trop pâlichon, parce que la robe, finalement, on s'en fout un peu. À poil, le rosé, concentrons-nous exclusivement sur le nez et la bouche.

     

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    Avec Galéjade 2011, d'Alain Allier (Mouressipe), on n'est déjà pas dans le rosistiquement correct. Robe orangée, bien turbide, mais c'est joli quand même, en harmonie avec l'étiquette. Nez floral, sur la rose fanée, puis agrumes (mandarine) et litchi. Bouche fluide, avec de tout petits tanins accrocheurs et une belle persistance en bouche. Un rosé plein de gourmandise!

     

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    Le temps fait tout, en Languedoc, c'est Rémi Poujol qui le pense et le dit. La robe de son rosé est plutôt soutenue, groseille. Un nez caramel au lait, franchement lactique, et une bouche imposante, un peu chaude, avec une pointe de volatile finalement bienvenue. C'est un 2009, et il est à souhaiter que le temps fasse tout pour lui, parce que, à ce stade, c'est un rosé un peu compliqué à boire, il faut bien le reconnaître.

     

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    On passe à la pointure au dessus, ce qui se fait probablement de mieux en matière de rosé "nature": Tavel 2010, domaine de L'Anglore. Le velouté de tanins des vins de L'Anglore, je crois bien que je le reconnaitrais entre mille. La robe est légèrement trouble, d'un beau rosé orangé, avec la pulpe. C'est fruité, c'est frais, c'est bon, on en boirait des seaux, mais ce n'est pas aussi simple que cela. Un vrai beau vin de terroir qui fait honneur à l'appellation et au vin rosé d'une manière générale.

     

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    On passe au blanc, avec ce Côtes du Rhône 2010 du Domaine Jamet. Un peu fermé à ce stade, avec une pointe de réduction, il a du mal à se lâcher. La bouche est agréable, mais on la sent bridée et la finale reste pâteuse. 60% marsanne, 30% viognier et 10% roussane, et ce n'est pourtant jamais mou ni lourd. Pas vraiment dans un style nature, c'est sûr, mais il faut savoir rester ouvert...

     

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    Heureusement, French Wine is not dead. Grâce à Anthony Tortul et à la Sorga, qui nous enchante avec ce blanc 2010 de viognier et terret bourret, non, tu n'es pas bourré, Jean-Claude. La bouche est ronde, marquée Sud, mais gourmande, tout en étant bâtie sur les amers, qui assurent la fraîcheur finale. Une belle réussite.

     

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    À ce stade de la dégustation, il est presque temps de faire une parenthèse pour saluer l'un des guests de la soirée, de passage à l'heure de l'apéritif, mais qui n'a pas manqué de nous laisser quelques échantillons de sa production jurassienne, tout juste tirées du fût. D'autant plus émouvant qu'il s'agit sans doute là des dernières bouteilles made in Jura par Jean-Marc Brignot, ex- as tiré de la Manche. Ces vins-là ne lui auront pas trop donné de boulot, à Jean-Marc. Ça tombe bien, il ne court pas après. Des raisins de 2004, sa première vendange arboisienne, qui ont été mis dans des fûts et laissés bien tranquilles jusqu'à maintenant, dans la pénombre d'une cave sans électricité. Chardonnay seul, assemblage chardo-savagnin dans des proportions tenues secrètes (nul ne le sait véritablement, en fait) et savagnin seul, restés 7 ans et quelque sous un voile sans intervention humaine d'aucune sorte. Dur de départager les deux chardonnays, pur ou en assemblage (ma préférence personnelle va au premier cité, pour sa finesse superlative, versus le côté éthanal plus marqué de l'assemblage), mais, ce qui est certain, c'est que le savagnin 2004 fera date. Il ne revendiquera évidemment ni l'appellation "vin jaune", ni le clavelin, ce n'est pas le genre de la maison, mais il marquera sans nul doute les esprits pour les siècles des siècles. Un fruit toujours présent et des airs de fino, qui s'épanouissent dans une finale en queue de paon. C'est magnifique, ce ne sera pas donné, mais on risque de se les arracher car ce sera définitivement collector, puisque cette année 2012 verra le départ de Jean-Marc pour de nouvelles aventures au pays du Soleil Levant, après d'ultimes vinifications pour le compte de Vinibrato, en Beaujolais et en Alsace.

     

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    Merci Jean-Marc, mais aussi Merci, Vincent La Boria, pour ce Côtes du Roussillon 2010 made in Trilla, réjouissant, gourmand et enthousiasmant, qui a bien accompagné les plats de charcuterie enfin arrivés sur la table parce qu'il commençait à faire un peu faim.

