Aux sources du vin de Loire (2)
Ici recommence la Loire. Résumé des épisodes précédents: après avoir été accueillis à l'Auberge de la Césarde, au pied du château de Marcilly-le-Châtel, la bien nommée, par une grosse poignée de vignerons forézo-roannais, une première série de blancs, bulles et curiosités nous fut servie à la volée, avec quelques tranches de saucisson du cru et de la fourme locale non labellisée Montbrison, mais sans doute bientôt. Elle le mérite, dans tous les cas. Bienvenue à ce nouveau futur producteur, Bertrand Griot de la fromagerie des Tarines, à Saint-Bonnet le Courreau. Les conditions étaient donc réunies pour une véritable synergie gastronomique qui allait se prolonger jusqu'à tard dans la nuit (voir paragraphe suivant).
Forez et Roanne passent à table
Ils en avaient encore des choses à nous dire, ces vins du Forez-Roannais, mais il a fallu pousser jusqu'aux portes de Saint-Étienne pour se mettre à table autour de quelques flacons plus anciens. Des vins sélectionnés au préalable et destinés à s'accorder aux mets raffinés de Christophe Roure, MOF et cuisinier artistique au neuvième.
Point de culte de la Bande Dessinée à l'intérieur de cette ancienne gare aménagée en restaurant**. Uniquement une passion entièrement vouée à la gastronomie, plutôt considérée comme un dixième art potentiel, sauf du côté de Saint-Just-Saint-Rambert. Trop à l'étroit dans ces murs joliment rénovés, Christophe Roure ne voudrait pas rater le train de la troisième étoile et il est annoncé au cœur de la capitale des Gaules pour franchir le palier. Un véritable challenge à relever, quand le contrôleur criera en voiture!
Le menu du 19 septembre 2011, spécialement élaboré à notre intention à la demande des vignerons du Forez-Roannais, fut l'occasion d'un festival accord mets-vins. Une fois les vins choisis lors d'une dégustation de sélection impitoyable, organisée par les vignerons eux-mêmes, en compagnie du Chef et de son sommelier, les plats furent pensés en fonction de ceux-ci. Une belle occasion pour Christophe Roure de montrer toute l'étendue de son talent. Amuse-bouches ludiques (amusante sucette de tomate cerise acidulée, qui explose dans la bouche, épatant œuf de caille au nid, à gober tout entier, audacieux aligot de vieux Comté et chou-fleur frit), première entrée sophistiquée (homard et gnocchis de calamar, rafraîchis de tomate et de pastèque), deuxième entrée plus rustique mais hyper novatrice (œuf d'une heure dans un exquis jus de chou rouge avec ses mouillettes de merlan de ligne, qui renvoient Captain Iglo dans ses 22, voire bien plus loin encore), viande locale originalement travaillée et impeccablement cuite (bœuf légèrement fumé aux baies de genièvre, risotto de racines, pommes soufflées aux épices), desserts superbement exécutés (gâteau de semoule à la fleur de sureau et coulis de fraise, travail autour de la pêche "façon Melba") et même encore un peu de place pour les mignardises...
Parmi les différentes cuvées dégustées, deux bouteilles particulièrement marquantes ont accompagné le repas et réalisé, en outre, de sublimes accords: Les Millerands 2010 de Stéphane Sérol, une cuvée roannaise pleine, concentrée, mais épanouie, exclusivement issue de raisins millerandés, et La Volcanique 2008, du domaine Verdier-Logel, un gamay forézien sur basalte, dense, épicé et acidulé.
Forez-Roannais, blancs comme rouges, sont des vins de gastronomie, c'est une certitude. Le mot de la fin (de cette deuxième partie), ce sera celui d'excuse de Benjamin Roffet, MOF, Meilleur Sommelier de France et enfant du Forez, qui devait se joindre à nous pour la soirée, mais qui avait piscine ou un autre truc plus important pour expliquer son empêchement:
À suivre, donc ...
Olif