Saint-Glou 2012, Jurassic good trip, Jour 4...
Ouillage: opération qui consiste à remplir, scrupuleusement et sans se faire mal, les fûts de vin pendant leur élevage, pour éviter qu'ils ne prennent l'air. L'absence d'ouillage aboutit à la formation du voile, dont le port est autorisé en public à l'intérieur des caves jurassiennes.
Vin jaune: vin du Jura issu du seul cépage savagnin, élevé sous voile de levures, qu'il faut attendre de pied ferme pendant plus de 6 ans avant de pouvoir le goûter. Son caractère si particulier arrache parfois un rictus jaune au néophyte, lors de la première gorgée.
Jean-François Ganevat, La Combe de Rotalier:
Mettre un pied dans la Combe, c'est l'assurance de finir par les avoir les deux. Les Saint-Glouglouteurs ne pensaient plus pouvoir être impressionnés par le Jura, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir!
Fanfan (vous permettez que je l'appelle Fanfan? C'est un copain!) absent, retenu prisonnier en Batavie, ce ne sont pas une, ni deux bouteilles qu'il fallait goûter pour tenter d'appréhender un des plus grands domaines jurassiens, mais pas loin de 50 bouchons que Anne, sa sœur Anne (ne vois-tu rien venir, à part une bande de Saint Glouglouteurs?), à qui Fanfan avait confié les rênes de la dégustation, allait devoir dégoupiller.
Au menu, des blancs pour l'apéro, de 2010 à 2000, des rouges pour la table, de 2011 à 2000, des jaunes pour le fromage, de 2004 à 2003, tout ça pour finir Sul Q au dessert. Et, côté solide, les mets préparés par Pierre-Ivan Boos, l'alchimiste de Pontarlier, qui avait fait le déplacement depuis ses montagnes pour l'occasion. Le chien Schiste, grand amateur de bellota, l'attendait d'ailleurs de pied ferme.
Les blancs 2010 font encore un pas en avant vers la félicité absolue. Le millésime s'y prête bien, avec son équilibre plus fin et digeste que 2009. Superbes acidités, vins vibrants, avec une préférence aujourd'hui pour Florine, les "jeunes vignes" des Chalasses, plantées en 1986. Le chardonnay des Grands Teppes est paradoxalement plus accessible que celui des Chalasses vieilles vignes, alors que c'est le contraire d'ordinaire, dans la période de jeunesse. Le travail du sol effectué sur la parcelle de Grusse commence à porter ses fruits, le vin gagne en dynamisme et tonicité d'année en année. En 2008, Marguerite fait toujours le bonheur de tous en offrant son cœur, sans pour autant prendre le melon. La queue rouge de cette variété de chardonnay y est sans doute pour quelque chose.
Pour faire la transition, quelques bulles de vieux cépages 2007 ont fait un grand 8 éphémère dans la bouche. Non dosées, fraiches, désaltérantes et extrêmement confidentielles, limite il n'y en a déjà plus une seule bouteille au monde.
À table, les rouges 2011 font des merveilles. Glissants, digestes, de faible degré alcoolique, salins et hautement buvables. Mention particulière au Pinot noir de Grusse, vinifié à part (après tri grain par grain et section du pédicelle au ras du raisin) et finalement embouteillé à part, tant il s'exprime différemment du Pinot noir Cuvée Julien habituel. De bien jolis tanins croquants complètement craquants. Superbe! Des vins dans la lignée des 2010, déjà hautement recommandables, mais pas à tout le monde ou n'importe qui... On fera l'impasse sur la dégustation des 2008 et 2009, pour ne pas abuser et mieux apprécier J'en veux 2000, qui a gardé encore pas mal de choses dans sa culotte. Le culte et la culture du vieux cépage ne sont pour Fanfan ni une lubie, ni une passade!
©Mme Olif, toute reproduction interdite
Repos du guerrier, Salins-les-Bains:
Dimanche soir, quelques potes ont repris la route, d'autres le train, mais certains sont restés au coin du feu. Pour un pot-au-feu d'adieu, dans l'ambiance cosy de la Maison Salines, autour d'ultimes quilles, les dernières cartouches de cette Saint-Glou 2012. Tous les participants peuvent être fiers d'eux et ce sera sans doute l'œil humide, que, dans une ou deux dizaines d'années, ils raconteront le Jura à leurs enfants ou petits enfants, en leur disant, des sanglots dans la voix: "La Saint-Glou jurassienne 2012? J'y étais!"
Dans le Jura, finalement, "on est des privilégiés!", comme le dit Édouard Hirsinger à la journaliste de France 3, dans l'émission "Des racines et des ailes"*. Pas mieux comme mot de la fin!
Vivement la prochaine!
Olif
* Des racines et des ailes a pris ses quartiers dans le Jura dès l'automne 2011, chez Edouard Hirsinger et Stéphane Tissot, notamment, pour une émission diffusée sur France 3 le 7 novembre 2012. La Saint-Glou a en partie marché et volé sur ses traces à la Toussaint 2012.
Commentaires
Tes définitions olifiennes devraient être rassemblées dans un dictionnaire à la Baffie du style Escargot : "Limace qui a accédé à la propriété"
A quand le dico d'Olif ? :-)
François
T'as gagné, j'ai le spleen du matin maintenant... !!
T'es balèze, Olivier. Moi, j'en garde un souvenir dense, intense et flou... Impossible de synthétiser... C'est toi la MEMOIRE DE LA SAINT-GLOU, merci !
Bien aimé Grands Teppes 2010, fruité et puissant, qui se goûtait en effet mieux la semaine dernière que Chalasses 2010.
Grusse en Billat 2010 très acide, ainsi que Florine 2010.
Moins apprécié Marguerite 2010 (melon à queue rouge).
Les Chamois du Paradis 2010 se développent avec une certaine richesse.
Acide, Laurent? Moins qu'un Coche 2008, quand même? Parce qu'il y a acidité et acidité. Celle de Florine 2010 est tonique et vibrante, salivante et salutaire, en un seul mot magnifique, à mon avis. Mais ce n'est que mon avis, évidemment...
La forte acidité, je l'ai surtout ressentie sur Grusse en Billat.
Moins aimé les 2009 (Florine, Grusse, Grands Teppes), probablement moins acides.
Grands Teppes 2009 probablement en vrille, avec beaucoup de volatile et un goût très louche.
Quant à Coche, cela dépend si tu goûté l'aligoté ou le Charlemagne.
:-)
Et du seuil psychologique de chacun.
Overnoy 2010 était très bien mais a besoin de se mettre en place dans le verre.
Un très grand vin : Puffeney 1990 (12 ans de voile).