     

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    Pour clore les agapes rouges, petit tour sur le Causse avec ce Rouge de Causse 2010 du Petit Domaine de Gimios, au grain encore serré, un poil rustique, procurant le même plaisir, un brin jouissif, que celui de se frotter contre une joue mal rasée. Viril et séducteur en diable.

     

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    Dernier clin d'œil au vigneron arboisien monté en fléchettes, au travers de ses deux dernières réalisations, produites avec les raisins de la famille Bannwarth, en Alsace. Gewurtz et Pinot gris comme il est difficile d'en avoir déjà bu auparavant. Et pourtant, ça se boit, même que c'est bon.

    Sayonara, Jean-Marc Sensei (先生)!


    Olif


    P.S.: la prochaine séance de dégustation aux Jardins, ce sera véritablement au jardin, ou plus exactement dans les vignes, à la Mailloche, avec Carlito et Alice, du domaine de l'Octavin. Le vin nature dans la nature, le retour, et c'est déjà bientôt. Vivement..!

  • REVEVIN 2012: les gens et les vins de Mogador

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    Après l'ascension revevinesque de la Roche aux Moines la veille au soir, cap au Sud pour gagner des terres colonisées il y bien longtemps de cela, au XIIème siècle, par les Pères Chartreux, du côté de Tarragone. D'Escaladei (les échelles de Dieu) à Gratallops, ils ont œuvré à la valorisation de ces terres bénies, auxquelles ils ont également donné leur nom sans se faire prier: le Priorat. Dans leurs bagages, ils n'avaient pas oublié d'emporter quelques cépages rhodaniens, comme le grenache, le carignan et même la syrah. Lorsqu'ils ont dû quitter précipitamment la région, en 1835, pour avoir un peu trop abusé de leur ascendant sur le peuple à grands coups de dîmes et d'impôts, les Chartreux ont tout abandonné aux mains des paysans locaux, qui ont récupéré une partie de leur dû en pillant largemement la grande Chartreuse du Priorat, jusqu'à en faire un tas de ruines..

     

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    Suivant les traces des moines bien des années plus tard, la famille de René Barbier a quitté la vallée du Rhône pour faire commerce du vin en Catalogne. René Barbier est ainsi la 5ème génération de ces marchands de vins à vivre en Espagne. Plus exactement en Catalogne, sinon, sa femme, d'origine française également, aurait eu du mal à le suivre, ce qu'il nous a avoué sous le saut du secret matrimonial. À l'instar des cordonniers, ce sont généralement les Barbier qui sont les plus mal rasés. René ne déroge pas à la règle. Depuis l'année 79, qu'il s'est implanté en Priorat, il n'a eu de cesse de redonner ses lettres de noblesse à ce vignoble séculaire aux paysages somptueux, à la limite du grandiose. Malgré ce cadre magnifique, c'est pourtant un endroit qui nécessite "d'avoir une grande illusion pour espérer s'en sortir ... et y rester". Celle de vouloir recréer un vin qui ressemblerait à un vin "pré-phylloxérique", par exemple. En 1989, la première cuvée de son Clos Mogador voit le jour. Mogador parce que "les gens", saga familiale écrite par la tante Élisabeth Barbier, qui raconte l'histoire d'une riche famille rhodanienne au XIXème siècle, largement inspirée de celle de la famille Barbier. Depuis la reconnaissance internationale et la consécration parkerienne, survenue très rapidement, en 1992, Clos Mogador ne cesse pourtant d'évoluer vers les aspirations profondes de René. La part plutôt importante de cabernet sauvignon, qui a contribué à la notoriété du cru, est en train de fondre  comme pulpe de raisin au soleil pour laisser plus de place aux véritables cépages identitaires de la région. Grenache, carignan, mais aussi syrah un peu, s'imposent de plus en plus pour donner un vin qui gagne en gourmandise et en fraîcheur. La fraîcheur, recherche perpétuelle et indispensable pour ces vins solaires du Priorat, réputés concentrés et alcooleux. René Barbier l'obtient de mieux en mieux grâce à une viticulture exigeante, tendance biodynamique, qui permet progressivement d'obtenir la maturité du raisin avec un degré naturel moindre. Sacré challenge! Et ça se ressent dans le verre, évidemment.

    À côté du Clos Mogador, René Barbier produit un vin blanc particulièrement original, Nelin, à base de vieux cépages (une quinzaine) et de pinot noir. Il s'est également investi dans la réhabilitation d'une vieille parcelle de carignan, dans un lieu unique, Manyetes, et s'est implanté dans l'appellation voisine de Montsant pour produire une cuvée de vieux grenache particulièrement espectaculaire. Espectacle (c'est son nom) s'est rapidement située au niveau des Grands d'Espagne.

