Milan royal
Depuis sa chambre, lorsqu'il ouvre les yeux, chaque matin, Henri Milan a toujours les volets clos. Depuis sa chambre, lorsqu'il ouvre les volets, chaque matin, Henri Milan a toujours les yeux clos. Le Clos, sa parcelle chérie et mythique, c'est son jardin et son horizon. Elle dort sous ses fenêtres. Il la veille et la couve du regard chaque jour. Arrachée complètement en 2009, après les vendanges, elle fut replantée en 2011, quasiment à l'identique. Enfin, presque... Grenache, syrah, et, au milieu, deux rangées de mondeuse. "Parce que j'aime bien la mondeuse", confesse Henri, le plus savoyard des provençaux. Le tout parfaitement étudié et modélisé selon de savants calculs autour du nombre d'or. Les manquants n'ont pas été remplacés par des rosiers, non, mais cette bande florale symétrique au milieu des vignes est censée harmoniser le lieu. Pour goûter au Clos nouveau, il faudra donc attendre encore un ou deux millésimes. Mais ça promet. Rien qu'en respirant un grand coup au réveil, on y perçoit déjà des notes florales et épicées...
On ne sait pas toujours quand on arrive au domaine Milan, mais il est encore plus difficile de prévoir son heure ou même son jour de départ. Non pas que le domaine fasse chambre d'hôtes, mais quand les dégustations se prolongent et se poursuivent par un after, le programme du lendemain se remplit au fur et à mesure que les verres se vident. Le Croque-chou, restaurant chouchou de ses dames et des vignerons au goût affûté, étant fermé le lundi soir et le mardi en été, le chef Sébastien Folz est parfois instamment prié de venir cuisiner au domaine de façon impromptue. Et il s'exécute, avec brio et de façon parfaitement consentante. Ce qui fait déjà une occasion de rester...
La dégustation de vins du domaine, il faut savoir la bisser, pour mieux comprendre certaines subtilités. La quasi totalité des vins goûtés le soir, prélevés sur cuve, fût ou bouteille, il a fallu y revenir le lendemain, pour accompagner des vignerons de passage, ayant sonné à la porte à l'improviste, après de multipes SMS restés sans réponse. La Carrée, goûtée à 90°, sous tous les angles, avec ou sans soufre, sait parfaitement mettre la roussane en valeur. Et le Grand blanc... ah! le Grand blanc! Celui-là ne rousille aucun surfeur. Bien au contraire, il se laisse même plutôt avaler sans porter préjudice à quiconque. Et puis aussi le Clos 2009, riche et solaire, l'ultime avant la nouvelle version, promet beaucoup dans sa jeunesse. On lui préfèrera évidemment pour l'instant le 2007, qui est un véritable bijou, un modèle de vin pour les grandes occasions, mais aussi pour tous les jours, tellement il est déjà majestueux et bon à boire. Entre les deux, 2008 affiche une forte personnalité, un poil rebelle, qui nécessitera sans doute quelques années pour s'assagir. La bouteille de Petrus trônant sur l'étalage a été dégustée une fois précédente, plus personne ne sait quand, mais il y a déjà longtemps de cela. Probablement pour étalonner le Jardin, considéré comme le Pétrus provençal. 100% merlot sur des marnes, juteux au possible et provençal en diable. Inégalable, même à Pomerol!
Du coup, le lendemain midi, après le remake de la dégustation de la veille, on a fait un concours de Comté Petite, de différentes provenances jurassiennes. Et on a bu du vin du Jura, pour accompagner des "magrets" de cochon façon Croque-Chou, à la cuisson parfaitement parfaite.
Ainsi va le vie provençale à la Galine. Royale...
Olif
Commentaires
Quand il y as Clairet.....il y as Petite......
On s'y croirait... Merci :)
En lisant votre note, je m'y suis retrouvée...
Chez Henri, dans sa cave... Les odeurs, les sons, les saveurs, les images... tout y est...
Même Sébastien Folz et son magnifique et merveilleux talent de cuisinier hors pair qui sait si bien exalter nos papilles et notre odorat...
Car Henri Milan et le Croque Chou c'est une histoire d'amour...
Ces dames pourraient en être jalouses ;))))