Boüard et déboires, pourquoi il faut regarder Vino Business...
Capture d'écran ©France3
Boüard et déboires, le film! Après le livre polémique, Isabelle Saporta récidive. Ou plutôt continue de creuser son sillon dans le vignoble, pour mettre en lumière des pratiques pas toujours gouleyantes. Ce documentaire, c'est l'aboutissement de son enquête dans le milieu des grands crus classés du bordelais, avec une sympathique incursion bourguignonne au son des merrains et des bruits de corne de vache que l'on tape.
Capture d'écran ©France3
Un documentaire qui se passerait presque de voix off, où l'on peut apprécier le franc-parler de la famille Techer de Pomerol, celui de Stéphane Derenoncourt ou même de Jean-Luc Thunevin, le "bad boy" de Saint-Émilion, qui jouent franc jeu, tout à leur honneur, sans manier la langue de bois, que ce soit au sujet des pratiques vinicoles, des traitements à effectuer ou encore du prix des vins ou des parcelles. Avec une incursion au pays des pesticides, grâce, notamment, à l'éclairage militant de Marie-Lys Bibeyran, victime collatérale de ce lent poison qui affecte tous les ouvriers viticoles des domaines en viticulture conventionnelle.
Capture d'écran ©France3
Et, pendant ce temps-là, ce bienheureux Hubert, assis sur son fût (et ses deux caisses, rajouterait la Comtesse), essaye tant bien que mal de détourner la conversation et nie toute tentative de manipulation dans la superbe promotion de son Angélus chéri au rang de Grand cru classé A dans la dernière mouture du sacro-saint classement de Saint-Émilion, qui n'intéresse finalement que les financiers et surtout pas les amateurs de vin.
Vino Business, le film, c'est sur France3 lundi 15 septembre à 20h45, suivi d'un débat dans le Grand Soir 3. À ne pas manquer, évidemment!
Olif
Commentaires
Très bon article. D'ailleurs, j'ai vu le reportage sur France 3 et ça m'a vraiment intéressé. Par contre, j'ai un peu de mal à croire que l'avenir du vin soit dans le nord de la France à cause des changements climatiques.
Personnellement, j'habite près de Nantes et je sais que je ne trouverais pas de vins comme celui là (lien au dessus) dans le nord.
Cher Olif, regarder la France vin par les grands crus et les classements, c'est vraiment le petit bout de la lorgnette.
Par ailleurs, le côté donneuse de leçon de Madame Saporta est insupportable. Au demeurant, elle fait passer tous les journalistes du vin pour des complices du système des primeurs. Ce qui est tout sauf fairplay pour des gens comme moi qui le dénoncent depuis 20 ans.
J'attends avec impatience un dossier sur les coopératives sous perfusion, la misère des appellations médiocres, l'agrément social, sur la production des vins que les Français achètent vraiment.
Et avec encore plus d'impatience un reportage positif sur la viticulture en général, et surtout sur les bons vignerons honnêtes, à une heure de grande écoute. Mais je ne me fais pas d'illusion: pas de pub possible avec la loi Evin, le danger d'un recours des hygiénistes contre la chaîne, la mode d'un journalisme superficiel, sensationnaliste et engagé où les images ne servent qu'à étayer une opinion souvent déjà formée avant l'enquête, tout concourt pour que des gens comme Madame Saporta puissent explorer encore longtemps le filon de négativisme.
Un peu surpris que tu ne l'aies pas perçu.
Cher Hervé, le monde du vin est protéiforme et il vaudrait sans doute mieux parler des mondes du vin au pluriel. Les GCC, petit bout de la lorgnette peut-être, mais face la plus visible de l'iceberg sans aucun doute. L'observation des magouilles de ce petit monde d'hommes d'affaires et de nantis, autour desquels gravitent une foule de parasites et de bon vivant (suivez mon regard), dont indéniablement un certain nombre de journalistes pique-assiettes, est quand même un sacré bon sujet qu'il ne faudrait pas passer sous silence. Et Isabelle Saporta s'en est emparée avec ses tripes et certainement pas l'envie d'être consensuelle. Je n'ai néanmoins pas souvenir qu'elle t'ait nommé personnellement parmi les journalistes du vin inféodés aux primeurs.
On attend par contre avec impatience que tu t'empares des sujets qui te tiennent à cœur pour un reportage grand public, par le bout de ta lorgnette de journaliste plus posé que "l'insupportable Saporta" (je te cite). Cela devrait être instructif, à défaut d'être aussi percutant que VinoBusiness. Quant à positiver sur la viticulture en général, j'ai bien peur que cela soit cause perdue d'avance. Il y a tellement de mauvaises pratiques et de mauvais vins un peu partout en France, en Europe, dans le monde. Les mondes du vin ne sont pas des mondes de Bisounours.
Mais, pour une vision positive, celle que j'affectionne aussi, finalement, je te recommande le "petit bout de planète" de Laurence Guérault, qui a suivi pendant deux ans une famille de vignerons du Jura que tu dois connaître. De bons vignerons honnêtes et une leçon de vie autour du vin, qui devrait être sur petit écran d'ici quelque temps.