    Ex soixante-huitard et contestataire dans l'âme, privilégiant quand il le peut les déplacements en camping-car (par nostalgie du Van VW de sa jeunesse?), il s'est finalement résolu à se déplacer en avion pour venir participer à ces rencontres vendéennes. Agrémentée de visuels vidéo-projetés pour l'ambiance catalane, cette dégustation de Priorat sous le patio du Chai Carlina fera date dans l'histoire des REVEVIN. Un grand moment!

     

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    - Clos Manyetes 2009: malheureusement légèrement bouchonné, ils ne laisse qu'entrevoir sa belle minéralité sur des tanins un peu secs, altérant la perception en bouche.

     

    - Clos Mogador 1998: vestige de la période cabernet sauvignon, il évolue superbement, sur des notes chocolatées, avec une touche de poivron rouge bien mûr, apportant de la complexité. Les tanins sont fondus, élégants, sans la moindre austérité. Bel fraîcheur finale et équilibre magique.

     

    - Clos Mogador 2001: la part de cabernet sauvignon rétrécit, seulement 18%. La robe est encore jeune, brillante, témoignant du peu d'extraction. L'apport du carignan est indéniable. Riche, puissant, mais élégant, on ressent de la droiture et une certaine tension qui régulent l'équilibre. Très beau vin.

     

    - Clos Mogador 2009: grenache, carignan, syrah et un peu de cabernet sauvignon. Arômes de fruits noirs, avec une petite touche poivrée, qui évoluent en bouche sur des fruits rouges plutôt frais, grenade ou grenadine, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, et cela fera débat. Les tanins sont suaves et soyeux, d'une grande gourmandise. Et toujours cette belle fraicheur...

     

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    - Nelin 2010: c'est le blanc de Mogador et il est issu de 15 cépages, dont grenache, macabeu, escanyavelle ("étrangle vieilles", du faut de sa peau dure et rugueuse) et pinot noir. Jolis arômes de pêche, sensation tannique en bouche, de la puissance, mais un beau compromis entre richesse et fraicheur, ici aussi ardemment recherchée.

     

    - Nelin 2008: la robe dore un peu et le nez développe des arômes d'amande grillée et de frangipane. Les fruits sont toujours bien présents. Dans un style riche et structuré, voilà un beau vin blanc pour la table.

     

    - Clos Nelin 2002: à maturité, il respire la truffe blanche et l'eau de vie de framboise à plein nez. La bouche est ample et généreuse, dévoilant une fraicheur épicée en finale. Grandissime bouteille, sur la puissance et la tension.

     

    - Espectacle 2009: il a nécessité de la préparation, ce joyau du Montsant, pour se présenter à nous sous son meilleur jour. Long carafage, verres géants, le voici à point, délivrant toute sa complexité par petites touches. Réglisse, petite prune, rose fanée, il est d'une profondeur et d'une complexité rares. Puissant (il avoisine les 16°), mais équilibré, y tremper ses lèvres, ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie, est un moment privilégié.

     

    Merci, Monsieur Barbier, pour cet authentique bonheur partagé!

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

    P.S.: souvenirs souvenirs, ma première rencontre avec les vins du Priorat, en Suisse, qui fut l'un des premiers pays à soutenir commercialement la démarche de René Barbier. Clairvoyants, parfois, les Helvètes!

     

    P.S.2: pour le compte rendu d'une belle visite récente in situ, c'est sur la Pipette qu'il faut aller voir.

     

    P.S.3: REVEVIN, c'est évidemment des vins, mais c'est aussi une femme, qui sait le raconter.

  • REVEVIN 2012: jus de Roche...

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    "- Moi je connais un vin sec, moelleux ou doux, savoureux, c'est le Rooooche aux Moines...

     

    - Amène!


    - Rooche aux Moines!"

     

     

     

    Ne reculant devant aucun sacrifice, l'appellation Savennières Roche aux Moines n'a pas hésité à présenter l'intégralité de sa production à une bande de pseudo-moinillons, même pas tonsurés de près (enfin, pas tous!), lors de ces 9èmes Rencontres Vendéennes au Chai Carlina, pour faire part de l'acte de naissance du nouveau décret encadrant la production des vins du cru.

