VDV#58: SuperVigneron!
©Gotlib et Éditions AUDIE
Les VDV, c'est en toute logique le dernier vendredi du mois, mais il a fallu s'y prendre plus tôt pour l'occasion, vacances d'été obligent. Après 57 éditions, soit près de 5 ans d'existence, il est de plus en plus héroïque de trouver un président mensuel. Ce qui n'est pas sans apporter son lot de cheveux blancs à notre dévouée secrétaire générale perpétuelle. Une chance, Tom Delanoue, du blog 1098 (comme le nombre de bouteilles dans sa cave? la pression barométrique qui règne sous son crâne? le millésime de son année de naissance? on ne le saura pas de Citeaux!), gavé depuis sa plus tendre enfance de comics, nous a sorti de sa manche, de sa cape ou de son chapeau, des vendredis super héroiques. Un thème un peu strange, au départ, il faut bien le reconnaître. J'ai bien vibré un chouïa dans ma jeunesse en lisant les premières aventures de Daredevil, de Spiderman, ou du Surfer d'argent. Je me suis même senti tout Chose à la lecture invisible des aventures brûlantes et élastiques des 4 Fantastiques. Et puis, difficile de s'y retrouver dans la pléthore d'histoires à vertu commerciale, de spin-offs, de dessinateurs et de scénaristes. Alors j'ai lâché l'affaire, un peu réactivée avec l'adaptation plus ou moins heureuse de bon nombre de tous ces super-héros en blockbusters cinémascopiques. Comment faire le lien avec le vin, au final? Plutôt nourri à l'école franco-belge, j'ai mis du temps à trouver l'angle d'approche de ces VDV, si ce n'est éventuellement au travers de la lutte finale de Super Dupont contre Bruce Lee, contée avec maestria par the Marcel Gotlib, et qui a vu la victoire incontestable du karatéka par infarctus du myocarde fatal chez son rival franchouillard, consécutif à la sortie d'un camembert du frigo et à la consommation d'un verre de Pommard 69 avec des glaçons. Mais point de camembert au congélo chez moi, pour ne pas risquer l'excommunication de Normandie. Et je bois généralement mon Pommard comme le whisky. Sec, sans glace. Sauf quand j'ai piscine, évidemment. Ou alors, c'est qu'il m'a tuer...
©Gotlib, Rhâ-Gnagna
Alors, j'ai levé mon verre vers le ciel. Et c'est là que j'ai vu une grosse tache noire qui se rapprochait de moi à une vitesse grand V. Était-ce un oiseau? Était-ce un avion? Un effet oculaire dû à l'abus de jus de la treille? Ou plus simplement une goutte de vin dans mon œil, suite à un remuage de verre trop vigoureux? Non, rien de tout cela, c'était SUPER VIGNERON(NE)! Pas besoin d'aller bien loin pour dénicher la bouteille de mes VDV, elle était là, sous mon nez!
Un verre du Plô 2003, superbe grenache collector de cette chère Iris de Lisson, qui vient tout juste de lancer sa dernière offre "primeur", permettant d'acquérir quelques flacons à prix concurrentiel pour une bonne cause, la survie de ce petit bout de vignoble héroïque, arraché à la forêt de châtaigniers, qu'il faut désormais défendre contre l'appétit vorace de hordes de suidés fort malengroins et indélicats, grands amateurs de bons raisins bien mûrs et pas trafiqués, ce qui serait néanmoins plutôt à mettre à leur crédit, prouvant ainsi qu'ils ont quand même bon goût.
Dans le genre super héroïne, Iris, c'est Captain Germanica matinée de Wonder Lisson Woman. Il eût pourtant mieux valu qu'elle descende en droite ligne d'Obélix, super faire-valoir de héros gaulois, afin d'être mieux armée en vue de la digestion d'une demi-quatorzaine de sangliers au petit déjeuner.
Dans le genre SuperVigneron, on en a un aussi, dans le Jura. Un type doté d'un super pouvoir: celui de changer le raisin en bon vin. Un truc finalement loin d'être à la portée du premier vigneron ordinaire venu. Un de ses vins, biodynamique et sans sulfites, est même capable de sortir "vin de l'année" dans la très rigoureuse sélection du B&D*, qui n'est pas la moitié d'un guide et qui n'a pas non plus la réputation de badiner avec le vin naturel. Il n'y a guère qu'un Hulk gorgé de savagnin gros vert pour réussir ce genre de tour de force! Son nom est Ganevat, Fanfan Ganevat. Un gentil colosse chauve et souriant. Un bath man, véritablement. Un peu comme Bruce Wayne, sauf que lui est obligé de se déguiser pour ça. Et que, tout Batman qu'il est, il n'y connait pas grand chose en vin du Jura.
Les Chalasses VV 2011, vin auréolé au sein d'une gamme irréprochable, particulièrement réussie dans le millésime 2011, paraît pourtant un peu fermé à ce stade. Les Grands Teppes 2011, habituellement plus en retrait dans sa jeunesse, se livre déjà pleinement, avec un supplément de tension et de nervosité. Et puis, le Savagnin Chalasses Marnes Bleues 2011 est une petite merveille de pureté et de précision. Un très très grand vin, sans aucun doute.
2012 sera par contre une année de très petits volumes. Une récolte de misère d'une qualité pourtant exceptionnelle. Peut-être le plus grand trousseau Plein Sud jamais produit jusqu'à présent, un poulsard de l'Enfant terrible qui se boit au goulot et un pinot noir (Julien et En Billat assemblés) d'une finesse et d'une élégance rares, à faire pâlir de jalousie bien des voisins d'en face.
©Mme Olif
Le Jura a bel et bien son SuperVigneron, il en a même plein d'autres. Nous voilà parés pour un avenir super héroïque!
Olif
P.S.: la presse jurassienne a été particulièrement réactive pour saluer la performance de SuperVigneron dans la Bible* du vin. Y associant pour l'illustrer (après autorisation), des photos du Blog d'Olif, s'il vous plaît, mazette! C'est la fête au village! Ce vigneron-là a des super pouvoirs, je vous dis! La photo du "patron" n'est pas de mon fait, par contre.
©Le Progrès
*B&D: la Bible. Co-écrite par les plus grands dégustateurs français du monde (dont le "patron"), et rééditée chaque année à l’occasion des Foires aux vins**, dont elle constitue l’outil indispensable à l'épanouissement de l’amateur de vins atteint de fièvre acheteuse récurrente courant septembre.
**Foire aux vins : écoulement diarrhéique de bouteilles de vin en grande distribution. Une épidémie saisonnière, initialement automnale, qui permet également la vente d’un grand nombre de bibles (voir B&D) auprès d’amateurs de vin touchés de plein fouet par une irrépressible fièvre acheteuse.
P.S.2: le traitement, pour échapper à la tourista de guides et de bouteilles en GD, c'est de se procurer Tronches de vin. Cet ouvrage de référence, truffé de SuperVignerons, est toujours disponible dans les bonnes librairies ou chez les bons cavistes, sans nécessité de prescription médicale. Non remboursé par la Sécurité Sociale, par contre.
Crédit photo: Au fil du vin libre, Strasbourg
Commentaires
Super Dupont (avec un T ou un D...) c'est quand même mythique, dommage que la photo ne soit pas plus grande on n'arrive pas trop à lire les bulles, mais plus sérieusement les VDV c'est quand même un très bonne idée pour partager, se rencontrer autour d'un bon verre de vin, un peu de fraternité dans ce monde d'égoisme.