C'est l'histoire d'une manifestation phare du vignoble jurassien, la Percée du vin jaune, dont la 19ème édition vient de se tenir dans le village de Montigny les Arsures.

C'est l'histoire d'une grande fête populaire autour du vin, où la liesse n'empêche ni l'ivresse, ni certains débordements. Entre dégustation, découverte, hédonisme, festivisme, bacchisme, hygiénisme et puritanisme, mais faut-il s'en plaindre?

La Percée, rien qu'une beuverie sans intérêt ou bien?

La Percée, une fête que tous les jurassiens veulent belle, pour assurer à leur vin vedette une promotion de qualité. Concours de dégustation de vin jaune pour claveliner* les meilleurs, réservé à un jury professionnel, concours de cuisine, chapeauté par un grand chef local, vente aux enchères de vieux millésimes, qui pète parfois les records, parrain célèbre, quand il n'est pas people (cette année, Franck Ferrand, le journaliste historien d'Europe 1, féru du Jura, depuis qu'il a découvert, comme chacun sait ici, qu'il abrite l'authentique Alésia de César, encore bien cachée sur le plateau de Champagnole) et, pas la moindre des choses, des caveaux ouverts au public, permettant de boire/ensacher/se pinter les naseaux avec/picoler/s'asperger la meule avec/lamper/déguster (biffer les mentions inutiles) du vin du Jura, peu importe la couleur. Une grande fête populaire plutôt bien cadrée et rodée, que l'on appréciera diversement, selon ses états d'âme, sa motivation, ses objectifs et la météo.

Il faisait plutôt frais, en ce premier week-end de février 2015 à Montigny les Arsures. La neige, invitée de dernière minute, aurait pu inciter certains lyonnais à ne pas mettre le nez dehors. Binbin, blogueur fou de vin et grand amateur de Jura d'une manière générale, aurait sans doute évité ainsi de marcher dans une bouse arboisienne du pied gauche et de passer au travers de sa 4ème Percée consécutive. Ce jour-là, il n'y a vu que binge drinking au Macvin, jeunesse cul-terreuse enivrée et grand-mère édentée. Cela lui a hérissé le poil, au point d'en rédiger d'une plume malengrointe un billet de mauvaise humeur, sur son blog hébergé par Rue 89 Lyon. Pensé (j'espère!) au deuxième degré, écrit au premier, sans recul, avec un poil de mépris citadin, ce dont il se défendit par la suite. 

L'attaque fut frontale, la riposte ne traîna pas. Les progressistes jurassiens publièrent un droit de réponse dès le lendemain, tandis que Rue 89 répondait au droit de réponse dans la foulée. Il est vraiment phénoménal, Binbin. Mais il ne s'attendait sans doute pas à passer dans le journal télévisé. Pas celui de Claire Chazal, quand même, mais il s'en est fallu de peu. Une médiatisation soudaine qui l'expose à la vindicte populaire. Le Jura le regarde maintenant d'un mauvais œil. Mais il faudra bien que jaunisse se passe...

P.S.: billet initialement prévu avec la participation exceptionnelle de Rémy Bousquet, qui a malheureusement débouchonné chez lui pendant que ça bouchonnait à Montigny, finalement remplacé au pied levé et au crayon par Mme Olif, avec la complicité bien involontaire de Luz.

P.S.2: pas la peine de m'envoyer Maître Capello, j'ai délibérément choisi d'accorder "jaune" à "Grincée des dents", la couleur des ratiches chez le jurassien moyen (quand il en a) oscillant entre le blanc crème et le marron foncé.

*claveliner: épingler sur le plastron d'un clavelin une médaille de l'Ordre du mérite du meilleur vin jaune dégusté ce jour-là par un Jury hautement qualifié et encore à jeûn.