     

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    Dénomination existant depuis le Moyen-Âge, la Roche aux Moines fut donnée aux moines de l'abbaye Saint-Nicolas, qui furent prompts à planter de la vigne sur ce terroir fameux de schistes et de spilites. Seulement 33 hectares en production, appartenant à 8 vignerons, dont seulement 7 revendiquent le nom, Éric Morgat préférant pour l'instant l'assembler à sa production de Savennières. Traditionnellement présidé par des femmes, initialement épouses de notables angevins qui étaient venus cultiver leur jardin au bord de Loire, le vignoble de la Roche aux Moines a fait son coming out en s'ouvrant davantage aux hommes. Contraint de redéfinir par décret les conditions d'appartenance à l'appellation, pour pouvoir subsister, les vigneron(ne)s de la Roche aux Moines en ont profité pour élaborer une charte encore plus restrictive, dont certains items ne pouvait figurer dans le décret (comme l'interdiction du désherbage ou de la chaptalisation). Pas de discrimination, pour un législateur! Les normes d'élaboration ne peuvent imposer un mode de production par rapport à un autre... Respectons la loi bien sagement, alors, même si rien n'empêche de niveler par le haut.

     

    Pour cette présentation complète de l'appellation, des producteurs et des vins, dans le millésime 2010 (avec un pirate et des bonus), deux ambassadeurs de choix et de charme: Tessa Laroche (aux Moines) et Clément Baraut (che aux Moines aussi). Les vins sont dégustés à l'aveugle dans un ordre totalement aléatoire, que les deux ambassadeurs ne connaissent pas.

     

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    - Clos de la Bergerie 2010, Nicolas Joly: on ouvre la série par un vin particulièrement riche et opulent. Maturité versus oxydation, le débât fera rage, et encore plus après dévoilement de la bouteille. Il y a de la matière, c'est sûr, mais il y a aussi de l'acidité pour la supporter. Un style controversé, mais affirmé, et, personnellement, je trouve cela plutôt bon.

     

    - Domaine des Forges 2010, Branchereau: nez en retrait, peu expressif. La bouche est encore plus fermée, serrée. On sent de la droiture et des épaules, mais ça ne cause guère. La jolie finale salivante laisse pourtant bien augurer du potentiel.

     

    - Domaine Laroche 2010: joli nez très fin, fruits jaunes anisés, beaucoup d'élégance en bouche, avec des notes salines particulièrement agréable. Un petit rat de l'Opéra, si on le compare aux deux éléphants l'ayant précédé. C'est très bon, Tessa Laroche a parfaitement reconnu son vin, et moi, j'ai seulement failli.

     

    - Clément Baraut 2010: nez également très fin, sur les fruits blancs, belle bouche bâtie sur des amers salivants, à peine accentués en finale. Un joli vin à attendre un peu pour un plaisir maximum.

     

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    - Domaine FL 2010: retour au solide, avec ce vin trop boisé à mon goût. Tant au nez qu'en bouche, où la sécheresse finale s'impose. Riche et opulent, très cher, un vin superlatif qui ne fait pas dans la dentelle. Pas du tout mon style.

     

    - Damien Laureau 2010: le nez s'ouvre sur un léger boisé. Bouche riche, un peu alcooleuse, ronde, pas désagréable, mais le bois réapparait un peu en finale. A attendre, certainement.

     

    - Château Pierre Bise 2009: un 9 au milieu des 10. Nez très mûr, marqué par des notes de pomme. La bouche est plutôt jolie, riche mais pas trop, avec une belle acidité porteuse. Étonnamment frais pour un 2009.

     

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    - Domaine Laroche 2007, cuvée de l'Abbesse: un doux à 80 g de sucres résiduels, qui fleure bon le litchi et la mangue, avec une impression de rôti, alors qu'il est uniquement passerillé, sans botrytis. Joli acidulé final.

     

    - Bonnezeau 2010 Carpe Diem, Clément Baraut: ultime bonus sucré, il a un petit caractère oxydatif sur les fruits secs qui rappelle le vin de paille. Il est également issu de passerillage.

     

    Après ce tour d'horizon quasi exhaustif, force est de constater que l'exigence qualitative de l'AOP Roche aux Moines est élevée. La dégustation a mis en évidence un haut niveau global, avec des disparités de style finalement normales et même plutôt attendues, reflétant le travail et la personnalité du vigneron par delà le terroir. Le potentiel de l'appellation est énorme, tout au plus peut-on regretter l'absence de cohérence des tarifs pour une appellation ausi restreinte et une telle volonté de faire cause commune, des prix de vente qui s'échelonnent entre une dizaine d'€ et 53€ (pour la cuvée du domaine FL), alors qu'il n'y a aucun hiatus gustatif entre les différentes cuvées. Un juste milieu cohérent se situerait probablement entre 20 et 30€, qui serait un prix tout à fait honorable pour un vin globalement d'un très bon niveau.

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif