L'Hermitage de rien, chronique d'un été débutant...
Entre déconnexion passagère du web, bronzette sous la pluie bretonne, Paléo sous le soleil, bientôt le Festival de la Paille jurassienne et reprise (déjà!) du travail, l'été 2012 déroule gentiment, l'air de rien. Enfin, gentiment! Quand j'dis ça, j'dis rien...
- Un projet d'antenne au sommet de l'Hermitage agite le landerneau vinique. Ne touchez pas à la colline vinique sacrée, ou je fais un malheur! Déjà largement défigurée par des murs publicitaires à la gloire de Chapoutier ou de Jaboulet, la célèbre colline rhodanienne n'en serait pourtant pas à une verrue près, puisqu'une autre antenne s'y trouve déjà. Le véritable problème, c'est cette pollulation* d'antennes, depuis que le monopole public de TDF a volé en éclat. Plutôt que d'utiliser l'existant, il revient moins cher d'en construire une autre à côté et de laisser rouiller les autres, que plus personne n'entretient. Suite à la mobilisation générale, orchestrée par les notables vignerons et l'élite de la blogosphère vinique, l'antenne serait susceptible d'être déplacée... si un autre endroit propose la même couverture d'ondes. Prions pour qu'elle n'aille pas défigurer un autre lieu du secteur, sans chapelle, mais encore vierge, et où on ne plante même pas de vigne. Le véritable point positif, dans cette affaire, c'est que Chapoutier s'est engagé à démonter ses horribles murs publicitaires, pour participer à la revalorisation du site en vue d'un classement éventuel au patrimoine mondial. Le vignoble de l'Hermitage est sauvé! Ouf! Ça s'arrose! J'en ouvrirai bientôt une bouteille, juste pour voir comme c'est bon. Un sans soufre, peut-être? Que cela ne vous empêche pas de signer la pétition en faveur de l'Hermitage, si le cœur vous en dit... On relèvera juste qu'il y avait un peu moins de beau linge pour s'insurger contre le massacre des terroirs bourguignons à la bioconcasseuse l'automne dernier. Il est vrai que cela se passait en sous-sol, cette fois-là. Rien de bien visible, à même de troubler le bourgeois, donc.
- L'air de rien, nous sommes rentrés dans l'ère du tout ou rien. Les coiffeurs penchent pour l'hair de rien, les clochards pour l'hère de rien, les analphabètes pour ... rien, les calembourdistes pour l'R de rien, les joueurs sur les mots au troisième degré à L'de Rien. Nihiliste jusqu'au bout des ongles, si je devais baptiser une cuvée minimaliste, je me limiterais à un seul et unique R sur l'étiquette. Qui me dit que je ne serai pas accusé de plagiat éhonté pour avoir utilisé l'R de rien, pourtant dûment protégé à l'INPI? Bon, finalement, tout va bien, il est temps d'aller boire un coup.
- L'année 2012 est difficile pour les tenants et partisans d'une agriculture biologique, au nord et à l'ouest du Pécos. On ne va pas plaindre nos amis viticulteurs d'avoir du boulot par dessus la tête à la vigne, nom d'un mildiou, personne n'a jamais dit que s'engager dans cette voie du bio et du bon était facile. On regrettera amèrement cependant que l'on en soit au stade de se battre pour tenter de sauver quelques raisins à mettre dans les bouteilles. Mon diou, faites que tous ces efforts ne s'avèrent finalement pas vains et se transforment en un minimum de vin. On pense plus particulièrement à tous les Champagnards qui ont trop fait fumer leurs enjambeurs, aux micro-vignerons angevins victime de la rouille ou encore aux petits gars du Sud-Ouest qui baptisent leurs cuvées de noms rigolos pour oublier à quel point elles les ont fait souffrir à la tâche pour les élaborer. Tout ce qu'on leur souhaite, c'est de tenir bon et de ne "rien lâcher", d'ailleurs c'est ce qu'ils sont tous en train de faire.
- Juillet, c'est la saison des festivals de plein air, l'occasion de se nourrir les oreilles de bonne musique et d'écluser quelques bières, sans se préoccuper d'une autre qualité que celle de la désaltérabilité sous le soleil. Question alcool, Hubert-Félix Thiéfaine est revenu de pas mal de choses, mais sa prestation scénique au Paléofestival de Nyon a valu le détour et fait tirer bien des langues. L'occasion de parler d'autre chose que de vin, finalement...
Olif
P.S.: cette cuvée L'antenne 1999 du domaine de Cazal Viel, à Saint-Chinian, en est restée à l'ère hertzienne. Une transmission brouillée par de mauvaises ondes d'évolution tertiaire, ce qui n'est nullement surprenant pour une cuvée destinée à une consommation plus rapide. Oubli de fond de cave, mais ressortie fort à propos, je trouve...
* contraction de pollution et pullulation, ce néologisme veut tout dire, en fait ...